mardi 23 octobre 2012

Albanie, de Sukobine a Peshkopi


Chère famille, chers amis et lecteurs, nous tenons à vous remercier de suivre notre aventure à vélo. Chaque message laissé sur le blog ou sur nos boîtes mail respectives nous fait énormément plaisir, c'est avec intérêt qu'on vous lit et cela nous permet un instant de se reconnecter à nos racines.

Le message Bosnie, de Sarajevo à Dubrovnik a été agrémenté de quelques photos envoyées depuis la Suisse par mon frère Christophe que je profite de remercier pour son soutien logistique.

Le message actuel est rédigé depuis Peshkopi en Albanie, cela fait maintenant plus de 15 jours que nous sommes dans ce pays où nous avons perdu plus d'un repère. Ainsi, ici pour dire oui de la tête, on la secoue de droite à gauche et pour dire non on l'incline de haut en bas, inutile de dire que cela met de la confusion dans la communication. Il arrive aussi que le gens dodelinent de la tête, à ce jour, le message de ce geste reste incompris pour nous.

Les routes sont une histoire à elles toutes seules, parfois défoncées, parfois parfaitement lisses, fraîchement asphaltées. Les panneaux de signalisation en sont quasiment absents. Dans ce pays, nous avons croisé beaucoup de Mercedes, des neuves mais énormément de vieux modèles et certaines personnes ont comme véhicule ou force de transport ou de travail des ânes et des mules.
Les toilettes turques dont nous avons fait la connaissance dès notre entrée en Italie, sont maintenant la norme et on ne s'embarrasse plus de papier toilette. Petits Européens que nous sommes, nous trimbalons à présent notre rouleau avec nous où que nous allions. Les douches n'ont plus de rideau. C'est un simple tuyau sortant du mur sans bac pour recevoir l'eau qui s'écoule directement dans un trou aménagé dans le sol. Les déchets jonchent les bordures des chaussées et les champs, il est illusoire de trouver une usine d'incinération ou une station d'épuration dans ces contrées. Nous avons donc pris le parti de brûler nous même nos déchets, la solution la moins pire. Des coupures de courant plus ou moins fréquentes, bloquent parfois le déroulement des choses. En ce qui nous concerne cela n'implique que des cafés manqués (une machine momentanément HS) et une connexion internet par intermittence (ce qui nous fait perdre du temps), mais rien de plus. Pour bien d'autres, les dérangements doivent êtres plus ennuyeux.
Le pays est pauvre, il y a très peu d emploi. Dans les villes ou les villages, il y a beaucoup d'hommes qui sont dehors, bien habillés, un veston tiré à quatre épingles sur le dos. On a l'impression qu'ils attendent que la journée passe. Les femmes quant à elles, s'occupent de toutes les taches ménagères et du soin apporté au bétail, allant du fourrage, de la traite à la fabrication du fromage, elles pratiquent aussi les travaux aux champs et des travaux de coupe de bois de chauffe. Elles ont vraiment un grand mérite, ces femmes à la force physique (et psychique) prodigieuse, qui croulent sous le labeur quotidien, alors que ces messieurs se réunissent sur la place du village ou au café pour papoter.

Ainsi le 5 octobre, nous passons notre première nuit en Albanie, nous avons obtenu l'accord de monter nos tentes (celle de nos amis cyclos français et la notre) sur le toit d'un garage avec vue panoramique sur le lac de Shkodra. La femmes la plus âgée de la maisonnée n'arrête pas de nous apporter des choses en guise de bon accueil, tapis pour mettre sous nos tentes, chaises, table. Toutes les demi-heures, elle nous fait parvenir une bouteille d'eau fraîche et entre deux, de la nourriture. Bref, cette première soirée en Albanie nous laisse croire que l'accueil va être soutenu et peut être démesuré.

Le lendemain, nous nous rendons a la ville de Shkoder, on traverse une zone de bidonville avant d'atteindre son centre où nous dégotons un hôtel bon marché. Le deuxième soir, après un repas pris dans un restaurant, je (Jean-Da) tombe malade, je me vidange du haut comme du bas toute la nuit et au matin j'ai une température corporel de 39,5. Je passe 48 heures à dormir en faisant des aller/retours aux toilettes. Leo ce même soir subira le même sort, elle traînera quelques jours des soucis digestif, ce qui est également le cas de Guillain.

