dimanche 25 octobre 2015

Slovenia: Venicia - Dravograd

Article publié par Léo:


Un pont, un panneau, un éclair de souvenirs, un contrôle douanier, une blague, Vinica, un camping au bord de l'eau, l'arrivée de mon copain sur son engin solaire. Double retrouvailles. D'abord celles d'avec ce pays, la Slovénie, perdue de vue depuis 3 ans. Pays "de Heidi" comme nous l'appelions, pays agricole, pays de montagnes: les Alpes, pareil à la Suisse, pays de sapins; pays de transition, la porte des Balkans, la fin de l'Union Europeenne; des vergers généreux, des potagers fertiles, des produits locaux et artisanaux, des rivières azures, des cours d'eau limpides; pays de découvertes et d'apprentissages, pays d'exotisme et d'inconnu, de la joie de vivre, des communautés unies et solides, de la débrouillardise et de la créativité, de bon sens. Puis celles d'avec Yani, rencontré il y a 6 mois de cela dans les campagnes Cambodgiennes. salut Yanni, comment vas-tu? 


Slovénie: L'engin solaire de mon ami Yani



Alors que nous pédalons à travers la campagne des Terres Blanche (Bela Cemlja), me percutent de plein fouet des senteurs, des sensations et des images de mon pays natal. Ces pierres blanches, calcaires qui émergent des pâturages d'herbe verte, cette odeur de résine de conifères qui embaume la foret, ses sous bois humides, plein d'humus, de feuilles mortes et de branches  s'accrochent les mousses et poussent les champignons, les monts qui se dressent à présent ne sont plus des collines. Pour la premier fois, je me sens comme de retour, de retour vers une terre  sont enfuient mes racines. C'est étrange, c'est troublant, ça me fait sourire. Slovénie pays que j'aime!


Une semaine durant Yani veillera sur moi comme un père. Il est passionné d'apiculture, il ouvre ses ruches, me montre le royaume des abeilles, me rend attentif à leur organisation secrète, subtile et infaillible. "Tends ta main au dessus de l'essaim, tu sens l'énergie?". On se régale de leur miel dans du thé à la mente du jardin. Yani cherche à vivre simplement, calmement, en accord avec lui même. Les fruits de son verger et les légumes de son potager agrémentent nos repas qu'on prends sur la terrasse sous un figuier, tel Bouddha. Parfois on médite, on rêve, on s'énergise. Mais pas souvent, Yani est un causeur et un hyperactif: les longues soirées sont consacrées à refaire le monde, à réfléchir sur sa course, à interroger et mettre à l'épreuve nos convictions, nos idées, nos projets. On tombe dans l'absurde et c'est agréable, pourquoi pas après tout. 

"Et a la fin? A la fin, c'est la fin du monde... Et c'est peut-être déjà arrivé. Seulement on ne s'en est pas encore rendu compte. L'information met un certain temps à prendre forme de façon perceptible! C'est comme la vitesse du son? Vouais... Et dis, tu penses qu'il arriverait quoi, concrètement, si l'Humanité dans son entier réaliserait simultanément qu'en fait elle est déjà au Paradis?"


Slovénie, Montagne Kocevski: Méditation au sommet d'un observatoire en plein nature


Yani me fait visiter toutes les Terres Blanches. Du sommet de Kocevski aux plages de la Kolpa. Marche en foret et récolte de champignons, on débusque des chevreuils, des papillons, des poissons rouges dans un étang, des plantes bienfaitrices. Exploration de cimetières et d'anciens villages d'immigrés allemands du 17eme siècle, sieste sur les galets, baignade, Spritzer (vin blanc et eau gazeuse, une spécialité locale qu'il faut boire à toute occasion) sur une terrasse au bord de l'eau, repas au restaurant, visite des bourgades alentours, rencontres avec des amis... toutes les occasions sont bonnes. 


SlovénieBalkani BBK


Nous passons à l'improviste sur une route de campagne pas plus large qu'une voie cyclable, devant sa cabane de vacance, un ami d'enfance nous fait signe: "voulez-vous goûter ma bière?". Il en brasse depuis quelques mois, expérimentations heureuses, le breuvage est délicieux. Un moment magique. Une vraie scène de film de Kusturica à la balkani: les plats sont passés avec fracas, un bouchon pète au milieu de la conversation, on frit des tonnes de viandes et des pommes de terres au kilo. On rit , on bois, on bois, on rit et on m'offre une botte de radis, comme ça, tout de go. J'adore!


Slovénie: une joyeuses bande pour vendanger!


On nous invite à participer aux vendanges. Un groupe de copains se retrouve pour travailler, un peu, s'amuser beaucoup. boire des Spritzers aux pauses programmées toutes les dix minutes environs, se vanner, raconter des histoires, et rire. On a récolté de quoi presser 130 litres en jus, l'une des meilleure chose qu'il m'ait été donnée de boire. Maintenant il faut rajouter un peu de levure puis laisser fermenter. Tout le monde met la main à la pâte, on nettoie l'enquêteuse, le broyeur et le pressoir, puis on s'installe autour de la table sous la vigne et on partage une repas des vignerons jusqu'à tard dans la nuit: copieux, solide, riche et arrosé. Des souvenir d'enfance quand Yani me ramène à la maison par les routes éclairées uniquement des  étoiles accrochées dans un ciel noir et que je somnole indolente sur la banquette arrière. 


Slovénie: Repas des Vignerons!


Vida et Bojan habitent Tribuce, le village d'à côté. Jean-Da et moi avions dormi dans la cabane des Rian Riders, un club de motards dont Bojan est le président. J'achète un peu de chocolat et pars les visiter sans vraiment prévenir. Vida ne me reconnais pas tout de suite. Je lui annonce en m'approchant que je suis Léo. Elle accours et me prend dans ses bras. Elle et son maris se portent bien, ils me racontent leur dernier périple à moto à travers les Dolomites. Bojan apporte fièrement toutes les photos que nous leur avions envoyées par e-mail au cours des derniers années de route. Ils les ont imprimées et ont accroché nos cartes postales dans la cabane des Riders! Quel cadeau, quel gentillesse, que d'émotions. Comment est-ce possible d'avoir laissé un tel souvenir, une marque si profonde dans la coeur et dans la vie de gens rencontrés l'espace d'une seule soirée? Ça donne à penser: l'importance de l'instant, la magie du moment, la nécessité d'être là, vraiment là, car chaque minute est magique, déterminante et précieuse...


SlovénieTribuce: un petit coucou au Rian Riders! Merci Bojan et Vida!!!


Je quitte Yani. Il sera rester une énigme. Bon vent mon ami, que tes projets puisent voir le jour, tes rêves prendre forme, ta réalité étendre ses limites. Merci pour ce long et généreux accueil! Merci pour m'avoir offert un environnement propice et tant d'occasions de (re)sentir, de m'apprendre, de me découvrir et d'agir en accord avec moi-même. 



Slovénie: Profitons de l'accueil chez Yani pour entreprendre quelques réparations! L'automne arrive avec son cortège de feuilles mortes et la pluie certainement!


