mercredi 18 février 2015

Thailande: Kachanabouri - Aranyaprathet (frontiere) - Si Sophon (Cambodge)

Article publie par Léo:

Partir de Kachanabouri n'est pas chose facile, la Guest House où je loge est tout simplement fantastique. Le jardin, la terrasse sur l'eau et l'accessibilité directe à la rivière sont autant d'atouts qui poussent au repos et offrent un cadre propice à la "Farniente".  Après les aventures montagnardes, un environnement plus facile d'accès, offrant un nombres de services illimités et conformes aux normes occidentales est dans un certain sens, apprécié.
Cependant ceci pause un certain nombre de question, des problématiques qui me laissent songeuses. Au cours de ce périple en Thailande, je n'ai que peu été confrontée aux hauts lieux touristiques, pourtant plus qu'abondant dans le pays. J'observe donc ce qui s'y passe et la façon dont les choses sont organisées ici, avec un regard critique, un oeil extérieur, une pensée qui cherche à problématiser les choses. 
Il est indéniable que l'afflux, la concentration de touristes dans les lieux donné, en dénature la vie, les coutumes, l'organisation sociale, le paysage et le rythme... Influence les normes et valeurs en vigueur, bouscule les choses, instaure un certain type de relations entre étrangers et autochtone qui parfois ne sont pas pour le meilleur. Je prends pour exemple, la rue Mae Nam Kwai (rue de la rivière Kwai) qui n'est plus qu'une enfilade de guest houses, restaurants, boutiques de souvenirs, bars avec terrasses, ateliers de cours de cuisine, tours opérateurs, agences de taxi et tuk-tuk indépendants, bureaux de location de vélos et motos, salons de massage, de beauté ou de manucure et chaînes de magasins de détail... à la seule adresse des vacanciers. Le soir, la musique braille, les stroboscopes étincellent, l'alcool coule à flot (get waisted for 10 Bath), des jeunes femmes thaies courtement vêtues appâtent le client sur des tabourets de bar, d'autres cherchent en ces lieux, un compagnon à  long terme pouvant subvenir aux besoins de sa famille, des vendeurs de hacshish alpaguent les backpackers. 
Que c'est-il donc passé? Comment en sommes nous arrives là? Il ne semble subsister, dans les rapports entre touristes et commerçants (tous les habitants ont ici quelque chose à vendre) du lieu qu'une relation d'intérêt, guidée en grande partie par l'appât de l'argent et la recherche d'un service à  consommer. Une relation dénuée d'Humainté dans le sens profond du terme, même si, à la surface, les choses se passent le plus souvent avec courtoisie et délicatesse. Je ne doute pas ni de la bonne volonté ni des  efforts de beaucoup d' étrangers  afin de ne pas froisser la population locale et se plier à la bienséance indigène. Je ne doute pas non plus de la gentillesse sincère  et de la serviabilité sans arrière pensée de beaucoup de thais à l'égard  de la masse touristique que nous représentons. Mais au final, il me semble qu'il y ait toujours un fossé entre ces deux clans, un fossé infranchissable sur lequel pourtant sont jetés une multitude de ponts dorés, pavés de discrimination, de préjugés, de maladresse, d'incompréhension profonde, d'incompatibilité, de malentendus, d'inintérêt crasse, de naïveté bécasse, de servilité stupide, de croyances, de faux-semblants, d'abus de confiance, d'exploitations réciproques, d'ignorance, de bonne conscience déplacée, de démagogie... Des pavés celés dans les méandres de l'Histoire. Je m'interroge? Les relations d'Homme à Homme ne me semblent pas avoir cours ici... Elles me manquent, et en même temps, je jouis de mon anonymat, prend l'avantage de ma perte d'individualité et d'identité propre pour me dédouaner de mon comportement peu révérencieux. J'agis comme tout le monde, une touriste lambda. Noyée dans la mannes, je perds tout scrupule à consommer l'offre qui m'est si agréablement offerte. Me voilà à mon tour, entrain de passer une couche de vernis neuf, sur les dorures des passerelles...



Thailande, Ayutthaya: des attractions  à touristes éléphantesques!


Premier jour de pédalage dans la plaine centrale. Jean-Da avait parlé dans son dernier message sur le blog, de la chaleur qui l'assomme, je rejoins son propos. C'est effarant, je sue plus que dans les plus raides montées des régions que je viens de quitter. Le paysage a totalement changé. Tout est plat, les champs sont verts des rizières noyées d'eau et les hordes de cigognes virevoltent en de grands cercles concentriques avant de se poser un peu partout dans les palmiers.Un nombre incalculable de Temples jalonnent le parcours. Certains sont encore en construction, d'autres prennent des envergures gigantesques. Pourquoi autant de sites religieux?
Les routes de traverse me permettengt d'éviter au maximum les grands axes, ce qui ne fait décrire un parcours coupés d'angles droits au travers des champs. Les petits villages paysans des routes secondaires tranchent avec les long bourgs de bord de routes, comptant de multiples garages mécaninque, échoppes, marchés locaux et autres industries de taille moyennes, sur les axes principaux, , 


Thailande, plaine centrale: les rizières sont l'habitat des cigognes

Thaialnde, près de Ayutthata: des Temples à la pelle

La route est droite, et plate... me semble longue, me lasse... Le vent est de face le plus souvent et sape encore une peu plus mon moral. La plaine, ce n'est décidément pas mon truc. Je parcours plus de 110km en une journée, sans y prendre réellement du plaisir, mais en prenant au passage une insolation carabinée. En fin de journée, je me sens terriblement fatiguée, j'ai des nausées...il faut que je m'arrête. Un complexe monastique me semble la meilleure option. Un festival religieux s'est tenu là la semaine précédente et les alentours du site ressemblent à une déchèterie. Pas très accueillant, de plus les vendeurs de l'immense marché couvert me déconseillent de camper ici, la police ne sera pas plus enthousiaste. Je suis trop malade pour aller plus loin et plante la tente près d'un kiosque abritant un Bouddha couché, malgré que je n'y aies pas vraiment été autorisée. Quoi qu'il en soit, j'y passerais une très bonne nuit, sans mauvaises surprises. Une fois de plus la méfiance et les craintes des Thailandais quant à la sécurité s'aèreront surfaites. 