Achat de chaussette, par notre top modèle Anne-Laure amoureuse des lainages typiques, confectionnées par les grands-mère dans les rues de la ville
Le 11 octobre, après que je sois plus ou moins remis sur pied, nous repartons à l'aventure avec Leo en laissant Anne-Laure et Guillain se rendre dans les montagnes nord de l'Albanie. Pour notre part, notre trajet sera également montagneux. Depuis Shkoder, nous mettons le cap à l'est en passant par Puke, Fushe-Arrezi et Kukes. Ce tracé est appelé l'ancienne route reliant le Kosovo et la Macédoine qui est actuellement délaissé depuis la construction de l'autoroute se trouvant 100 km plus au sud. Depuis que nous sommes engagés sur cette ancienne route, la circulation est quasi inexistante à l'exception de quelques minibus faisant office de taxi brousse.


Nonadailles, la grand-mère au regard si doux et fort à la fois, d'une des famille qui nous a accueilli après notre départ de la ville. Elle porte les habits traditionnels de l'Albanie comme beaucoup de ses contemporaines, ainsi que la coiffure et les boucles d'oreilles. Malgré que nous ne nous comprenons pas, il passe entre nous un courant qui défie les lois du langage.
Au second jour sur cette route, nous avons roulé toute la matinée sous une pluie soutenue, et nous nous arrêtons en début d'après-midi dans le village de Luf constitué de 3 immeubles délabrés et quelques maisons autour. Le pays est pauvre et cela se voit, les maisons sont rudimentaires, les poules et les vaches sont au pied des immeubles, les habitations sont entourées de déchets en tout genre. Nous arrivons donc dans ce village peu accueillant sous une forte pluie. On se réfugie dans le café qui se concrétise par une petite pièce unique avec 3 petites tables en plastique, les murs sont vides, nous sommes dans la pénombre car il y à une panne de courant, ce qui est fréquent dans le pays. De 14 a 17h, nous restons à l'abri de la pluie dans ce café où il n y à aucune présence féminine, à part Leo. Les hommes nous regardent mais ils n'entrent pas en contacte avec nous. Dehors, c'est le déluge, je (Jean Da) m'interroge. Où allons-nous passer la nuit, faut-il quitter ce village ou faut-il attendre au sec ici?

Sous le ciel mausade
A 17h, un homme rentre, il s'intéresse à nous et naturellement, il nous invite à venir passer la soirée chez lui. Il s appelle Antonio, environ 50 ans, il nous présente sa famille, sa femme, sa fille de 12 ans, son fils de 28 ans et la femme de son fils. Notre présence met la famille en grande activité, on nous plante devant un corps de chauffe électrique pour nous sécher, on nous sert un café chaud, on met en route la pompe à eau pour remplir et faire chauffer le boiler pour que l'on puisse prendre une douche. Les gens ici se plient en quatre pour bien nous accueillir, cela peut vite être gênant et envahissant. Cependant, on passe une chouette et agréable soirée chez Antonio et sa famille, ils nous invitent à partager leur souper. C'est dans le salon que nous passerons la nuit sur des lits d'appoint dressés en toute hâte par la belle-fille pourtant enceinte jusqu'au cou!


Partage du repas avec la famille de notre saint Antonio d'un soir

Leo a eu le privilège de revêtir les vêtements traditionels, quel beau cadeau!

La famille au grand complet, merci pour leur générosité
 
Le lendemain matin il pleut encore, Antonio et son fils nous demandent de rester chez eux quelques jours, pour être à l'abri de la pluie et pour assister à la naissance, Brune accouche dans trois jours et personne ne semble penser qu'elle à besoin de repos et non pas d'une bande de touristes dans les pattes.
Nous déclinons l'invitation et on se met en route sous une pluie soutenue. En fin de journée, nous arrivons dans la petite ville de Fushe-Arrezi. Il pleut toujours, à gauche de la route se trouve les petits immeubles en mauvaise état de l'époque communiste et à droite, les industries en ruine de la même époque, tout est gris, que faisons nous là? Les hommes qui jonchent la rue, toujours dans l'inactivité la plus totale, nous lancent des regards noirs, cette situation n'est pas confortable.
 
