mercredi 18 février 2015

Thailande: Kachanabouri - Aranyaprathet (frontiere) - Si Sophon (Cambodge)

Article publie par Léo:

Partir de Kachanabouri n'est pas chose facile, la Guest House où je loge est tout simplement fantastique. Le jardin, la terrasse sur l'eau et l'accessibilité directe à la rivière sont autant d'atouts qui poussent au repos et offrent un cadre propice à la "Farniente".  Après les aventures montagnardes, un environnement plus facile d'accès, offrant un nombres de services illimités et conformes aux normes occidentales est dans un certain sens, apprécié.
Cependant ceci pause un certain nombre de question, des problématiques qui me laissent songeuses. Au cours de ce périple en Thailande, je n'ai que peu été confrontée aux hauts lieux touristiques, pourtant plus qu'abondant dans le pays. J'observe donc ce qui s'y passe et la façon dont les choses sont organisées ici, avec un regard critique, un oeil extérieur, une pensée qui cherche à problématiser les choses. 
Il est indéniable que l'afflux, la concentration de touristes dans les lieux donné, en dénature la vie, les coutumes, l'organisation sociale, le paysage et le rythme... Influence les normes et valeurs en vigueur, bouscule les choses, instaure un certain type de relations entre étrangers et autochtone qui parfois ne sont pas pour le meilleur. Je prends pour exemple, la rue Mae Nam Kwai (rue de la rivière Kwai) qui n'est plus qu'une enfilade de guest houses, restaurants, boutiques de souvenirs, bars avec terrasses, ateliers de cours de cuisine, tours opérateurs, agences de taxi et tuk-tuk indépendants, bureaux de location de vélos et motos, salons de massage, de beauté ou de manucure et chaînes de magasins de détail... à la seule adresse des vacanciers. Le soir, la musique braille, les stroboscopes étincellent, l'alcool coule à flot (get waisted for 10 Bath), des jeunes femmes thaies courtement vêtues appâtent le client sur des tabourets de bar, d'autres cherchent en ces lieux, un compagnon à  long terme pouvant subvenir aux besoins de sa famille, des vendeurs de hacshish alpaguent les backpackers. 
Que c'est-il donc passé? Comment en sommes nous arrives là? Il ne semble subsister, dans les rapports entre touristes et commerçants (tous les habitants ont ici quelque chose à vendre) du lieu qu'une relation d'intérêt, guidée en grande partie par l'appât de l'argent et la recherche d'un service à  consommer. Une relation dénuée d'Humainté dans le sens profond du terme, même si, à la surface, les choses se passent le plus souvent avec courtoisie et délicatesse. Je ne doute pas ni de la bonne volonté ni des  efforts de beaucoup d' étrangers  afin de ne pas froisser la population locale et se plier à la bienséance indigène. Je ne doute pas non plus de la gentillesse sincère  et de la serviabilité sans arrière pensée de beaucoup de thais à l'égard  de la masse touristique que nous représentons. Mais au final, il me semble qu'il y ait toujours un fossé entre ces deux clans, un fossé infranchissable sur lequel pourtant sont jetés une multitude de ponts dorés, pavés de discrimination, de préjugés, de maladresse, d'incompréhension profonde, d'incompatibilité, de malentendus, d'inintérêt crasse, de naïveté bécasse, de servilité stupide, de croyances, de faux-semblants, d'abus de confiance, d'exploitations réciproques, d'ignorance, de bonne conscience déplacée, de démagogie... Des pavés celés dans les méandres de l'Histoire. Je m'interroge? Les relations d'Homme à Homme ne me semblent pas avoir cours ici... Elles me manquent, et en même temps, je jouis de mon anonymat, prend l'avantage de ma perte d'individualité et d'identité propre pour me dédouaner de mon comportement peu révérencieux. J'agis comme tout le monde, une touriste lambda. Noyée dans la mannes, je perds tout scrupule à consommer l'offre qui m'est si agréablement offerte. Me voilà à mon tour, entrain de passer une couche de vernis neuf, sur les dorures des passerelles...



Thailande, Ayutthaya: des attractions  à touristes éléphantesques!


