mardi 27 janvier 2015

Thailande: Tak - Kachanabouri


Article publié par Léo

Première nuit dans la plaine centrale et première aventure. Je suis fatiguée de cette longue étape et souhaite m'offrir une boisson fraîche. Aux abords d'un établissement scolaire d'un des village qui longent la rivière Mae Nam Ping, un drôle de stand mobile est arrêté. Il y en a des dizaines comme celui-ci en Thailande. Il s'agit d'un scooter sur le côté duquel a été bricolé un large comptoir surmonté d'un couvert, des vitrines en péxiglass exposent les aliments qui sont propose à la vente. Ces drôles d'engins se transforment donc en cantines mobiles, stands de glaces et boissons ambulants, de véritables boutiques itinérantes. La cloche vient de sonner et les enfants se pressent contre la barrière du préaux en tendant leur argent pour obtenir un rafraîchissement. Je m'approche et commande un délicieux café glacé que je sirote sous l'oeil curieux des élèves, tout sourire, gênés et fascinés en même temps. Il se fait tard et j'interroge les adultes présents sur la possibilité de camper dans la cours d'école. Cela ne semble pas rencontrer un franc engouement, ce serait dangereux. C'est une expérience que je vais vivre à de multiples reprises dans les semaines qui suivrons. L'endroit ou je demande à camper serait toujours, pour les locaux "pas assez sure" et ils ne cessent de me proposer d'autres lieux de couchage ou m'indiquent simplement vaguement de continuer ma route jusqu'à un endroit plus adéquat. C'est fatiguant, quand on souhaite s'arrêter pour la nuit, c'est qu'on est déjà fatigué et qu'on ne tient pas particulièrement à pédaler plusieurs dizaines de kilomètres supplémentaires. C'est un concept que les autochtones semblent avoir du mal à cerner. D'après mon expérience, en Thaialnde, ce n'est pas courant d'accepter qu' voyeur séjourne sur son terrain. Peut-être les personnes se sentent-elles responsables si toute fois je me trouvais en difficulté au cours de la nuit, et il est incontestable que le fait que je sois une fille seule ne facilite pas les choses. Cependant, ce que ces gens ne comprennent pas, c'est que s'ils me refusent l'accès aux abords de leur maison, j'irais camper librement dans un champs voisin, et me retrouverais donc sous la protection de personne. Au final, la situation sera donc "pire" que celle envisagée initialement. J'expérimente cela régulièrement, mais je tiens à souligner qu'absolument tous les campings sauvages que j'ai établi, ont été parfaitement sures. Parfois, j'ai poser la tente sous un abris de bamboo, juste à côté de la route, les passant n'ont jamais témoigné le moindre signe d'étonnement, d'intérêt déplacé. A aucun moment ils me m'auraient importunés ou aurait eu un comportement qui aurait généré des craintes. Cela me fait dire que la Thailande est vraiment un pays où il est facile de voyager. Tout se passe comme si le cerveau des thaïlandais  était exempt de "mauvaises pensées", il semble qu'il soit incapable de calculer un mauvais coup, ne contenir aucune cupidité, aucune envie, jalousie...

Après quelques échanges avec la professeur d'anglais de l'école, je me vois installée dans l'une des classes désertée de tous jusqu'à demain matin 7h00. Les journées de classe semblent longues pour les étudiants thaïs! Je ne sais pas dans quelle mesure la qualité de l'enseigement est élevé dans les écoles villageoise, mais ce qui est sure, c'est que les petits y passent beaucoup de temps. Il va donc falloir se réveiller tôt! Avant de s'éclipser, l'enseignante s'assure de me fournir de la nourriture et de me montrer les convenances. Je déguste donc un superbe curry de légume accompagné de riz, me désaltère d'un sirop glacé et pour le dessert grignote des galettes de riz soufflé au goût étrangement et simultanément pimenté et sucré. Au soleil couchant un vieux monsieur vient faire un peu de marche autour du terrain de foot, il s'arrête pour converser quelques minutes, les jeunes gens qui tapent la balle ne s'approcheront même pas, et plus tard, alors qu'il fait déjà nuit, un couple de villageois, avertis de ma présence à l'école, viendra même m'apporter des fruits et du lait. Non, ce lieu de campement n'est pas dangereux, il est idyllique! C'est une sorte de all-inclusive gratuit et sympathique. Le lendemain matin, c'est des centaines d'enfants en uniforme qui s'inclinent devant moi les paumes jointes devant leur nez pour me dire au revoir!


Thailande, pres de Tak: Une nuit dans une école Thai


Je rejoins Wang Chao, où habite la famille de Ploy, une amie de mon père vivant en Suisse. Nous avons prévu que je séjourne chez elle quelques jours. La maison se situe un peu à l'écart du village et il me faut demander mon chemin à plusieurs reprises, c'est un véritable jeu de piste qui s'engage pour moi. Au marché, des passants dégottent quelqu'un qui parle anglais. je lui montre l'adresse que je cherche, et le branle bas le combat commence. Elle me dessine un plan détaillé, s'enquiert du kilométrage précis auprès de tous, jalonne mon parcours de points de repère  je pourrais également m'informer si je me perds, recopie l'adresse en caractères Thai pour que je puisse montrer la note à quiconque croisé en route... Un haut niveau de serviabilité, une volonté commune de m'aider s'empare de la foule du marché. C'est un peu trop, il ne me reste plus que 4km à parcourir... je suis sure de pouvoir m'orienter... l'empressement à la gentillesse des Thai m'atterre. Je n'ai pas si tôt parcouru la moiter du chemin qu'un scooter m'arrête :"Your are Leo from Switzerland, Ploy friend!". Oui, c'est moi, et elle, c'est sa belle-soeur qui m'indique encore une fois la route à suivre. La mère de Ploy m'attend de pied ferme et les bras ouverts sur la rue, devant le mini-market qu'elle tient avec l'appui de sa propre mère et de son maris.
Tout s'enchaîne. On m'installe dans une chambre indépendante qui comprend même sa salle de bain privée. J'ai presque le sentiment qu'on m'offre un confort auquel eux-mêmes ne s'attardent pas. Pour exemple, les parents de Ploy dorment dans l'arrière boutique du mini-market sur un matelas au sol. Cette situation semble leur convenir parfaitement, cette famille possède tout ce dont elle a besoin et semble se contenter de l'essentiel pour être heureuse. Quatre générations vivent regroupées dans diverses petites maisons autour d'une cours en terre battue  jappent quelques chiens et chats, leur rapports interpersonnels sont plein de joie et de calme, on se sourit beaucoup. Tout au long de mon séjour, à aucun moment je ne percevrais la moindre tension entre les membres, ni le moindre stress face aux activités de la vie quotidienne qui se déroulent de façon très désorganisée selon mes perceptions occidentales. Mais qui sont en réalité tout à fait ordonnées et logiques par rapport à la culture thai
C'est là  la plus grande découverte de cette immersion dans la vie quotidienne et authentique. Je réalise à  quel point je suis ignorante des moeurs et coutumes de ce pays, je réalise mon incompréhension profonde du système familiale, des fonctionnements des relations, des interactions sociales, de la perception du temps et des normes de proximités et de propriété entre les individus... Je suis incapable de définir précisément les rôles de chacun envers les autres membres de la famille et les taches que ces rôles comprennent. C'est déstabilisant et très enrichissant. Traversant un pays, on se permet de s'exprimer à  son propos, de donner des avis, de prétendre des choses... Rester avec la famille de Ploy me démontre que je ne sais rien de la Thailande. Ma transhumance ne m 'a permis d'observer qu'une couche très superficielle de la culture, qui est en réalité très subtile et dont beaucoup aspects, à  mon grand désarrois, resteront un mystère complet malgré mes efforts pour les percer à  jour. C'est un rappelle aussi, un appelle à  la prudence au non-jugement: avant de s'exprimer sur un sujet, il vaut mieux se souvenir que nous ne parlons qu'à  partir de notre propre point de vue, en fonction de nos propre grilles de lecture, normes, habitudes... Tout jugement devrait donc être pondéré et référé uniquement au vécu personnel, sans généralisation!
Petit sentiment de déception aussi: prendre conscience qu'on ne sait pas, alors qu'on croyait avoir fait des découvertes. C'est agaçant. Frustration de même, comment en savoir plus? Combien de temps faudrait-il séjourner au sein même d'un tel  contexte pour commencer à entrevoir les choses sous un angle local? Quels comportements, quelles situations ne donneraient-ils accès à  ces mystères? L'itinérance tout à  coup, m'apparaît comme une pratique consommatoire. On avale du pays, on vole de découverte en découverte, on ne cesse d'écarquiller les yeux devant des nouveautés incessantes, mais le fond des choses nous reste toujours inaccessible. Moi qui me sentais aventurière, je me sens un peu bête, réalise que je ne suis pas grand chose d'autre qu'une voyageuse lambda, une simple découvreuse de surface...