Mes sacoches sont réparées. C'est avec un matériel à nouveau étanche que je me dirige droit vers le Nord. Crmosnjice se cache derrière une montée très raide qui me permet d'embrasser la grande plaine de Bela Cemlja d'un seul regard. La Solvénie est comme un océan vert, plein de vagues, jamais égales, ni régulières, une mer agitée, dansantes. Un conte de fées à parcourir, plein de mystères, de recoins, de surprises. Les clochers des églises sont autant de phares blancs élançant leur croix dorée vers le ciel, comme un signal de ralliement. Autour d'eux, les maisons fleuries se regroupent en rang serrés, plus s'espacent à travers champs. Ferme isolée dans le creux d'une vague ou sur une bosses. On entend les cloches de vaches au loin, les cloches des églises, des sons qui au matin chercher dirait-on a percer les basses brumes. 


Slovénie: Peu après Zuzemberk, la campagne est délicieuse!


Un autre col, Brezovica, 588 m, ça parait rien, mais la monte fut longue. Flash back: Il y a trois ans Jean-Da et moi, en sens inverse, nous avions aussi posés pour une photos sur ce sommet. Avant cela nous avions visite le château de Zuzumberk, que j'observe à présent sous un autre angle. Encore une bosse et j'atteins la Mikrka, rivière le long de laquelle nous avions fêté nos 3000 kilomètres de route en été 2012. 30'000 kilomètres plus tard, le retour! Ça fait un petit quelque chose. En Slovénie, les cours d'eau sont limpides, clairs, frais, courants, pures et parfois d'un bleu de poster retouché. C'est beau, j'aime la Slovenie! Le soir venu, je demande à camper dans un champs tout à côté de la Mirna, une autre rivière. On m'invite à entrer dans la maison, elle abrite trois générations. On me fait asseoir à la table d'une cuisine d'un autre âge, murs décrépis, cuisinière à bois. On m'offre un café, du vin maison, de la Slivovija des pruneau du verger et une liqueur de myrtille au rhum. Je partage de gin local offert par Yani, je suis adoptée. Spontanément avant que je ne quitte les lieux, les deux enfants viennent successivement me prendre dans leurs bras. Un geste d'amour pure qui m'ébranle les tripes. 



SlovénieCrmosnjice: En Slovenie l'eau est plus que limpide!




SlovénieSevnica: Campement dans un champs

Taux d'humidité élevé, déjeuner avec les limasses qui se disputent les trognons de pommes ramassées hier au bord de la route, pente douce vers Sevnica, une vraie petite ville avec ses commerces, sa poste, ses cafés, ses restaurants. Je trouve facilement le panneau indiquant Planina, une montée en suivant un torrent sur 22 km. La route n'est plus goudronnée, des cascades, des trous d'eau, de rudes sapins frayant leurs racines dans la roche calcaire. Malgré la pluie nocturne, l'eau est toujours aussi limpide, les bouquets d'arbres jouent avec les tons et les textures. Un virage, puis une église me fait face, m'accueille, me récompense de mes efforts, comme ce pompiste à la station service m'indiquant l'échoppe la plus proche. Les villages sont calmes, presque déserts, le temps est suspendu, maisons isolées, les épis de maïs sèchent sur des parois de granges en bois en croisillons, les potagers poussent, le linge sèche, toits rouges, les fleurs aux fenêtres, un chat blanc dans un pré vert. Le ciel est très noir, la clarté obscure. Les monts se chevauchent, c'est beau, je m'arrête tous les 200 m pour prendre des photos.


Slovénie: Peu avant Planina, la montée valait la peine!



SlovéniePlanina: La Slovenie est un océan (cou)vert!


La descente est glaciale. La gare de Sentjur est un cliche alpin, petits trains rouges enfermés entre deux pans de montagnes. Je demande dans une ferme s'il m'est possible de camper sous un hangar, demain, il est prévu qu'il pleuve des cordes et je souhaite passer la journée à l'abri du café voisin, utiliser internet, organiser la suite du parcours, contacter mes proches... Les fermiers sont d'abord retissant, méfiants, suis-je vraiment suisse? Sans hésiter je leur montre mon passeport, je sens qu'ils ont maintenant honte de leur question, je ne l'ai pourtant pas pris mal. Je monte la tente et les regardent s'afférer autour de leurs 60 laitières. Ce sont des gens bourrus, rudes, des campagnards, des travailleurs avec de la terre sous les bottes. Quand ils se parlent entre eux, on a toujours l'impression qu'il s'engueulent, quand ils m'adressent la parole, elle est plein de douceur, de curiosité et de bienveillance. 


Slovenie, Sentjur: Camping à la Ferme!


Des 5h00, c'est le bran bas le combat dans l'étable, Les vaches beuglent, réclament leur pitance. Et moi je suis au lit, au chaud, sous tente. Me voyant cuire du café, Ana, la mère de famille, s'approche, elle tient à ce que je vienne à l'intérieur partager leur petit déjeuner. Les grands-parents sont attablés sur de long banc, un à un les enfants nous rejoignent, il y en a 5. Ana cuit le lait de la traite du matin, les oeufs des poules, coupe le pain qu'elle a pétri la veille et ouvre des confitures de fruit du jardin: "avoir des enfants, c'est rendre le cadeau de la vie qu'on a soi-même reçu". Un tracteur arrive, le père de famille en descend et vient manger sa saucisse avant que toute la famille ne déguerpisse dans leur chambre respective pour s'endimancher. A 9h45, il y a la messe, mais je peux utiliser la salle de traite comme salle de bain en leur absence... C'est le seul endroit de la maison  il y a de l'eau chaude! Tout nu à côté des machines à traire qui pendouillent au plafond, voila un spectacle amusant!!! Je ne peux quitter les lieux sans accepter une quantité astronomique de produits de la ferme, en échange de quelques sachets de poudre à limonade pour les petits et une carte postale représentant des vaches helvétiques! 


SlovénieCrmosnjice: Les potagers sont partout!



Slovénie: Et oui, le Rakie est à base de raison (heeh... raisins, je veux dire)

Le ciel est dégagé et il ne fait pas froid. J'atteins Vojnik à travers la campagne. Il ne reste plus qu'une bosse à passer puis ce seront les Alpes. Je m'en réjouis. Traverser à vélo ce massif que je côtoie depuis l'enfance fait partie de mes projets. C'est un souhait que je nourris depuis longtemps. Mélange d'anxiété en d'excitation comme à chaque fois qu'on sait un objectif s'approcher, Un nouveau défit qui se dresse et une nouvelle occasion de réaliser ses rêves! Depuis la plaine des alentours de Celje, j'aperçois justement les premiers sommets alpins au loin. On dirait de grandes dames qui semblent m'attendre de pied ferme, campées sur leur base large et solide, leur partie rocheuse dépasse de la foret. Gris et puis blanc: La neige. Je la retrouve enfin. Nous avons été séparées depuis avril 2014, alors que Jean-Da et moi redescendrions des haut plateaux tibétophones en suivant la Yellow River. Moment d'émotion que ces retrouvailles. Je ressens une grande attirance. C'est beau un paysage enneige... de loin... quelques craintes quant aux conditions météo des semaines à venir traversent mon esprit. Maintenant, je devrais les affronter en solitaire. Mon corps se souvient des nuits glaciales dans l'Est turque, du blanc à perte de vue, le secours bienveillant de villageois nous ayant offerts quelques bûches pour passer la nuit et ces militaires qui nous avaient convies à la caserne pour un repas chaud; les deux cols franchis sous les flocons et les 10 kilomètres à lutter contre le vent gelé avant d'atteindre finalement Kars, à la frontière arménienne, J'aime quand la mémoire part ainsi papillonner,

Cette fin de traversée slovène agit sur moi comme une machine à remonter le temps. J'ai l'impression de me passer un film en mode "reverse". Si lors du premier passage en Slovénie je m'étais dit que ce pays semblait vivre dans une époque révolue, je considère cette fois-ci, qu'il est bien moderne, en avance sur son temps, même. On emporte toujours avec soi les normes de là d'où l'on vient... Cette pensée me fait sourire; le normal est une interprétation; la réalité, même la plus tangible, une vue de l'esprit... Décidément, il n'est possible de se fier à rien!!??!! Aussi, je sais à présent me diriger vers des contrées encore plus "développées" et crains un peu les chocs auxquels je ne vais pas manquer de m'exposer. Petit moment philosophe en prenant mon repas devant les parois de bois d'un abri-bus sous un soleil éclatant, puis, je remonte toute une vallée en direction de Mislinja, m'enfonce donc dans la chaîne de Kobansko. Il y a des centres équestres, les vaches me regardent passer depusi leur  vert paturage, les bourgs sont montagnards.