Thailande, pleine centrale: un camping spot plein de spiritualité

Après cette expérience peu glorieuse, je décide de ne pas pousser jusqu'à Lopbouri (la ville des signes visitée et recommandée par jean-Da) et de me diriger directement sur Ayutthaya où j'attendrais quelques jours la venue de mes amis Laura et Aurélien. 
J'observe que mon indépendance présente (être seule), m'offre une liberté totale dans l'agencement de mon planning et le choix des activités. Je n'ai plus à me demander quel serait l'avis d'un compagnon de route, plus à me soucier de son éventuel jugement, plus à tenir compte des envies et des valeurs d'un alter ego, Toute anxiété quant à mes actions déraisonnables (et elles sont naombreuses: comme remplir mes sacoches de nourritures alors que je n'en ai pas besoin, prendre 30 minutes pour acheter 3 carottes avant d'avoir comparé les prix de toutes les étales du marché, partir le matin sans déjeuner et m'arrêter 10 kilomètres plus loin parce que je meure de faim, boire immodérément un soir et décider de ne pas prendre la route le lendemain..) s'atténue de façon drastique. En effet, ces actions irrationnelles m'ont maintenant de conséquences que sur ma propres personne, ne gaspillent (si c'est le cas) que mon propre Temps et Énergie. Je suis capable de rire de l'absurdité de certains de mes choix, de mes actes et prend pleinement conscience de certains des schémas de pensées (réflexes illogiques) qui dirigent mon fonctionnement personnel. Une sacrée pris de recule vis à vis de moi-même. Une belle expérience.
Que faire de mon temps libre donc? Ayutthaya est comme Kachanabouri, un lieu d'attraction touristique et dès le premier jour, je ferais ici, comme là bas, la connaissance de plusieurs voyageurs de tout poil (backpackers en quête d'aventure, mère de famille cherchant à faire partager à ses enfants la magie de la découverte, hommes d'affaires ayant rompu avec ce qui leur semble à présent être une folie capitaliste, touriste chinoise solitaire aux normes révolutionnaires, anciens soldat ayant fait la paix avec lui même et l'Humanité, cinquantenaires divorcés à la recherche de l'amour, femmes mures de bon conseil, jeunes doux rêveurs allant de très excentrique à sage philosophe...). Au cours du mois dernier, je n'ai eu que peu de relation avec des occidentaux, je prends donc la décision d'en profiter pleinement. Le stress qu'on se créer souvent (ou du moins qu'on amplifie) soi même par peur de ne pas correspondre aux attentes du partenaire, n'entre plus en ligne de compte. Ainsi, je suis, en cette occasion, capable d'apprécier intensément l'instant présent, de m'y plonger sans restriction, d'être vraiment là à 100%. Je ressens des choses fortes, semblables à ce que j'ai pu vivre au cours de mes expériences méditatives dans le cadre des retraites Vipassana. Je passe donc beaucoup de temps avec des voyageurs passionnant avec qui le partage est agréable, chaleureux et enrichissant. Ces rencontres m'enchantent. Pour certaines, elles sont magiques. Chaque périple est diffèrent, les horizons et les backgrounds parfois aux antipodes, ce qui est recherché dans l'éloignement de son pays d'origine est varié et semble parfois farfelus. Cependant, d'humanité est bien là. Les préoccupations raisonnent, les réflexions s'alimentent les unes, les autres. Merci à chacun de vous, vous m'avez offert quelques moments magiques!
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Mes amis arrivent pas le train. La gare d'Ayutthaya a des allures rustiques: chef de gare en uniforme, sifflet au bec. A tout moment, je m'attends à voir débouler sur les rails une locomotive poussive crachotant un nuage de vapeur. Organisation presque suisse cependant: les minutes de retard sont notées en temps réel à la craie sur un grand tableau noir dans le hall d'attente ouvert à tous les vents. Mais aujourd'hui, aucun souffle. Mes camarades fraîchement exportés des neiges helvétiques de saison, débarquent dans une chaleur assommante qu'une traversée de la rivière qui entoure la ville, dans une petite barque à moteur parmi les locaux, rafraîchira, ainsi qu'un apéro plus qu' arrosé, que nous prenons sur en terrasse, à peine ont ils pris possession de leur chambre.
Sans tarder, Laura et Aurélien se déchargent de tout les présents en provenance directe de Suisse et confiés à eux par ma famille. C'est un festival de saveurs du terroir qui fait monter en moi une nostalgie démesurée: gruyère, viande séchée des Grisons, camembert, chocolat au lait, fondue, bonbons "qui piquent", bouteille de la cuvée de Mr. Gros, saucisson de la boucherie de Cossonay (merci Laura de la part de Jean-Da), caramels mous, ragusas...  Il m'est impossible de mettre en mots ni la gratitude, ni surtout, l'excitation. que j'éprouve. Merci à mes proches qui me gâtent tant. Merci aussi à Baptiste pour la gestion des documents administratifs et à Aurelien et BB pour les achats nécessaires à la logistique de la suite du périple, Sans oublier GP pour les nouvelles de sa main, le plus beau des cadeaux! Sachez tous que j'ai profondément conscience de ma chance, vous êtes merveilleux!



Thailande, Ayutthaya: merci à ma famille pour leurs contributions à nos nombreux apéros tardifs!