Je propose à Leo de traverser la ville pour prospecter un endroit où passer la nuit, mais il y a très peu de maisons individuelles, la population de la ville grouille dehors, il ne va pas être facile de trouver un endroit pour planter notre tente. On refait un deuxième passage dans la ville et là, notre bonne étoile nous met sur la route de la jeep du frère Andreas d'où un enfant sort, il nous indique en anglais que l'on peut passer la nuit à la mission de soeur Bernadette et de soeur Gratias. On sonne au portail de la mission, on se présente a frère Andreas et lui demandons s'il est possible de planter la tente dans le jardin. Dans sa réponse, il nous explique qu'il n'ont pas prévu de terrain de camping mais qu'il doit y avoir une chambre disponible pour nous.

Fush Arrezi, effectivement peu accueillante sous le ciel chargé

La météo peut clémente et l'accueil des deux soeurs et du frère nous ferons rester 3 nuits chez eux. Mais attention, nous n'avons pas chaumé. Le premier jour, nous nous rendons à deux messes, la première dans un village minier voisin et la deuxième à la ville où on célébrait, ce dimanche, un mariage. Le lendemain, est la journée de distribution des aliments de base pour les habitant des villages montagnards voisins à laquelle j'ai participé activement pendant que Leo prêtait main forte au magasin alimentaire et vestimentaire de la mission. Trois beaux cadeaux, des belles expériences qu'ils nous auraient été impossible de vivre sans y avoir été invités. Les moments de partages avec les religieux, nous ont aussi permis de mieux comprendre certains aspects de la vie dans ce pays au travers de yeux européens plus à même de nous laisser entrevoir les choses avec recule. Je (leo) parle en particulier des problèmes de corruption, réels à tous les échelons de l'administration de ces contrées.
Soeurs Bernadette et Gratcias, leur gentillesse nous à permis de passer 3 jours au sec, de bénéficier d'un lit 3 etoiles et de la douche la plus chaude de l'histoire de notre voyage, merci!



Le 16 octobre on quitte la mission au matin sous une pluie intermittente. On engloutit 2 cols et le soir nous sommes dans le village de Shemri. Il y a plusieurs champs aux abord du village et on demande la permission de camper à un homme au bord de la route poussant une brouette, les pieds nus. On finira par monter notre tente, sous la pluie, cougniés entre deux maisons rustiques, avec pas moins de 15 personnes qui nous observent incrédules. On nous sert un cafe dans l'une des maisons, pendant ce temps, quelqu’un visitera nos affaires dans la tente. On écourte la soirée en soupant à la tente, histoire de veiller à notre attirail. Au matin, une fois que les enfants sont sur le départ pour l'école, on nous sert un café à l'intérieur de la maison pendant ce temps on nous vol de l'argent et le compteur du vélo restés à la tente. A la découverte du vol, on proteste et une heure après des explications soutenues, on récupère argent et compteur.

Versant de l'un des deux cols, notre route à flanc de coteau traverse la montagne qui semble embrasée par les fougères rougissantes à l'approche de la saison froide

Ouf, on quitte le village, j'ai oublier de vous dire, pris par l'émotion du vol, mais aujourd'hui, il fait grand beau et on découvre pour la première fois les paysages alpin de l'ancienne route, c'est tout simplement grandiose.


