vendredi 14 juin 2013

Iran: Teheran-Shiraz




 

Crème protection 30, lunettes de soleil, boulqies pour parer au boucan du trafic, foulard sur les voies respiratoires contre les gaz d'échappement des camions, nous voilà en route. Nos sacoches sont pleines de vivres pour une semaine et nous trimballons des lites d'eau. On se rend rapidement compte que ce sont deux précautions bien inutiles. La route qui borde Dasht-e-Kavir (désert) de Téhéran à Qom est parsemée de relais routier, déglingués certes, mais ou les ravitaillement sont possible. Ici, le désert n'a rien à voir avec l'image qu'on s'en fait. Ce n'est pas le Sahara et les grandes étendues arides ne sont pas couvertes de sable. C'est terreux, parsemé de cailloux et de buissons à moitié secs que les troupeaux de chèvres à longues oreilles et de moutons à grosses fesses (une protubérance tombe de chaque coté de leur queue) mâchonnent. Entre les plaines plantées de poteaux électrique, des reliefs se profilent, d'abord semblables aux canyons de l'ouest des USA, puis des géants comiques multicolores, depuis lesquels il est possible de constater à l'oeil nu que la terre est ronde, tant l'horizon est longiligne. Ils nous mènent vers un salard, blanc jusqu'à l'infini.

Accueillis dans la ville de Qom par des théologiens, on visite le complexe religieux recelant le tombeau de Fatima Masume, soeur du 7ème Imam et épouse d'Hossein (les Chiites croient en une lignée de 12 Imams dont ils attendent le retour du dernier sur terre). Un dôme couvert de feuilles d'or abrite le sarcophage d'argent massif de Fatimqa la Pure, qu'une foule importante vient prier chaque jour. C'est un lieu pieux, plein de vie, les pèlerins se prosternent partout dans les cours immenses et les mosquées de faïence superbes qui composent la cité sainte. D'autres lisent le Coran, discutent, téléphonent, pic-niquent, font la sieste, et les enfants jouent a se couratter.
Qom: Le dôme d'or au dessus du tombeau

Peu après la sortie de la ville, on rencontre notre première maison en pisée, en route pour rendre à la terre ce qui appartient à la terre, elle nous abrite pour la nuit. Coucher de soleil sur des montagnes aux sommets rocailleux crénelés. C'est paisible, cela fait 3 jours que personne de nous a importuné de façon anarchique pour nous demander d'où l'on vient. Soulagement!

Un campement dans la lumière folle du couchant
La nature continue de nous enchanter. On découvre que cette terre aride peut être cultivée, aux abords des village des champs de céréales verdissent les premiers plans quand le fond est tout a fait ocre. Les vieux centres de Kashan et de Natanz comportent des veilles maisons en briques en terre sèche et recouvertes d'un mélange de boue et de paille. Dans la façade de la mosquée du même matériau, des catelles de faïence bleues sont incrustées, splendeur! Comment un édifice d'une telle importance tient-il debout sans ciment, ni ferraille?
Entre ces deux villes, les reliefs offrent aux yeux un échantillon grandiose du désordre géologique. Les différentes strates de la roche se superposent en arc-en-ciel tortueux et les chèvres broutent la végétation rase, desséchée par le soleil. Dans la montée de 15 kilomètres qui nous mène à Natanz, on découvre de véritables oasis nichées dans la montagne. Autour de point d'eau qui vient irriguer jardins potager et champs de fruitiers, des arbres touffus émergent. C'est comme un miracle dans ce panorama ou se dressent en quiquance des falaises, tantôt blanche, tantôt grises, tantôt noires, tantôt brunes... Dans cette ville, on dort dans l'herbe haute et grasse d'un parc communal irrigué d'une rivière offerte par Kuh-e-Karas qui culmine à 3899 mètres d'altitude.

Camion, désert, le cliche quoi

Les différentes couleurs des strates

Des femmes curieuses dans un parc de Kashan ou nous avons monte le camp pour la nuit. On a l'habitude a présent de prendre la pose, en Iran on est des star 24 heures sur 24 et contrairement a celles d'Holiwood on a même pas la picole pour se réconforter. Avoir des fans, c'est oppressant parfois, nous vous l'assurons!