"On n'est jamais mieux trompé sur terre que par soi-même, et c'est avec de tels prétextes que je me donnais le change". Charles Dickens: Les Grandes Esperences

Un accueil chaleureux par la famille de Ploy, MERCI!!!


C'est donc un superbe cadeau que m'offre la famille de Ploy, une immersion absolue, un accès sans restriction à leur mode de vie et organisation. Gai, la grand-mère à  l'énergie déconcertante, enfourne sans discussion possible mes affaires dans la machine à laver, la mère me sert prestement une immense assiette de PahdThai (spécialité de riz sauté) qu'elle agrémente d'une quantité d'oeufs invraisemblable sachant que je ne mange pas de viande! Le père s'assure que la douche et la climatisation est à ma convenance, la belle-soeur joue les traductrice quand la gestuelle ne suffit pas, la petite dernière (3 ans) me présente chacun de ses jouets, le frère et le père partagent, au soir venu, des bières fraîches en feuilletant un guide de traduction français-thai pour alimenter la conversation. Les  enfants partent à  l'école de bon matin, les journées s'écoulent dans la paix et le calme, on part au village pour réapprovisionner les étales du mini-market ou envoyer des commandes, on grignote des sucreries, des boisons fraîches destinées à la vente. J'ai du mal à repérer un rythme dans le déroulement des taches quotidiennes, des moments de repas et de repos.  Les clients se font plus nombreux en fin de journée, lorsque le travail des champs est terminé, on me présente personnellement à chacun d'entre eux, tous sont des habitués. Beaucoup d'hommes viennent seulement pour boire un coup, ils donnent 10 Bath à  la tenancière et se servent aux-mêmes un verre d'alcool de riz (une dosette est posée à cet effet près des bouteilles) qu'ils boivent d'une traite avant de repartir, d'autre s'attardent et une bouteille est alors partagée en fumant quelques cigarettes et toujours en discutant, le sourire aux lèvres.
Pendant ce temps, les femmes préparent le repas du soir, je mets la main à la pâte ce qui me donne l'occasion d'observer la préparation des plats locaux: légumes sautés, tofu et oeufs en sauce sucrée-salée, légumes verts vapeur et toujours le riz bien entendu. L'aigre doux et le piments tiennent un rôle important dans cette cuisine, Gai est une grande adepte d'une pâte de cacahuètes au chilli dont elle glissera une portions dans mes sacoches au moment du départ, m'expliquant par gestes qu'il s'agit d'y tremper de petite boulettes de riz, puis elle montre ses muscles et mouline avec ses mains, pour exprimer que ce régime me donnera la force nécessaires sur le route, merci Gai!!! Je reçois aussi une boite en fibre de bamboo tressé, c'est un objet typique, on y met le riz quotidien afin de l'emporter avec soi quand on mange en dehors de la maison. Avant mon départ, elle est remplie à ras de bord, on me fournis aussi un stock d'oeufs durs qui me durera plus d'une semaine. Toutes ces attentions me touchent profondément, on me demande de revenir, me souhaite bonne route... La gentillesse des humains m'est toujours et encore  offerte, et c'est toujours et encore avec un immense sentiment d'être privilégiée que je la reçois. Merci à Ploy et sa famille pour leur accueil, l'intérêt porté au projet et l'humanité qu'elles m'ont donnée.

Thailande, Wang Chao dans la cuisine familiale



Thailande, Kampeang Peth: Parc historique

Kampeang Peth, est un des bastions fortifié au temps du premier Royaume de Siam, dont Sukotai, située qu'a une centaine de kilomètres de là, au Nord-Est, était la capitale. Les ruines de la vielle ville s'étendent dans un univers de jungle. dans le parc historique, quelques temples ont été dégagés de la végétation abondante et la partie en brique de leur restes trône tel des spectres oubliés sur lesquels poussent des arbres dont les racines s'accrochent aux monuments. La nature a repris ses droit sur d'autres Temples et le travail de rénovation prendra certainement beaucoup de temps et engouffrera des fonds importants. C'est un travail de titan pour remettre sur pied l'ensemble de la cité qui constituait un rempart, une avant garde contre les potentielles invasions bimanes cherchant à attaquer Sukotai. Le site est gigantesque et je le parcours à vélo, n'y croise que peu de visiteurs et ma promenant est plutôt accompagnée par les nombreux écureuils et oiseaux du paradis qui s'ébattent dans les arbres. C'est étrange d'effectuer cette visite en solitaire, je n'en ai pas l'habitude et  ce moment là, une compagnie me manque. Je souhaiterais échanger mes impressions, réfléchir ensemble à propos de ce que j'ai sous les yeux, attirer l'intention sur les point de détails des monuments. Une nouvel apprentissage est en route, accueillons le!

Thailande, Kampeang Peth: Parc historique

Thailande, Kampeang Peth: Parc historique

Le temps est à la pluie et heureusement peut-être car la plaine centrale, je le découvre, est extrêmement plus chaude que les montagnes. Je profite de ces quelques jours de mauvais temps pour traîner sur les quais et dans les marchés où je découvre quotidiennement de nouvelles sensations gustatives. Mon palais fait la connaissance de plusieurs fruits exotiques aux textures et goût imprévus: Fraises-pommes, tamarin, ballons à piques et pommes à noyaux (noms inventés par moi)... Il y a aussi les pâtes d'amidon de riz colorées au lait de coco, les soupes de champignons, des curry diverses. Les marchés sont décidément un régale pour tous les sens et je m'y arrêterai à chaque occasion qui se présente, en ville, ainsi que dans tous les petits villages que ma route croisera, toujours de belles occasions d'observations, d'interactions intéressantes et de dégustation.