Il fait enfin beau. Le paysage radieux célèbre notre arrivée à Kukes


Sur la route, un minibus s'arrête, il nous dit "Antonio Luf , paquet" et il me désigne du doigt la trousse à pharmacie coincée sous son siège. Je lui répond que nous avons posté les photos prises chez Antonio et qu'il les recevra par la poste (nous avions effectivement promis de lui poster ce paquet). Le chauffeur du bus ne semble pas convaincu par ma réponse, il me redit "Antonio Luf, paquet". Dialogue de sourd, on se salue et nous roulons jusqu’à la ville de Kukes. On trouve un hôtel et on défait nos sacoches pour faire sécher nos affaires, à ce moment, je découvre qu'il me manque notre grosse boite de médicament, préparée avec grand soin en collaboration avec mon médecin et le centre de vaccination. Je suis littéralement effondré. Mince! On s'est fait voler notre pharmacie ce matin et j'ai rien vu. Cela voudrait donc dire que ce vol, n'est pas simplement le vol d'un enfant. Pour voler des médicaments, il doit avoir un adulte là-derrière. Je suis découragé et déçu. Leo me propose de sortir de la chambre, d'aller prendre l'air, de se changer les idée. Nous discutons ensemble et raisonnons que ce vol est peut être utilitaire pour ces deux familles démunies. Rapidement, on fait des plans et des hypothèses pour se refaire une pharmacie digne de ce nom. On discute également sur la dernière fois qu'on a vu cette boite et Leo me dit l'avoir sortie chez Antonio. A ce moment j'ai une illumination sur ce que le chauffeur du minibus voulait nous dire par paquet, il désignait notre pharmacie qui est chez Antonio au village de Luf. Puisque l'on devait envoyer les photos par poste à Antonio, nous avons son adresse, mais il nous à également donné son numéro de téléphone. Nous l'appelons et il nous dit que la pharmacie à navigué 3 jours avec le minibus pour qu'il nous la donne, mais les 3 jours correspondent au temps passé à la mission, nous n'étions pas sur la route.

Le 18 octobre au matin, on démarche les minibus pour faire plus de 100km en arrière pour se rendre à Luf rechercher notre pharmacie. Tous les chauffeurs refusent de prendre l'ancienne route, les taxi nous affichent des prix peu raisonnables. On décide de faire du stop. Depuis la ville de Kukes, une mercedes nous pose au début de l ancienne route. On attend un moment et un semi-remorque nous prend sur plus de 50 km. On se fera prendre par une autre mercedes, et pour finir les 25 derniers km seront effectués avec deux taxi brousse.

On repasse une soirée chez Antonio et sa famille. Au matin on se rend à l'hôpital de Puke trouver la femme de de son fils qui à accouché d'une petite fille. Pour retrouver nos vélos laissés à Kukes, on prend le minibus du chauffeur qui nous arrête sur la route et qui à véhiculé pendant trois jours notre pharmacie.


Jean-Da nourrit les poules. Notre deuxième passage dans la famille sera aussi l'occasion pour nous d'observer la fabrication du vin de façon plus que rustique (on écrase quotidiennement quelques grappes qu'on ajoute au mélange déjà en macération et on boit le tout au fur et à mesure), du pain (pour obtenir un levain parfait, il suffit de ne pas laver le baquet).. Sommaire, et tellement vrais. Quelle chance nous avons de voir toutes ces choses.
 

Depuis Kukes on met cap au sud pour nous rendre à Peshkopi. Notre route s'élèvera à flanc de montagne entre 800 et 1200 mètres. A chaque torrent qui crée un puissant sillage dans le flanc de la montagne, nous descendons dans le creux du canyone pour le traverser et pour directement remonter à notre altitude de base. Ces 3 jours de pédalage vont se révéler sportifs par les dénivelés accumulés dans les étapes. Le panorama dans lequel notre route de traverse évolue est grandiosement alpin. Dans tous les villages traversés, les hommes et les femmes travaillaient au champs, les laboures sont faites avec des mules et les ânes rapportent sur leur dos le fourrage à stocker pour l'hiver.


Ajouter une légende

pause pique-nique dans le panorama ensoleillé

C'est pas des blagues, notre route monte sec! Et oui le petit point en bas a droite, cest bien Jean-Da

Au levé du jour. Les deux nuits que nous avons passé entre Kukes et Peshkopi, nous avons pu camper aux abords des villages mais pas directement dans la propriété d'une famille. Ce petit sas, nous à permis un peu de tranquillité et de répits face à leur accueil parfois envahissant.