Montagne et éclairage mystique


Début de la montée menant à Natanz


Poser l'appareil photo sur un poteau, déclencher le retardateur, courir au vélo et se mettre en équilibre dessus, résultat sympa

On frôle les 2000, des villages minuscules comptent de plus en plus de maisons traditionnelles. Puis, c'est une descente de presque 40 kilomètres vers Isfahan sans un coup de pédale. L'orage tonne dans notre dos sur les massifs que nous quittons et la poussière s'élève en tornades haut dans le ciel.
La banlieue de cette ancienne capitale Safavide nous avale, et malgré la démesure de la place de l'Imam Komeini (l'une des plus vaste du monde), la fraîcheur de son bazar de conte de mille et une nuits, les innombrables arches de ses anciens ponts enjambant la Zayandeh, rivière traversant la ville et qui en a fait jadis la richesse en lui prodiguant l'eau essentielle à son développement, la mégalomanie des 52 mètres de haut des minarets de la mosquée de l'Imam surplombant un portique de fines céramique de 27 mètres... nous regrettons la campagne.
Nous devons séjourner 5 jours dans la cite, le temps de convaincre, a grand renfort de "gaugneries" et de point sur les i, un agent de la police des étrangers de bien vouloir prolonger notre visa. On se croyait au bout de nos peines, il n'en est rien! Plus aucun vol n'est disponible pour l'Inde dans le temps qui nous a été imparti en Iran. Heureusement une hôtesse d'Iran Air (incroyablement compétente, car certaines de ses congénères d'autres agences ne savent même pas faire fonctionner un ordinateur et passent leur journée à sourire bêtement et a servir du thé en tortillant du cul aux malheureux clients pour les faire patienter), nous sauve en nous trouvant, par miracle et après 2 jours d'attente un peu stressant, 2 places sur un vol pour le 31 mai. 
Pour patienter, on pic-nic, le vendredi (jour de congé national) dans les grand parcs au bord de l'eau sous l'oeil curieux et assaillis de question répétitives, intrusives et sous forme d'inquisitoire des citadins en mal de distraction: D'où viens-tu? Comment tu t'appelles? Est ce que l'Iran est bien? Est-ce ta femme/ton maris? Est-ce que vous avez des enfants? Pourquoi pas? Quel est ton travail? Combien tu gagnes en Suisse? Quel est le meilleure pays, la Suisse ou l'Iran? Combien a coûté ton vélo? Est ce que tu as de bonnes dents? Oui, est ce que tu as de bonnes dents?!? On ne l'invente pas celle-la! Sérieusement! Il faut dire que les occasion ne serait-ce que de parler a quelqu'un d'autre qu'un membre de sa famille sont rares. Les opportunités de s'amuser quasi nulles car souvent prohibées par le régime, et l'ennui se fait sentir... à nos dépends. Le quartier arménien (déportation massive après l'annexassions de l'Armenie par l'Empire Perse pour favoriser l'assimilation) nous offre un petit sas de paix. Un homme jour d'une sorte de cornemuse devant la Cathédrale de Vank, l'un des plus important édifice Chrétien du moyen orient, dont l'architecture mélange savamment  les styles d'Est et d'Ouest. La musique se réverbère dans les ruelles pavées, désertiques ou de petits cafés tranquilles étalent leurs tables de bois sous des arbres.
Un homme rencontre une première fois à Teheran nous emmène dans son bolide, musique téchno-iranienne (style dit Tehrangeles parce que produite à Los Angeles, loin des frontières de la république islamique) à plein tube pour une excursion dans les montagnes qui surplombent la ville afin d'admirer la vue. Quel plaisir de voler au passage  quelques miettes de Fun à l'iranienne. Quand le laisser-aller l'emporte sur la rigueur en vigueur. Merci!

Pont à Isfahan


Isfahan, Place de l'Imam

Enfin de nouveau en route! Sur une plaine toute plate semée de buissons cours sur patte. Bien que depuis notre départ de Téhéran, nous nous appliquons à refuser toutes les invitations pour ne pas se retrouver à nouveau coincés dans des filles dont on ne sait se dépêtrer, on dort a la belle étoile dans la "pension familiale" en pisée de Mohamed. La demeure est splendide et le rêve d'une nuit sous le ciel étoilé du désert se réalise. Le lendemain, on réitérera l'expérience sous d'une des arche du caravansérail de Now Gonbad a l'abandon. Ou quand la nuit nous offre ses trésor. 