Premier jour de pédalage dans la plaine centrale. Jean-Da avait parlé dans son dernier message sur le blog, de la chaleur qui l'assomme, je rejoins son propos. C'est effarant, je sue plus que dans les plus raides montées des régions que je viens de quitter. Le paysage a totalement changé. Tout est plat, les champs sont verts des rizières noyées d'eau et les hordes de cigognes virevoltent en de grands cercles concentriques avant de se poser un peu partout dans les palmiers.Un nombre incalculable de Temples jalonnent le parcours. Certains sont encore en construction, d'autres prennent des envergures gigantesques. Pourquoi autant de sites religieux?
Les routes de traverse me permettengt d'éviter au maximum les grands axes, ce qui ne fait décrire un parcours coupés d'angles droits au travers des champs. Les petits villages paysans des routes secondaires tranchent avec les long bourgs de bord de routes, comptant de multiples garages mécaninque, échoppes, marchés locaux et autres industries de taille moyennes, sur les axes principaux, , 


Thailande, plaine centrale: les rizières sont l'habitat des cigognes

Thaialnde, près de Ayutthata: des Temples à la pelle

La route est droite, et plate... me semble longue, me lasse... Le vent est de face le plus souvent et sape encore une peu plus mon moral. La plaine, ce n'est décidément pas mon truc. Je parcours plus de 110km en une journée, sans y prendre réellement du plaisir, mais en prenant au passage une insolation carabinée. En fin de journée, je me sens terriblement fatiguée, j'ai des nausées...il faut que je m'arrête. Un complexe monastique me semble la meilleure option. Un festival religieux s'est tenu là la semaine précédente et les alentours du site ressemblent à une déchèterie. Pas très accueillant, de plus les vendeurs de l'immense marché couvert me déconseillent de camper ici, la police ne sera pas plus enthousiaste. Je suis trop malade pour aller plus loin et plante la tente près d'un kiosque abritant un Bouddha couché, malgré que je n'y aies pas vraiment été autorisée. Quoi qu'il en soit, j'y passerais une très bonne nuit, sans mauvaises surprises. Une fois de plus la méfiance et les craintes des Thailandais quant à la sécurité s'aèreront surfaites. 


Thailande, pleine centrale: un camping spot plein de spiritualité

Après cette expérience peu glorieuse, je décide de ne pas pousser jusqu'à Lopbouri (la ville des signes visitée et recommandée par jean-Da) et de me diriger directement sur Ayutthaya où j'attendrais quelques jours la venue de mes amis Laura et Aurélien. 
J'observe que mon indépendance présente (être seule), m'offre une liberté totale dans l'agencement de mon planning et le choix des activités. Je n'ai plus à me demander quel serait l'avis d'un compagnon de route, plus à me soucier de son éventuel jugement, plus à tenir compte des envies et des valeurs d'un alter ego, Toute anxiété quant à mes actions déraisonnables (et elles sont naombreuses: comme remplir mes sacoches de nourritures alors que je n'en ai pas besoin, prendre 30 minutes pour acheter 3 carottes avant d'avoir comparé les prix de toutes les étales du marché, partir le matin sans déjeuner et m'arrêter 10 kilomètres plus loin parce que je meure de faim, boire immodérément un soir et décider de ne pas prendre la route le lendemain..) s'atténue de façon drastique. En effet, ces actions irrationnelles m'ont maintenant de conséquences que sur ma propres personne, ne gaspillent (si c'est le cas) que mon propre Temps et Énergie. Je suis capable de rire de l'absurdité de certains de mes choix, de mes actes et prend pleinement conscience de certains des schémas de pensées (réflexes illogiques) qui dirigent mon fonctionnement personnel. Une sacrée pris de recule vis à vis de moi-même. Une belle expérience.
Que faire de mon temps libre donc? Ayutthaya est comme Kachanabouri, un lieu d'attraction touristique et dès le premier jour, je ferais ici, comme là bas, la connaissance de plusieurs voyageurs de tout poil (backpackers en quête d'aventure, mère de famille cherchant à faire partager à ses enfants la magie de la découverte, hommes d'affaires ayant rompu avec ce qui leur semble à présent être une folie capitaliste, touriste chinoise solitaire aux normes révolutionnaires, anciens soldat ayant fait la paix avec lui même et l'Humanité, cinquantenaires divorcés à la recherche de l'amour, femmes mures de bon conseil, jeunes doux rêveurs allant de très excentrique à sage philosophe...). Au cours du mois dernier, je n'ai eu que peu de relation avec des occidentaux, je prends donc la décision d'en profiter pleinement. Le stress qu'on se créer souvent (ou du moins qu'on amplifie) soi même par peur de ne pas correspondre aux attentes du partenaire, n'entre plus en ligne de compte. Ainsi, je suis, en cette occasion, capable d'apprécier intensément l'instant présent, de m'y plonger sans restriction, d'être vraiment là à 100%. Je ressens des choses fortes, semblables à ce que j'ai pu vivre au cours de mes expériences méditatives dans le cadre des retraites Vipassana. Je passe donc beaucoup de temps avec des voyageurs passionnant avec qui le partage est agréable, chaleureux et enrichissant. Ces rencontres m'enchantent. Pour certaines, elles sont magiques. Chaque périple est diffèrent, les horizons et les backgrounds parfois aux antipodes, ce qui est recherché dans l'éloignement de son pays d'origine est varié et semble parfois farfelus. Cependant, d'humanité est bien là. Les préoccupations raisonnent, les réflexions s'alimentent les unes, les autres. Merci à chacun de vous, vous m'avez offert quelques moments magiques!
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Mes amis arrivent pas le train. La gare d'Ayutthaya a des allures rustiques: chef de gare en uniforme, sifflet au bec. A tout moment, je m'attends à voir débouler sur les rails une locomotive poussive crachotant un nuage de vapeur. Organisation presque suisse cependant: les minutes de retard sont notées en temps réel à la craie sur un grand tableau noir dans le hall d'attente ouvert à tous les vents. Mais aujourd'hui, aucun souffle. Mes camarades fraîchement exportés des neiges helvétiques de saison, débarquent dans une chaleur assommante qu'une traversée de la rivière qui entoure la ville, dans une petite barque à moteur parmi les locaux, rafraîchira, ainsi qu'un apéro plus qu' arrosé, que nous prenons sur en terrasse, à peine ont ils pris possession de leur chambre.
Sans tarder, Laura et Aurélien se déchargent de tout les présents en provenance directe de Suisse et confiés à eux par ma famille. C'est un festival de saveurs du terroir qui fait monter en moi une nostalgie démesurée: gruyère, viande séchée des Grisons, camembert, chocolat au lait, fondue, bonbons "qui piquent", bouteille de la cuvée de Mr. Gros, saucisson de la boucherie de Cossonay (merci Laura de la part de Jean-Da), caramels mous, ragusas...  Il m'est impossible de mettre en mots ni la gratitude, ni surtout, l'excitation. que j'éprouve. Merci à mes proches qui me gâtent tant. Merci aussi à Baptiste pour la gestion des documents administratifs et à Aurelien et BB pour les achats nécessaires à la logistique de la suite du périple, Sans oublier GP pour les nouvelles de sa main, le plus beau des cadeaux! Sachez tous que j'ai profondément conscience de ma chance, vous êtes merveilleux!