Lendemain difficile: décalage horaire et geule de bois. Il fallait bien ça pour fêter les retrouvailles... Durant les quelques jours passés avec mes amis, l'apéro deviendra le rituel du soir et nous passerons de longues heures italiques à échanger, partager, refaire le monde et se confier en dégustant des plats Thai délicieux et copieux... On se fait plaisir! Malgré les maux de tête à répétition et le manque de sommeil qui entament parfois mon entrain, j'aurais énormement de plaisir à vivre ces moments désinvoltes auprès de Laura et Aurélien qui me témoignent leur grande amitié en s'expatriant à l'autre bout du Monde "pour mes beaux yeux". Vous êtes deux Êtres formidables, plein de bonté, d'écoute, d'attentions... deux Êtres passionnants, riches, appliqués. Passer du temps en votre compagnie a été un très grand plaisir. Je vous souhaite bonne continuation de voyage en Thailande, Puissiez vous vivre de belles aventures, des découvertes merveilleuses et enrichissantes, profitez de ce break en vous reposants et en vous accordant du Temps rien que pour vous deux.


Thailande, Ayutthaya: une chose en amenant une autre, un autre apéro tardif... laissons-nous faire..


Mais attention, l'apéro à rallonge n'est pas la seule et unique activité que nous ayons pratiquée. Une virée au très populaire marché flottant, un peu à l'extérieur du centre, nous donne l'occasion d'expérimenter des nourritures étranges et pour Laura, le peeling des pieds par les fameux Dr. Fish (des petits poissons dans l'aquarium desquels il faut plonger ses jambes). Des pirates en costume prennent possession des pontons, le soleil décline, il est temps pour nous d'affronter en deux roues le trafic de fin de journée qui afflue sur les grands axes de la cité. Beau sang froid les amis!


Thailande, Ayutthaya: deux To-To à vélo!

Le lendemain, on part à l'exploration du marché local, une mission délicate, quand l'estomac n'est pas bien accroché. En effet, les effluves de poisson et de viande crue chatouillent les narines à chaque coin de ruelles surpeuplées d'acheteurs qui naviguent péniblement entre les étales proposant quantité de victuailles qu'il n'est pas toujours possible (et opportun!) d'identifier. J'admire la témérité de mes amis. Prompts à goûter à tout, avec curiosité, sans rechigner: pâtisseries flasques de pâte de riz cuite vapeur dans des feuilles de bananiers, brochettes de viande grillées sur mini-barbecue au charbon, curry diverses, bananes frites, jus de fruits exotiques, chips étranges de mode locale, mini flans mollets de riz à l'oeuf, riz à la noix de coco cuit dans un bamboo, crêpes aux oeufs minutes d'un stand mobile.. tout y passe. Votre ouverture d'esprit et votre tolérance gastrique m'ont épatées. Merci pour l'enthousiasme dont vous avez fait preuve!


Thailande, Ayutthaya: couché de soleil sur la rivière de ChaoPharaya
Nos sorties seront culturelles aussi, puisqu'une visite au musée du Centre d'Etude de la ville, nous en a appris long sur l'étendue de l'influence de la cité dès le 14 ème siècle. Cette ville qui succéda à Sukotai en tant que capitale du Royaume de Siam entretenait des rapports étroits avec les puissantes nations marchandes de l'époque: Grande Bretagne, France, Hollande, Portugal.  


Thailande, Ayutthaya:Palais de Phra Si Sanphet

L'apogée de ce séjour fut, sans aucun doute, une immersion au coeur des sites anciens, tel que le Palais de Si Sophet et le Temple de Phra Ram dont les chedi (stupa) et les dômes haut perchés, d'architecture Khmers, donnent le sentiment d'une illustration de "Livre de la Jungle". La centre ville est le théâtre de ces monuments splendides qui s'élèvent un peu partout. Dans ce sens, Ayutthaya est semblable à Rome ou à Athene... il suffit de se pencher pour ramasser un fragment de poterie, de creuser une pelée de terre pour mettre à jour les fondations d'un site antique.


Thailande, Ayutthaya:Palais de Phra Si Sanphet


Thailande, Ayutthaya:Temple Phra Ram


Thailande, Ayutthaya:Temple Phra Ram

Merci à vous deux pour votre bonne humeur, l'intérêt que vous avez porte à mes racontars et la tolérance dont vous avez fait preuve face à certaines de mes véhémences et à mes confidences à propos des découvertes et élucubrations dans lesquelles ce voyage, désormais solitaire, m'entraîne depuis quelques mois. Je suis consciente que mon éloignement prolongé de mon pays d'origine génère des changements, des évolutions dans mes normes, mes schémas de pensées, mes façons d'envisager, de percevoir les choses. A vos cotés, pas une seule fois, cependant, je ne me suis sentie jugée. Ce sont de très beaux cadeaux que vous m'avez offerts là! Laura, Aurélien, merci! Bon vent et à bientôt sur un autre continent!!!

Thailande, Ayutthaya: une visite plaisante de mes amis Aurélien et Laura


J'ai quelques heures pour reprendre mes esprits, dissiper le nuage qui embrume ma conscience et détendre les ballonnements qui font gonfler mon abdomen avant d'embarquer vélo et bagages dans le bus en direction de Bangkok. A peine sommes nous en route que je sombre dans le sommeil, recroquevillée sur les deux sièges de la banquette que j'occupe seule, veillant à ne pointer la plante de mes pied en direction de personne, ce geste étant une très grave offense en Asie. A la nuit tombante la banlieue de Bangkok se met à défiler par la fenêtre. Un enchevêtrement de ponts autoroutier partant en tout sens, se chevauchant, se croisant dans un désordre inconcevable, un serpent perfide de voies goudronnées, distillant son venin de trafic dense, compacte, puant... A cet instant, je suis heureuse et reconnaissant de ne pas être en selle, je crois que je n'aurais pu le supporter, j'aurais sens doute craqué! 
Le terminal de Mo Chit est un enfer, plus de 3000 bus s'enbouchonnent de façon anarchique autour de plate-formes d'embarquement numérotées certes, mais qui ne représentent pour moi, aucune logique. L'air est irrespirable, car ils laissent tourner leur moteur pour que la climatisation allège l'atmosphère intérieure du véhicule dans cette zone saturée d'hydrocarbure. Pekin à coté, c'est de la rigolade!
Par chance, je tombe directement sur le guichet où il m'est possible d'acquérir un billet pour les portes du Cambodge, départ demain matin, 5h00. Les agents en poste, particulièrement attentionnés, m'escortent jusqu'à la porte d'embarquement (il y en a des centaines) adéquate. La Thailande affronte l'Uzbékistan sur le terrain, les écrans disposés un peu partout dans le hall d'attente qui abrite près d'un millier de voyageurs, diffusent le match. Chaque goal de l'équipe nationale est accueillie avec des "OHH!" qui se répercutent et raisonnent sous le haut plafond. Les buts encaissés, appellent des "AHHH!!!" de déception suivis de rires. Les thais ne perdent jamais leur bonne humeur et leur recule instantané face aux réalités de l'existence. Je sombre dans un sommeil serein, persuadée de me trouveur en lieu sure parmi tous ces Hommes, mes semblables.