Village de terre en ruine



On annonce des dromadaire??? Ou sont ils???


Nuit passée au Caravansérail de Now Gambad, on s'installera sous une des arches!


Village en Iran, coupole, palmier, culture


Encore une descente de 30 kilomètres sans pédaler pour arriver à Nain. Ville malheureusement en déliquescence mais ou la splendeur de ses constructions de terre est bel et bien encore visible partout!Citernes souterraines agrémentées de tour du vent pour garder l'eau au frais, mosquées au dôme de terre, tour de garde en hauteur, tout est ocre.
Sur la route on croise Angelique et Vincent, cyclo rencontres à Téhéran, ils nous conseillent un itinéraires aux portes de Lut-e-Kavir (autre désert), on s'y lance la tête plein d'images folles. Ce jour là, note thermomètre affichera 49 degrés celcius au soleil ou nous sommes coinces pour bletzer une crevaison importune. Le vent est tellement chaud qu'on se croirait dans un four, l'impression d'avoir un foen dans la bouche, gorge sèche malgré les litres d'eau ingurgités. Point positif: notre lessive du soir sera sèche en moins de 15 minutes!

Peu après Ardakan, on passe les 10'000 kilomètres et on s'offre pour l'occasion une route secondaire jusqu'au pied de falaises rocheuses qui abritent un haut lieu de culte zoroastrien, planté au milieu du désert: Chak-chak. L'ultime refuge de la dernière princesse de cette lignée après l'invasion arabe de la Perse et la conversion de ce territoire à l'Islam. De l'eau ruisselle en gazouillis dans la grotte depuis une faille dans la roche, un encensoir à 12 pétales (pour le signes zodiacaux) au centre de la pièce distillent un doux parfum, un arbre millénaire prend racine à l'intérieur même de la cavité et le feu sacre brûle les mèches trempées dans de l'huile. La vue depuis ce haut point sur le désert et la minuscule route de gravas sur laquelle nous nous engagerons de que la chaleur de jour se sera un peu dissipée, nous laisse songeur et excite nos mollets. 

Comme pour célébrer notre passage des 10'000 KM, le terrain se fait sableux et on aperçoit nos premiers dunes dans le désert.
Vue depuis le temple de Chak-chak, on prendra le soir la piste partant sur la gauche

On avance comme dans un rêve sur notre route de cailloux entre des colosses multicolore. Pas âme qui vive, plus de poteau électrique, pas signe de présence humaine si ce n'est une bergerie sur le toit de laquelle des chèvres paraissent au soleil. Charmés, on découvre dans le sable de la piste, des empruntes de dromadaires et on rêve d'un réveil entourés d'un troupeau dans ce panorama grandiose. Incroyable!

Cette piste nous fera passer dans un paysage grandiose


Au milieu de rien, du vide et du silence, on plante notre tente



Au matin, notre piste nous emmènera a Yazd

On rejoint Yard, ville qui abrite la plus importante communauté zoroastrienne du pays. je reste rêveuse en gravissant le tertre menant a la tour du silence (les zoroastrien n'enterrent pas leurs morts. Afin de ne pas souiller la terre, ils exposent les cadavres au sommet de tours du silence pour que les vautours s'en charge. Cette pratique a été interdite en Iran au 19 ème siècle et a présent les morts sont enterrés dans des tombes doublées de ciment). Dans un temple au centre de la ville,un feu sacre brûle depuis plus de 1500 ans faisant fi des guerres, des famines et des catastrophes naturelles... Je (Leo) n'aurais jamais pensé voir  de mes yeux des lieux saints appartenant a cette religion, un autre rêve se réalise, encore! 
Yard, cité de terre s'il en est!, regorge de splendeurs architecturales. Son centre de pisée classé au patrimoine mondial par l'UNESCO nous emporte totalement. On paraisse sur les terrasses surplombant les toits rond aux courbures douces, on s'offre un resto a l'iranienne dans un cadre digne d'un palace, on visite ses jardins, restons ébais devant l'ingéniosité des méchanismes des quanat (canaux d'irrigation servant aussi a garder l'eau au frais et a rafraîchir des pièces des maisons) et des baguir (tours du vent, haute cheminées a plusieurs entrées ou le souffle d'où qu'il vienne, peut s'infiltrer et ventiler les pièces depuis lesquelles elles évacuent l'air chaud) et on parcourt inlassablement ses ruelles digne d'Aladin.