Thailande, Ayutthaya: merci à ma famille pour leurs contributions à nos nombreux apéros tardifs!

Lendemain difficile: décalage horaire et geule de bois. Il fallait bien ça pour fêter les retrouvailles... Durant les quelques jours passés avec mes amis, l'apéro deviendra le rituel du soir et nous passerons de longues heures italiques à échanger, partager, refaire le monde et se confier en dégustant des plats Thai délicieux et copieux... On se fait plaisir! Malgré les maux de tête à répétition et le manque de sommeil qui entament parfois mon entrain, j'aurais énormement de plaisir à vivre ces moments désinvoltes auprès de Laura et Aurélien qui me témoignent leur grande amitié en s'expatriant à l'autre bout du Monde "pour mes beaux yeux". Vous êtes deux Êtres formidables, plein de bonté, d'écoute, d'attentions... deux Êtres passionnants, riches, appliqués. Passer du temps en votre compagnie a été un très grand plaisir. Je vous souhaite bonne continuation de voyage en Thailande, Puissiez vous vivre de belles aventures, des découvertes merveilleuses et enrichissantes, profitez de ce break en vous reposants et en vous accordant du Temps rien que pour vous deux.


Thailande, Ayutthaya: une chose en amenant une autre, un autre apéro tardif... laissons-nous faire..


Mais attention, l'apéro à rallonge n'est pas la seule et unique activité que nous ayons pratiquée. Une virée au très populaire marché flottant, un peu à l'extérieur du centre, nous donne l'occasion d'expérimenter des nourritures étranges et pour Laura, le peeling des pieds par les fameux Dr. Fish (des petits poissons dans l'aquarium desquels il faut plonger ses jambes). Des pirates en costume prennent possession des pontons, le soleil décline, il est temps pour nous d'affronter en deux roues le trafic de fin de journée qui afflue sur les grands axes de la cité. Beau sang froid les amis!


Thailande, Ayutthaya: deux To-To à vélo!