Dans les montagnes entre Kukes et Peshkopi, ça grimpe et on y fait parfois des rencontres étonnantes.


Notre départ de Peshkopi est prévu pour le 25 octobre, nous nous dirigerons vers la frontière macédonienne et comptons atteindre la ville de Debar avant de rejoindre Ohrid, le Lac Prespanska, Bitola puis la Grèce. On vous tient au courant!

dimanche 7 octobre 2012

Croatie-Montenegro: Dubrovnik-Sukobin



 Après cette rencontre improbable et des retrouvailles chaleureuses, nous nous mettons en quête d'une terrasse, parce qu'il fait soif, non de bleu! Jean-Da et moi sommes excités de partager nos expériences et anecdotes. François et mes parents nous racontent ce qu'ils vivent en Suisse, passent les salutations et nous donnent des nouvelles de nos famille et amis. Quel plaisir de partager avec eux et quel cadeau ils nous ont fait avec leur visite. Nous jouons les parfaits touristes une semaine durant. Depuis le sommet du téléphérique qui surplombe la baie, nous sommes contents de leur montrer les montagnes par lesquelles nous sommes arrivés dans la ville de Dubrovnik. Ensemble, nous découvrons des petites plages aux accents typiques, nous visitons les remparts, dégustons des apéros avec "Best Vue" (merci Isa) sur la mer, déambulons sur le marbre des rues de la cité, nous nous promenons aux alentours de la ville, nous nous offrons de bon resto et de petits plats maison concoctés a l'appart' que François (un énorme merci a toi!), nous a dégotté. Par deux fois les adieux sont un pincement au coeur. Leur visite est une marque d'amour qui me (Leo) touche profondément.

Le samedi 22 septembre, nous reprenons la route. Les agences de voyage vendant des séjours en Croatie ne nous mentent pas, la cote est superbe avec ses falaises qui tombent directement dans l'eau bleue, ses îles, ses rocailles, son climat doux. Ce qu'elles ne nous disent pas, par contre, c'est que la route côtière est surpeuplée et nous sommes heureux de la quitter après quelques kilomètres. Comme si les voitures et autre cars ne suffisaient pas, nous avons même presque été heurtés par un avion, en phase d'atterrissage. Dans un boucan du tonner, il passe à moins de 50 mètre au-dessus de nos têtes, alors que nous dépassons l'aéroport.

Notre campement du soir est idyllique avec vue sur la mer et coucher de soleil. Le lendemain, on se présente à la frontière croato-monténégrine et le décalage de l'accueil qui nous est réservé aux deux postes de douane nous fait sourire. Côté croate, le douanier est renfrogné, alors que le second lorgne légèrement à nos documents d'identité, buvant son café et tentant en vain de dissimuler une bouteille de Rakia.

Premier campement après notre départ de Dubrovnik
 

No coment, magique!




 La baie de Tivat est sympathique et plutôt paisible en cette fin de saison touristique, un camping nous y accueillera pour la nuit. La baie de Kotor que nous découvrons le lendemain est encore plus splendide. Les montagnes plongent directement dans l'eau. A Perast, petit village de veilles pierres faisant penser à la Provence, deux petites îles abritent des églises. Alors que nous y prenons le café face au fjord, nous apercevons Anne-Laure et Guillain, nos amis cyclo rencontrés en Bosnie. Nous décidons très spontanément de poursuivre un bout de route ensemble, nos itinéraires sont similaires. Encore un clin d'oeil de notre bonne étoile! On dit de Kotor que c'est la petite Dubrovnik, d'accord, mais en beaucoup moins peuplé, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Ses remparts s'élèvent haut dans les rochers qui protègent la ville côté montagne. C'est une vraie cité médiévale avec ses rues pavées de marbre et parsemées d'églises Orthodoxes. Par bonheur nous trouvons un coin pour camper sauvage à quelques kilomètres de la ville, surprenant car la côte est passablement construite et les hôtels et autre pensions y pullulent. Malgré une soirée festive et après une baignade matinale, nous empruntons la route des serpentines pour nous élever au-dessus de la baie. Il s'agit d'une route spectaculaire qui nous permet d'admirer tout à la fois, la mer, les deux baies et les montagnes environnante. Après un certain nombre de tours de pédale supplémentaires, nous surplombons plusieurs des sommets mais continuons à monter malgré tout. Une étape de 900 mètres de dénivelé.