Arrivée un peu glauque à Aranya Prathet. La frontière n'est qu'à quelques tours de pédales. Les conseils, nombreux et précis transmis par Jean-Da (un mode d'emploi point par point, photos à l'appui, du travail de pro!), me permettront d'effectuer la transition d'état sans anicroche. Un jeu d'enfant garce à toi, merci!

Le choc culturel qu'on m'avait prédit entre les deux nations est atténué, peut-être parce que j'avais été mise en garde et aussi de par le fait du périple effectué dans les montagnes de la frontière Thailando-birmanne. Pour ma part, je n'observe que peu de changement dans le décor. Il est certain cepandant qu'un nombre non négligeable d'enfants cambodgiens ne sont pas scolarisés et travaillent dure à un jeune âge. J'en aperçois qui récoltent des bouteilles vides dans les amas de détritus qui bordent les routes. d'un autre coté, les demeures ne semblent pas plus pauvres (en terme de dénuement), ni les infrastructures (ateliers, petites entreprises de métallurgie, garages mécaniques, centres de tris et de récupération des déchets) plus archaïques. Cependant, aucune enseigne tel que 7/11 (super marché), qui font foison de l'autre coté de la ligne de démarcation. Il n'y a que de petites échoppes tenues par des familles et "moins bien" achalandées. Ce qui me choque par contre, c'est le changement radical d'attitude des locaux, en particulier des enfants, qui m'offrent en permanence un sourire franc et épaté. Ils n'omettent jamais de me saluer d'un "hello!"sincère et chantant. 
Le vent est contre moi, pédalage difficile, manque d'énergie, fatigue. Après cette semaine d'excès, ma forme est loin d'être olympique... Arrêt pour grignoter des sandwichs, j'en fait passer quelqu'uns entre les planches de la palissade en bois d'une cours d'école. La moyenne d'âge au Cambodge est d'environ 25 ans, une grande partie de sa population ayant été décimée par les atrocités Khmers Rouge, perpétrées contre son propre peuple. Une histoire complexe et tragique dont les affres sont cependant balayés d'un revers de la main tant le pétillement dans les yeux des nouvelles générations est intense. Il ancre dans un présent qui rend joyeux. Je ne peux l'expliquer mais tout mon coeur me souffle que je vais aimer ce pays. 

Début d'après-midi, Sisophon, la loge où séjourne Jean-Da et où nous avons rendez-vous, est vide. Je décide en l'attendant, de m'offrir un rafraîchissement dans un "boui-boui", un restaurant bâti de tôles ondulées, et m'installe en face du terminal des bus sur une chaise en plastique,
Pas le temps de m'installer que je fais déjà la connaissance d'un autochtone érudit. Il parle couramment 5 langues (dont le français) et travaille au déminage de la zone frontalière à l'ouest du pays. La triste et dure réalité me revient en plein face, s'épand en moi une honte sans mesure quant à ma nationalité. Dans les années 60-70, la Suisse a fourmis un très grand nombre des mines anti-personnelles qui ont été méthodiquement enfouies dans le sol cambodgien (entre autre) et qui aujourd'hui encore engendrent l'amputation de simple paysans dont le seul tord est du cultiver leur parcelle de terre. Cela ne semble pas suffire à faire réagir les consciences, ni à  influencer l'opinion publique puis qu'en 2009, la population suisse a rejeté l'initiative populaire « pour l'interdiction d'exporter du matériel de guerre » !!!!!!!!!! La même année Sinsemillia, sur son album "En quete de sens", sort un tube: "J'ai honte" (pour ma France). Je me souviens du désarrois profond que j'avais ressentir lorsque les résultats étaient tombés au journal télévisé du soir. Dans ces instants, j'ai envie moi aussi de scander: "J'ai honte de ma Suisse"... et les Conventions de Genève et sa neutralité, n'y changent rien.


Camodge: Première rencontre qui plonge dans une réalité choc!

jeudi 5 février 2015

Thailande: de Ayutthaya a Aranyaprathet (Frontiere Cambodgienne)

 Article de Jean-Da

Chers lecteurs, chères lectrices et visiteurs de ce blog, comme vous l'avez sûrement remarqué la formule d'écriture a changé depuis que nous roulons chacun de notre coté. Léo appliquée comme à son habitude nous honore d'un nouveau message toujours très détaillé tous les 2 à 3 semaines. Pour ma part, étant moins assidu à l'écriture, j'alimente notre blog que une fois par mois environ. Cela peut troubler le suivis de la lecture, puisque non seulement il y a maintenant deux parcours différent à suivre, mais il y a également deux temps. Le dernier poste de Léo raconte sa fin janvier, alors que mois, je vous replonge à la fin décembre 2014, lorsque j'étais à Ayutthaya.

Ce message ne contient pas de photo, j'ai un soucis avec la carte mémoire de mon appareil photo.

Le 29 décembre, je quitte au guidon de mon vélo Ayutthaya où j'ai fais ma pause de Noël. Je roule en direction de Prachinburi, et ma carte routière ne me propose que une voie rapide surchargée de voitures et camions. Route inintéressante, bruit et pollution mais peut importe, je suis impatient, malgré certaines peurs, de commencer le 31 décembre, les 10 jours de cours de méditation.

