mercredi 15 avril 2015

Laos, les 4000 milles iles et Pakse

Article rédige par Jean-Da

Enfin, j'ai réussi à trouvé du temps et de la motivation pour vous compter les derniers évènements. Je vais à nouveau vous propulser en arrière dans le temps, puisque je suis au guidon de mon vélo un certain 27 février. La route est étroite, en gravier par endroit, et lorsqu'elle est goudronnée il y a plus de nids de poule que de surface plane, je suis encore au Cambodge à 30 km de la frontière avec le Laos. Peu de trafique, quelques minis bus allant dans les 2 sens, je me fais doubler par un scooter avec 2 touristes, on se salue. Diana et Daniel sont suisses, ils voyagent depuis quelques mois avec leur 2 roues motorisé. On passera tout l'après midi à faire connaissance, assis à même le sol de la boutique en bordure de route vendant des boissons fraîches et offrant de l'ombre. Ils sont très enthousiastes à notre rencontre et n'arrête pas d'alimenter les discussions, le courant passe donc très bien. Je leur propose de passer la soirée et la nuit ensemble, comment faire car ils n'ont pas de tente. On décide de faire au plus simple, on roule ensemble en direction de la frontière et on s'arrête à une hypothétique auberge. Au bout d'un moment, ils partent en éclaireur jusqu'à la frontière et reviennent m'informer que notre route ne passe devant aucun hébergement. Ok, passons la frontière et on verra bien si l'on croise une hôtel du coté Laotien. J'appuie un peu plus fort sur mes pédales afin de rejoindre le poste et remplir les formalités nécessaires avant la tombée de la nuit. Du cotés Cambodgien mes amis Suisse Alémanique rencontrons quelques soucis pour faire sortir leur scooter du pays. Nous sentons clairement la demande d'un billet pour que le véhicule puisse passer, mais on devance la demande, on demande de jeter un oeil au texte de loi. Le douaniers les laissera passer sans sourire. Du coté laotien, Diana et Daniel iront discrètement parquer leur véhicule derrière le bâtiment des douaniers et se présenteront à eux en arrivant à pied. Ils remplissent les formulaires et pays les 2 dollars de bakchich sans rechigner, ils se rendent à leur scooter, le mettent en route et traversent la douane en passant derrière la bâtisse des douanier, bravo mes amis, quelle audace. Pour ma pomme, n'ayant pas un véhicule clandestin à faire passer, je fais de la résistance pour les 2 dollars et ces messieurs les douaniers ne trouvent rien de mieux que de me séquestrer mon passeport. Pour pouvoir l'obtenir je dois payer 2 dollars. Je leur dit calmement que de faire des pressions au moyen de papier d'identité pour obtenir des faveurs ou de l'argent sont clairement illégale. Ils s'énervent en me disant que la police touristique va venir me chercher. J'attends une heure, mais rien ne se passe, pas de police, je sais aussi que mes amis Suisse Alémanique m'attendent, je décide donc de payer... C'est la première fois durant tout le voyage que je paye un bakchich, en plus à une autorité reconnue, je me dégoûte!!!! Je suis furieux sur mon vélo, mais cela s'estompe lorsque je retrouve mes amis un bout plus loin, on fête leur entrée sans frais de leur scooter. Après quelques kilomètres on dégotte un hôtel aux tarifs excessive pour les chambres et la nourriture. On dormira les 3 dans la même chambre et je leur prépare un souper camping sur le réchaud, on alimentera nos échanges et discussions jusqu'à tard le matin. Que c'est bon de partager, merci pour tout et bonne route à vous deux.

Je suis au sud du Laos, la ou le Mekong se sépare en de multiples bras pour créer le site naturel des 4000 îles. Je fait un arrêt sur Don Khong la plus grande des îles. A ma grande surprise elle est très peut touristique, dans le village principal il y a quelques guest-house au bord du fleuve, mais aucune activité, c'est calme. Je m'installe pour 4 nuits dans cette ambiance relaxante durant lesquels je décide de consacré mon temps à ressentir, à être connecté à mon corps. Je médite 3 fois une heures par jour dans ma chambre et le reste de la journée, j'essaye d'habiter pleinement mon corps, de ressentir les sensations multiples lorsque je me déplace à pied, durant mes repas,  la mastication, l'absorption de nourriture par exemple. Le contexte du lieu se prête à merveille pour cette expérimentation car les stimulis extérieur sont quasiment absent. Au 4 ème soir, lors de ma méditation, je me retrouve dans un ressenti inédit, mes sensation corporel étant presque équanime, mon esprit n'y tient plus compte et oublie le corps. Il ne se focalise plus plus que sur mon coeur qui bat avec mon esprit qui l'observe, je reste ainsi quelques minutes. Ensuite j'ai l'impression d'une puissante attraction entre mon coeur et mon esprit, j'ai l'impression que mon mentale veut se jeter dans mon coeur!!! J'ouvre les yeux et je me met sur mes pied pour quitter l'état de méditatif. Peur? Oui un peu.

Je roule en direction de la ville de Pakse, la 3 ème ville du Laos. Elle se trouve à quelque 120 km des îles. Je campe une nuit au milieu du trajet et m'installe entre une rizière asséchée et la lisière de la foret. Ma tente montée, je prépare le souper soit des pâtes aux légumes sur le réchaud à essence bas de gamme, acheter en Chine. Je suis assis en tailleur, ma cuisine de campagne se trouve à un mettre de la tente, l'eau pour les pâtes et sur le feux. Je n'ai jamais eu confiance en ce nouveau réchaud, je savais que un jour ou l'autre il y aurait une fuite au niveau de la pompe à carburant. Ce soir sera le soir de la fuite, l'essence se repend sur le sol sans que je n'y prenne garde et "WOUF" un rond de 1 mettre carré en feu!!! Alerte!!!!je me lève car mes jambes on eu chaud et je vais instinctivement piétiner les feuilles mortes brûlant en direction et très prêt de la tente. Ok, maintenant il faut éteindre le réchaud et la bouteille d'essence qui brûle, je vide la casserole d'eau des pâtes dessus, cela n'a aucun résultat. Ok, arrête le réchaud, ferme le robinet d'arrivée d'essence, mais il se trouve au niveau de la fuite la ou il y a des flammes qui sortent de la bouteille!!! Pas le choix, met tes mains et ferme ce robinet! Ok, je tourne la molette et le réchaud s'éteint mais pas la fuite au niveau de la bouteille. Panique, j'ai une pensée bête, mais avec la chaleur l'essence a 40 degrés, plus les flammes, à quelle température cela explose tout seul... Je shoote le réchaud et la bouteille, pour l'éloigner de la tente et je pensais crée un appel d'aire qui étoufferait les flammes mais non, la bouteille brûle toujours. Faut pas que cela explose!!! Je prend machinalement une de mes bouteilles d'eau et l'ouvre " Jean-Da, pas l'eau potable, tu en auras besoin durant la nuit", j'ouvre la vache à eau et sacrifier mes 4 litres d'eau impure et les flammes se noient... Ouf, j'ai eu chaud se coup la, je vais encore piétiner les feuilles mortes qui brûlent par terre dont les flamme se dirige vers la foret. Tout est ok, tout est finit. La tente et mes affaires n'ont eu aucun mal, j'ai de la nourriture avec moi, tout va bien, plus d'eau pour me laver mais cela n'est vraiment pas important. Je reste un long moment à revire cette scène ou le cerveau réfléchit à très haute vitesse pour paré au plus urgent, à proposer de geste essai/erreur comme shooter le réchaud ou verser la casserole d'eau pour stopper la situation de crise. Cette état de stress et à l'opposer de l'état calme et détaché de la méditation. Il faut reconnaître que nous sommes sacrément bien fait, notre cerveau réagit en fonction des besoins, des situations et devient très performant dans l'urgence.
Cette nuit la, je me fait réveiller par des gros craquement dans la foret, des hommes? Non cela ne ressemble pas à une activité humaines. Des animaux? Sûrement mais ça doit être une grosse bête, j'entends des  gros craquements de branche ici et la. Je n'aime pas rester dans le doute, je jette un oeil dehors, mais ne vois rien, le bruit avance sur moi! J'allume ma lampe et découvre un troupeau de vache en balade dans la foret, bonjour mesdames les vaches et messieurs les taureaux, vous pourriez avoir des cloches ou beugler pour que je puisses reconnaître votre approche nocturne.