En début d'après-midi déjà j'ai envie de m'arrêter. La journée de pause d'hier a été passablement arrosée ce qui me coupe un peu les jambes. Peu avant la ville, ma chance: une aire de repos pour camions. Les toilettes publiques sont chauffées, propres et offrent de l'eau courante. Je repère les plaques d;immatriculation: toutes slovènes, les nom des chauffeurs affichés en grand sur le pare-brise m'indiquent qu'il s'agit de balkanis: je n'ai aucun soucis à me faire. J'installe le camps juste à temps pour bondir sous tente avant l'averse, courte mais intense. Crevée, je m'endore de bonne heure.

Il fait 4 degrés! Il y a du brouillard! L'humidité est épaisse, tout est mouille! Je gèle! Je cuis le lait offert hier pour le repas matinal. Je marche de long en large pour me réchauffer. Je plie le camps avec de grand gestes amples. Je bénis la montée pour atteindre Mislinja. Ensuite, c'est un très long faux-plat qui s'avance jusque vers la frontière autrichienne. Les villes ont l'air de plus en plus proprettes, rangées. Plus de poules qui courent partout, de cochons dans la cour des fermes. Une zone industrielle et des super marchés de grandes chaînes s'étirent le long de Slovenj Grad. Des affiches publicitaires montres quatre hommes en costumes tyrolien portant un tonneau de bière, changement de décors. Un pont sur la Drava à Dravograd, la route de gauche mène en Autriche par une piste cyclable. Un panneau bleu entouré d'étoiles jaunes: Österreich, et deux magasin duty free. Ce sont eux les seuls témoins de mon émotion. Je quitte les Balkans, j'arrive dans l'Europe de l'Ouest, ma Terre d'origine. J'ai mal au coeur, le souffle court et des picotements dans les doigts et au sommet du crame. 


mardi 20 octobre 2015

A la découverte du Monde à travers d'autres yeux: se balader couché... à vélo

On pourrait penser qu'ils ont la flemme, ces baladeurs horizontaux. Qu'on se détrompe tout de suite, c'est en vélo couche qu'a été battu le record du monde de vitesse à vélo (sur 200m)... et oui! Du coup, c'est les pieds en l'air que certains entreprennent de se retrouver " la tète en bas" de l'autre cote de l'hémisphère... Rencontres:


Sanne et Michiel : Couple Cyclovoyageurs, Hollande
http://mascaraenkettingsmeer.reislogger.nl/

18 juin 2014, l'horizon s'ouvre à 360 degrés sur les steppes mongoles vertes à l'infini, des troupeaux de chevaux passent, un motard s'arrête pour nous monter sa chasse (une antilope) et puis plus rien: le vide, le silence, la pureté de l'air et le soleil qui s'éclipse lentement à l'Ouest... quand tout à coup, deux silhouettes s'alignent sur la route qu'on devine à peine à quelques centaines de mètres. Ce sont deux vélos-couchés, on siffle, faisons de grands signes, rien, ils passent. Jean-Da enfourche son vélo et part à leur poursuite. Sanne, Michiel et lui ne reviennent qu'une petite demi-heure plus tard, dans cet espace crépusculaire si vert, ils ne distinguaient plus la tente (voir article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2014/06/mongolie-erenhot-ulaambaatar.html)! Sanne et Michiel ont commencé leur périple à Ulaambaatar depuis un petite semaine mais ils ont déjà plein de beaux souvenirs à raconter, on se délecte d'échanger avec d'autres Occidentaux voyageurs, il faut dire qu'au cours des trois derniers mois, en Chine, nous n'en avions pas croisé beaucoup... Ils partent  à la découverte d'une réserve naturelle aux alentours de Dalanjargalan, mais nous nous donnons rendez-vous à la Capitale pour célébrer ensemble la Fête Nationale (Naadam), assister en directe à la demi-finale de la Coupe du Monde lors de laquelle leur équipe sera malheureusement éliminée, flâner dans les musées et partager quelques soirées éthyliques et surprenantes (voir article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2014/07/mongolie-ulaanabaatar.html). Jean-Da et Michiel s'échangent des conseils techniques et mécaniques, alors que Sanne et moi babillons avidement de trucs de filles. Elle a étudié le journalisme et sa passion pour l'écriture se ressent dans les excellents articles qu'elle publie régulièrement sur leur bolg de voyage. Avec humour et talent, elle y retranscrit moult anecdotes piochées ça et là dans leur quotidien sur les routes du Monde. Notre entente est si bonne qu'on décide d'emprunter en commun les pistes mongoles à travers le Désert de Gobi, ce qui nous vaudra notre lot d'aventures, de rencontres et d''instants d'exceptionnels émerveillements (voir article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2014/07/mongolie-ulaambataar-mangdalgovi.html). Nous nous retrouvons encore à Pekin (Benjin) alors que nous y séjournons pour attendre Constantin (frère de Léo) qui nous rejoint pour un mois de pédalage (voir article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2014/09/chine-beijng-pekin-taiyuan.html) et puis ces deux tourtereaux poursuivrons leur route vers le Sud, Hong Kong et l'Asie du Sud Est, ou il est possible que nous nous recroisions... Guide-nous Bonne Étoile!



Marion et Maxime ; Couple cyclovoyageurs, France


4 juillet 2014, devant l'ambassade de Chine. On est les premiers, et on reste scotchés à la porte, cette fois, on le veut ce visa pour la République du Peuple, et pas question de se faire piquer la place (lire article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2014/07/mongolie-ulaanabaatar.html)! Les seconds dans la queue, c'est Marion et Maxà les écouter parler entre eux en français, on comprend, en quelques minutes qu'eux aussi voyagent à vélo... enfin presque... Voyageaient à vrais dire... une sombre histoire de groupe qui a éclaté et de vélos-couchés renvoyés en France. Bref, nos deux zozots sont à pied pour l'instant. Ils leur tarde de rallier la Chine pour y acquérir de nouvelles bicyclettes. Des étoiles dans les yeux, ils s'y projettent déjà,,. Le pédalage, la liberté de déplacement en dehors des sentiers battus, l'autonomie... ça leur manquent tant! Autour d'un bon repas dans une petite cantine proposant de la cuisine mongole, si riche en viande, on est heureux de parler français et d'échanger nos expériences de route respectives avec ces deux créatifs. Max illustre leur blog de ses superbes dessins pris sur le vif de leur parcours. Et Marion correspond par l'intermédiaire de celui-ci, avec une classe en France. Les enfants posent des questions à propos de leur voyage, et elle y répond en directe sans jouer les maîtresses d'école, mais très spontanément, en fonction du vécu réel et personnel sur les routes du Monde. Une idée prodigieuses, qui aiguise l'ouverture d'esprit, la curiosité et le questionnement vis à vis des informations proposées dans les médias et autres manuels scolaires. Bonne route à vous deux, que la magie du vélo vous accompagnent jusque très loin au Sud!