Après un jeux de piste intéressant, je découvre le Centre Vipassana se situant 30 km au Nord de Prachinburi. Je suis en avance d'une journée, mais ce temps me permettra d'enlever la crasse et la pollution que mon corps et mes habits ont emmagasinés durant le trajet. Je fais donc demi-tour me souvenant avoir aperçu sur mon parcours, des hôtels routiers. Ils affichent leurs prix sur des pancartes au bord de la chaussée, mais les tenanciers me demandent sans négociation possible, 3 fois le prix affiché? Que-ce passe-t-il, surchargent-t-ils le "falangue" (blanc) dans cette région ou est-ce l'affluence des fériés de fin d'année qui font grimper les prix?

Je m'arrête une seconde fois dans un grand bâtiment qui pourrait être un hôtel, cependant il n'y a pas d'enseigne. A mon premier passage, on m'a répondu par gestes que je ne pourrais pas dormir ici. A ma seconde tentative, je comprends que ce lieu accueille les ouvriers laotiens, birmans et cambodgiens venant travailler en Thailande. La grand-mère gérant les bâtiments me montre une chambre que je peux louer à la semaine. Finalement elle comprend ma demande et remplis un petit contrat de bail pour une nuit au prix très doux. Le soir venu, il y a beaucoup de monde. Dans la chambre que j'occupe seul, il peut s'entasser 10 travailleurs. Cet endroit paisible en fin d'après-midi grouille d'activités au soir. Les personnes font la cuisine,  mangent, il y a les nettoyages des chambres communes, la lessive du jour à faire et l'endroit se transforme en un gigantesque étendage d'habits.

Le lendemain, je rentre au centre de méditation, sans vraiment savoir ce qui m'attend, mais sans espérer grand chose non-plus. Je suis juste ici pour découvrir.
Je remets ma sacoche de nourriture ainsi que ma lecture à l'intendance car ces deux choses sont interdites. Je signe un engagement qui stipule que je dois finir mon cours et ne pas quitter le centre avant la fin des 10 jours, respecter le règlement interne et que je dois tout mettre en oeuvre pour suivre les enseignements. On me montre ensuite une chambre individuel avec WC et douche que je vais occuper pour 11 nuits.
La conception du lieu, l'organisation ainsi que la gestion du temps est conçu de manière à ce que l'étudiant n'aie aucune charge ou responsabilité afin de pouvoir se concentré ou se centré sur soi et sa médiation. L'étudiant ne parle pas, il observe le ''Noble Silence", il n'y a pas non plus de contacte physique ou visuel avec les autres participants. Hommes et femmes sont séparés. Toutes ces précautions permettant de ne pas éparpiller sont esprit ou de le distraire. Le Gong gère la notion du temps, il sonne pour te réveiller, c'est lui qui te dit quand tu commences et finis de  méditer, il t'invite à prendre ton repas frugale, Le planing est simple, tu te trouves assis sur tes fesses dans le hall de méditation de 4 heures du matin à 21 heure. Il y a 3 pauses pour les repas. Toutes les 2 heures il y a une pause de 10 minutes, pour boire, aller au toilettes et se dégourdir les jambes.

Après un repas léger de bienvenue, le Gong nous invite à nous rendre dans le hall de méditation. L'enseignement est simple, assieds-toi, ferme les yeux, tiens ton dos le plus droit possible et focalise ton esprit sur l'air qui entre et qui sort au niveau de tes narines!!! Après juste 30 minutes, je me rend compte de l'inconfort de cette position assise, mince j'ai signé pour 10 jours, quelle inconscience. Mon esprit reste tranquillement quelques secondes sur mon nez avant de prendre la fuite dans des histoires fantastiques. Durant les trois premiers jours, nous devons "simplement" concentrer notre esprit sur cette petit partie du corps qu'est l'extrémité de nos narines, Je bouge beaucoup car j'ai des douleurs dans presque tout le corps, j'ai l'impression d'avoir des boules de pétanque piquantes à la place des fesses et aux genoux, mon dos n'est plus qu'un boule de bowling douloureuse, dans ma nuque se loge des balles de golf bouillantes, mes pied et mes jambe ne reçoivent plus assez de sang. J'ai des fourmillements inquiétant, j'ai l'impression que je vais perdre mes membres inférieurs. Mon esprit, pas habitué du tout à cette exercice de focalisation sur une partie du corps, s'échappe tout le temps. Il me propose à la place de superbes distractions se trouvant dans mon passé ou de faire de merveilleux plans d'aventures et professionnels pour le futur. J'essaye tant bien que mal de le diriger sur mon nez, mais souvent  ses propositions séduisantes mes laissent rêver, des fois plus de 10 minutes, avant de stopper  le film qu'il me propose de regarder. C'est quant même incroyable, mon esprit ne reste concentré sur mes narines que 3 à 4 respirations avant de prendre la poudre d'escampette pour le monde imaginaire. STOP! Reste sur mon nez! Il me propose ensuite de voir comment ce serait possible de vivre dans un cabane en foret. STOP! Colle-toi sur mes narines. Jean-Da, te rappelles-tu l'incroyable expérience de l'Himalaya, les paysages, regarde tous ces cols que tu a gravit à vélo avec Leo... STOP!!!  Nez-directement! Jean-Da lorsque tu passeras par la Suisse, avec qui auras-tu envie de boire un café? Vas-tu faire une petite fête de retour? Que vas-tu manger en premier? Du fromage. Et après, quelle plat te ferais plaisir? STOP, STOP, STOP! Vas au  nez!!!
Au troisième jours, j'arrive à rediriger rapidement mon esprit sur mes narines. Lorsqu il s'enfuit je le ramène après quelques secondes. A ce moment, il devient carrément pervers puisqu'il ne me propose plus que des sujets juteux dont je raffole. Alpes, neige, découpe du manteau neigeux, vents, kite, érotisme, sable, désert, sensualité, Mongolie, liberté, amour...STOP! File sur mes narines.
A la fin de la 3 ème journée, l'enseignant propose toujours de se focaliser sur la même partie mais il nous demande d'observer les différentes sensation qu'il y a dans cette zone. PAF, mon esprit capitule, il est complètement scotché à mes narines. Je découvre certains poils vibrant au passage de l'air. L'air expiré est plus chaud que l'air inspiré, je ressens des zones sèches et quelque picotement ici et là. Toujours bien concentré, j'ai l'impression que mes narines sont aussi grandes qu'un stade de foot. Ainsi, lorsque je respire c'est les poils des sièges numéro 207 et 528 qui vibrent, à l'expiration c'est le 336 qui bouge légèrement. J'ai un petit picotement dans la tribune Nord, au siège 779. Et cela change à chaque respiration. Gong, cela fait une heure que mon esprit n'a pas dérapé. Cependant j'ai du bouger durant cette heures, les douleurs étaient bien présentes et remuer un peu les jambes et se balancer une ou deux fois permet de diminuer l'intensité des douleurs. En ouvrant les yeux, je me rend compte que mon esprit se tient étrangement tranquille. Je découvre en sortant de la salle de méditation qu'observer n'importe quoi (un arbre par exemple) sans avoir en arrière plan dans son esprit, tous ses rouages, ses courroies et ses pignons en marche, permet de voir les choses différemment. Un arbre reste toujours un arbre, mais lorsque la machinerie de l'esprit est à l'arrêt, l'observation de l'objet est très intense, toute l'énergie se focalise à regarder.
Depuis ce troisième soir où mon esprit c'est apaisé, j'ai passé les quelques moments libres à regarder le jardin avec ces yeux puissants. Je n'ai jamais vu si bien, sans filtre et distorsion de mon esprit en arrière plan. Il en allait de même de l'ouïe. Honnêtement, j'ai vécu dans le grand jardin du centre des moments de bonheur intenses à regarder, les feuilles de lotus dansant au rythme de la brise au dessus de l'eau, j'ai plongé dans une fleures et tous ces différentes parties, les nombreux fruits accrochés aux arbres, la mousse, les écorces. J'ai même fait la connaissance de monsieur serpent arboricole, dont je n'avais aucune peur? Je l'ai vraiment trouvé beau! Je l'ai observé longuement, rampant au sol ou grimpant dans son arbre avec mes yeux qui regardent.