Pakse est la ville ou j'ai rendez-vous avec Valentine, une amie Suisse. Grâce aux réseaux sociaux comme facebook qui te permettent de voir se que font tes amis, je découvre qu'elle sera en Asie du Sud-Est prochainement. Je lui glisse naturellement sur sa boite de dialogue " Si t'es dans le coin entre la Thaillande et le Laos il faut qu'on boivent un verre ensemble". On s'échange quelque court message style: " Boire une verre et refaire le monde, bien sur, tu seras ou début mars"; " Je serais au Sud du Laos"; " Y a quoi comme grande ville?"; " Ville de Pakse"; " Ok, on dit qu'on se voit le 10 mars à Pakse, ça joue pour toi?"; "Nickel".
On s'écrira encore pour dire que chacun de nous avons quelque jours à consacrés à notre rencontre et pour visiter la région. Je lui demande comment elle pensait s'organiser pour les déplacements, j'ose le "en vélo"??? Réponse: "j'ai pas d'affaire pour faire du vélo et avec la chaleur, je crois pas que cela va le faire".

J'arrive donc à Pakse avec quelques jours d'avance et m'installe dans une incroyable guest-house, avec tersasse donnant sur le fleuve et petite cuisine ouverte à disposition des voyageurs. L'énergie du lieu est magique. Je fais de puissantes belles rencontres, Taro,  Autrichien éduquer par ces parents dans l'art et le bien-être, il cultive de belles valeurs à contre courant du système de consommation, Jadda, américaine, à faits des études dans l'agriculture, elle nous parlera de permaculture, de petite production de fromage de chèvre, de village communautaire, Jamy en voyage depuis 9 ans suite à accident professionnel. Toute ces belles énergies me donnent des ailes, avoir des discussions ou l'argent et le système sont les méchants loups et ou l'humain ainsi que la nature sont le centre. J'aime trop

Le 10 mars à 18 heures je suis supposé accueillir Valentine à la gare routière. Durant la journée je me rends au 4 gares routière de la ville, celle du stade n'est plus en fonction. Dans 2 autres, ont me dira qu' il y a des bus en provenance de la Thailande qui s'arrête chez eux, tout dépend de la compagnie.  Je n'arrive pas à trouver la dernière qui serait la plus probable selon mes informations, elle se trouve sur la route du grand marché. Je demande à un homme dans la rue ou se trouve l'arrêt de bus, il parle un peu français et me propose de m'y accompagné. Il me suivra sur 3 km avec sa voiture pour me dépassé et m'arrête à coté d'une station essence? C'est ici? Oui la ticketerie est dans le bâtiment la-bas. Merci monsieur de m'avoir donné un peu de votre temps. Je passe au bureau et l'on me confirme que le buse de 18 heure en provenance de la Thailande s'arrêtera ici, pourtant l'endroit ne semble pas coller à l'usage. 
C'est pourtant bien la que je je me rends à 18 heures, je suis un poil en avance, comme à mon habitude, cela me permet d'ouvrir quelques réflexions. Avoir la "visite" d'une personne de mon entourage me ravit vraiment, pourvoir me connecter et échanger avec une personne que je connais, qui fait partie de mon passé me comble de joie. Pourtant, j'ai quelques craintes pour ces quelques jours car je vais quitter mon statut de voyageur libre pour devenir un touriste normal. Quitter mon vélo me fait perdre mon autonomie et ma liberté. Assidûment, je me prépare à  organiser nos déplacements, achat de billets, respect des horaires pour prendre le bus,  trouver chaque soir une chambre, prendre les repas au restaurant. Stop Jean-Da, c'est un cadeau de passer du temps avec une amie, peu importe ce que vous allez faire, ce qui compte c'est juste d'être ensemble. Le bus arrive, on a juste le temps de se dire bonjour qu'on est déjà assis dans un tuck-tuck pour gagner le centre ville.

C'est au calme sur une terrasse avec 2 Lao Beer que nous reprenons contacte l'un avec l'autre, cela fait quelques 3 année et demi que l'on ne c'est pas vu. A sa question "et toi ton voyage raconte?". Je suis incapable d'articuler grand chose, comment raconter en résumé plus de 1000 journées de voyages, par ou et par quoi commencer? Les images, les rencontres, les impression se bousculent dans ma tête, je commence me semble-t-il par lui dire quelque chose qui ressemble à cela: Être loin de la société pendant longtemps te permet de voir clairement et de comprendre le système dans lequel on vit, c'est énorme!!! Énorme comme je me sens libre, je me sens bien, je me suis appris un peu plus, j'ai grandi. Bien entendu, je parle également de chose bien réel, comme mes coup de coeur, mes coup durs, de l'incroyable gentillesse et bienveillance de toutes les personnes rencontrées. J'ai l'impression que tous ce que je dit soit accueillit avec beaucoup de coeur, je me sens bien dans notre échange et cela me permet de me lâcher, de livrer certaine tranche de mon/notre parcours en rentrant carrément dans l'émotionnel. Je fais un survole de l'himalaya Indien, la vallée du Zanskar, le Ladakh, le Kashmir, la Mongolie, je revis des moments fort, merci Valentine pour ton écoute active, merci la vie!!!
Je prend également énormément de plaisir à me reconnecté à la Suisse à travers ces récit, tout ce qu'elle me raconte me parait tellement loin, tellement différents de ce que je vis. Du coup je voyage à travers ces paroles lorsqu'elle me livre son quotidien. Boulot-métro-dodo-amis et ménage m'apparaissent comme exotique, je trouve tout ce qu'elle me dira tellement dépaysant. Je reprend également connaissance avec le langage professionnel de notre formation commune. On abordera des thèmes utilisant des mots comme, colloque, réseau, sanction éducative, cadre, règle, entretien de famille qui feront échos avec mon passé professionnel.