L'arrêt se prolonge et j'ai le temps d'envoyer quelques cartes postales en Europe. Pour acheter des timbres, je me rends à la poste. Et c'est avec soulagement que je constate que ma demande d'envois vers l'étranger ne semble poser aucun soucis au guichetier en charge, ça me change de mes mauvaises expériences chinoises. Tout simplement donc, on me fournis ce que je demande, une fois les timbres en ma possession, c'est tout naturellement que je m'apprête à en lécher le dos afin de les coller sur les cartes. Je tire la langue et y pose le premier. Les yeux du guichetier s'écarquillent en grands, cet homme si sympathique, avec qui j'ai plaisanté une seconde plus tout, semble atterré, confus et sous le choc, son regard trahit l'étonnement et je remarque qu'il contient un sentiment très fort de désapprobation. Il dit une phrase qui contient le mot "Falang" et qui veut clairement signifier: "Les étrangers sont fous!", pas besoin de parler le Thai pour comprendre cela. Presque instantanément, je réalise mon erreur et j'ai vraiment beaucoup de mal à contenir mon fou rire, c'est que l'affaire est sérieuse... Je viens de lécher le Roi!!! Les timbres, comme les billets de banque sont estampillés à l'effigie de Bhumibol Adulyadej (Rama IX),  roi de la nation depuis plus de 60 ans. Cet homme jouis d'une déférence importante auprès de sa population, des images de lui figurent dans touts les commerces, les maisons, à chaque coin de rue. Froisser ou marcher sur un billet de banque est punissable par la loi, car, comme son portrait y figure, ce serait un acte d'irrespect directe à sa personne... alors que penser du fait d'enfourner à demi sa photos dans sa bouche... je ne cois pas que ce soit une très bonne idée tout bien réfléchit. Le postier, reprend contenance, avale, sourit à nouveau et me tend gentillement un tube de colle. En me pinçant les lèvres, je me remercie et n'en vais coller mes timbres de façon socialement acceptable dans un coin, tentant de me faire oublier pour pouvoir laisser sortir mon amusement.


Tailande, environ de ban Rai: champs de cannes à sucre


Direction plein sud en longeant par des routes secondaires, les montagnes qui marquent la frontière entre la Birmanie et la Thialande. Sur ce parcours, le paysage change plusieurs fois par jour. tantôt je pédale au milieu du vert éblouissant des rizières noyées, poncées de cocotiers comptant plus de 250 fruits à leurs palmes, et de bananiers croulant sous les régimes encore verts. Parfois je traverse des forets de feuillus qui semblent souffrir considérablement de la chaleur de la saison sèche, un tapis de feuilles brunâtres recouvre le sol. puis, sur des kilomètres, des champs de canne à sucre sont en pleine récoltes, des hommes et des femmes masqués (pour éviter la poussière) coupent à la machette, une à une les tiges. Rangée après rangée le champs devient nu, les cannes sont hissées par une machine sur les camions qui terminent surchargés, en fille presque continue et à toute allure sur les routes en direction d'une usine aux dimensions impressionnante dans les environs de Ban Rai. Une odeur spécifique s'en dégage, une odeur de paille sèche, mais aussi une odeur douceâtre, entêtante, lourde. La halle de l'usine dépasse le kilomètre et demi de long et la fille de camion qui attendent de décharger est tout bonnement invraisemblable! Tantôt, c'est la jungle, verdoyante, désordonnée, brute.
Le long de la route, se trouvent des habitations, selon les endroits celles-ci diffèrent beaucoup les unes des autres, parfois ce sont des constructions en béton, de plein pied, peintes de couleurs vives en général et au toits de tuiles. A d'autres moment, je retrouve les habitations en bois sur pilotis, couvertes de tôle ondulée, de palmes ou de feuillage ordonnés dans un tressage qui les rend étanches. Plus sommaires, elles ne sont pourtant jamais précaires, cela semble une question d'adaptation de l'habitat à l'environnement plutôt qu'une question monétaire. Les espaces autour des logement sont entretenus, tenus net, balayés et débarrassés des plantes envahissantes quotidiennement. Du linge pend toujours à un endroit ou à un autre des propriétés. Très souvent on y trouve des éléments de décoration (plants en pot, sculptures, souches, peintures...) et presque toujours le phra phum, ce fameux petit Temple, refuge de l'Esprit protecteur des lieux. Ces phra phum sont sont systématiquement abonnement décorés de moulages en terre cuite, de guirlandes de fleurs, d'images diverses et de représentations de divinités. On y trouve aussi de l'encens, des boissons, de la nourriture, des bougies qui sont autant d'offrandes apportées chaque jour à l'Esprit résidant.


Thailande,  phra phum: "maison de l'Esprit" chargé d'offrandes et de décorations



Le début de l'étape est plate, et constatant que j'avance relativement vite, je décide de m'offrir une demi-journée de bien être aux sources d'eau chaude de Samo Thong. Plusieurs fois déjà j'avais rencontré des panneaux touristiques indiquant ce genre d'activité et j'avais toujours hésité à m'y rendre. Cette fois, je cède et je ne suis pas déçue. Pour un prix plus que modique, je me vois conduite dans une petite salle personnelle où se trouve une douche et une baignoire cylindrique qui s'enfonce dans le sol. On ouvre une grande vanne, l'eau chaude se déverse dans la baignoire et il ne reste plus qu'à tremper, se détendre et apprécier l'oisiveté. Comme c'est agréable, je passe la matine à goger en lisant, les muscles se relâchent, les cales se ramollissent (ce qui me vaudra un beau mal de cul ensuite car la peau n'est plus dure là ou elle frotte contre la selle). Un beau moment de détente absolue que je n'avais pas planifié. Je me sens bien, propre, sereine, relaxe... parfait!



Tailande, source d'eau chaude de Samo Thong : et deuxième utilisation du maillot de bain!


Je campe sur le site et en fin de journée fait une rencontre plutôt inattendue. Un groupe de Lady Boy venant de Nakhon Sawan vient prendre l'apéro face au lac artificiel de Huay Khun Kaew sur lequel le soleil se couche, c'est idyllique en effet! Du coin de l'oeil j'observe leur manège, leurs habits de femmes, leur posture, leurs gestes efféminés, leur ongles vernis, leur cheveux longs et bien coiffés, leur maquillage, outrancier à mon sens, la poitrine des unes, le renflement du pantalon des autres... Elles, m'observe aussi. Je les sens plutôt déconcertées de me voir vêtue d'habits si sales, assise à même le sol, bataillant avec mon réchaud que l'essence bon marché encrasse à tel point qu'il y a de la suie partout et en particulier sur mes mains, qui sont maintenant noires charbon... Dans leur quête de la féminité (une certaine forme de féminité car je ne suis pas sure que la féminité soit exactement et uniquement ce qu'elles semblent y voir), mon attitude en tant que femme les déconcertes. Dans ma quête à la recherche de QUI Je Suisse Vraiment (apprendre à me connaître plus en profondeur...), leur façon de jouer avec l'identité m'intrigue. Cette rencontre n'a duré qu'une petite demi-heure et nous n'avons finalement que peu communiqué verbalement. Cependant, cette rencontre a été source pour moi de très profondes réflexions.
Qui sommes nous? Et cette question-t-elle un sens? Qu'est ce que l'authenticité? Et pourquoi être en recherche d'identité? A quoi peut bien servir une quête visant à déterminer ces caractéristiques profondes? N'est ce pas une quête vaine, perdu d'avance? Nous sommes des êtres en perpétuelle mutation, chaque instant est unique et nos actions toujours en fonctions d'une multitude de facteurs! Par extension, nous sommes toujours unique dans l'instant, toujours diffèrent! Nous ne cessons de jouer des rôles et fonction du contexte et de l'interlocuteur, en fonction de nos émotions et de nos besoins du moment... Contrairement à ce que j'ai pu dire à une amie très proche dernièrement, peut-être ne sommes nous pas! Peut-être somme nous en devenir perpétuel!!?? Et pourquoi ne pas observer plutôt mes facultés d'adaptation, de changements, mes compétences à ne pas m'enfermer dans une identité réductrice? Pourquoi ne pas apprendre à regarder avec bienveillance mes compétences à la multiplicité? Les Lady Boy jouent avec l'identité, elles montrent une image d'elles-mêmes qui est clairement une tromperie. Elles accentuent des aspects d'elles-mêmes qui ne sont clairement pas leurs caractéristiques premières, s'amusent avec cette duperie si évidente et pourtant si rattachée à ce qu'elles peuvent ressentir profondément dans leur fort intérieur. Ce faisant, ne sont-elles pas entrain de nous montrer que nous sommes tous entrain de jouer un jeu? Simplement, elles le joue de façon exacerbée, sans limites (certaines vont jusqu'au bout de leur démarche et subissent une opération afin de changer de sexe et l'incluent comme individu "à part entière" du genre "opposé"). D'une certaine manière, elles nous donnent une leçon. La leçon des apparence, nous sommes toujours en représentation. La sincérité, la vérité, l'authenticité, c'est la quête du graal. Une quête impossible car en cherchant qui nous sommes vraiment, profondément (dans l'absolu), nous cherchons à définir une choses qui n'est pas définissable en terme figés, puisque elle se module en continu... Et s'adapter c'est justement que qui nous a permis de survivre pendant des millénaires en tant qu'espace! Vouloir savoir qui on est, c'est arrêter un processus, le processus de la vie, c'est en quelque sort, vouloir mourir! Parfois, des petits rien nous éveillent et l'aventure continue!