Angelique et Vincent : Couple Cyclovoyageurs, France
http://desandesauxindes.wordpress.com/

C'est près d'un mois que nous passons à Teheran (Iran). Un mois de quasi-quotidien de démarches administratives auprès de l'ambassade d'Inde pour obtenir six mois de visa sur le sub-continent. Teheran est une mégapole (environ 11 millions d';habitants en 2013) et nous n'avons pas le goût de partir en excursion dans cette cité ou des routes sur 3 niveaux s'entrecroisent, ou traverser la chaussée relève du défit ou le débordement de serviabilité et de gentillesse des habitants deviennent oppressant (lire article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.jp/2013/06/iran-tehe). C'est donc sur le toit terrasse-cuisine d'un petit hôtel du quartier de la gare routière que l'on fait la connaissance d'Angelique et Vincent. Leurs vélos-couchés occupent presque tout l'espace du couloir, alors nous savions qu'ils sont "cyclos", eux aussi! Ces deux amoureux sont en balade depuis plus d'une année. Ils ont déjà parcourus le continent américain et reviennent maintenant progressivement vers l'Europe depuis l'Asie. C'est que leur travail respectif les rappels au bercail. Depuis un mois et demi que nous sommes en  Iran, c'est la première fois qu'on rencontre des Occidentaux, alors autour de tartes délicieuses (style gâteau d'anniversaire), nos langues se délient, la tiédeur des nuits iraniennes prolonge nos soirées sous les étoiles. A l'arrêt, on repart sur les routes en pensées, à travers les anecdotes de l'autre, on va à la découverte de lieux encore inconnus. Merci pour ces moments de détente les amis, cette parenthèse de connu dans cet Iran si incroyablement exotique, enchanteurs et envahissant. 







A la découverte du Monde à travers d'autres yeux: balade en famille

Ils sont rare ces courageux qui se décident à prendre la route avec leur(s) enfant(s), ils sont rares, mais ils existent! Pour eux, cela ne fait pas de doute, c'est ensemble que l'aventure doit se vivre! Sur le chemin des routes du Monde, nous en avons remontrées quelques une de ces tribus qui refusent de penser que le fait d'être parent devrait sonner le glas du voyage.

Monika et Thomek : cyclovoyageurs en famille, Pologne
http://przygodyrowerowe.wordpress.com/

Août 2012, au sommet d'un col, une cahute vide, une barrière relevée ne barrant plus la route, un panneau bleu et le nom "Slovenia" entoure des étoiles Européennes. Soyons honnêtes, nous ne savions pas à quoi nous attendre, soyons honnêtes jusqu'au bout, la Slovenie fût une surprise... "Ah bon, la Slovenie c'est là! Un petit pays entre l'Italie et les Balkan"... on rougit... de honte! Et puis, on s'illumine d'admiration, on écarquillent les yeux sur ce vert sapineux, ces rivières turquoises, ces chalets fleuris, ces géraniums aux balcons, ce pays alpin. Et puis, on a le sourire jusque là, on va de rencontres formidables en accueils chaleureux, on découvre un peuple amoureux de sa nature, fier de ses produits qu'il "fait maison", on se glisse dans un rythme de vie nouveau, moelleux, jovial, d'où le stress semble exempt, on goûte déjà un petit bout de la folle générosité balkanique. On sure, aux montées succèdent les descentes. Au sommet d'un des nombreux cols que nous franchirons à travers les montagnes de ce pays, on établit le camps pour la nuit non loin d'un refuge-restaurant car les ours peuplent les forets denses. On s'installe, on prépare le repas et au crépuscule on voit s'avancer sur la route, pédalant, Monika et Tomek, tirant une carriole dans laquelle est endormie leur petite princesse de 3 ans (lire article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2012/08/slovenie-de-livek-ljubljana.html). Bien entendu, ils s'arrêtent, nous camperons ensemble cette nuit et les 3 suivantes! Nous partageons les biscuits et le thé avec cette famille polonaise passionnée de cyclovoyage depuis longtemps. Devenir parents ne les a pas freines dans leurs déambulations voyageuses, ils sillonnent ainsi la Slovenie un mois durant, à trois, et se font un plaisir d'initier leur petite à la vie nomade, le camping, et la découverte. Elle, en redemande, Tomek ne pédale jamais assez vite à son goût, depuis son petite palais de tissu, elle l'encourage en hurlant de plaisir, même dans les descentes à plus de 16 %, une vrais aventurière en herbe! En leur compagnie, nous apprendrons de leur expérience, nous qui ne sommes encore que les apprentis voyageurs. Une magnifique leçon à tous ceux qui entrevoient dans  leur progéniture une entrave à la liberté voyageuse. Des adaptations, ont été concédées certes, mais la démarche reste la même et le plaisir de partager la route avec les siens au complet, de semer des graines de curiosité, de débrouillardise et d'ouverture dans l'esprit de ses petits, l'emportent sur les aménagements nécessaires. De cela, ce couple en parle mieux que nous sur leur blog personnel!

A la découverte du Monde à travers d'autres yeux: voyageurs en musique

Certains nous font voyager en musique, une forme de voyage, immobile certes, mais qui peux mener loin... ouvre les portes de l'évasion, réchauffent les âmes et embrase l'amitié.

Nenad, Dradan et Mladen : Musiciens du groupe Bedem, Bosnie-Herzegovine
https://www.youtube.com/watch?v=VYAIcVrjiXg
https://www.youtube.com/watch?v=xsHM_9nuUSM

En cette fin d'été 2012, nous arrivons par le plus grand des hasards à Zelecovac, hameau de maisons de conte de Fées perdu au milieu de la foret bosnienne au Nord-Ouest de Sarajevo. Cette utopie sort tout droit de l'esprit fou du peintre Boro, un lieu alternatif, de liberté, d'évasion, ou se réunissent chaque soir des originaux en quête d'insouciance. Grillades, feu de camps, mise en commun des vivres, partage de nourriture et de boissons, jeux, musique, rires,.. une grande famille se créer ici, en tout temps, chacun est le bienvenu! Les lieux comme ceux ci sont rares et l'atmosphère qui s'en dégage précieuse, une paix entourée seulement de la nature, une fraternité avec tous ceux qui si trouvent, une harmonie avec soi même... (lire l'article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.ca/2012/09/bosnie-bihac-sarajevo_1.html). C'est dans ce contexte éveillant la créativité, que Nenad, Dragan et Mladen nous ferons découvrir leur musique. Au cours des quelques jours que nous passerons ensemble sur le site. Ces jeunes bosniens, talentueux, poètes, rêveurs, subversifs, entreprenants, idéalistes et travailleurs improviserons à longueur de journée des concerts sans fin, n'acceptant de lâcher leur guitare qu'au petit matin quand la slivovitch et la fatigue finalement les fond sombrer dans l'inconscience. Merci aux membres du groupe Bedem! La joie que nous avons éprouvée à vos cotés restent intacte malgré les années qui passent, nous avons tellement aimé vos compositions que nous nous sommes autorisés à utiliser l'une d'entre elles comme bande son pour le vidéo intitulée "Suisse-Turquie" qui retrace le périple que nous avons vécu à vélo, entre ces deux pays: (visionner la vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=XY7didB4wgE&feature=youtu.be).