Yazd, les plus haut minaret d'Iran


Petite pause café sur le toit d un hôtel, adossé a un tour du vent


Au resto a Yazd

Une surprise de taille nous attend dans un village a quelques 40 kilometres de la. Alors que l'on pic-nic à l'ombre d'un fort Qasjars, Hosein, le Muezzin du village nous prend sous son aile. Il nous fera visiter le chateau, le hammam, la mosquée, ses jardins, ses champs d'arbres fruitiers et de céréales, il nous fera gouter à tous les produits du terroir, nous présentera aux habitants qui se relayerons près de notre tente jusqu'au soir pour nous offrir des cadeaux, partager un moment et se raconter par geste. Que de belles rencontres, que d'humanité... on en manquait en Iran et voila qu'elle déferle sur nous tel un torrents! Les larmes montent aux yeux quand Maryam, 12 ans, nous apporte un recueil de poèmes qu'elle a dédicacé pour nous d'un "I love you Leonie and Jean". Wouhaaa! Quelle baffe!!!


Chateau de terre ou chateau de sable?

Lors de notre pic nique dans le village très accueillant ( enfin un chouette echange)


On monte sec. On croit halluciner. Des domes bleu entourés de villages ocre se perdent dans tous les tons de vert des champs avant de laisser place au vide terreux, puis aux monts rocheux ou quelques grains de neige s'accrochent encore. Nous efforts sont récompensés par une descente plongeantes vers une plaine infinie au ventre de laquelle une montagne semble flotter. On avait cru devoir pédaler 115 kilomètres sous croiser un village, il n'en est rien, mais on profite du point d'eau indiqué par nos amis cyclos pour faire le plein. Le gardien du lieu d'empresse de nous étaler une carpette pour notre pic-nic et de nous offrir du pain. Depuis que nous sommes a proximité du désert, nos rencontres sont plus joviales, Comme si moins de civilisation, rendait les gens plus civilisés! On s'inquiete de savoir si l'on a assez d'eau, de pain, si l'on a besoin de rien; on nous propose de nous charger à  l'arriere des pic-up... On nous tend des bouteille d'eau froide, on nous offre des fruits, on partage le thé, on nous témoigne de l'interret véritable et on nous raconte des anecdotes du pays. Hosein a la gorge qui se serre quand nous le quittons ayant échangé un de nos t-shirt contre 2 kilos de raisin sec qu'il nous avait apporté en express sur sa moto, informé du passage de deux cyclonautes. Apres uen soirée passée avec un couple d'iranien en vacances, on recoit meme une invitation pour partager une grillade au cour d notre étape du lendemain. Surprise, ils sont au rendez-vous, la proposition n'était pas du tarof. On est ravis de passer un peu plus de temps en leur compagnie. Merci a vous tous! Vous avez réchauffé nos coeurs et apporté la chaleur humaine qui manquait a notre périple en Iran!

Sur notre route, c'est beau l'Iran
Vue sur les montagnes, toujours aussi beau l'Iran
Montagne volante, incroyable Iran

Le désert vire au bleu! Des minerais se sont fragmentes et le sol est jonches de ce sable colore. Incroyable! Les marais peu après Marvast sont a sec mais le mirage opere... et les dromadaires... c'est pour quand? Et encore uen remontée sur la chaine du Zagros. On remonte le long d'une rivière qui abreuve de vie cette plaine fertile. Tout ce vert semble irréel, un miracle dans cet environnement inhospitalier. On franchit les 2'000 metres d'altitude et le climat devient " plu doux", permettant aux cultures de s'étendre et aux arbres d'offrir de bonnes récoltes. Cette fois ce sont des minerets violets qui s'échappent des montagnes. Il n'y a pas de mots, on se croirait sous trip! C'est tellement beau qu'on à  pas senti l'effort et quand on s'arrete de Baravat, on tombe littéralement de fatigue.
Savez vous que les paysage en Iran son Beau?