Au jour 4, une fois notre esprit un peu apprivoisé, nous recevons l'enseignement de la technique dite Vipassana. Elle consiste à observer les multiples sensations de notre corps, Notre corps est ainsi passé à la loupe portion par portion.
Bien entendu, à ce moment là, mon esprit ne veut plus décoller de mon nez, je n'arrive pas à le poser au dessus de ma tête. Il faudra un certain moment pour comprendre comment bouger et se focaliser sur les nombreuses parties du corps. Au début, les sensations que je perçois sont très très grossières, puisque je ressens que les douleurs que cette position assise impriment à mon corps. A partir de ce quatrième jours, nous avons 3 fois par jour une heure de méditation à fort coefficient de détermination, Cela consiste en l'observation des sensations de son corps durant une heure sans bouger. Les premières séances  de ce forcing de une heure sont une vraie torture. Je n'ai pas le choix, après 3/4 d'heure, de bouger. J'ai l'impression d'avoir une barre à mine chauffée à blanc dans le dos et d'être assis sur des boulets de canon rougeoyant. Je  décroise mes jambe et j en profite pour me tortiller, pour bouger mon dos et me remets en position. Cependant les sensation dans mon corps s'affinent un peu, je ressens ici et là des picotements, la brise passant sur mes avant bras est très agréable, mais le plus jubilatoire, c'est la goutte de sueur qui coule dans le dos et sur poitrine.

Au soir du jour 5, durant l'heure de méditation à forte détermination, je souhaite bien résister un peu plus longtemps avant de bouger. Mais à peine au milieu de l'heure, la barre à mine et les boulets me brûlent énormément, je respire par saccades, mon corps tremble, j'ai tout les muscles tendu à bloque, Je n'en peut plus, je vais craquer, je tremble de plus belle, j'ai MAL... Mon esprit me repasse les consignes, je les entend clairement. "Ouvre ton esprit le plus possible, accepte la douleur comme une autre sensation, ce ne sont que des sensations qui apparaissent  et disparaissent ". Je prends une inspiration démesurément grande, j'ouvre mon esprit le plus possible, tout mon corps à se moment là se contracte et une tempête prend naissance dans mon corps, son épicentre se trouve dans la région du basin (cela ressemble un peu à un orgasme). Il se disperse à toutes les partie du corps. Sur son passage, il fait exploser la barre à mine et les boulets de canon, comme par magie. Ce courant d'énergie passant dans mon corps a littéralement fait disparaître les grosses douleurs. Je gonfle mes poumons et retient ma respiration en serrant ma ceinture abdominale et je pousse avec mes muscles en direction des quelques petites douleurs encore présentes pour les faire exploser. Je refais cela de la nuque à la pointe des pieds pour ensuite avoir une sensation générale, que mon corps est en caoutchouc, ou en latex. Il me parait flexible et très très léger. Cette impression est incroyable, je souris et des larmes me coulent sur les joues. Je suis heureux de cette expérience. Je finis donc facilement cette heure complète sans avoir bouger. Au Gong, je me lever d'un coup, tout mon corps et très léger, il est souple à souhait, c'est extraordinaire à peine croyable. Cette journée finira sans que j'arrive à enlever mon sourire des lèvres. Je souris comme un âne seul dans mon lit. tout me semble beau, tout me parait simple, il me semble que tout vibre d'Ámour, je suis heureux.