A la découverte du Monde à travers d'autres yeux: le temps d'aimer le Monde


Il y a de ces questions dont on semble être prisonniers, qui nous sont d'emblée, avidement, avec une récurrence implacable, posées, sans même presque différer d'une virgule, dans les quelques minutes qui suivent la rencontre avec l'altérité. Désole amis Tendemeurs, nous ne faisons pas exeption!  Et d'emblée, avidement, et avec une récurrence implacable, c'est nous qui posons l'immanquable question à vous tous, cyclovoyageurs économes, puisque vous n'usez que d'un guidon et deux roues pour 2 : MAIS POURQUOI EN TENDEME! VOUS N'AVEZ PAS ENVIE DE PRENDRE UN PEU DE DISTANCE DE TEMPS A AUTRE? A être collés ainsi, n'y a-t il pas des envies de meurtres qui vous assaillent au bout de la journée? Et, à notre grade surprise, notre totale déconcertion, vous tous avez repondu: NON! Les yeux écarquillés, un peu choqués. Un NON, franc, tinté d'incompréhension. Vous allez même plus loin: "C'est agréable d'être si près l'un de l'autre, on peut discuter pendant qu'on roule... Si non je pense que je m'embêterais". Ou encore "C'est ma moitié... plus je la sens proche de moi, plus je me sens bien, c'est normal!". Oui, mais... bon, Vous l'aurez compris, c'est Temps d'Aimeurs, ne le sont pas pour rien... Amoureux comme pas deux, sur cycle commun, ils vagabondent de par le Monde, le coeur en fêtes, des étoiles plein les yeux




Alice et Peter : Couple en Temdem, Angleterre
http://mcneilsonwheels.com/

Peter passe quelque semaines seul au Népal, alors que son épouse est restée en Inde, expérimentant la vie d'ashram. Il met à profit son séjour à Pokhara pour s'investir dans une des boutiques de cycle sur Lake Side qui propose des randonnées à vélo. Il est lui même passionné de vélo depuis toujours et offre ses compétences en mécanique des cycles contre le gîte. Bon deal, échange de savoirs-faire, d'expériences et culturel! Au cours de l'hiver 2013-2014, que nous passons là également, la communauté de Cyclovoyageurs y est importante et nous ne tardons pas à faire la connaissance de Peter par l'intermédiaire de ce réseau (lire article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2013/12/nepal-pokhara-vive-les-vacances.html). Tout feu, tout flamme, il est impatient de retrouver Alice pour poursuivre leur long voyage de noce autour du monde en Tendem. Il a déjà fait imprimer quantité d'autocollants à l'effigie de leur logo qu'il entend distribuer le long de la route qui les mènera toujours plus au Sud, jusqu'à atteindre l'Australie. C'est ce voyage de noce, un peu particulier qu'est conte sur leur blog personnel.



Nathalie et Gaetan : Couple en Tandem, France
http://www.le-tandaimer.fr/

J'ai laisée mon vélo (Léo) devant l'échoppe dans laquelle nous nous fournissons en délicieux café local. Le Népal en est producteur et de petites fermes biologiques sont implantées un peu partout dans les alentours de Pokhara (lire article relatif: http://jeandaetleo.blogspot.com/2013/12/nepal-pokhara-vive-les-vacances.html)). En sortant du magasin, il y a deux bandeaux qui observent très attentivement mon cycle. Ils m'attendaient car eux aussi sont des Cyclovoyageurs et ils veulent faire ma connaissance. Nous nous donnons rendez-vous le lendemain pour partager, Nadine, Gaetan, Jean-Da et moi, un bon repas dans une gargote de North Lake Side ou nous avons nos habitudes. Ces français baladeurs en tendem s'offrent un peu de temps à la Découverte, avant d'investir définitivement la magnifique ferme de pierres et au toit charpenté par leur propres soins entre l'Auvergne et l'Ardeche.


vendredi 9 octobre 2015

Croatie: Ilok - Vukovar - Karlovac - Bosanci


Article publié par Léo:


On traverse le Danube et on arrive en Croatie. De ce côté là, la rive est vallonnée. Ça monte et ça descend entre champs de maïs et villages complètement déserts. Les commerces sont fermés, seuls quelques hommes squattent les terrasses des cafés. C'est le 15 août, la fête de l'Assomption, et comme dans les communautés rurales croates, on est particulièrement attachés aux traditions catholiques, c'est un jour chômé. L'inactivité villageoise est troublante,  est passée la population?


Croatie, Ilok Église au sommet d'un fort 


Sur les conseils d'un cyclo roumain rencontré à Novi Sad (Serbie), je passerai la nuit sur un petit espace offert gratuitement aux campeurs voyageurs dans la bourgade de Sarengrad. Les gendarmes ne comprennent pas pourquoi je tiens à m'assurer que je peux m'installer librement. Pour eux, cela parait logique. Suivant l'exemple des familles qui profitent de leur jour de congé, je prends un bain douteux dans les eaux peu accueillantes du fleuve. Le fond est vaseux et l'eau tachées d'essence, d'écume blanchâtre en surface et d'algues microscopiques en suspension. Ça n'a l'air de gêner personne. Les hommes nagent dans le courant, les enfants sautent allègrement depuis une barque. Les vieux papés qui sont venus se promener là, s'inquiètent que ma tente soit toute proche d'un nid de grosses bestioles volantes et alertent des jeunes qui parlent anglais. On m'accorde la paix, mais on garde un oeil protecteur sur ma personne. Les familles rentant de pic-nic en petit bateau à moteur me demandent si j'ai besoin de quelques chose, on m'indique une fontaine d'eau potable, on m'assure qu'ici je passerais une bonne et tranquille nuit et m'offre quelque gentilles paroles. 


Croatie, Sarengrad

Je n'ai pu retirer d'argent ni hier, ni aujourd'hui, on est dimanche, les banques sont fermées Je décide donc d'attendre le lendemain en m'installant pour l'après-midi sur la rive du Danube à Vulkovar. Le nez plongé dans mon journal de bord, je n'entends pas Anté arriver. Il m'invite chez lui. Si tôt dans la maison, je repère qu'il vit seul et adapte donc mon comportement à cette situation. Mon nez est aiguisé car en fin de soirée, ses intentions à mon égard seront sans équivoque et il faudra alors que je remette à l'ordre ce monsieur qui a pourtant dans les 65 ans. Et dire que dans quelques jours, je m'attirerai les regards des adolescents de l'équipe de foot de  Ustica (Frontière bosnienne). Décidément le chromosome Y doit détraquer le cerveau! Rien de bien méchant et je sais (sens) ne courir aucun danger. Cependant ces situations m'attristent. C'est tellement décevant, Quel dommage que certaines personnes ne soient pas capables d'aller à la rencontre de l'altérité dans l'humanité. L'échange pure et profond, d'être humain à être humain est pollué par la luxure et l'orgueil. Certains sont prêts à travestir, à brader leur personnalité, à prostituer leur âme dans l'espoir d'obtenir quelques avantages insignifiants: un regard, un sourire, une poignée de main, une bise, de l'attention. Ils croient ainsi gagner la partie, en extorquant à l'autre un don qu'il lui a forcé à faire. C'est une forme de violence, de vol, de viol moral. Ces gens ne comprennent pas que hors de ce jeu, ils auraient reçu bien plus: le cadeau du partage authentique issus de sentiments sincères, honnêtes et intenses. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, à côté de quoi ils passent. En donnant des coups de pieds dans les limites personnelles, ils rompent le cycle vertueux de la confiance et de l'Amour. Le contact devient technique, artificiel, utilitaire. C'est un jeu auquel je n'ai pas envie de jouer. Mon temps et mon énergie me sont bien trop précieux pour que je les gaspillent à rappeler les règles, à porter un masque, à jouer un rôle. cela ne m'intéresse pas.