"Il était venu jusqu'ici, dans ce coin perdu, avec l'intention de découvrir une certitude, un absolu, un sens à son oeuvre, voire à sa personne, quelques chose d'achevé, de vrai, de réel. Quelques chose de plus. Grossière erreur (...), ce qui lui faisait défaut, c'était un bonne dose d'audace et une nouvelle approche". Nicolas Barker: Les écorchés vifs. 


Thailande, près de Ban Rai: camping sauvage

Thailande, Nong Prue


Mes campement sur ce tronçon seront tous très différents. Des cahutes de bamboo au milieu des champs abrite quelques une de mes nuits, j'aime bien ses endroit, il s'en dégagent une certaine sérénité. Quand je suis perchée sur la petite construction sur pilotis et que j'observe les couchés de soleil sur le paysage environnant, je me sens bien, paisible dans ma solitude silencieuse. Puis les étoiles s'allument les unes après les autres et le ciel de la nuit, par contraste de celui de la journée, toujours laiteux, devient d'une clarté incroyable, une toile à point lumineux intense, un cadeau. Il y a aussi les matins roses, les vols d'hirondelles, la musique égaillant le début de journée de chaque maisonnée et que je perçois très distinctement depuis ma tente.


Thailande: campement sous un abri de bamboo

Thailande: lumière du matin sur les champs fauchés

Il ne m'est pas facile de camper aux alentours des Temples. Les monastère occupés uniquement par des bonzes hommes ne veulent pas de moi sous leur hospices durant la nuit. En tant que femme, je n'ai théoriquement pas le droit de m'adresser directement à un moine, de le toucher bien entendu, et même lorsque je leur donne quelques chose, je suis supposée le déposer sur leur bol et non pas le leur remettre en main propre. Ces règles seront remises en cause à de multiples reprises, en effet, il m'arrive régulièrement de rencontrer des moines en pèlerinage sur les routes de campagnes que j'emprunte. A l'occasion, je leur remets parfois un peu de nourriture (et parfois c'est eux qui m'en donnent!), la plupart du temps, sans me tendre leur bol, il prennent directement mon offrande et entament la conversation de façon très détendue. L'un deux me demande dans un anglais parfais: "D'où venez -vous? -Je viens du Suisse et je vais au Cambodge. -Vous faites le tour du monde à vélo... moi, je marche dans la foret." Cette dernière phrase ponctuée d'un sourire et d'un clin d'oeil qui signifie pour moi: "c'est pareille, je me reconnais en toi comme tu peux te reconnaître en moi, nous sommes du même monde". J'ai des frissons, merci!



Camper au Temple donc est toujours "dangereux" et donc aux environ de Dan Chang, un des ouvrier oeuvrant à la construction de l'édifice, m'escortera jusqu'à la station de police toute proche pour que j'y passe la nuit en toute sécurité. Ohw, le brigadier en chef fait preuve d'une gentillesse hors du commun. Il m'installe dans une chambre confortable avec toilettes attenantes, m'apporte de l'eau et des fruits, s'assure avec une attitude très  protectrice que je suis bien installée avant de me convier plus tard au barbecue qu'il improvise avec l'un de ses collègues dans la cours. En Thailande, j'ai remontré à plusieurs reprises sur les poste de police un écriteau indiquant : "The policeman is someone who help the people". Ma fois, c'est extrêmement vrais ici, et c'est plutôt déconcertant quand on vient de l'occident où la police est perçue comme, au mieux, un organe de contrôle, au pire une milice chargée d'imposer des limites claire et parfois réductrices aux libertés des individus, des groupes, des nations... Souvent, le guidâmes a l'impression que nos gardiens de la paix utilisent l'autoritarisme et la répression dans leur mission de maintenir l'ordre. Ici au contraire c'est un travail préventif qui est accomplit. En étant présent et disponible à la population, les policiers aident à forger une cohérence sociale et favoriser une atmosphère de coopération et un environnement détendu. C'est sans doute plus simple dans une société qui, comme je l'ai dis, ne semble pas connaître ni le mépris, ni la concupiscence, ni la méchanceté... Tout est Chabay, Chabay: " tranquille, tranquille!"



Cette nuit, la musique m'a quasiment empêchée de dormir, tout la nuit sur un rythme effréné, un karaoké a distillé les plus grand tubes du moment. Ce matin au réveil, du bruit, encore, c'est une fanfare, jouant quelque chose de similaire à nos Guggen Music de carnaval. Je décide d'aller voir et les notes m'emmènent au Temple. Une foule est rassemblée, la fanfare s'en donne à coeur joie, je m'approche. Un cortège s'est forme, il tourne autour du Temple, le public danse, les timbales tintes, la grosse caisse raisonne, les tubas crient, une procession religieuse suit. Au centre un moine en robe blanche, les cheveux rase accompagné d'effigie de Boudha et d'effigies garnies de sculptures de fleurs représentant les parents, les ancêtres. De temps à  autre, le religieux lance des poignées de piécettes emballées dans des sortes d'ogigamis en tulle, la foule se jette dessus, car elles représentent symboliquement la bonne fortune, la bonne vie et la bonne santé pour celui qui l'empoche et sa famille. Un groupe d'infirmières venues de Kachanaboui m'invitent à prendre part à la danse, d'abord retissante, j'accepte. Elles parlent anglais et m'initient aux différentes parties du rituel. Il faut tourner 3 fois en dansant autour du Temple pour attirer la protection et chance sur soi et sa famille. J'en reste aux pas cadencés en bougeant mes mains de droite à gauche devant ma poitrine. Les subtilités de la grâce des contorsions de poignets et autres positions subtiles des doigts de la danse Thai restent un mystère pour moi. Après 3 tours de piste, le prêtre fait face à la foule et déverse sur elle quantité de piécettes emballées, j'en reçois deux que j'accroche avec les autres gri-gris reçus en cours de route au guidon de mon vélo qui devient peu à peu un véritable sapin de Noël... Ensuite, la foule pousse symboliquement le bonze à  l'intérieur du Temple pour lui demander de prier pour la bonne vie de chacun, puis elle se disperse laissant le moine à  ses médiations. Encore une aventure incroyable et inattendue, j'ai tellement de chance! C'est merveilleux ce qui m'arrive sur les routes du Monde!