Nos échanges ce premier soir ainsi que tous les jours suivant seront richement agrémenter de respect et de bienveillance pour accueillir l'autre dans sa vie. Malgré le grand écart sur nos modes de vie respectif, nous avons naturellement créer une passerelle vibrante et harmonieuse dans le plaisir de se raconter, de se confier à l'autre.

Au fil de la soirée nous abordons nos envies de visites et découvertes dans la région. Personnellement, j'irais volontiers voir un vieux temples se trouvant 40 km au sud de la ville. Nous tombons d'accord pour avoir comme point de chute l'île de Dun Det pour passer quelques jours de Farniente. Je te propose demain d'aller nous renseigner sur les horaire de bus etc. Valentine me dira " mais Jean-Da, je suis ouverte pour faire un peu de vélo!!!" Quoi??? Redits mois cela??? "Oui oui, je suis ici pour découvrir, cela me dirais bien d'essayer le voyage au guidon d'un vélo". Sur le moment je ne sais pas quoi pense, décalage horaire ou trop de bière??? On en rediscute demain avec un café, ok?

Le lendemain matin, nous déambulons dans la rue touristique à la recherche d'un endroit pour un petit déjeuner. On se pointe sur une terrasse ou deux personne m'accueille, " Mais salut Jean-Da". Delphine et Sebastien, le couple cyclos Suisse romand avec  le quel nous avons passé une monstrueuse agréable soirée et nuit en campant ensemble en Thaillande. Que la vie est belle, merci pour ces cadeaux qui agrément mon chemin!!! Ils ont également une "visite" Marie, la soeur de Sebastien qui revient d'Australie, elle les a rejoint au Laos. On s'attable ensemble et les moulins à paroles se mettent en marche. " Ta rencontre avec Leo au Cambogde c'était comment? Et vous vous allez  toujours prendre de Transsibérien? T'es prêt pour ton retour en Suisse, oups?... Quelle bonheur de de vous avoir revu ici à l'improviste, en tout cas je me réjouis de vous accueillir en juin lors de votre retour chers amis Vaudois!!!
Nous sommes plus que nous deux, et faisons notre "colloque" matinal,  dit moi Valentine, as-tu vraiment envie de faire du vélo, ici au Laos?  "Oui, bien sur!!!" Décidément c'est la journée des cadeaux, tu ne te rends surement pas compte de la joie que cela me procure, le faite que tu viennes goûter à mon mode de vie, découvrir les plaisirs simples du chemin qui me font vibrer. Merci pour ton ouverture d'esprit!
Nous sillonnons donc la ville à la recherche d'un véhicule de location et jetons nos dévolu sur un vélo style laotien, sans vitesse, au guidon anglais agrémenter d' un panier.
Nous passons le reste de la journée en ville, on restera un long moment au marché à siroter un café glacé en papotant, toujours avec la même envie de partager. Nous abordons également notre futur virée en vélo, Valentine me dira que dormir sous tente doit rester une solution de secours, bien nous rechercherons des chambres, pas de soucis. En quittant la place du marché, nous achetons du pain, quelques légumes, une boite de thon, des céréales et des biscuits pour nos pic-nique. Il est déjà 17 heures, mais ou file le temps, c'est l'heure de l'apéro non? Nous nous installons dans une petite gargote indienne, dont le menu me rappelle d'appétissant souvenir. On mangera un goûteux dhal accompagné de riz et de paratha.

12 Mars 7h30 du matin, c'est le jour du départ, honnêtement je me met un peu la pression, j'espère que notre parcours se déroulera bien et que nous puissions les deux y récolte du plaisir. Valentine aura son petit sac ainsi que 2 bouteilles d'eau dans son panier, elle transportera également mon sac de couchage sur son porte-bagage cela me permettant de libéré de la place pour accroché son sac à dos sur mes sacoches arrière.  Chapeau de paille, vernis à ongle et lunettes à soleil, roulez jeunesse!!! 
Premiers coups de pédales, nous longeons pour sortir de la ville le Mekong que nous enjambons sur un gigantesque pont. Notre vitesse en mode promenade nous permet de laisser traîner les yeux à droite et à gauche sur le Laos.
On quitte le grand axe pour empreinter une petite route partant au sud qui est sensée nous amener au village de Champassak.  Plus nous roulons et plus nous pénétrons dans le "vrai Laos", celui que j'aime, le rurale, le Laos campagnard. Le soleil du milieu de matinée est déjà bien chaud, heureusement nous avons un petit vent contraire qui nous rafraîchit... non se verbe est trop fort... qui nous ventile, c'est tout. Les quelques douces montée nous demande un effort supplémentaire, comme si nous transpirons pas assez déjà! Vers 10h30, nous décidons de faire une pauses bien méritée, il me semble avoir repérer une gargote au bord du fleuve, des chiens nous accueille en aboyant, les personnes présentent nous font comprendre que c'est leur habitation et pas un resto. Sur un chemin en gravier, on s'arrête à l'ombre des arbres, je m'assit par terre (normal, on fait une pause) et j'observe Valentine, elle hésite entre s'asseoir, rester debout, ou se mettre accroupi. Elle me dira ne jamais avoir autant transpirer de sa vie, "j'ai les tibias qui perlent et mes chaussettes sont trempées". Sa présence ici, ses agissement  et ses commentaires me font prendre conscience des mes propres conditions de vie. Je vis à même le sol, lorsque je campe, lorsque je pic-nic, lorsque je fais une pause, oui je me sens bien, je suis à l'aise assis par terre, actuellement j'y suis mieux que sur une chaise par exemple. Être transpirant de la tête au pied, en passant du slip aux chaussettes, je n'y fais plus attention, c'est normal. Mais je trouve absolument génial que la présence d'une autre personne ayant un tout autre style de vie, me face un tel effet miroire dans ces actions et ses remarques, cela me fait redécouvrir mon propre quotidien.

Notre route longe le Mekong, l'atmosphère est calme, sereine, les rizières asséchées accueillent des vaches et des buffles d'eau broutant les quelques herbes ou ruminant paisiblement couché à l'ombre. Les habitants vaquent à leur occupations ou font la sieste dans des hamacs à l'ombre, qu'il est bon de découvrir au guidon de son vélo, de s'immerger dans cette réalité. La seconde pauses se fera sous une capite abritant des bancs, des écolières passent en vélo en nous saluant d'un "Sawadii", accompagné d'un petit geste de la main et bien entendu d'un sourire.

Vers midi, nous atteignons le village de Champassak, une agréable terrasse nous accueille pour une boisson fraîche et un repas. Bravo Valentine,je suis fier de toi, 38 km au compteur sous cette chaleur, ce n'est vraiment pas rien!!! Durant l'après-midi nous démarchons les quelques guest-house et optons pour une chambre avec climatisation s'il vous plaît! Apéro du soir, bonsoir, nous fêtons notre première étape.