Le lendemain, on part à l'exploration du marché local, une mission délicate, quand l'estomac n'est pas bien accroché. En effet, les effluves de poisson et de viande crue chatouillent les narines à chaque coin de ruelles surpeuplées d'acheteurs qui naviguent péniblement entre les étales proposant quantité de victuailles qu'il n'est pas toujours possible (et opportun!) d'identifier. J'admire la témérité de mes amis. Prompts à goûter à tout, avec curiosité, sans rechigner: pâtisseries flasques de pâte de riz cuite vapeur dans des feuilles de bananiers, brochettes de viande grillées sur mini-barbecue au charbon, curry diverses, bananes frites, jus de fruits exotiques, chips étranges de mode locale, mini flans mollets de riz à l'oeuf, riz à la noix de coco cuit dans un bamboo, crêpes aux oeufs minutes d'un stand mobile.. tout y passe. Votre ouverture d'esprit et votre tolérance gastrique m'ont épatées. Merci pour l'enthousiasme dont vous avez fait preuve!


Thailande, Ayutthaya: couché de soleil sur la rivière de ChaoPharaya
Nos sorties seront culturelles aussi, puisqu'une visite au musée du Centre d'Etude de la ville, nous en a appris long sur l'étendue de l'influence de la cité dès le 14 ème siècle. Cette ville qui succéda à Sukotai en tant que capitale du Royaume de Siam entretenait des rapports étroits avec les puissantes nations marchandes de l'époque: Grande Bretagne, France, Hollande, Portugal.  


Thailande, Ayutthaya:Palais de Phra Si Sanphet

L'apogée de ce séjour fut, sans aucun doute, une immersion au coeur des sites anciens, tel que le Palais de Si Sophet et le Temple de Phra Ram dont les chedi (stupa) et les dômes haut perchés, d'architecture Khmers, donnent le sentiment d'une illustration de "Livre de la Jungle". La centre ville est le théâtre de ces monuments splendides qui s'élèvent un peu partout. Dans ce sens, Ayutthaya est semblable à Rome ou à Athene... il suffit de se pencher pour ramasser un fragment de poterie, de creuser une pelée de terre pour mettre à jour les fondations d'un site antique.


Thailande, Ayutthaya:Palais de Phra Si Sanphet


Thailande, Ayutthaya:Temple Phra Ram


Thailande, Ayutthaya:Temple Phra Ram

Merci à vous deux pour votre bonne humeur, l'intérêt que vous avez porte à mes racontars et la tolérance dont vous avez fait preuve face à certaines de mes véhémences et à mes confidences à propos des découvertes et élucubrations dans lesquelles ce voyage, désormais solitaire, m'entraîne depuis quelques mois. Je suis consciente que mon éloignement prolongé de mon pays d'origine génère des changements, des évolutions dans mes normes, mes schémas de pensées, mes façons d'envisager, de percevoir les choses. A vos cotés, pas une seule fois, cependant, je ne me suis sentie jugée. Ce sont de très beaux cadeaux que vous m'avez offerts là! Laura, Aurélien, merci! Bon vent et à bientôt sur un autre continent!!!

Thailande, Ayutthaya: une visite plaisante de mes amis Aurélien et Laura


J'ai quelques heures pour reprendre mes esprits, dissiper le nuage qui embrume ma conscience et détendre les ballonnements qui font gonfler mon abdomen avant d'embarquer vélo et bagages dans le bus en direction de Bangkok. A peine sommes nous en route que je sombre dans le sommeil, recroquevillée sur les deux sièges de la banquette que j'occupe seule, veillant à ne pointer la plante de mes pied en direction de personne, ce geste étant une très grave offense en Asie. A la nuit tombante la banlieue de Bangkok se met à défiler par la fenêtre. Un enchevêtrement de ponts autoroutier partant en tout sens, se chevauchant, se croisant dans un désordre inconcevable, un serpent perfide de voies goudronnées, distillant son venin de trafic dense, compacte, puant... A cet instant, je suis heureuse et reconnaissant de ne pas être en selle, je crois que je n'aurais pu le supporter, j'aurais sens doute craqué! 
Le terminal de Mo Chit est un enfer, plus de 3000 bus s'enbouchonnent de façon anarchique autour de plate-formes d'embarquement numérotées certes, mais qui ne représentent pour moi, aucune logique. L'air est irrespirable, car ils laissent tourner leur moteur pour que la climatisation allège l'atmosphère intérieure du véhicule dans cette zone saturée d'hydrocarbure. Pekin à coté, c'est de la rigolade!
Par chance, je tombe directement sur le guichet où il m'est possible d'acquérir un billet pour les portes du Cambodge, départ demain matin, 5h00. Les agents en poste, particulièrement attentionnés, m'escortent jusqu'à la porte d'embarquement (il y en a des centaines) adéquate. La Thailande affronte l'Uzbékistan sur le terrain, les écrans disposés un peu partout dans le hall d'attente qui abrite près d'un millier de voyageurs, diffusent le match. Chaque goal de l'équipe nationale est accueillie avec des "OHH!" qui se répercutent et raisonnent sous le haut plafond. Les buts encaissés, appellent des "AHHH!!!" de déception suivis de rires. Les thais ne perdent jamais leur bonne humeur et leur recule instantané face aux réalités de l'existence. Je sombre dans un sommeil serein, persuadée de me trouveur en lieu sure parmi tous ces Hommes, mes semblables.