Thailande, Nong Prue: dansez trois fois autour du temple!


Thailande, Nong Prue: Le moine lance des portes bonheur a la population



Je ne suis pas très sure d'être sur la bonne voie, quand je demande Si Sawat, on me dit que c'est à 10km, un peu plus loin que le village se situerait à  90 km... Et puis, on m'indique aussi que j'y suis, ici, c'est Si Sawat... Dilemme, finalement c'est une fois de plus, les policiers qui m'aident à  me repérer et me mettent sur la bonne voie. Les montagnes recommencent alors que je m'approche de Kachnabouri. Les montées n'ont cependant rien à voir avec celles gravies précédemment. J'éprouve du plaisir à  m'élever ainsi de façon  plus raisonnable! Quelles que belles ouverture, donnant une vue à 360 degrés sur les colins environnantes qui semblent tout recouvrir, l'atmosphère est toutefois trop laiteuse et les photos sont misérables.
Les pentes positives à  répétition me donnent soif, je m'arrête dans un petit marché villageois espérant trouver des fruits frais. Rien, on m'explique qu'ici, dans la montagne, il n'y a pas de fruits. Un peu plus loin, j'aperçois un papaye charge de fruits dans la propriété d'une famille dont les femmes sont entrain de taper des épis sur une grande bâche tendue afin d'en recueillir les graines. Désignant l'arbre, je demande à acheter quelques papayes par signe, le message est compris 5 sur 5. On me fait entrer dans la propriété, asseoir confortablement sur la terrasse et un homme accourt avec un demi fruit prêt à être dégusté. Puis les femmes arrivent avec de l'eau glacée et un sachet entier de papayes, impossible de payer un centime. Une femme me demande où je dort ce soir. Je mime camping, elle mime ici, me désignant un abri de bamboo surélevé où installer ma tente, "demain tu repars pour Si Sawat, mais en attendant voici les wcs, veux tu de l'eau chaude pour un café?". Il est encore tôt, mais c'est la première fois dans ce pays que je me fais directement inviter spontanément par une famille, j'accepte, monte le camp et rejoint les femmes dans leur travaux agricoles. Une fois les épis vidés de leur graines, on brûle la paille et on douche les enfants, puis c'est le repas. Malheureusement, une fois de plus, celui ci me sera servis en aparté, nous ne partagerons pas le moment. J'ai bien du mal à comprendre les rituels lies à  la nourriture dans ce pays. Tout ce passe comme si les gens mangeaient en permanence, ils mâchent toujours un snack, toujours des sachets de victuailles dans les mains quand ils marchent dans la rue, mais jamais personne ne semble s'arrêter véritablement pour un vrais repas conséquent. C'est un peu frustrant, car pour moi, c'est un moment important de la journée et je souhaiterais pourvoir le partager, et en l'occurrence avec mes hôtes qui plus est.
Leur maison est gigantesque et d'une simplicité troublante. Seuls deux pièces sont fermées par des cloisons en fiparpaing, la chambre des parents et une autre pièces dont je ne connaîtrai jamais l'utilité. Les enfants dorment sur de fins matelas à même le sol, dans une sorte de séjour fermé sur trois cotés uniquement, où trône une commode, une armoire et un télévision. La cuisine se situe sur l'un des nombreux balcons qui entourent la maison, toute en bois. Quelques grosses casseroles, des ustensiles, quelques couverts et une bonbonne de gaz sont suffisent à  nourrir toute la tribu, j'ai droit à une nouvelle ration de Padh Tai aux oeuf, je vais tourner en poule! L'espace où l'on mange comprend une table en bois et 4 chaises probablement faites maison. Cette famille a tellement peu, a uniquement l'essentiel, elle ne semble pourtant pas pauvres (ils ont une voiture type jeep et 2 motos, la salle d'eau à l'écart est parfaitement équipée et reliée à l'eau courant, il y a même une machine à laver le linge), elle est en tous cas riche de joie de vivre, et de le temps. Temps à partager non seulement avec moi, mais entre eux aussi. Continuellement, le maris et l'épouse discutent, les enfants sont embrassés, soignés, portés, considérés... Tout se passe de façon si paisible! A 6h30 du soir, je suis sous tente et m'en dore sans délais pour ne me réveiller le lendemain matin qu'à  7hoo environ, plus de 12 heurs de sommeil d'affiliée. J'en avait besoin et cet univers familial  m'a mise tellement en confiance que tout mon corps, et mon esprit se sont totalement relâchés.



Thailande, Ban Klang: Though et ses enfants devant sa maison

Au petit matin, j'entends déjà la famille s'activer autour du jardin, ces gens sont des sommes de travail, ils ne dorment (et ne mangent?!) jamais! On fait du feu et on s'assoit tout simplement autour pour se réchauffer de la fraîche nuit que nous venons de passer. Plus tard, on y cuira des bananes pour un petit dej' au naturel Les adultes mâchent le Kat, de l'écume rouge se dépose au bord de leurs lèvres et sans complexe, ils sourient en grand quand je leur montre les cartes géographiques. Les hommes s'éclipsent, pour le travail sans doute, les femmes n'attirent dans leur maison et sortent les albums photos. En feuilletant les pages, on ne présente à toute la famille, la famille étendue, les amis, les professeurs... On me confie des clichés pour le souvenir, un cadeau inestimable quand on voit le peu avec lequel ces personnes vivent. Je suis touchée très profondément et essaie de leur donner en retour le peu que je transporte avec moi. L'heure du départ a sonné, on ne salue avec chaleur puis on se détourne. C'est ça être vraiment là, être dans l'instant présent, c'est être totalement disponible et puis totalement absorbés par la tache qui s'accompli. Merci à vous Ban, Ying et Though non seulement pour votre accueil généreux, mais aussi pour cette belle leçon!!!


Descente, puis remontée, puis redescente... La route est quasiment déserte depuis quelques jours, j'emprunte un itinéraire plus que secondaire. Du silence, de la solitude... ça me fait du bien. Le haut du col se profile enfin et s'ouvre sur les dizaines d'îles qui s'éparpillent sur le lac artificiel de Si Nakharin. Une longue pente me mène jusqu'à Si Sawat où Sephan et Matthias, deux cyclo allemands rencontrés dans les montagnes près de Tha Song Yang, m'avait conseillé de camper. Cependant, c'est encore tôt, je prends de l'eau et décide de pousser un peu plus avant. Tout à coup, j'entre dans une foret étrange, un silence anormal y règne, les cannes de bamboo raisonnent de façon un peu sinistre lorsque les feuille tombent le long des tiges... Je ne peux l'expliquer, mais je ne me sens pas rassurée ici. Il est maintenant tard et il faut que je déniche un coin camping. J'hésite, explore des possibilités, reviens sur mes pas, pédale encore un peu...quelques chose cloche ici!!! Finalement je trouve une clairière non loin de l'eau, je vérifie que je ne me trouve sur aucun passage d'animal (sentiers marqués dans la végétation dense de la foret) et établit de camp. Repas pris sous un ciel profond et plein d'étoiles. Des bruissement dans les buissons m'inquiètent, au hasard je lance quelques garvaillons pour effrayer les éventuels serpents... je ne me sens pas à  l'aise. Pourtant, je passe une nuit de sommeil profond et reprend en pleine forme le pédalage au petit matin. A peine ai-je effectué quelques kilomètres que je tombe nez à  nez avec des grands panneaux indiquant le danger, j'ai dormis en plein milieu d'une réserve d'éléphants. Je longue maintenant le barrière  électrifiées qui délimitent le parc et je me sens vraiment stupide, cette nuit la aurait pu effectivement être dangereuse, heureusement une fois de plus, Madame Bonne Étoile a veillé sur moi!