Route en asphalte, c'est beau l'Iran


 Culture en fond de vallée sous climat désertique


L'IRAN c'est BEAU
La fin de notre periple sera culturelle. D'abord une halte à Passargard pour admirer les vestiges de la permière capitale Perse fondée par Cyrus le Grand dont le tombeau qui y trone, forme l'un de symbole national. Puis. les tombes de Naqsh-e-Rostam, en forme de croix. creusées a mi hauteur dans les parois rocheuses et décorées de bas reliefs dont certains datent de 9 siècles avant J-C.  Elles abritent les sépultures des premiers Rois de l'Empire. Dernier arret, la mytique Persepolis. Des colonnes hautes de plus de 20 mètres, des sculptures représentant les remises par les différentes provinces de l'Empire, de leur tribus au Roi, les murs de soutènement de la terrasse du complexe bâtis dit-on, par une armée d'Hercules tant les blocs qui les composent sont colossaux, la Porte des Nations gardée par des minautores ailés, les pierres de soutien des anciens plafonds taillées en forme de chevaux, finement polies et démesurés, le palais de Darius, celui de Xeres anéantis par l'incendie que déclencha Alexandre le Grand afin de venger celui d'Athène et prendre procession de la Perse en 330 avant J-C. Une visite qui célèbre nos 1 an sur les routes du monde. Joyeux Anniversaire les vélo!!!

Tombeau de Cyrius le grand à Pasargard

Enfin, on voit des dromadaires. Incredulite!

Tombe en forme de croix a Naqsh-e Rostam

Persepolis, magnifique ruines des palais de l'ancienne capitale Perse

Persepolis, la Porte des Nations

Le 27 mai, on arrive à Shiraz ou notre priorité est de préparer notre vol pour l'Inde. Et non pas malheureusement de déguster un verre de ce cépage pourtant délicieux... révolution islamique oblige, on se contente des glaces au safran et à  la fécule de riz, découvertes culinaire intéressantes toutefois. Dénichage de carton, démontage puis empaketage des vélos, tris de nos sacoches pour se débarrasser de l'inutile et éviter de payer la surcharge aérienne, engloutissage des derniers vivres que nous transportions et envois en Suisse des souvenirs accumulés en route. Quelques virées au bazar nous permettent déjà d'humer des avant goût épicés et colorés... on croit déjà entrevoir l'Inde!!??!!

samedi 1 juin 2013

Iran: Teheran


Fatigués physiquement par la route et épuisés moralement par l’incompréhension que nos rencontres soulèvent, nous échouons enfin dans une chambre d’hôtel après deux jours où nous avons été ballottés dans une tempête de bonne volonté, comme deux coquilles de noix (vides) sur des flots déchainés. On ferme la porte, tourne le verrou. On met près de deux jours à réaliser… Nous sommes enfin seuls, libres d'agir a notre guise, a notre rythme! Lentement, on s'apaise.

Notre premiere apres midi a Teheran, entoure par Bagher, Leila et Mohamed
Le club de velo a Teheran nous organise un pic-nique, chercherla croix Suisse
En Iran, on apprend que nous sommes, oui nous qui nous croyions gauchos humanistes; profondément individualistes, et notre égocentisme se fracasse la tête contre un fonctionnement social communautaire, des organisations familiales quasi claniques et les règles des jeux sociaux destinées à ordonner le bon déroulement des interactions, souvent de courtoisie, veillant a protéger et a asseoir les rôles de chacun à l'intérieur du groupe. Il n’y a que des Occidentaux pervertis par le libéralisme; je passe sur la révolution industrielle, le Taylorisme, les horaires flexibles, le salaire à la commission, le travail sur appel…, pour se représenter le réseau comme une toile d’araignée qui étend ses fils élastiques entre les individus. L’Occident génère des oppositions que l’Orient réfute. Le tout n’est pas plus que la somme des parties, les parties ne se différencient pas du tout (du tout!).