A la journée 6, je souhaite absolument retrouver les mêmes sensations que la veille, j'y introduis une notion de désir qui fausse complètement la méditation. Des douleurs apparaissent et je souhaite naïvement les voir disparaître, pour cela j'essaye de recréer cette tempête énergétique. 13 heures d'expérimentation pour cette journée me permettent de comprendre comment actionner ce flot d'énergie, mais bizarrement les douleurs persistent. Que ce passe-t-il, pourquoi cela ne marche plus? L'enseignant nous demande de traiter les sensations de manière équanime, toutes les sensations sont égales, qu'elles soient agréables ou pas, se sont juste des sensations. De plus elles apparaissent et disparaissent. Ainsi commence donc le travail, assez complexe, pour que l'esprit accepte les sensations sans les juger, sans les catégoriser. Lorsque celui-ci ne juge plus mais accepte indifféremment toutes les sensations, le flot énergétique permet à nouveau de faire exploser les boules doubleuses.

Les dernier jours , je les passe à expérimenter cette technique en faisant des erreurs et en réussissant de temps à autre à être equanime dans le ressenti.
En arrière plan, l'esprit est toujours tranquille, les rouages de la grande machine à réfléchir et à penser est au repos. Cette pause permet momentanément de plonger au fond de soi-même, sans filets, les engrenages de la réflexion ne retient plus rien. Il est dit de cette technique de méditation, qu'elle permet de purifier l'esprit, ce processus se met naturellement en route lors de l'arrêt de la grande machine. De mes profondeurs à émergé sur un plateau d'argent certains blocages et blessures émotionnels que je pensais avoir réussi à enterrer pour certain. Je ne comprenais pas directement pourquoi cela remontait maintenant. Mon esprit était d' accord de méditer, mais si il s'échappait, il me mettait face à une blessures, toujours la même. Ceci,également lors des moments de pause ou des repas. Il en était ainsi jusqu'à se que je puisse accepter la situation complète, sans compromis, sans tricher. Cette blessure lorsqu'elle était digérée sans aucun remontrance envers qui ou quoi que se soit, s'évaporait, se décollait de ma personne pour disparaître. J' ai perçu des liens directs entre les douleurs ressenties lors de la méditation et le sujet qui trônait sur ce plateau d'argent.
J'ai ainsi pu évacuer de ma personne certaines veilles choses qui me collaient à la peau. Je sais que la formulation parait très simpliste, pourtant j'ai vraiment réussi à faire la paix avec certains de mes  vieux démons.

Une demi journée avant notre départ du centre, la règle du Noble Silence tombe afin de se préparer à retourner dans notre quotidien: le vrai monde quoi. Je suis en chambre, encore des larmes, j'ai tellement apprécié ces journées sans parler, centré sur moi, que je suis très triste de quitter cet état. Mais les émotions, c'est comme les sensations, elles apparaissent et disparaissent, j'essuie ma tristesse et je vais faire connaissance de mes 150 autres camarades. Nous sommes 10 touristes, tous les autres participant sont thaïlandais, ils ont entre 18 et 80 ans. Reprendre la parole est difficile, surtout que nous avons fait connaissance sans se parler ni se regarder. Je pars à la recherche de mon voisin qui occupait le coussin à ma droite durant les 10 jours, lorsque nous méditions. Sa présence et son assiduité m'ont aidé et motivé, jamais il n'a bougé de sa position initiale. Je ne l'ai jamais entendu respirer ni déglutir, c'était une vraie statue. Il était toujours déjà en position assise lorsque le Gong sonnait le début des séances, Je le vois entouré de deux autres jeunes étudiants, il m'accueille avec un sourire si grand que sa figure se fend en deux. Je lui témoigne mes remerciements d'être mon voisin, je lui explique que de simplement être assis à ses cotés m'a terriblement motivé et aidé. Nous avons tous les deux les yeux pétillants d'émotions. A contrario, lui me dit m'avoir entendu souffrir, respirer fortement, bloquer ma respiration, trembler, bouger, il me demande quelle genre de chose je dois purifier pour méditer ainsi. On rit...

Il y a quelques mois, un amis d'enfance/adolescence me contacte par mail pour m'inviter chez lui en Australie si mon itinéraire y passe. Cela fait plus de 10 ans que nous nous sommes pas revus. Malheureusement je lui annonce que l'Océanie n'est pas dans mes plans. Il me dit cependant passer certaine fois quelques périodes en Thailande, selon ses obligations professionnelles. Il m'annonce que peut-être, dans le courant de janvier, il aurait une mission en Thailande. Il me transmet une adresse et des directives pour trouver la maison, mais  certains impératifs pourraient également le retenir sur son île au trésor en Australie, voici les dernières infos que j'ai avant de rentrer en méditation.

A la sortie du Centre Vipassana, je me sens extraordinairement bien, mon être est en paix, j'éprouve de l'Amour pour toute chose. Je ne me suis jamais, mais alors jamais senti aussi bien avec moi-même. Mon vélo est prêt à prendre la route, moi aussi, je dois maintenant décider de la direction à prendre: Soit je pars vers le Nord dans les montagnes, soit je vais vers le Sud à la mer en direction de chez Jan. Je vais donc voir sur Internet si j'ai des infos supplémentaires concernant sa venue ou pas en Thailande. Ma boite mail, ne contient aucun message de sa part. Je décide de rouler en direction du Sud. Je prends ma carte et fais un itinéraire grossier pour me rendre 190 km plus loin dans la petite ville de Banchang où il a sa maison. Je ne sais pas exactement où je me trouve, et au premier grand carrefour, j'arrive à repérer ma position. Je dois tourner ici à droite et filer au Sud. Ce simple repérage me met dans un joie intense, je sais où je suis et je sais quelle route prendre, j'en pleurs un coup de bonheur... oui-oui plein d'Amour et d'émotions je vous disais.