Arrivée un peu glauque à Aranya Prathet. La frontière n'est qu'à quelques tours de pédales. Les conseils, nombreux et précis transmis par Jean-Da (un mode d'emploi point par point, photos à l'appui, du travail de pro!), me permettront d'effectuer la transition d'état sans anicroche. Un jeu d'enfant garce à toi, merci!

Le choc culturel qu'on m'avait prédit entre les deux nations est atténué, peut-être parce que j'avais été mise en garde et aussi de par le fait du périple effectué dans les montagnes de la frontière Thailando-birmanne. Pour ma part, je n'observe que peu de changement dans le décor. Il est certain cepandant qu'un nombre non négligeable d'enfants cambodgiens ne sont pas scolarisés et travaillent dure à un jeune âge. J'en aperçois qui récoltent des bouteilles vides dans les amas de détritus qui bordent les routes. d'un autre coté, les demeures ne semblent pas plus pauvres (en terme de dénuement), ni les infrastructures (ateliers, petites entreprises de métallurgie, garages mécaniques, centres de tris et de récupération des déchets) plus archaïques. Cependant, aucune enseigne tel que 7/11 (super marché), qui font foison de l'autre coté de la ligne de démarcation. Il n'y a que de petites échoppes tenues par des familles et "moins bien" achalandées. Ce qui me choque par contre, c'est le changement radical d'attitude des locaux, en particulier des enfants, qui m'offrent en permanence un sourire franc et épaté. Ils n'omettent jamais de me saluer d'un "hello!"sincère et chantant. 
Le vent est contre moi, pédalage difficile, manque d'énergie, fatigue. Après cette semaine d'excès, ma forme est loin d'être olympique... Arrêt pour grignoter des sandwichs, j'en fait passer quelqu'uns entre les planches de la palissade en bois d'une cours d'école. La moyenne d'âge au Cambodge est d'environ 25 ans, une grande partie de sa population ayant été décimée par les atrocités Khmers Rouge, perpétrées contre son propre peuple. Une histoire complexe et tragique dont les affres sont cependant balayés d'un revers de la main tant le pétillement dans les yeux des nouvelles générations est intense. Il ancre dans un présent qui rend joyeux. Je ne peux l'expliquer mais tout mon coeur me souffle que je vais aimer ce pays. 

Début d'après-midi, Sisophon, la loge où séjourne Jean-Da et où nous avons rendez-vous, est vide. Je décide en l'attendant, de m'offrir un rafraîchissement dans un "boui-boui", un restaurant bâti de tôles ondulées, et m'installe en face du terminal des bus sur une chaise en plastique,
Pas le temps de m'installer que je fais déjà la connaissance d'un autochtone érudit. Il parle couramment 5 langues (dont le français) et travaille au déminage de la zone frontalière à l'ouest du pays. La triste et dure réalité me revient en plein face, s'épand en moi une honte sans mesure quant à ma nationalité. Dans les années 60-70, la Suisse a fourmis un très grand nombre des mines anti-personnelles qui ont été méthodiquement enfouies dans le sol cambodgien (entre autre) et qui aujourd'hui encore engendrent l'amputation de simple paysans dont le seul tord est du cultiver leur parcelle de terre. Cela ne semble pas suffire à faire réagir les consciences, ni à  influencer l'opinion publique puis qu'en 2009, la population suisse a rejeté l'initiative populaire « pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre » !!!!!!!!!! La même année Sinsemillia, sur son album "En quete de sens", sort un tube: "J'ai honte" (pour ma France). Je me souviens du désarrois profond que j'avais ressentir lorsque les résultats étaient tombés au journal télévisé du soir. Dans ces instants, j'ai envie moi aussi de scander: "J'ai honte de ma Suisse"... et les Conventions de Genève et sa neutralité, n'y changent rien.


Camodge: Première rencontre qui plonge dans une réalité choc!

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