Le lendemain matin, je n'ai pas la forme. Les 3 bières de la veille suffisent pour que j'ai une bonne gueule de bois. Mon corps n'est vraiment plus habituer à ce régime toxique. Néanmoins, nous sommes réveiller avant le lever du soleil, nous prenons un petit déjeuner avec les premiers rayons, nous sommes attablé en surplomb du Mekong, quelques pirogues naviguent, quelle cadre. Colloque du matin, objectif du jour, visite du temple de Wat Phou qui signifie "temple montagne". Au 5 ème siècle le lieu sera déjà occupé, cependant les ruines actuelle remontent à l'époque Khmers du 10 ème siècle. Une fois le ventre plein, nous enfourchons nos deux roues, il fait déjà chaud tôt le matin.  Heureusement le pédalage créer de l'air. Les villages que nous traversons sont typiques, magnifiques, les maisons en bois sont en général montées sur pilotis et les toitures sont soit végétale soit en tôle. L'activité qui y règne me séduit, les tenancier des petites boutiques exposent à même la rue, les fruits, les légumes et les condiments qu'ils vendent. Ici il y a des filets pour la pêche, des hameçons, des outils agricoles ainsi que des ustensiles de cuisine. Dans la rue, les poules grattent le sol, défendent vaillamment leurs poussins, les coqs font le beaux, une vache avec son veaux passent tranquillement, ici une chèvre et ses deux chevreaux se dirigent vers les rizières. Les potagers sont planté, désherbé, arrosé avec délicatesse et sérénité. Lorsque nous passons, on reçoit de la part des adultes et des enfants des sourires, des "sawadii" gratuitement, juste pour le plaisir, sans rien attendre de nous. J'aime cette simplicité, j'aime poser mes yeux sur ce mode de vie que je comprends. J'essaye me m'imprégner un maximum, de graver cela en moi, car je sais que je vais bientôt quitter l'Asie.
Au bout de la route, en face des monts Pasak se trouve le temple, à peine avons-nous déposé nos vélos que la chaleur nous entoure. Purée, il n'y a pas d'air, je vais mourir ou quoi. On traverse les grands bassins (barays), j'ai trop chaud, mon cerveau se met en pilote automatique, respirer et marcher est possible mais je n'arrive plus à parler, à réfléchir ou à regarder. L'originalité de ce temple réside dans sa construction à flanc de montagne, le sanctuaire se trouvant au sommet. Une longue et pénible série d'escalier nous attendent, je déambule telle une zombie sur patte. Valentine, je suis pas bien j'ai trop chaud, au cas ou je verse, elle semble bien mieux se porter que moi, elle parle est arrive à prendre des photos. Nous sommes arrivé en haut, je suis pas mort mais fébrile, heureusement il y a des arbres qui nous font de l'ombre et une léger courant d'air nous rafraîchit. On passera dans les sanctuaires et les autres choses à visité mes je suis toujours en mode pilote automatique, nous redescendons.

Wat Phou, vue depuis en haut... mais quelle chaleur dis donc!!!


Nous pédalons en directions de notre logement, il est passé midi, la chaleur ne me lâche pas, elle m'entoure, elle me mord. Je n'ai qu'un seul objectif, prendre une douche froide et enclencher la climatisation pour dé-mourir. Sous la douche, une fois mon corps refroidi je fait la constatation suivante: J'ai visiter Wat Phou mais je n'ai rien vu, dommage. 

Durant l'après-midi, nous observons le même rythme que la population locale, se laisser vivre, sieste et lecture! Le soir nous décidons qu'il serait plus raisonnable de faire les 100 km qui nous séparent des îles en bus, les raison invoquées sont les suivantes: La chaleur bien sur et la difficulté de trouver un logement sur ce tronçon.
Nous repartons donc tôt le lendemain matin pour Pakse, le vent nous pousse généreusement et il ne nous faudra pas plus de 2 heures et demi pour atteindre la ville, facile la vie!
Durant ces trois jours de vélo nous avons fait un peu plus de 100 km. Quelle plaisir j'ai eu de les partager avec une personne de mon entourage. Car malgré les efforts investi dans la rédaction du blog avec photos à l'appui, je pense qu'il est difficile de se rendre compte de la réalité, des sensations que cela procure d'être ici à vélo. Sans aucune barrière ni protection, le voyage cyclo permet de toucher assez en profondeur la réalité climatique, géographique et culturelle d'un pays. Comment expliquer avec des verbes ce que cela fait de recevoir autant de sourires, comment expliquer la vibration émotionnelle que procure ces enfants te saluant avec enthousiasme d'un"Sawadii" qui t'arrachent des larmes, tellement ils sont vrais et spontanées. Comment raconter avec des mots l'attitude paisible et confiante d'une vielle dame confectionnant de fines lamelles de bambou pour faire un panier alors que toi "l'étranger" tu es assis à même le sol de son échoppe, car tu as besoin d'ombre.
MERCI Valentine d'avoir vécu pendant 3 jours mon quotidien. Je suis honoré par ta présence, honoré que tu sois venu sentir par-toi même ce que je vis, honoré que tu ailles découvert les sensations étranges et puissantes que procure le pédalage dans un environnement et une culture inconnue et les plaisirs simples qui en découlent. Quelle ouverture d'esprit!!!

Depuis Pakse, nous prenons donc le bus pour nous rendre sur l'île de Dun-Det, c'est la partie vacance de notre rencontre. Je laissé mon vélo et mes affaire de camping à la guest-house pour ne prendre avec moi que quelques habits et une trousse de toilette. Le bus nous dépose dans le village Nakasong d'où une pirogue nous attend pour atteindre l'île. A la descente du bus, Valentine me sortira une phrase style " Jean-Da, je sais ce que tu ressens en ce moment même et je comprends pourquoi tu voyage à vélo". Nous avons tout louper, 3000 sourires, 4500 poules, coqs et poussin, les vaches, les buffle, les cochon barbotant dans la boue... le voyage motorisé va trop vite, sur 140 kilomètres, nous n'avons échanger aucune salutation avec les villageois, pourtant derrière la vitre nous les avons vu d'effilé à toute vitesse, mais on a même pas eu le temps de se faire signe. Oui le voyage motoriser et moderne te coupe de la réalité, tu es enfermé dans une boite hermétique ou les interactions avec l'extérieur sont impossible, est-ce cela le voyage?