L'après-midi avait pourtant bien commencé avec un délicieux repas, une leçon de croate, une baignade à la plage et des explications passionnantes à propos de l'histoire de la ville. Vulkovar n'était qu'un tas de cendre au terme de la guerre enter la Croatie et la Serbie (1995). Ainsi, l'ensemble de ses bâtiments ne sont pas âgés de plus de 20 ans. Seul le château d'eau est reste debout, mais il est crible le trous d'obus, inutilisable bien entendu. Les autorités ont choisi de le conserver en l'état comme symbole et souvenir. 



 Croatie, Vulkovar: château d'eau


Les banques ici, ne changent pas des Dinars serbes, j'y perçois une forme de racisme pleine de rancoeur. C'est compréhensible et en même temps assez triste. Cependant à nouveau la chance me guide. Au hasard d'une boutique de photo, on me propose un taux de change plus avantageux que l'officiel. Est-ce possible? C'est ainsi que je repars de Vukovar avec plus d'argent que quand j'y suis arrivée!!!


Un grand axe mène jusqu'à Nustar, puis j'oblique à droite: plus une voiture sur cette route campagnarde. Les tournesols tirent la gueule, le temps de la recole a sonné! La nature se décline en couleurs termes qui vont de l'or au vert olive. Les champs de blé sont rasés ou déjà labourés, la terre est lourde, brune, riche. Sans lumière et sans éclat, les paysages deviennent tristes et lassants.Le ciel est plein de nuages et parfois des rayons de soleil percent de gros paquets noirs, ça fait jouer les couleurs sur la terre et les villages toujours aussi calmes. A midi, les clochers sonnent, je mange une pastèque assise dans le parc de l'église d'un village sans nom au bout d'un sentier de gravillons. 

Une Cathédrale monumentale au centre de Dakovo attire l'oeil depuis loin à la ronde. Cette ville est le centre religieux de Slavonie. Elle est aussi fameuse pour ses chevaux lipizzans apparemment très recherchés. Depuis là, je m'engage plus Ouest, le long d'une longue vallée que je remonterais sur plusieurs dizaines de kilomètres.


Croatie, Cathédrale de Dakovo


Je suis fatiguée, par crainte d'effaroucher les vieillards somnolants sur des bancs devant leur maison, je préfère demander de l'eau au tenancier du café de Levanjska Varos. Il me propose de boire quelque chose et encore une fois mon flaire opère. Je m'installe et sa femme nous rejoint. Il est artiste peinte à ses heures, les petites filles de la maison me montrent fièrement ses oeuvres. Tout le monde m'a adopté en moins d'une demi-heure. Le camps est monté derrière le bureau de poste dans le jardin adjacent au café. La maîtresse de maison m'invite pour déguster un délicieux alcool de cerise maison. Miriana m'explique tout sur sa famille, son jardin, sa production de conserves, de confiture et de Slivovija (alcool de pruneaux)  annuelle, le village, son passé, ses habitants, me montrent les bâtiments officiels, joue les traductrices pour ses deux charmantes et timides petites filles, m'invite à dire bonjour à son fils qui l'appelle d;Allemagne à travers Skype. Elle m'apprend des tas de mots croates et cherche assidûment les traductions allemandes de ce que je ne comprends pas. Quand aucun mot ne marche, on joue au langage des signes, et on rit. La communication passe par le coeur! Miriana, l'innocence de la gentillesse campagnarde, merci!


Croatie, Levanjska Varos: Miriana est fière de vous présenter son brandy de cerises  maison!


Au matin, les deux petites princesses de la maison ne veulent plus me voir partir. Elles ont mis leur timidité au placard et me supplient de rester... juste encore un jour... s'il te plaît!!! On prend le déjeuner et je traîne, leur prépare du cacao froid et leur coupe des tranches de pastèques. La grand-mère nous fabriques des sandwishes et me ressert abondamment de café bien chaud.  Quel bonheur, quelle rencontre superbe, que de tendresse et d'Amour partagé. Avant que je ne monte en selle, on m'offre deux belles roses aux senteurs délicieuses. Merci les filles, merci petites anges!



Croatie, Levanjska Varos


Ici pas de luxe. Les maisons sont en brique orangées apparentes. les silos à maïs sont des cadres en bois aux faces grillagées, protégés par un étroit toit de tuiles. Ils sont à moitié pleins. Dans la cour des fermes on fend du bois, on meule, on fabrique une table, on chasse les poules et les dindons géants, on nourrit le chien ou les cochons noirs, on ramasse quelques fruits, on s'occupe des potagers plein de légumes. L'atmosphère a changé, les sapins sont omniprésents. C'est la montagne, l'air est frais et pure. Par paliers je m'élève dans des pentes boisées allant de 5 à 9%. Un rayon de soleil, un banc, une source d'eau et un foyer pour un feu de bois aménagés sous un très haut saule pleureur, une place parfaite pour le repas. Je n'aurai acheté aucun fruits au cours de la traversée croate. Les pommiers et les pruniers sont partout, il suffit de se baisser (je ne cueille pas sur les arbres) et de croquer dans un fruit juteux (parfois véreux!)



Croatie, arbres fruitiers en pagaille!















Croatie,, l'abondance!



Je rejoins un axe plus couru et retrouve le trafic sur la route qui me mène jusqu'à Pozega, ses rues piétonnes, ses cafés, ses commerces, sa vie de gros bourg au charment attrait touristique. Le Jardin de l'ancienne forteresse fait un coin parfait pour une pause qui laisse le temps au ciel de se parer de bleu. Contrairement aux villages, les villes traversées dans ce pays sont plutôt vivantes. Il y a du monde sur les pavés des rues, aux terrasses des cafés, dans les parcs publiques les enfants jouent sur des balançoires et des toboggans, des adolescents se promènent en discutant ou fleurtant, des familles reviennent de courses des bras chargés de cabas. 



Je longe une plaine maraîchère coincée entre des collines au Sud et les montagnes de Papuk (958m) au Nord. Il m'est difficile d'atteindre les berges de la rivière. ce soir je camperais donc au fond du jardin de l'école de Pavlovic. Oui, l'école a un jardin, un verger et même un potager. A l'arrière, dans un petit coin, une tombe. La mort côtoie la vie avec simplicité. Au fond, c'est la rivière, aucune barrière. Le bons sens remplace les grillages. Le professeur attend que sa femme soit rentrée et l'emmène avec lui pour venir s'assurer que je n'ai besoin de rien et m'inviter à me servir librement de tous les légumes. Puis il sort sa veille voiture de la grange, embarque son fusil et part pour une nuit de chasse. C'est les vacances, la rentrée n'aura lieu qu'en septembre. 