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Thialande, peu apres Si Sawat

Dernière montée et puis c'est la vrais descente plongeante sur la désormais mythique Rivière Kwai. Le long de ses berges des guest house abondent, les taxi-jeep charrient des dizaines de touristes occidentaux, je prends une claque, projetée dans une autre réalité de ce pays que je traverse depuis plus d'un mois et demain à présent. Ma dernière nuit sous tente, je ne la passerais pas seule puis qu'une bande de trois petit chiots viendront se blottir dans l'abside à cote de moi afin de se tenir chaud, mes offrandes de sucreries n'y sont certainement pas pour rien. Je me demande bien pourtant pourquoi je suis si généreuse avec une espèce si détestables. Les chiens ont été un vrais problème depuis que j'ai atteins la pleine centrale. Pas vraiment agressifs, ils veulent pourtant montrer leur territoire et quand je passe à vélo, beaucoup d'entre eux n'hésitent pas à me courir après en n'aboyant sans vergogne. J'ai à nouveau fixé un sachet de cailloux à portée de main, sur mon guidon et quand ils m'attaquent, je m'arrête, je les gronde, je montre mon bâton ou lance quelques pierres. généralement ces pratiques les font fuir rapidement. Cependant une attaque surprise provoque ma première vrais grosse chute. Je m'en sors bien, un genou égratigné et un bleu (vélo indemne), mais honnêtement, je n'ai rien vu venir, c'est bestioles sont vraiment détestables, stupides à un point indescriptible et c'est sans honte que je scande: "Je hais les chiens!", et ce soir je dors à leur cotés et je trouve même ça chou???!


Thailande, Kachanabouri: Guest House flottante


Kachanabouri est un bastion touristique, les berges de la rivières sont une enfilade d'hôtels, de restaurants et de bars. Une bonne occasion de profiter de se lâcher un peu, d'utiliser les prestation offertes et de ce laisser vivre dans cet univers passablement anglophone. Tout est simple! Je pose mes valises dans l'une des charmantes Guest House dont la terrasse donne directement sur  l'eau, tout simplement idyllique!

"-Qu'est ce que tu fais là? (...)-Je tiens cette montre. (...)-Pourquoi? -C'est comme si je m'offrais. J'offre mon temps.". Nicola Barker: Les écorchés vifs.

Je décide de prolonger le séjour afin de me reposer de toutes ses étapes montagnardes. Cela me donne l'occasion de régler quelques points administratifs. Prolonger mon visa n'est rien d'autre qu'une formalité, il suffit de présenter tous les documents nécessaires, payer la taxe demandée et tout est réglé en moins de 15 minutes. Je dois aussi subir une piqûre de rappelle pour le vaccin contre l'encéphalite japonaise. L'Hôpital International de Bumrungrad situé à Bangkok, m'oriente sur Memorial Hospital à Kavhanaobouri. Là encore, le processus se déroule sans encombre et la chose se règle dans l'heure. Le médecin qui n'ausculte avant l'injection m'inquiète toutefois: "vous sentez vous chancelante?". Je ne me sens absolument pas chancelante, mais il insiste. Je lui demande ce qui ne va pas. Il m'indique que ma pression artérielle est basse, puis demande :"faites-vous beaucoup d'exercice?". Je souris, oui...



Thailande, Kachanabouri: Pont de la Rivière Kwai



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Thailande, Kachanabouri: Pont de la Rivière Kwai


Kachanabouri est commue pour Le Pont de la Rivière Kwai. C'est donc tout naturellement que je pars à la rencontre de ce monuments emblématique de la voie de chemin de fer qui entendait relier la cote du Golf de Bingal (Birmanie) à Bangkok, afin de permettre aux troupes japonaises non seulement de s'ouvrir un accès rapide vers l'Inde alors sous l'emprise coloniale et combattre, expliquaient-ils, pour sa libération, mais aussi afin de s'assurer un canal sure d'approvisionnement en armes sans devoir passer par les voies maritimes alors contrôlées par les forces britanniques. Le monument ne semble pas plus imposant que ça quand on l'observe aujourd'hui. A l'origine en bois, sa structure métallique repose à présent sur d'important piliers de pierre. Les touristes s'y massent, certains avec un détachement intriguant au vu des atrocités qui se sont déroulées ici. Entre 1942 et 14943, les autorités de guerre japonaises s'acharnent à construire sur un terrain montagneux et recouvert de jungle sauvage, une voie ferrées dont le seule tracé possible est de suivre les méandres de la rivière. Pour prendre part à ces travaux herculéens (que les britanniques avaient abandonnés et que les Thais eux-mêmes qualifiaient d'impossibles), le Japon ne manque pas de main d'oeuvre. Il puise simplement dans ses réserves de prisonniers de guerre qui stagnent alors dans les camps en Malaisie  ainsi que dans la manne inépuisable des paysans peu éduqués des pays qu'ils ont colonisés (tamouls, malais, birmans, en particulier). Le travail est non seulement harassant, mais de plus, les conditions de vie dans les camps de travail sont désastreuses. Un grand nombres d'hommes mourront de mal nutrition et de maladies infectieuses qui arrivent avec la moussons de 43. La ville est entourée de cimetières et de monuments aux morts qui rendent hommage à ces individus qui ont payé de leur vie la folie de la guerre. Les photos du musée, sont choquantes, les squelette vivant, les regards vides, des lettres et des souvenirs personnels qui confrontent à une réalité qu'il nous est pourtant impossible d'imaginer! C'est choquée et groggy que je sors de l'exposition. Comment peut-on infliger à un autre humain un tel traitement: travail forcé, conditions de salubrité inhumaines,  rationnement alimentaire, châtiments corporels... J'ai la chaire de poule en songeant qu'en ce moment même, sur cette plante qui est notre maison à tous, ces horreurs ont toujours cours (Guantanamo n'en a été qu'un exemple qui doit être loin d'être le pire).


Thailande, Kachanabouri: les cimetières de la Deuxième Guerre Mondial

vendredi 9 janvier 2015

Thailande: Pai - Tak

Article publié par Léo

Je quitte Pai sans avoir dormi une seule seconde, les joyeux fêtards s'en sont donnés à coeur joie toute la nuit, chantant d'abord, puis tenant à voix haute des théories vaseuses. A 3h00 du matin, n'y tenant plus, je m'extirpe de la tente et m'installe à l'écart pour lire un bouquin. J'assiste atterrée à un véritable défilé. Les jeunes éméchés sortent les uns après les autres de leur dortoir de bamboo, titubent sur quelques dizaines de mètres et vomissent lamentablement: moyenne d'un vomisseur tous les quarts d'heure jusqu'à 6h00 du mat'! Certains se recouchant ça et là en plein air, ceux dont l'humour n'a pas encore totalement disparut, tentent de s'allonger dans des hamacs... et s'étalent par terre bien entendu, les derniers braillent des "Good Night" pâteux mais sonores avant de s'en retourner au lit. Comme dans la chanson, ils sont " Young and wild and free"!!! J'espère simplement que  leur séjour à l'autre bout du Monde de leur laisse pas qu'un goût acide dans la bouche, une voile sur les yeux et de la buée dans l'esprit.

Thailande peu apres Paiu: Au sommet du col ou il faut pousser!