Depuis le village de Nakasong
La pirogue nous dépose sur l'île touristique de Dun-Det, nous sommes en milieu de journée (indication temporelle pour faire un lien avec la chaleur et nos actions) et le but est de trouver un bungalow. Notre livre/guide ainsi que de nombreuses recommandations de voyageurs s'accordent tous pour dire qu'il faut loger au Sud de l'île et ne pas rester dans le Nord près du débarcadère. Fatigue ou coup de chaleur, comme deux blaireaux nous nous dégotons un logement la ou il faut pas, plus au Nord fut impossible. Nos voisins, on s'en rendra compte après payement du bungalow sont tous perché. Ils ont tous goulûment ingurgité de la "happy" pizza ou ont bu des "happy" shake au cannabis ou au champignons hallucinogène ou autre produit qui te coupe de ton cerveau. Je suis désolé des ces quelques lignes, je pressente mes excuses à tous les consommateurs de "happy". Nous nous installons dans les hamacs de la terrasse et observons. Le spectacle est grandiose, un gars n'arrête pas de pousser de cris fort "Yhou" toutes les 2 minutes, sa copines se laisse griller au soleil du début d'après-midi, bière à la main, elle ne tiens pas vraiment debout mais va se rafraîchir en "nageant" dans le Megonk, un autre type se croit à "The Voice" et pousse la chansonnette sans interruption et à un volume élevé. Ici quelqu'un se secoue le corps, l'énergie doit sortir à quelque part, alors ils adoptent des geste inutiles, quelque fois brutaux ou extrêmement mou... Je m'arrête ici, mais cela nous a divertis tout l'après-midi et la soirée, nous avons bien rit, il faut l'avouer. Je sais qu'il n'est pas bien de se moquer et rire d'autrui, mais le spectacle était la, juste sous nos yeux. Et puis, si je peux être sincère, j'étais en même temps un peu triste, oui parce que il est possible d'être content et heureux sans prendre de "happy". Donc triste parce que tout le monde n'est pas content et heureux naturellement, même en voyage ou en vacances.

Le lendemain matin, sans avoir besoin de faire un colloque, nous partons à la recherche d'un autre logement, cap au Sud. Le bâtiment en bois massifs et l'énorme terrasse  couverte nous séduisent. Pas loin de la, se trouve l'école qui accueille une ribambelle d'enfant, quelques petites échoppes vendant des fruits et des boissons et ici et la, de magnifique terrasses pour prendre des repas.
Je suis frappé par l'authenticité des lieux, la vie rurale est présente, derrière les habitations typiques se trouvent les rizières broutées par les ruminants. Sous les pilotis des maisons la base-court est fournie, poules, canards et cochons. Les pécheurs réparent leurs filets et entretiennent leurs pirogue en bois. Le sentier faisant le tour de l'île se concrétises par une simple trace de terre et de sable. Je suis sous le charme de l'endroit. Malgré le tourisme développé nous nous retrouvons encore au laos.


Dun-Det, les rizières au coucher de soleil
Dun-Det, ambiance au bord du Mekong
Depuis quelques temps déjà, je me traîne un peu. Je m'explique, je ressens au fond de moi une fatigue, elle n'est pas extrême mais je me sens attiré par une certaine facilité. Par exemple lorsque je fait une pose de 2-3 jours, je ne vais plus trop à l'exploration des lieux, je mange toujours à la même gargote par exemple en ignorant les autres. Il en va de même pour les achats de fruits, je vais chez la même vendeuse en ne regardant plus les autres étales. Jean-Da aurais-tu besoin d'une routine? Peut-être mais je crois surtout que j'aurais besoin d'une pause, une vrai, comme nous avions fait au Népal. Cela fait maintenant plus d'une année que nous sommes en routes sans interruptions réel, et quelle énergie investie. La Chine, La Mongolie, à nouveau la Chine et maintenant l'Asie du Sud-Est, oui oui, il y en à eu des coups de pédales, des rencontres, des crevaisons, des galères, de la pluie, des tempêtes, du vents...Et sur le plan émotionnel, cette dernière année fut relativement chargée. Donc oui, je me sens un peu fatigué au fond, si je n'avais pas le projet de rentrer en Suisse prochainement, j'aurais besoin d'une longue pause. Un mois à ne rien faire, lire, manger, dormir et bien sur partager, discuter, échanger et refaire le monde. 
Tous cela pour introduire mon accueille à bras ouvert pour ce séjour Farniente sur l'île, et pourquoi pas un brin routinier. Nous trouvons un restaurant Thai pour les repas du soir nous lui resterons fidèle et une autre jolie petite terrasse pour le déjeuner. Durant la matinée, la chaleur nous permet de faire des activités, promenade à pied ou en vélo de location, visite de l'île voisine en empreintant le pond construit par les français ou jeter un oeil aux magnifiques chutes du Mekong...

Dun-Det, sur le chemin faisant le tour de l'île
Par contre durant l'après-midi, la chaleur nous cloue littéralement sur notre terrasse à l'ombre, allonger dans nos hamacs, nous discutons, lisons ou siestons. Nous sommes hagard, groggy lorsque l'air s'arrête de souffler, nous nous refroidissons en allant prendre une douche toute les demis-heure. Si nos cerveaux le permettent nous babillons joyeusement, nous abordons des thématique épineusement philosophique, psychologique, sociale, sociétale, religieuse, professionnel, scolaire, anarchique et utopique. Lorsque le corps ne régule plus bien la température nous parlons de sujet tout-venant, plus facile, plus léger. Nous sommes régler comme du papier à musique, à 15 heures l'un de nous va chercher un café glacé ou un shake de fruit, ce qui nous permet de faire le plein d'énergie pour continuer nos échanges. Valentine un brin amusée et moqueuse face à notre rythme de vie nous donnera des surnoms soit : Mamy et Papy en vacances, je ne l'invente pas! J'entends donc le matin " Alors Papy, on fait le tour de l'île en vélo ce matin, avant qu'il ne fasse trop chaud !".
Et puis quoi, y a pas de mal à faire quelque jours un peu plus tranquille, non? C'est pas comme si durant mon voyage j'aurais fait que de la plage et de la piscine. Piscine? Au Laos impossible!!! Et bien non, sur l'île de Dun-Det il y a une piscine... j'arrive pas à changer la grandeur des caractères, j'aimerais écrire en plus petit... Oui, nous avons été deux après-midi complètes à la piscine, couché sur une chaises longue, une baignade toutes les demis-heure pour se refroidir, c'est beaucoup plus efficaces que la douchette de la chambre. Mais entre les baignades, tu fais quoi, tu t'embêtes non? Papotage, lecture et grignotages.

Oui, oui a la piscine, avec lunettes, transats et sourires
Lors de notre dernière soirée, en rentrant à vélo de la piscine, nous nous arrêtons pour faire un apéro, 3 verres de Lao-Lao (alcool local) m'auront largement suffit pour savoir que le matin, j'allai le regretter.
Réveille difficile? Oui et puis aujourd'hui ce n'est pas farniente, faut tout remettre dans le sac, rien oublier dans la chambre, marcher au débarcadère, monter dans la pirogue, prendre le bus pour Pakse. A quelle heure la pirogue? 11 heures. Et bien bonne chance.