Au matin, alors que je plie le camps, un vieil homme s'approche. Il m'invite pour le café. Sa femme, tout d'abord méfiante, me serre une tasse chaude sans un sourire. Leur maisonnette est délabrée, il n'y a pas d'eau courante et tout est vieux et bancal. L'homme se fait cependant une joie de m'inviter, de me montrer ses trois poules et d'utiliser les trois mots d'allemand dont il se souvient de ses années passées là bas à travailler comme tailleur. Son fils travaille dans l'armée croate, il dit que ça rapporte. Mais ce n'est évidemment pas ni lui, ni sa femme qui bénéficient de ces revenus. Il branche sa télé sur une chaîne francophone. A l'écran défile la saga d'un jeune homme politique français à la peau noire qui se dit victime de racisme dans le cadre de la campagne électorale. Chacun ses problèmes, ici, il s'agit de regrouper quelques pièces pour aller acheter le pain au passage du camion-boulangerie. Le pain n'est que pour moi, mes hôtes n'ont pas de dents, ils ne peuvent pas le mastiquer. Je leur offre une plaque de chocolat et partage avec eux la délicieuse confiture offerte par Nicoleta à Belgrade. Ils en raffolent. La femme fume une cigarette face au mur, seule dans un coin mais lorsque je m'en vais, elle m'offre un grand sourire et ses yeux disent merci. Je crois y lire de la honte, elle sait que sa maison n'est pas bien vaillante. En ce qui me concerne, je me sens privilégiée d'avoir pénétrer la réalité de cette famille, d'avoir vu l'envers du décore des jardin fleuris, des potagers et vergers opulents, des poules et des cochon dodus dans les cours et de l'apparente joie de vivre des croates. Merci!



Je m'engage en direction de la chaîne des Papuks. Autrefois parait-il, cette région était riche et prospère. Elle comptait des industries, plusieurs universités, des administration. Aujourd'hui, après la guerre, beaucoup de villages sont déserts. Les ruines laissées à l'abandon, les murs crépits de balles, les toits éventrés sont recouverts de ronces. Des arbres poussent un peu partout entre les pierres des murs. Le long de la route des panneaux présentent des têtes de morts sans équivoque, la région est minée... toujours. On me dira que l'argent du déminage est détourné, personne ne semble pressé de nettoyer et sécuriser les lieux. 

C'est une surprise de rencontre ici, au bord de la route Nadin, une professeure de philosophie serbe à la retraite, C'est si inattendu que je décide de profiter de l'occasion pour attendre avec elle, en compagnie d'autres villageoises, le camion-épicerie qui passe sur la route tous les deux jours. A son bord, du café, du pain, des biscuits, de l'huile, de la bière, de la viande... toutes ces denrées qu'aucun commerce ne vend dans les environs. Quel délice d'observer ces veilles femmes vêtues de noir, un fichu sur la tête, brandissant leur sac de coton à l'arrivée du convois. Elles rentrent chez elle branlantes sur leur frêles jambes, vers leur maison dans la montagne et leur isolement qui ne les a pas rendues sauvages pour autant. Des hommes restent quelques instant accoudés au comptoir ambulant, buvant la bière fraîchement achetée, échangeant rapidement quelques nouvelles avec l'épicier qui doit continuer sa tournée. Le bistro, ça n'exister pas dans les environs. 


Décidément je n'avance pas très vite dans cette généreuse Croatie. Cette fois c'est Hans qui m'a arrêté. Il est allemand, marié à une croate depuis très longtemps. Il tient à me payer le café, il semble avoir besoin de compagnie, de discuter. Je me prête volontiers au jeu, Il se raconte sans détour. C'est extrêmement touchant.


Il me faut encore monter à travers une forêt dense, sombre (noire dirait Charly!). Après la moiteur des forêt tropicales me voila dans la fraîcheur des forêts continentales. Ici, elle est composée de très hauts chênes noirs. Le sous bois sont dégagés, sur un tapis de feuilles morte pousse de la mousse. Les animaux sont absents, pas un bruit, pas de vie. Ça me surprend. Les routes sont désertes, des maisons éparses ne forment pas des villages à proprement parler. Le ciel est très chargé et l'orage ne devrait pas tarder. Je rejoins la plaine et décide de m'arrêter à Jasenovac  je pense trouver des sources d'eau chaudes. A mon arrivée sur le site, le musée est fermé mais un garde est là. Je lui demande s'il est possible de camper sur la magnifique pelouse qui entour un lac au bout duquel trône une sculpture. Je présume que c'est de là que jaillit l'eau. Sa réponse est claire et définitive: "non". Et sur le parking: "non". Ça m'intrigue, jamais dans tous les Balkans je n'ai essuyé un refus! Et " se situe la source exactement?" Pour me faire comprendre je fais le avec mes mains le signe du monument et mime l'eau qui sort.. du moins c'est ce que je pense mimer... Il m'indique l'endroit, mais me précise, sur mes demandes qu'on ne peux ni y camper, ni s'y baigner, et qu'en fait il n'y a rien vraiment à voir??? Je commence à être septique. Je le remercie et lui indique que je vais regarder un peu les panneaux explicatifs avant de partir. C'est seulement à ce moment là que je réalise ma très grossière erreur. Il ne s'agit pas du tout d'une source d'eau chaude, mais d'un mémorial du Camps de Concentration qui se trouvaient là durant la Deuxième Guerre Mondiale. La honte!






Croatie, Mémorial du Camps de Jasenovac


Il pleut pour de bon. Je m'approche du terrain de foot d'un petit village juste à la frontière bosnienne. Bien entendu que je peu m'installer pour la nuit sous le couvert de la cantine. Un garde frontière en patrouille me tient compagnie en attendant la fin de l'entraînement. Une chouette rencontre très instructive quant aux réalités administratives de ce pays, l'état de l'économie nationale, les projets d'entrée dans l'Union Européenne, les spécialités locales, la fonction de gardien de la paix, les traditions culturelles croates... Troisième mi-temps, on m'invite pour la bière. L'équipe se joint au douanier dans l'enthousiasme et l'admiration pour les récits de voyage que je partage de mon mieux. Le lendemain, il pleut encore des cordes, une journée sous tente à attendre que ça passe. 



Croatie, village de la région de Jasenovac


Je suis à présent la Una, cette rivière qui sépare la Bosnie de la Croatie. Le temps est humide et brumeux. Les maisons sont pleines de traces de balles, beaucoup son abandonnées. Les occupants ont sans doute dû partir pendant le conflit et ne sont pas revenus, ou ils ont construit à neuf... ailleurs. Comment ça se passe un retour dans un foyer qu'on a fuit sous le bombes? Comment revenir dans un endroit qu'on appelait "maison" et duquel on a pourtant été chassés? On m'explique que les maisons appartenaient sans doute à des familles d'origine serbes qui vivaient naturellement ici avant le conflit. La plupart des façades sont décrépites, souvent les murs sont en briques apparentes. Qu'est ce que ça peut bien signifier ici l'acte d'entreprendre des travaux d'entretien? Reboucher les trous laisser par l'ennemi? Repeindre en belle couleur uniforme un lieu  peut-être des proches sont morts,  on a eu peur...pour sa vie. Non, ce n'est pas anodin. 