C'est donc fatiguée mais sans regrets que je reprends le guidon dans les montagnes en direction de l'Est. La route suit la pente, droit devant, peu importe les obstacles se trouvant sur son passage. D'abord vallonnée, elle se fait carrément raide à l'approche d'un col qui s'ouvre sur un magnifique paysage de jungle montagneuse tous azimuts. Pour la première fois sur route goudronnée, je me vois contrainte de pousser le chargement sur quelques centaines de mètres tant le pourcentage est élevé. Mon arrivée au sommet est ovationnée par un groupe  de touristes thais du Sud. Ne me laissant même pas reprendre mon souffle, chacun veut sa photo avec cavalier et monture. Après m'être prêtée au jeu quelques temps, je trouve refuge auprès de Jeff et Sébastien, deux artisans français du Sud qui m'offrent un immense café glacé, merci les gars! Quel réconfort!

La star du col, c'est moi (et pas Nanette Manoir! NA!)


Thailande, aux environ de Pai: Campelement splendide!


Le campement du soir est idyllique, baignade à la rivière et couchage sur le sable d'une plage féerique. Le lendemain, au terme d'un descente somptueuse, je tombe nez a nez avec un panneau indiquant: "Welcome to our Vipassanan Meditation Centre, tunr right". Mon guidon prend à droite. Je me dis que peut-être, il me serait possible de participer aux méditations de fin de journée, camper dans les environs du centre et reprendre la route le matin suivant. J'explique à la Nonne en charge des enregistrements que je ne suis inscrite à aucun session, cela ne semble pas causer de trouble et, a ma grande surprise, on m'accueille à Tam Wua tout naturellement. Il suffit d'apposer mon nom dans un registre et je me vois conduite à un bungalow privatif, prêter des habits blancs (les méditants doivent se vêtir ainsi), une natte de couchage, une natte de méditation, quelques cousins et une couverture, bien utile pour s'emmailloter pendant les séances des fraîches matinées: "restez autant que vous voulez".
Comme tout centre Vipassana, le monastère fonctionne sur donation et volontariat, aucun payement n'est requis pour le logement, la nourriture, les enseignements, ni l'entretien. Le programme ici est très libre en comparaison avec ma première expérience au sein du Dhamma. Les règles sont similaires, il faut les suivre ou s'en aller, Cependant, il y a peu ou pas de garde fou, c'est donc à chacun de faire la démarche de s'y astreindre en ne comptant que sur sa volonté personnelle. Par exemple, on ne me demande pas de déposer ni nourriture, ni matériel de divertissement (livres, stylo, papier, radio, ordinateur...), ni produits addictogènes (cigarettes). Ils sont donc accessibles à tout instant dans mon bungalow. Ne pas manger après midi sera un vrais challenge pour moi car les récentes étapes de montagnes ont creusé mon appétit. Ces libertés renforcent ma fierté de ne pas avoir succombé. De plus, la planification des journées octroie beaucoup de "temps libre", lors desquels, il est demandé de pratiquer individuellement, de prendre soin de son hygiène domestique, ou d'effectuer de menus travaux pour la communauté (vaisselle, balayage, ramassage de feuilles mortes, aide en cuisine...). Sans surveillance ni stimulation extérieure, il est aisé de se laisser aller à des  temps de paresse, à l'attrait du divertissement (lire n'est pas défendu, une bibliothèque est même à disposition). Non, l'objectif est d'accomplir chaque actes en toute conscience, en étant 100% présent à ce que l'on est entrain d'accomplir, en canalisant son esprit vers le Présent, l'obligeant à ne pas partir en divagations. Un vrai défit personnel qui permet d'observer et d'évaluer ses capacités individuelles.
Ces latitudes offertes me font réfléchir à une question très importante: Quelles sont nos motivation à accomplir les choses? Dans mon cas, je réalise un besoin profond de reconnaissance et de valorisation. Cependant, j'entrevois ici que les taches ne sont en réalité qu'un éternel recommencement, sans véritable utilité profonde, un outil, un moyen d'observer sa capacité à Être dans l'instant Présent, complètement, entièrement, sans que l'esprit n'élucubre des milliers de questionnements, n'interroge les fins et les moyens, les tenants et les aboutissants, n'élabore des stratégies de rentabilisation... En un mot, sans que l'esprit ne cherche à se divertir de l'Action Présente. Apprentissage magnifique!
Nous sommes entre 30 et 60 méditants, des moines nous donnent l'enseignement à raison de 3h00 le matin et 3h00 l'après-midi. Les méditations s'effectuent en marchant, assis ou couchés. La consigne est  toujours la même: concentrer l'esprit sur la réalité tangible du souffle, les sensations du corps; prendre conscience de l'impermanence et laisser passer les éléments habituellement envahissants (pensées, émotions, sensations...) à travers leur conscientisation et compréhension qu'ils ne sont en réalité pas constitutif du Soi. Ce travail est à appliquer en permanence, difficile lors des repas car le silence n'est pas requis et certains méditants utilisent ce moment pour socialiser. J'arbore un badge précisant que je pratique en silence et la plupart du temps, on ne m'adresse pas la parole, mais les sources de distraction sont nombreuses.
Avant de manger, nous participons à des cérémonies qui comportent, entre autre, l'aumône de nourriture aux moines-enseignants. C'est une tradition bouddhique qui veut que les bonzes n'ont pas le droit de cuisiner et se contentent donc pour s'alimenter, des offrandes faites par les fidèles. Le soir, une séance de chants encense Bouddha et des enseignements du Dhamma. Celle-ci ne me convient que très moyennement, trop de dévotion à mon goût. Ces litanies mettent ma laïcité à l'épreuve. Je reste silencieuse en méditation, écoutant les sons (paroles incompréhensibles car en langage inconnus, mais on a une traduction, on sait donc le sens du chant), sans me laisser aller à l'agacement, sans y apposer de jugement de valeur. Aucune considération mentale, c'est bien cela la méditation, non?


Monastere de Tam Wua juste aveant l'offrande aux moines


Au matin du 24 décembre, je quitte le Centre afin de rallier Mae Hong Son et me connecter à internet pour souhaiter un Joyeux Noël à ma famille. Toutes les bonnes habitudes prises au sein du Dhamma ne m'empêcheront pas de m'offrir un bon apéro de Noël que je savoure en communiquant par skype avec mes proches. Le désert ultra calorique (milk shake café tellement crémeux que la paille tient droite en son centre) est engloutis bien après midi (heure locale et Suisse), puisque nous ferons pratiquement nuit blanche! Quel régal de partager ce moment avec ma famille, leur présence est le plus beau des cadeaux de Noël que je pouvais souhaiter. Ils m'offrent une place à table devant l'entrée somptueuse préparée par ma mère, me font découvrir la super déco de Noël, hyper moderne cette année, on me tend moulte coupes de champagne pour faire "Santé!" et chacun défile devant l'écran pour me donner des nouvelles et s'enquérir de moi. La distance et le temps me fait réaliser en profondeur à quel point je fais partie d'une Famille en Or, si dévouée, soutenante, aimante: MERCI!


Thaialnde: Temple de Mea Hong Sond au couche du soleil

A Mae Hong Son les festivités vont bon train, on ne fête pas Noël. "Small World Festival" a pour but d'offrir des bourses et autre équipement aux écoles villageoises des environs. Les enfants ont préparé des prestations de musiques et de denses, qu'ils présentent sur scène. Un marché culturel propose aussi des spécialités culinaires et de l'artisanat traditionnel. Ces réjouissances ne suffisent pas à me sortir d'un coup de bluse post-nativité (Merci JD pour ton coup de pouce!). Il faut faire tourner des roues, reprendre la route, aller de l'avant et voir quelles surprises le chemin me réserve.