Téhéran ne se raconte pas, il doit se vivre. Il faut goûter à son trafic intense, humer sa pollution presque asphyxiante, sentir son cœur chavirer a chaque fois qu'on traverse la chaussée au milieu de véhicules dont la seule règle est d'avancer coûte que coûte sans prendre garde ni aux piétons, ni aux lignes blanche tracées bien inutilement sur la route. Il fait attraper l'image des femmes recouvertes du tchador, tissus rabattus sur la tête par dessus le foulard et descendant jusqu'aux pieds, qui pour avoir les mains libre ou se dissimuler aux regards, tiennent parfois le tissus entre leurs dents. Il faut arpenter le trottoir d'une rue longue de plus d'un kilomètre, le long de laquelle des boutiques de pneus, entreposés partout, forment autant d'obstacles aux motos qui déjà zigzaguent pour nous dépasser. Il faut voir pour le croire, les iraniens pousser au fond de leur gorge d'énormes bouchées de sandwich debout à 15 dans un fast food de 10 mètres carrés, rien à voir avec l'attitude distinguées du cérémonial ''petit biscuit'' de leur salon fastueux! Il faut gouter au fallafel à 75 centimes, aux jus de fruit frais mixés (orange, cerise, carotte, melon, milkshake banane ou fruits à coques), aux amandes précoces et aux tomates vertes (fruits de la taille d'une petite prune qui poussent sur des arbres) que des vendeurs ambulant te servent salés dans un cornet en plastique. Faire tes achats dans une épicerie de 3 mètres carrés coincés sous une cage d'escalier. Emprunter le métro flambant neuf a l'heure de pointe serrés au milieu d'hommes dans un wagon réservé aux femmes. Sauter dans la voiture du premier quidam venu, qui en Iran, se transforme en un instant, pour le prix d'un pain (12 centimes), en taxi, si ta destination est sur sa route. Traverser l'attroupement d'hommes, téléphone vissé à l'oreille, au milieu d'une place, la bourse à ciel ouvert. Il faut aider le vieux monsieur chancelant sur sa canne à traverser la chaussée. Tenter de changer ton argent à la banque comme le guidebook le préconise et entendre de tes propres oreilles le banquier te renvoyer dans un office de change ou le taux est plus avantageux. Perdre 1h30 de ton temps pour tenter d'envoyer un coli à la famille, répondre inlassablement aux questions les plus farfelues d'un guichetier qui (nous l'espérons pour lui) souffre sans doute d'Alzeimer. Grimper à l'arrière d'un bus, partie réservée aux femmes, séparée de celle des hommes par une simple barre de métal (alors que dans le métro se sont des portes westerns transparentes qui ne s'ouvrent que dans le sens femmes-hommes). Parcourir les ruelles sombres où des SDF sont assis sur des cartons à la tombée du jour ou camper dans un parc quasiment au centre ville et te sentir en parfaite sécurité. Répression pénale virulente, contrôle social fort? Sans doute un peu des deux, en Iran la criminalité semble nulle. Découvrir que le caniveau a ciel ouvert sert à jeter ses ordures, que la théière bout jours et nuits sur la gazinière, qu'on laisse tourner son moteur quand on va faire quelques courses au kiosque du coin. L'écologie est un concept. Economiser de l'énergie? Pourquoi faire? La nature ici en regorge. Evoluer au milieu de 17 millons d'habitants, traverser un pont routier qui enjambe une voie rapide sur 3 niveaux et avoir un sentiment de fourmilière déshumanisée. Quel sens peut avoir la vie d'un individu parmi tant de congénères? La ville est si démesurée que tout marche par quartier. Même les chauffeur de taxi ne savent parfois pas s'orienter et sautent de leur véhicule pour interroger à la volée, les passants qui se transforment instantanément en borne information. Tourner a vélo autour de la tour Azadi, symbole national. Admirer les bâtisses coloniales dans le sud de la ville. Et les palais et les mosquées somptueux qui se noient dans le foisonnement des bâtisses. Etre surpris de ne plus entendre à heure régulière, l'appelle à la prière, dissimulé qu'il est derrière le vacarme de la ville. Observer les boulangers enthousiastes cuire différentes sortes de pain dans des fours en forme d'amphores ou recouverts de gravillons. Prendre garde aux chariots à bras qui défilent dans les ruelles voutées du Bazar, poussés par des hommes de tout âge et de toute corpulence. Ne pas marcher sur les pelouses des parcs proprets et sur-structurés et goûter au silence un peu trop sage de ces lieux alors qu'ils sont bondés. Etre un peu triste face à la retenue des enfants qui ne s'excitent même pas lorsqu'ils jouent au ballon ou se mesurent à la cours. Rire aux larmes en observant des gens de tout âge et des femmes emberlificotée dans leur cape qui ''font du sport'' sur des engins fixés au sol dans les jardins publics, une simagrée hilarente. Matter du coin de l'oeil les pères de famille qui cajolent leurs enfants, tenant l'aîné par la main et transportant le nourrisson dans un porte-bébé fixé sur leur ventre. Supporter qu'on te porte tes courses jusqu'a l'hôtel en te faisant la causette, alors que tu n'a rien demandé, qu'on t'accompagne vers l'internet café le plus proche, alors que tu n'a encore rien demandé, qu'on t'informe sur les monuments à ne pas louper lors de ton séjour, alors que tu n'a toujours rien demandé! Goûter aux soirées du nord de la ville où des femmes habillées à l'occidentale, un simple fichu jeté sur une coiffure bouffante discutent en riant, font du shopping et s'amassent devant des fast-foods (très important le faste food téhérannais) aux enseignes lumineuses clignotantes. Rien à voir avec les dames en noir précédemment décrites. Se casser le nez 30 fois par jour sur des visages de femmes et d'hommes a la protubérance nasale bandée. La chirurgie esthétique fait un carton en ce moment! Découvrir surprise que beaucoup de téhérannaises ont une vie professionnelle (femme de chambre, employée administrative, guichetière de banque, professeure) et que les métiers en relation directe avec le tout-venant (employé communal, chauffeur de bus, secteur de la vente, policier) sont plutôt réservés à l'homme. Rester planté deux jours entiers devant des programmes télévisuels nationaux ou des discours d'érudits de l'Islam se succèdent. Aux heures des 3 prières (les iranien sont Chiites), on diffuse l'appelle sur fond de mosquée de faillance, d'arabesques orientales et de paysages naturels ou virevoltent des papillons. Chaque soir, La Mecque est en direct sur la chaine 1. Quel mélange de modernité et de tradition, mais seul un cerveau occidental met en opposition ces deux termes. Qui dit que respecter des principes religieux, honorer les anciens, défendre des valeurs de la famille… sont des principes désuets? 