Croatie, Hrvatska kostainica, frontière bosnienne: brume matinale sur la Una


Au petit matin, je me réveille au doux chant du Muezzin qui appelle à la prière depuis le minaret sur l'autre rive. Un son qui avait été bien longtemps absent. Sa voix me berce et me replonge dans un tas de souvenirs merveilleux. Je survole les Balkans, atterris en Turquie, aperçois la veille Mosquée d'Edine,  les Chemine des Fées capadociennes, les Derviches de Konya, les neiges kurdes. Fais escale à Tabriz, traverse le désert Iranien, atteins la cité sacrée de Qqom, vole au dessus des Cheminées des Vent de Kashan, d'un bon me retrouve au Cachemire, au coeur de la veille ville de Srinagar... Un beau voyage en une chanson, un beau réveil!



Croatie, près de la frontière bosnienne


Ça monte vers la source de la Una. Le soleil est revenu et l'ambiance est paysanne. Les talus sont fauchés à la faux, les couleurs sont étincelantes, certaines maisons en bois. J'ai un plaisir fou et oublie toute anxiété concernant les pentes. Je gravis le col de Vratnik fluidement, sans difficulté, enchantée du paysage. Un régal que de se retrouver dans cette ascension féerique.            


Croatie, près de la frontière bosnienne


Croatie, col de Vratnik:


Le soir, après avoir puiser de l'eau dans le puis d'une maison je campe près de Maja. Au pied de l'église, tout à côté d'un vieux pommier solitaire que m'offre des casses-croûte à volonté. Un homme arrive pour piqueter un champs, dans la poche avant de sa chemise une bouteille de rakie (eau de vie de raisin), sa ration pour le jour. C'est tout naturellement qu'il m'en propose un coup, je refuse. Plus tard, une famille endimanchée se présente, ils viennent baptiser le nouveau-né. J'aime jouer les observatrice de vie quotidienne. Depuis le retour en Europe on me laisse assez d'Espace et de Temps pour regarder, regarder vraiment. Dans la soirée, je suis sous tente et tout à coup un grand "boum". Qu'est ce que cela peut-il bien être? Peut être un oiseau s'est il heurter à la tente ou un gros gland c'est détaché de l'arbre qui m'abrite. 




Croatie, Maja


Ce n'est que le lendemain matin que je constate qu'en réalité, c'est l'un des arceau qui a craqué. Je craque moi aussi, plonge instantanément dans la déception profonde. J'ai soufferts le martyre avec ma tente "made in China" les mois derniers, maintenant j'en ai une nouvelle, supposée de qualité, et le problème réapparaît tout de même!!!!!! Furieusement, je fume clope sur clope, insultant cette maison de tissus, maudissant le sort. Puis regardant la situation de l'extérieur, je ris. Je relativise, touche la terre doucement, respire. ajoute un peu d'humour. C'est insensé, improbable, utopique! C'est comme un film comique, sauf que c'est moi l'acteur principal! Quel poisse., Je n'ai pas le courage de fixer le problème sur le moment et replie le camps, pédale pour oublier que ce soir je n'ai plus de "chez moi" utilisable... 

La route vallonne d'une colline à l'autre en direction de Karlovac. C'est épuisant un terrain si peu régulier. A la hauteur de Dvor, souhaitant passer par les montagnes, je m'arrête pour demander mon chemin, On me conseille un itinéraire mois difficile et on m'invite pour une bière que cette fois je ne refuse pas. Je profite du bagou et de l'anglais parfait de Mateja, la serveuse, pour me renseigner sur les possibilités de trouver un magasin "outdoor-camping" à Karlovak. Rien n'est très claire, personne n'est sure, mais il semblerait que ce soit possible. Le jeune  homme de la table d'à côté propose de payer sa tournée, je prends. Une cycliste américaine arrive impromptuement. Elle est  en route pour les fameux lacs Plitvicka, que Jean-Da et moi avion visité à l'aller en compagnie de la famille de Micho et Jelena. Je l'invite pour une mousse. Mes idées commencent à se brouiller, je veux croire au miracle, je sais pourtant pertinemment que la tente ne va pas se réparer d'elle-même. J'ai juste pas le courage d'y penser, de me confronter à ce problème pour l'instant. Quelque chose de positif va sortir de tout ça, sans doute. Tout le monde s'enquiere de ma présence ici, demande des information sur le voyage, la route, la destination. Je commence à gagner en succès, on me repaie une tournée, j'offre des Bureks (pâte feuilletéeau fromage). Déjà bien avinée, je finis par réparer ma tente sous le couvert du bar, il s;\'est mis a pleuvoir. Ca tient mais c'est scabreux. On me conseille d'aller demander aux gendarmes si je peux camper dans le préaut juste en face. Ces monsieurs ne peuvent pas prendre la décision de leur propre chef. 'est à dire que ma presence pourrait perturber la population locale... mais le maire sera la demain et il pourra alors se prononcer sur le sujet... Oui, très bien, sauf que la nuit, c'est prévu pour ce soir! Quand je raconte l'anecdote au bistrot, tout le monde éclate de rire. Des indexes se pointent sur les tempes dans un mouvement rotatif (ils sont fous ces flics!). Pour la peine on m'en remet une (de bière). J'ai perdu le compte, je suis saoule, je n'ai pas d'endroit  pour dormir, ma tente n'est toujours pas correctement réparée et je n'ai plus aucune capacité à reprendre la route. On m'indique le terrain de foot. A la nuit tombant, je m'y dirige en tanguant, monte le camps comme je peux et m'écrase sur mon matelas. Il y a des fois  le réel nous dépasse tellement qu'on crois devoir se réfugier dans l'artifice. Je me suis pas très fièree de moi mais n'ai même pas la présence d'esprit d'y penser! Je m'endore ou devrais-je plutôt dire, je sombre dans l'inconscience. Ce n'est qu'au petit matin, quand je me réveille avec un mal de tête plutôt insignifiant comparé à la quantité d'alcool avalé la veille que je tire la leçon du jour: "les miracles m'arrivent pas d'eux-mêmes, il faut savoir les provoquer et se saouler la gueule n'est certainement pas la façon la plus efficace de le faire". 

Sur la route en direction de Karlovac, un gentil tenancier de camping, m'aidera à fixer la situation un peu plus durablement. je suis toujours très déçue et inquiète pour les nuits à venir, mais du mois maintenant la tente est utilisable.

Je passe la dernière nuit en Croatie à Karlovac, dans un petit part sur les rives de la Korano, sous la pluie, au son d'un concert en provenance du stade tout proche. C'est la fête de la bière, Rien que d'y penser j'en ai des haut de coeur!!!

Le rendez-vous est fixe à 13hoo avec mon ami Yani à la frontière slovène. Je me délecte des dernierès collines boisées qui me mènent vers un rideau de montagnes élevées, juste de l'autre cote de la rivière Kupa qui fait office de ligne de démarcation entre des deux pays. Ces monts sont impressionnants, il va falloir faire chauffer les mollets dans les semaines à venir!!! Je me réjouis cependant de retrouver la Slovenie. Ce pays qui m'avait tant surpris puis fasciné il y a trois ans alors que Jean-Da et moi arrivions naïvement d'Italie. Ce fut ma porte d'entrée dans les Balkans, ce sera aussi ma porte de sortie. Je compte bien savourer ce dernier petit bout de terre balkani, région avec laquelle je suis profondément et sans doute définitivement tombée amoureuse!