Je viens de m'asseoir dans la pirogue, avec ma gueule de bois, la chaleur étouffante et les gaz d'échappement des bateaux. Non, non Valentine est aussi la, mais ce n'est pas encore un élément perturbateur!!? Mon cerveau est en pilote automatique depuis l'attente du bateau. Y a pas d'aire, il fait trop chaud, je me concentre très fort: inspirer, expirer, inspirer... Mince, je suis pas bien. On embarque!
Je suis donc assis depuis 5 minutes dans la pirogue, avec ma gueule de bois, la chaleur étouffante, les gaz d'échappement des bateaux et Valentine qui papote. Suis pas bien, j'arrive plus à me concentre sur inspirer et expirer... mince je ne vais pas verser ici? Valentine, faut pas me parler!!!
Inspirer, expirer... la pirogue se met en route et créer son propre air, ouf de l'air. Je respire tout seul sans me concentré, victoire. On débarque!
Euh... Valentine... je suis désolé, excuse-moi.  J'étais pas bien... euh... tu sais, j'aime bien quant tu me racontes des trucs...

Dernière soirée à Pakse et c'est déjà le moment de se dire au revoir, Valentine s'envole pour Ko-Samui, bonne suite de vacances!!!

Valentine, MERCI pour ce séjour en ta compagnie, merci pour la quantité et la qualité du temps consacré au partage de  nos deux mondes toujours sur le plan de la bienveillance envers l'autre. Ton écoute généreuse et ton authenticité  m'ont  permis de me livrer, de me confier à toi sans filet et sans crainte. Ta personne à toujours accueillit tous mes propos, mes idées, mes envies, mes utopies, et  ma personne qui nagent un peu à contre courant sans jugement. Je suis heureux, grandi, honoré par notre partage au Laos. Merci de tout coeur!!!     

mercredi 8 avril 2015

Cambodge: Veal Veng - Xa Xia (Frontiere)



Article publié par Léo:


Pas facile de quitter Sipanny, la vie mène toujours exactement là où l'on doit être. Certains éléments de son histoire personnelle raisonnent profondément en moi. Son mode de vie est dans son ensemble, un élément de réponse aux questionnements fondamentaux que se pose, à un moment ou à un autre de son existence, chaque être humain. Merci Sipanny, pour ta confiance, ta sincérité et ton extrême bonté. Tu es une personne admirable qui m'inspire énormément de respect.


Cambodge, Veal Veng District:  Bain et lessive à la rivière


Les Cardamome sont là, leurs hauts sommets de végétation vierge s'élèvent juste à ma droite, je les contournent par l'Ouest, ce qu'implique de raides montées et descentes dans les replis que forment leur base. J'avance sur un chemin de terre rouge, gavillonneux, il faut parfois pousser et les chaussures glissent sur la fine couche de petits cailloux. Il fait chaud, c'est pénible, mais le paysage divertit de l'effort. La foret est dense, très verte et désordonnée, c'est la jungle car je pénètre à présent dans la zone protégée des "Cardamome Nord". Quand les restrictions d'exploitation de la nature sont respectées, des arbres géants ombragent le passage qui sillonne entre des plantes énormes: L'impression d'évoluer dans "Jurasic Parc". Les cris entêtant des calaos coiffés raisonnent comme des appelles continus. J'ai la chance d'en observer longuement un spécimen, avec son long bec proéminent. Un arbre se plie tout à coup dans un craquement de branche, je lève les yeux. Une colonie de singes sautent comme des fous. Il se propulsent d'arbre en arbre, se chassent, se balancent, lancent des attaques simulées à leur congénères... Quel cadeau, quelle chance, je m'arrête pour observer ces boules de poils brun, à la queue longue et à la rapidité de l'éclair... pas très longtemps. Voilà que la troupe s'élance vers le sol, tous, ils descendent de leur perchoir, ils m'ont repérée (bien entendu! Sans doute m'avaient-ils vu avant que je me les aperçoivent). L'estomac se serre d'un seul coup, je respire profondément, le sourire se crispe, je me détourne et reprends la route, l'air de rien... priant qui de droit pour qu'ils décident que je ne suis ni une menace, ni une source de provisions à détrousser! Ils me laissent partir, OUF! Merci "qui de droit"!!! Patcha Mama est toute puissante!



Cambodge, Zone protégée " Cardamome Nord": Une piste rouge qui sillonne dans la jungle!



Cambodge, Zone protégée " Cardamome Nord": Enfin une maison!


A d'autre moment malheureusement, les brûlis ont ravagé la végétation. Encore fumant, des fûts d'arbres se dressent tels des spectres mortuaires. Les géants primordiaux, ont cédés la place à de longues plantations de bananiers. Des tracteurs griffent la terre, la retourne et la broie, violent sa fertilité tant convoitée. Un bien triste spectacle qui n'a d'égal que la laideur des multiples barrages dressés le long des larges cours d'eaux qui s'écoulaient autrefois paisiblement vers l'océan. Ils sont bariolés de caractères chinois, les entreprises du Géant Jaune ont pris le pouvoir, construit des lotissement, villes miniatures, au pied de leurs exploitations pour loger de la main d'oeuvre locale et des ingénieurs fraîchement exportés de Chine roulant à tout allure dans les jeeps neuves étincelantes, sur les dalles de béton aménagées aux environ des retenues d'eau. Un coup de baguette magique et l'appellation "Zone Protégée" se transforme en "Terrain à exploiter", si ont peut y mettre le prix. En contre partie, la quasi totalité des rares villages de la région sont maintenant reliés à l'électricité, cependant seuls les habitants en mesure de payer la note y sont raccordés. Capitalisme quand tu nous tient!!!


Cambodge, Zone protégée " Cardamome Nord": Malgré tout les brûlis sont foison...



Cambodge: la rivière descend lentement vers Ko Khong


A nouveau, les soirées sont ponctuées d'accueils bienveillants et désintéressés. On me loge sous des abris, toujours en position surélevée, la jungle est peuplée de bêtes rampantes et grouillantes. On m'invite toujours à partager des repas familiaux et l'on dégotte immanquablement un-e "érudit" maîtrisant quelques notions d'anglais pour s'enquérir de ma santé, mon itinéraire, ma provenance... L'expression "qui dore, dîne" est ici appliquée à la lettre! On me fait une confiance aveugle, me laissant un aces total à la maison, abandonnant les enfants à ma compagnie sans l'ombre d'une crainte. Il était une fois, un pays où les enfants n'ont pas peur de dire bonjour à l'inconnu, d'entrer dans sa tente, de prendre la pause pour se faire photographier, de l'accompagner dans sa toilette intime (douche en publique avec Sarong cette fois-ci!), d'accepter des friandises... La peur du "Méchant Monsieur (Dame)" est ici inconcevable.