Bazar de Teheran ou chaque centimetre carre est utilise

Stand de jus fruit remplacant les pubs et autre debit de boisson
Les deux barbus, guides spirituels present partout en photo
Incoyable demesure du reseau routier Teheranais, ici on roule sur 3 niveaux
Mosquee au centre, plus discretes qu en Turquie, le choix religieux n est plus a prouver, il est impose.
Il faut découvrir, petit a petit au détour d'une conversation avec une femme subtilement engagée, l'air de rien, féministe jusqu'au bout des ongles, les subtilités du Tarof, les règles des relations amoureuses, les difficultés pratiques qui encombrent la vie des femmes iraniennes, les rêves d'autre part, la peur de l'inconnu, les précautions prises par réflexe pour éviter de se retrouver dans une situation compromettante, les frustrations d'une adolescente qui ne peut pas s'épiler les sourcils, porter un voile qui montre plus de 2 centimètres de ses cheveux sur le devant du crâne, marcher dans un espace public en compagnie de garçons, faire du vélo à moins d'obtenir une autorisation spéciale et d'être accompagnée par des hommes expressément nommés par celle-ci, chantonner dans la rue, danser ou écouter de la musique lors de pic-nic dans un parc, accéder à facebook parce que le site est crypté au niveau national, rire aux éclats ou fumer une cigarette en public… et qui ne pourra jamais conduire un moto.
Merci les filles, merci pour votre confidence, merci pour votre tolérance, votre ouverture d'esprit, pour le partage. Merci pour avoir découvert pour nous un pan de votre culture, merci d'avoir ouvert cet espace où partager nos doutes et nos questionnements mutuels. Sans doute notre plus belle rencontre en Iran!