Petite déjeuner au campement avec Anne-Laure et Guillain apres notre baignade dans le fjord

La baie de Tivat et celle de Kotor depuis la route des serpentines
Transformés en militants SPA, nous sauvons une tortue tournée à rebocclon sur la route
Lors de notre bivouac du soir, alors que nous sommes occupés à refaire, une fois de plus, le monde, Jean-Da aperçoit un scorpion grimpant sur sa main. Panique tout d'abord, puis séance photo. Ce soir là, c'est peu rassurés que nous irons nous coucher. Le guide du Monténégro ne mentionne même pas la présence de tels spécimens, il doit donc n'y avoir rien à craindre (?!).

Montant toujours, nous pénétrons le parc naturel de Lovcen. Nous assistons même à un mariage, alors que nous nous ravitaillons en fromage et jambon artisanaux dans une cahute au bord de la route. Les marries échangent leur voeux sur fond de vue plongeante sur la baie. C'est le Mont Lovcen qui a donne son nom au Monténégro (montagne noire). Nous pique-niquons au pied du mausolée de Njegos, héro national, avant d'entamer une descente féerique vers Cetinje. La route serpente en pente douce entre les collines pelées ou plantées de petits buissons, de mousses et d'herbes asséchées par le manque d'eau qui semble s'infiltrer systématiquement dans ces roches calcaires. Nous n'empruntons heureusement que quelques kilomètres la route principale vers la capitale, Podgorica et bifurquons bientôt vers Rijeka Crojevica où nous passerons la nuit au bord de la rivière. Depuis que nous sommes au Monénégro, nous n'avons rencontré que des lieux plutôt touristiques et bien ordonnés, aussi c'est surpris que nous découvrons des maisons en ruines et des immeubles mal entretenus. La bourgade reste tout de même accueillante avec son pont de pierre arché. La nuit sera courte, encore une fois, nous nous sommes laissés emportés par le plaisir d'être ensemble, avons chanté et dansé une partie de la nuit en éclusant une bouteille de Losa, rakia de raisin que Leo a découvert à ses dépens. Le lendemain sera difficile malgré le paysage enchanteur. Nous atteignons le parc naturel de Skadarsko et suivons la rivière marécageuse avant d'apercevoir l'embouchure. Les pants de montagne atterrissent dans un replat de verdure boueux, où pousse des plantes aquatiques. Plusieurs chaînes de montagnes se superposent en transparence, alors que nous longeons les rives ouest du lac de Shkodres par une route en hauteur.
La présence de nos amis aide à progressivement apaiser les tensions accumulées entre nous par trop de proximité, ils sont des tiers auprès desquels nous pouvons manifester nos humeurs et le couple nous fait effet miroir ce qui nous permet de relativiser et de prendre de la distance face aux situations dans lesquelles nous sommes souvent engueulés. Nous observons que les sources de tension et les préoccupations sont souvent similaires. Leur présence est aussi source d'apprentissage pour nous. Avant d'atteindre Virpazar, nous découvrons ni surpris, ni séduits des mules transportant d'énormes planches de bois sur leur dos à travers les chemins muletier inaccessibles aux camions. Retrouver un peu d'authenticité nous réjoui, le Monténégro nous apparaît plus lisse du point de vue de nos rencontres. Nous recherchons moins le contact car investissons notre énergie dans nos aventures a quatre. Les paysages rencontrés restent toutefois enchanteurs. Lors de cette étape, Jean-Da , euphorique, ne peut s'empêcher de filmer et de s'exclamer ( que c est beau, boudiou).

La rivière et ses méandres, et un film dans la boite

Une exclamation

L'embouchure, encore un film

Les rives boueuses du lac que nous verrons sous toute les coutures pendant les jours a venir, et encore une exclamation
Nous avions prévu d'atteindre la mer le même jour, mais pris par le temps, nous camperons sur notre dernière montée avant d'y plonger le lendemain à toute vitesse. Pour nous reposer de ces trois monts gravis entre Kotor et Petrovac, nous passerons trois nuits à la plage.