Cambodge, près de O'Som: Réveil en sourire



Cambodge: Au pied des Montagnes du Cardamome


Ces visites "chez l'habitant" me mettent à l'horaire local. Il faut tellement chaud que une grande partie des activités se déroulent le soir et le matin, l'après-midi étant consacrée à la sieste sur un hamac devant (ou par dessus) les étales de son échoppe ou sous sa maison (sur pilotis). Le travail se poursuit jusqu'à ce qu'il fasse trop sombre, puis c'est l'heure de la douche et enfin du repas qui est bien entendu pris en rond, à même le sol, autour de plusieurs petites assiettes garnies de quelques petits morceaux de viande et de poisson dans lesquelles on puise avec parcimonie pour accompagner les bols de riz servis individuellement à chaque dîneur. Et puis les hommes allument des cigarettes et boivent de l'alcool de riz local parfumé aux écorces d'arbres, ce qui lui donne à chaque fois un goût spécifique et inimitable et évite ainsi que le breuvage ne soit qu'un simple tord boyaux. Les femmes quand à elles, préfèrent chiquer du tabac qu'elle calent entre la gencive et la joue. Et moi... je fais tout à l'envers! Le matin, l'activité commence de bonne heure. La palme étant détenue par une confectionneuse de balais en épis de branchages qui débute son labeurs à 3h45, le dos accolé à ma toile de tente. la nuit aura été courte! Après avoir peigné les épis pour les effiler, elle les attachent laborieusement entre eux à l'aide d'une ficelle qu'elle maintient très serrée en la calant entre ses pied à l'aide d'une planchette. L'opération est minutieuses et demande beaucoup d'application et d'effort. Je l'observe admirative, les yeux collés, entre mes cils, feignant le sommeil pour gagner quelques minutes de repos. Le repas du matin consiste couvant en une soupe de riz dans son eau de cuisson, pleine d'amidon, assaisonnée d'oignons caramélisés et de persil, ainsi que du poisson séché finement émincé. J'offre le café à la ronde, et puis, je reprend la route... pas tout à fait reposée et la tête pleine de beaux souvenirs. 


Cambodge, Zone protégée " Cardamome Nord": Village montagnard isolé



Cambodge, Zone protégée " Cardamome Nord":  Relais routier local


Une large pleine marécageuse s'étend devant moi, tout à coup, plus de route... de l'eau recouvre le passage. Une barque m'attend, le passeur charge Diogène et enclenche le moteur de son assemblage de planches à l'aide d'un bout de ficelle trouvé aux alentours. Un milieu de l'eau: panne, une bâche en plastique c'est prise dans l'hélice, une mini-aventure très excitante. Il saute presque de joie quand j'insiste pour lui remettre quelques Riels en échange son service et me donne très précisément des instructions pour rejoindre Russei Chrum, ma prochaine étape. Cependant à O'Som, Lim m'informe autour d'un thé parfumé à la Cardamome, que la route n'est plus praticable, la foret vierge a repris ses droits. Il faut descendre à Koh Kong puis remonter vers Thma Ban si je veux rejoindre par le Sud la réserve naturelle nationale de Kirirum. Un "détour" de plus de 100km... Il me conseille de m'adresser à Nik pour connaître l'état des routes dans cette région. Nik? Oui Nik, il connaît les Cardamome comme sa poche, c'est un expat' qui habite Koh Kong... Avec si peu d'information, il parait bien improbable que je le trouve, j'opine cependant du chef en signe d'assentiment, sans grande conviction toutefois.


Cambodge, peu avant O'Som: Quand la route n'est plus...



Cambodge, alentours de Ko Kong: Délta de Bpow Kah


Et c'est ainsi que je me retrouve à l'océan, sans l'avoir prévu. Rien n'arrive par hasard et donc (à tout hasard, de crainte de louper un message de l'eau de là!), je me dirige droit vers la flotte, cadenasse Diogène à un poteau et plonge dans les vagues bouillantes toute habillée. C'est chaud et salé, ça rafraîchit, ça lave!

Koh Kong, c'est un choc après le rural des montagnes. C'est la grande ville, le marché foisonnant de produits industriels importés directement de Thailande (la frontière n'est qu'à une dizaine de kilomètres), les touristes occidentaux, des boites de nuit, des restaurants, des banques, du wifi... et un aéroport! L'aéroport le plus "bout de brousse" qu'il ne m'ait jamais été donné de voir! Je me renseigne auprès des tours opérateur: Comment rejoindre Russei Chrum? Incroyable mais vrais, on me réoriente sur Nik, toujours Nik. Et je trouve Nik (après une journée de recherche acharnée!!!), dans son appartement-garage, au milieu de ses bécanes de cross qu'il utilise pour parcourir la montagne, toujours à la recherche d'un nouveau sentier. Lui et sa compagne Corally m'accueillent en ami, considérant que nous faisons partie de la même famille des aventuriers. Il sort des cartes, me décris les traces à suivre, puis me monte les vidéos du chemin... Gloups!!! Deux hommes plein de muscles suent et poussent de toute leur force pour faire passer une moto sous des trocs en travers d'étroits passages envahis de broussailles, par dessus des planches de bois pourrissantes jetées au dessus des ruisseaux... Bon Nik, je crois que je passe mon tour pour cette fois, je rejoindrais le Vietnam bien sagement par la route goudronnée qui suit la cote... Il ne reste que peu de jour sur mon visa, je suis seule pour l'expédition, je ne me sens pas les épaules pour cette aventure-ci! Passons à la suivante!

Et elle ne se fait pas attendre. Je séjourne à Paddy Bamboo Guest House (que je recommande très chaleureusement!). Un endroit charmant peuplé de baroudeurs, philosophes, rêveurs, libres-penseurs, révolutionnaires, entrepreneurs alternatifs... L'ambiance est agréable, détendue, joyeuse. Chaque jours le monde y est repeint aux couleurs de l'arc-en ciel. Je tombe malade, des crampes d'estomac et des nausées persistantes m'empêchent de m'alimenter et m'obligent à adopter un rythme vraiment "slow motion". Les locataires se relaient pour m'accompagner quotidiennement au marché pour acquérir quelques bananes et une boissons brunâtre que je me refuse de nommer. Je lis, de dors, je me repose... pour une aventure, c'en est une... plutôt désagréable!!!


Cambodge: Soirée tribale en brousse

Quand ça va mieux, j'accompagne Val et Mouss, pour visiter un terrain que Moy (une belge d'origine cambodgienne) a acquis dans les environs afin d'y monter son affaire. Je suis ébahie par le courage de cette jeune investisseuses. Je regarde autour de moi les yeux écarquillés, sous le choc... On est au milieu de la jungle, des bouquets géants de bamboo poussent partout anarchiquement, la végétation recouvre tout... Il n'y a rien ici, rien de rien, tout est à faire. Elle sourit, rêveuses, confiante. A travers ses yeux, elle voit déjà les installations achevées et les vacanciers profiter du charmes des berges de la rivière qui bordent sa parcelle! Chapeau bas! Moy, je te souhaite de réaliser ton rêve, tu as toute mon admiration! Nous passons la nuit sur son terrain, mais l'apparition sournoise d'un long serpent puis d'un scorpions taille XXL nous ferons déguerpir rapidement pour trouver refuge dans la famille chez qui Moy loue une chambre au le village de Ta Taoy.