Voila, Téhéran ne se raconte pas, et tous les mots que je viens d’aligner sont ridicules. Téhéran ne se photographie pas, il ne se fixe pas sur papier glacé. Sans le son, sans l'odeur, sans l’image qui défile, il manque des dimensions. Imaginez un volume sans hauteur ni profondeur…
L’Iran, le pays le plus déroutant que nous ayons côtoyé jusqu'à présent. Un gouffre culturel sépare deux réalités qui peinent à s’envisager mutuellement. Alors face aux troubles génèrés par l’extérieur, on se remet en cause, s’interroge sur soi, sur ce qui nous constitue dans le fond. De quoi sommes nous fait?
L’Iran fait grandir… peut-être un peu trop vite. Comme Alice soudain géante, inadaptée au monde qui l’entoure, puis tout a coup, on se sent minuscule, vulnérable, honteux au raz des pâquerettes, à peine à la hauteur du vermisseau qui encore, a le toupet de nous envoyer en pleine face, la fumée de sa pipe à eau sur laquelle il tire avec délice et insouciance. A moins que ce ne soit pour se donner une contenance, de la substance aux mots creux, trompeusement philosophiques qu'il prononce sans cesse.
Vous l’avez compris, la différence ici rythme avec fascisation, à l’exacte point de friction entre admiration et répulsion, un cycle passionnel: séduction, abandon, incompréhension, rejet. L’Iran nous confronte à nos sens les plus primaires parce que notre façon européenne d’envisager le monde, de se projeter dans l'espace et le temps, n’a aucun sens ici!
Envieux peut être, les iraniens semblent considérer grossier nos agissements, vulgaires nos façons directes de nous exprimer, puériles et totalement aléatoires les échelles de valeurs que nous appliquons sur les paroles et les actes. Un escalier à la Dali, biaisé et qui ne débouche sur rien! Le vide!

Ville dynamique aux aménagements très modernes, Téhéran se confond facilement avec n'importe quelle capitale Occidentale. Téhéran n'est pas un voyage extérieur, c'est une aventure intérieure. Un condensé d'Iran et quand on gratte la surface, qu'on cherche au delà des apparences, on a le sentiment de deux galaxies qui s'entrechoquent de front alors qu'elles n'étaient pas supposées évoluer dans le même univers. Les trous noir existent, et c'est terrifiant, les trous noir existent, et c'est magique. Ils demeurent toutefois bien mystérieux.

Tour Azadi, le symbole de l Iran


Tour Milad, autre symbole de l Iran qui est beaucoup plus impressionante que celle de Berlin


Chaine de montagne Damavan et fourmilement urbain

Téhéran, c'est aussi 19 jours d'attente d'un visa indien. De recherches de documents en photocopies, de réservation de vols en présentation de passeports, d'heures d'attentes inutiles, sur des sièges inconfortables, qu'un système informatique veuille bien fonctionner, de files d'attente devant une machine à tiquet dont le papier bourre, d'espoir déchus encore et encore. Lassés d'attendre, on s'offre trois jours d'excursion dans les montagnes au dessus de la ville, afin de s'extirper de la pollution; dont on revient déçus malgré les paysages splendides, les essences d'arbres stériles à la reproduction alignés comme des soldats sur le tracé d'un arrosage au goutte à goutte nous déconcertent. Les gardiens nous débusquent après deux jours et nous chassent. Je (Leo) craque complètement, je l'admets! En Iran, on est certainement en sécurité, même les plaisirs les plus simples, respirer l'air pur et admirer la nature, sont ''Under control''! On enchaîne, paiement de documents officiels, visite à l'ambassade de Suisse où l'on tombe le foulard quelques minutes, où l'on parle français, où l'on se sent irrationnellement chez soi, compris, maître de l'environnement. Elaboration de plan sur la comète à devenir astronaute, trop d'inconnu dans l'équation mais les étoiles des nuits dans le désert nous appellent, ça c'est certain! 19 jours de repos forcé et de grosses bouffes, de lecture, de session internet, de balades au Bazar pour passer le temps. Puis c'est une demande d'extension de visa iranien à la police des étrangers qui te ballotte de bureau en bureau, te fait poireauter dans une salle d'attente surpeuplée puant la transpiration et les toilettes et au néon clignotant, et qui, à grand renfort de tampons sur ton passeport, t'accorde une prolongation. Apparemment nous n'avons pas payé le forfait ''avec sourire''. C'est aussi de chouettes rencontres fortuites avec d'autres touristes étrangers, parfois cyclistes, sur le toit d'une terrasse paisible d'une misafirame (guest house) tranquille et chaleureuse.

Ouf de l air a la montagne ou nous avons camper 2 nuits
Sur la terrasse de l hostel Maschad ou nos amis cyclo Angelique et Vincent nous offre le desert. Malgre le repas pris avant le desert, on coupera ce gand gateau en 4 tranches qu on engloutira facilement. Regime cyclo

Enfin le 30 avril, 16h30 notre sésame pour l'Inde est délivré. A nous la route, à nous le désert…