Des virages qui nous emmènent droit dans l'eau salée
Notre campement au bord de la grande bleu se nichait au creux de cette crique peu aménagée, quel bonheur.

Jean-Da porte maintenant la coupe réglementaire (façon Leo), nos habits sont propres et le retard accumule dans nos journaux de bord a quelque peu diminué, nous sommes donc prêts à gravir une nouvelle fois la chaîne de montagne séparant la cote des rives du lac Shkodres. Avant d'entamer la montée, nous visitons l'ancienne ville-forteresse de Stari Bar et passons une soirée chez Thahir et sa famille. C'est notre premier et unique accueil monténégrain, conformément à la coutume balkanique le rakia coule à flot, nous dégustons aussi oignons, raisin, olives et fromage maison. La générosité reste une constante. A nouveau, malgré l'absence de langue commune, le partage est de mise et les discussions vont bon train, les regards et les attitudes parlent d'eux même.
Petit café dans la rue marchande de Stari Bar, ambiance baba.
L'aqueduc de la forteresse sur fond montagneux, voilà les pentes qui nous attendent

Nous voila de retour a Virpazar (?!). Les ruines du château de Besac veilleront sur nous pour la nuit, puisque nous établissons notre campement aux creux des herbes folles de sa cours. Le lendemain, c'est quatre châtelains qui enfourchent leur destrier à roulettes, longeant le lac Shkodres par une route à flanc de coteau. Les villages ont un air de Provence, les îles portant parfois des églises font penser à la Corse.

Nous revoilà au lac Shkodres, toujours aussi enchanteur! Et une exclamation

Et un film

Nouvelle exclamation et nouveau film!

L'étape au village de Murici nous laisse deux séquelles. L'une négative: Ce hameau touristique en été, est une vraie calamité. Des villageois transformés par l'appât du gain, a la limite de l'agressivité, obligent les hommes du clan à jouer les gros bras. Heureusement personne n'en vient aux mains. L'autre positive: La rencontre avec Poline et Julien, deux français voyageurs escortés de leurs deux chiens et de Fleurs, Ilia et Rolcio, chevaux et mule. Nous cavalerons ensemble les deux jours suivant au rythme de leurs sabots. Les six membres de l'équipe rouge, c'est ainsi que nous nous sommes baptisés pour une raison inconnue, atteindront la frontière entre le Monténégro et l'Albanie le 5 octobre. C'est émus que nous quittons a Sukobin nos amis cavaliers. Cette rencontre fut magique de simplicité, forte en complicité et en partage. Le naturel avec lequel nous avons vécu tous ensemble ces quelques jours durant, est un hymne au nomadisme rythmé par la soif de découverte, l'ouverture a l'autre. Le choix de la tolérance, l'envie de partager et la proximité de la nature comme mode de vie. Des moyens différents, des approches respectives et cependant quelques chose d'indescriptible qui nous relie.
Je (Jean-Da) souhaite un excellent retour vers l'Europe a Poline et a Julien. Je dédicaces quelque brassées d'herbes verte à vos deux chevaux et à votre mule. Quelle chouette rencontre, j'ai eu un profond plaisir à passer 2 jours en votre compagnie et je me réjouis de vous revoir un jour en France ou ailleurs... A bientôt... 

Nous quittons une nouvelle fois le lac et nous dirigeons vers la frontière albanaise depuis l'autre versant des montagnes, mais pas d'inquiétude, nous y reviendrons par le côté albanais. Décidément on l'aime ce lac!
Nous postons ce message depuis Shkoder (au bord du lac, lol) en Albanie, où nous comptons séjourner quelques jours. Nos repères occidentaux sont quelque peu chamboulés, mais ça les amis c'est pour le prochain épisode!

Jean-Da a une nouvelle copine, Fleurs. D'abord méfiant, il est devenu tout attentionné envers les montures de Poline et Julien
L'équipe rouge au grand complet. Hip, hip, hip, houraaaaaaa!!!!