Cambodge, Ta Taoy: Accueil chez une famille villageoise


La famille sera charmante. l'arrivage d'une troupe de banc-becs au milieu de la nuit ne semble troubler personne. On s'installe à coté des dormeurs, le plus naturellement du monde dans des hamacs sous la maison. Le lendemain matin, loin d'être embarrassé par notre présence, on la fête. Déjeuner, cuisson sur le feu de noix de cajous fraîches, préparation de crabes, spécialité régionale, dégustation d'alcool local...Tout semble tellement simple, mes camarades peu habitués à ce type d'accueils sont émerveillés. Je profite de la présence de Moy qui joue les traductrices pour me renseigner sur les moeurs et coutumes cambodgiennes. Une journée délicieuse!



Cambodge, Ta Taoy: Accueil chez une famille villageoise

Il me faut reprendre la route, mon visa arrive à échéance. Pourtant, des les premières montées, je réalise mon erreur. Je ne suis pas remise et ma forme physique ne me permet pas de pédaler. Je passe 3 journées de véritable lutte. Je crois mourir de chaud  à plusieurs reprises. Sans pouvoir absorber de nourriture, mon organise se fatigue encore plus. Je souffre de déshydratation et subit des crampes qui me jettent au sol et me font passer pour possédée auprès des villageois très superstitieux. Des femmes m'offrent des pommades et me montrent de façon très maternelle, comment les appliquer sur mon ventre pour faire passer les nausées. Je me sens désespérée, très fragilisée, vulnérable! Je me lève à 5h00 du matin, pédale quand il ne fait encore pas trop chaud et tente de me réfugier dans une Guest House de bord de route dès midi. Pas le courage de camper dans ces conditions. Ventilateurs plein tube, je reste étendue toute l'après-midi, buvant abondamment et tentant de manger quelques fruits ou un peu de riz... 


Cambodge, rivière Chhey Areng: Sur chaque bras rivière, des bateaux de pèche

Ceci dit, dans cette région, les paysages sont magnifiques, parmi les plus beau qu'il m'ait été donné de voir dans ce pays! Les ascensions offrent des points de vue sur des étendues de foret sans fin. Les villages indolents s'égrainent le long de la route, offrant des cadeaux de scènes de vie quotidienne. Les buffles d'eau se pavanent dans les petites marres pleines de fleurs de lotus, les boeufs à bosse si imposant marchent libres en troupeau à travers les rizières sèches. C'est le parfait mélange entre la montagne et la mer, un pied sur les coteaux, un pied dans l'eau. La nature est prospère et généreuse. Il y a le poisson et la volaille, les fruits des bois et les récoltes des champs, l'ombre des arbres autour des propriétés et l'eau des ruisseau à portée de main. L'Imam chante l'appel à la prière envoûtant le ciel du soir et le xylophone du Temple rend mystique les lumières du matin.


Quand j'atteins Kampot et que j'échoue à Tiki Guest House au bord de la Tuek Chhu, j'ai l'impression d'avoir attrapé au vol une boue de sauvetage. L'endroit alternatif est tenu par quelques Bretons punko-anarchistes. Trois jours d'activité minimale, vissée dans les canapés de la terrasse ventée face à la rivière sur laquelle au petit matin défilent les bateau de pèche rentant de mer, et des après-midi à sympathiser avec les nombreux francophones de passage, seront nécessaires à une amélioration toute relative de mon état. Chaque repas est inexorablement suivi de crampes et de nausées. Étrangement, certains aliments incongrus sont mieux digérés que d'autres, ainsi toutes nourritures dites occidentales semblent plus adaptées malgré le fait qu'elles soient grasses et paraissent à priori indigestes??? Je mange ce qui me fait envie sur le moment (c'est à dire, la nourriture à laquelle je peux penser sans avoir envie de vomir), sans tenir compte d'aucun bon sens ou de logique de diététique. 



Cambodge, peu avant Kampot: Les villages se massent autour des rives, on vit de la péche


Carnet de santé mis à part: Merci à Uriell, Arthur, Gérald, Ugo, Laurenz, et les autres pour les superbes moments passés ensemble! Certaines de nos discussions ne sont pas prêtes d'être passées aux oubliettes, pas plus que notre fameuse sortie à 4 sur un scooter. Il fallait bien tester la mode locale!!! Teste passé haut la main, un grand bravo au sang froid du chauffeur!!! Merci de m'avoir traîné au "Garden", cet établissement plutôt chic où je n'aurais pas osé me rendre de mon propre chef, pour une session baignade et transat, et pour votre appréciable compagnie lors des visites au marché. Un marché où règne une vie intense de l'aube au milieu d'après-midi, comme dans tous les marchés du pays. Mais celui-ci a un "je ne sais quoi" qui le rend spécial: il est ordonné, organisé, presque propret. Les commerçants sont d'une honnêteté irréprochable, jamais aucun prix ne sera surévalué devant nos bobines blanches. C'est agréable, on se relâche, c'est relaxant! D'ailleurs Kampot est étrange, bien différente des autres villes traversées au Cambodge. Elle fait se sentir en vacances. Bien que touristique, aucun de ses quartier n'est dédié aux étrangers. Les voyageurs se voient dont invités à prendre part à la vie quotidienne cambodgienne et se mélangent aux locaux largement majoritaires, au crépuscule sur les quais bordant la Tuek Chhu. Ils s'y promènent en famille, des groupes de jeunes écoutent de la musique, des amoureux se bécotent sur les banc publiques, on s'offre des glace à la noix de coco (en sandwich dans une baguette...oui!) et d'autres délices sucrés proposés par des vendeurs ambulants en triporteurs. On y fait du sport, des jeux de balle en équipe, des âmes solitaires lisent au bord de l'eau... Les Kampotais semblent prendre le temps de vivre, savent s'aménager des plages de détentes, s'offrir des loisirs...


Cambodge: Marché de Veal Veng (bien moins ordonné qu'à Kampot)



Cambodge: Marché de Veal Veng  (bien moins ordonné qu'à Kampot)


Service vélo effectué, paré pour le Vietnam! Les derniers kilomètres au Cambodge me font passer par Kep. Je tombe littéralement amoureuse de ses plages de sable blanc. C'est décidé, une fois la frontière franchie, je m'octroie une semaine de vacances à la mer. Pourvu que je trouve dans le pays voisin un endroit similaire à celui-ci! Je dis au revoir au Cambodge sur les images sublimes des visages souriants de femmes maternelles me montrant comment découper l'ananas que je viens de m'offrir, des yeux pétillants du chauffeur de tuk-tuk qui m'aborde en français pour s'assurer que je sais où je vais, des mains qui s'agitent accompagnées des derniers "Hellos" malicieux des petits enthousiasmés, plein de vie; de la face émaciée par l'absence de dents d'un maigre vieillard boitillant croisé au bord de la route, de la douceur dans les yeux des dames, et de la main tendue d'un commerçant m'offrent une madeleine. J'ai aimé le Cambodge plein de douceur, de calme, de gentillesse, de patience, d'Humanité...