Deux jours plus tard en matinée, j'arrive a Banchang, je sors le papier contenant l'adresse et les indications pour trouver le logement. Je dois rouler en direction de la plage de Phayun, passer sous le chemin de fer et 800 m. sur la gauche c'est la. Je roule et suis toutes ces instructions, je me rend compte sur le terrain qu'il a les milliers d'habitation. Je prend un chemin sur la gauche au hasard et roule sur 50 mètres lorsque j'entends une personne m'appeler "Jean-Da?". C'est Lek, la femme de Jan arrosant le jardin qui m' a vu passer, trop facile! Elle m'accueille avec son fils, ils m'installent dans une chambre confortable, Josuhua portera toutes mes sacoches à l'étage, ils sont au petit soin. En parlant, Lek me dira que nous nous sommes déjà rencontré en Suisse il y a quelques 11 années de cela. Je suis affreusement mal à l'aise car je n'ai aucun souvenir d'elle. Il me faudra 3 journées, de discussion et reparler de cette soirée pour enfin faire émerger des bribes de souvenir... Mais oui je me souviens maintenant de toi aussi.
Jan est absent, mais il est bien en Thailande, il travail à quelques kilomètres de la, dans un station gazière. Ils s'organise entre eux pour que nous puisons faire la pause de midi ensemble. Salut Jan, comment vas-tu depuis toutes ces années? Il a un chapeau Australien viser sur la tête, toujours aussi musclée le garçons, nous sommes content de nous revoir. Nous partageons un délicieux repas dans un restaurant de plage, les pied dans le sable face à la mer. L'endroit de ces retrouvailles est magnifique, ni une, ni deux, on plonge à l'époque de notre passé commun.

2 soirées après mon arrivée, Jan et Lek fêtent leur 10 ans de mariage, honnêtement on aurait essayer de coordonner les dates, on se serait sûrement loupé, le hasard fait quand même bien les choses. Pour l'occasion toute la famille de Lek est présente, du coté suisse, sa soeur a fait le déplacement jusqu'en Thailande.
Mon séjour à Banchang va s'entendre sur 10 jours. Jan travail tous les jours, ses horaires sont très soutenu, ainsi nous passons toutes les fins de soirées ensemble. Nous établissons notre Quartier Général sur les escaliers de la maison, on reprend contacte, ont se rappelle mille et une anecdotes, on rit beaucoup mais cela était déjà le cas avant et on se raconte nos vie respective. A travers lui, je reprend conscience de la réalité de la vie professionnel, de l'engagement, de l'énergie et du temps que cela demande. De mon cote, je me sens juste libre avec mon vélo.  Nos deux mondes se rencontre et se raconte dans la bienveillance.

Durant les journées, la famille de Lek me prend littéralement sous son aile. Nous allons au zoo, à la plage, à la piscine, faire du shopping, manger au resto... Je me sens littéralement en vacances. L'incroyable accueil Thailandais rend mon séjour très agréable. Il y plusieurs personnes qui s'occupent de mes repas, même la voisine s'y est mit. Ainsi il m'est arriver dans ces circonstance d'avaler 3 repas différent pour midi, Dans toutes ses activités, j'essaye de prendre tu temps pour faire un nettoyage d'hiver au jardin de la maison. Meo m'apprendra à choisir les noix de coco sur le palmier, puis à les ouvrir pour en boire le lait. Elle me montrera également comment les cuir au feu de bois. Quelle régale.

J'ai l'impression que je viens d'arriver alors que je passe ma dixième nuit dans cette magnifique chambre avec wc et douche rien que pour moi, quelle luxe! Mais il est temps de me remettre en scelle. Je tiens très chaleureusement à remercier toutes les personnes qui m'entourais, qui m'ont donner de leur temps, je n'oubliera jamais mon étape à Banchang. Merci Jan d'être mon ami.  Merci Lek, Josuha, Poi, Mark, Jacqueline, et la petite Yogurt pour votre générosité, l'organisation de mon séjours, pour les repas, pour votre temps et votre écoute. Merci Meo pour l'initiation noix de coco.

Je longe sur une petite route le bord de mer. Les plages naturelles sont par endroit le territoire des vaches, il y a aussi des restaurants, des bars et quelque transat. Ces plages sont surtout fréquentées par le tourisme locale, durant les week-ends. En semaine l'ambiance y est tranquille, les endroits sont quasiment désert, je m'offre une petit baignade solitaire, je jubile d'être seul ici, avec mon vélo m'attendant dans le sable.

Gentillement ma route s'engage dans les terres, nous sommes en après-midi et deux cyclos arrivent en sens inverse. Delphine et Sebastien de Suisse romande (Premier rencontre de tout le voyage de cyclo Suisse-romand) sont également parti d'Helvetie à vélo, se rencontre ici sur une petite route Thailandaise est merveilleux. On se boit un jus ensemble et faisons connaissance, bien entendu, on a plein de choses à échanger, à débattre et à écouter. Le soleil descend, nous sommes toujours assis à la même table a parler, on décide de jouer les prolongations en campant ensemble.
Au marché du coin, on emporte avec nous des poissons grillé, du riz collant et de quoi faire une salade qu'on mangera à la lueur de la bougie. Je suis heureux de cette rencontre, de pouvoir m'exprimer en français, j'en profite pour debriefer des mes 10 jours de Vipassana, merci Delphine et Sebastine pour votre écoute.
Je suis toujours surpris lorsque je passe du temps avec des voyageurs au long-court, nos échanges sont toujours tellement profond, respectueux, bienveillant et sincère. Je me suis exprimé avec vous deux comme si je vous connaissait depuis très longtemps, comme à des amis. C'est comme si le voyage nous mettait dans une position de grande ouverture pour accueillir l'autre comme il est, sans artifice, ainsi il est possible de rapidement se dévoiler à l'autre sans retenue. Nous allons nous coucher à plus de 1 heure au matin. Le lendemain je me rend compte que ces deux la, pourrait ouvrir une bibliothèque nomade, ils alignent joliment sur les feuille morte 15 livres pour procéder à un échange. Il sera passé midi lorsque l'on reprend chacun sa route de son coté. Bonne route à vous!

Je roule encore quelque jours entre les collines et les plaines pour atteindre la ville frontière de Aranyaprathet. Ce passage de frontière avec la Cambodge à une très mauvaise réputation, certains bruits laissent entendre qu'il y aurait des arnaques et de la corruption, on verra bien sur place, ANICCA