Thailande, Mae Hong Son: Je profite de la pause pour faire quelques reparations.


La demesure des arbres de cette jungle thailandaise

Durant les deux premiers jours, la déclinivité n'est pas trop abrupte et je rencontre le premier cyclo assez fou pour parcourir ce tracé montagneux, l'occasion de partager un repas et de découvrir les "granitas" locaux aux goûts très exotique. Je me sens à présent à l'aise en ce qui concerne les campements et ne suis pas aussi pointilleuse sur le choix des emplacements. La Thailande est parfaitement sécure. Une des plus belle étape de mon parcours se déroule aux alentours de Mae Sariang, descendant d'abord à travers une végétation plus que luxuriante, puis atteignant une plaine cultivée et plantée de haut cocotiers, de bananiers et semée de cahutes sur pilotis aux toits de feuilles "d'arbres qui font peur" car quand elles tombent la nuit, elles font un bruit peu rassurant. C'est enchanteur.
Puis commence une montée dont j'ai le sentiment de ne jamais voir le bout. C'est raide, c'est long, c'est dure... et aucun village à l'horizon pour prendre de l'eau ou m'arrêter. Je fais signe à une voiture, montrant mes bouteilles vides. L'habitacle est occupé par un occidental, sa femme Thaie et une ribambelle d'enfants. Ils me donnent volontiers de l'eau fraîche et insistent pour que j'embarque vélo et bagage. Les environs sont peu sures, on longe ici la frontière Birmane et les hommes venus de là-bas pourraient représenter un danger. Je réfléchis un moment, puis refuse leur offre, au premier village que je rencontrerais, je camperais aux environs des maisons. Et il apparaît bientôt, j'installe mon camp à la nuit tombante près des champs en terrasse. Un homme en guenille approche, il s'inquiète de ma provenance, ma direction et me demande si j'ai de quoi manger, semble concerné par le fait que je soi seule. Oui, vraiment dangereux les habitants de la région... Tant et si bien que parfois, je me dis que plus on ne répète que c'est dangereux, plus j'ai envie de rendre visite au lieu. Dans une certaine mesure s'entend, il ne s'agit pas d'être inconscient, il s'agit au contraire, d'être pondéré. L'histoire se répète... inlassablement... l'étranger est toujours source de méfiance, désigné dangereux, étiqueté et craint! Cependant, l'étranger ici, avant tout, c'est moi, et pourtant, l'on m'offre bienveillance, hospitalité et humanité. J'essaie à mon tour de donner cela en retour et espère de tout mon coeur que ce faisant, je participe sans prétention, à gommer la méfiance, l'incompréhension, les  à priori suspicieux et souvent erronés entre les clans.


Thaialnde: La plaine peu pares Mea Sariang


Au matin pres du camps, les villageois enreprennent les travaix des champs


La culture Thaie est connue pour son caractère  modéré, les individus ne se laissent pas emporter par l'émotion, agissent sans impulsivité. Pourtant, une partie de la population doit faire exception et je soupçonne ces gens là de tous embrasser une carrière d'ingénieur civile. Oui, ceux-ci n'ont aucune demi-mesure et déchargent sans vergogne leur trop plein émotionnel dans leur art.  La route attaque de front les pentes les plus raides et le revêtement est laissé à l'abandon. A plusieurs reprises, je dois pousser le chargement, s'il en est ainsi sur les quelques 200 kilomètres qui me séparent encore de Mea Sot, je n'y arriverai jamais. Je commence à me demander dans quelle guêpier je me suis aventurée. J'adopte une tactique peu utilisée jusque là et commence à me coucher sur le guidon en fin de pente afin de prendre de la vitesse et gagner quelques centaines de mètres sur la remontée qui suit immanquablement.
Dans l'une des descente rapide, je perçois un cliquetis inhabituelle et avant que je n'aies pu en repérer la provenance, sort de l'ombre rien de moins qu'un éléphant accompagné de son cornac. Il est harnaché pour les travaux de débardage. Vision incongrue, inattendue, surnaturelle, quel cadeau!
L'asphalte est finalement réapparu et après un xième col, une longue descente m'amène droit vers Tha Yan Song. Je plonge vers des montagnes en forme de pain de sucre surplombant la jungle luxuriante. Les villages sont magnifiques, des places et chemins en terre battue autour de maisons de bois sur pilotis entourées de jardinets. Les enfants jouent, on me sourit à tour de bras. Ces bourgs semblent enfouis dans la végétation, on ne distingue parfois que les toits de feuilles sèches en dessous des cocotiers haut perchés. Cette Thailande est à mille lieu des clichés habituels: plages de sable blanc de Pataya, plongée sous-marine, lady boy de Bangkok, hôtels all inclusive et cocktails, prostitution de Puket, vie nocturne et autre ping-pong show... C'est la campagne, vivant au rythme du soleil, s'organisant autour des travaux agricoles, une vie simple et rude, douce et laborieuse. J'adore cette authenticité, j'aime cette atmosphère, je me régale à observer.


Ca monte!

Thailande, aux alentours de Sop Mae: Village enfoui dans la jundle

Petite echoppe villageoise: celle ou je fais mes courses est environ 10 fois plus petite!



Me carte a menti, les kilométrages inscrits sont erronés et Tha Yan Song se trouve encore à une cinquantaine de kilomètres, poursuivre aujourd'hui n'est pas réaliste. Je m'arrête dans une échoppe lilliputienne, une cage de planches de bois munies d'un frigo dans le  fond. Des poutres et des piliers pendouillent à des clous, divers produits en sachet, des snack pour la plupart. J'achète un paquet de chips locales et une bière Chang (Eléphant). Ce soit, je dérogerai à ma règle et boirai une mousse fraîche au campement. C'est Nouvel An tout de même! J'ai repéré un coin idyllique, sous les cocotiers, une arrivée d'eau toute proche m'offrira une douche dans économie de liquide. Avec empressement, je monte la camp, impatiente de profiter de l'apéro qui m'attend, et crac... un des arceau de la tente cède, quelle plaie. Une demi-heure de réparation bancale, à la débrouille avec du scotch. A la recherche de mon matelas, j'ouvre mes sacoches, et recrac... la ficelle qui maintiens la fermeture me reste dans les mains. Une autre demi-heure de couture et de réparation à l'aide d'une épingle à nourrisse. La Chang est toujours fraîche et gorgées après gorgées, je répète ma leçon: "l'empressement est source d'ennui. Ne pas être concentré provoque des accidents. Essayer de gagner du temps. c'est en perdre! Pourquoi diable lutte-t-on en permanence avec le temps? Comme s'il était un ennemis à combattre. Ne ferrions nous pas mieux, de se positionner à ses cotés, lui donner la main et marcher calmement de concert avec lui? ". Le repas de Nouvel An était prévu de longue date, je réservais dans mes besaces une boite de sauce au fromage, ainsi que des pâtes à l'aspect occidental (la texture n'y est pas, mais le goût reste potable). Sans lésiner, je m'en concocte une telle quantité qu'il faut littéralement que je m'adosse à un arbre pour finir mon assiette. Impossible de prendre le dessert prévu, je me traîne jusqu'à la tente et m'en dore le ventre bombé (il est 7h30 du soir!!!). A minuit, je mets le nez dehors pour observer les feux d'artifice qui pétaradent à tout va. Peine perdue, les fourmis ont, sans appelle, colonisé les lieux et même se tenir debout est impensable. Elles grimpent des pieds aux mollets puis le long des cuisses, mécontentes de la visite, elle mordent sans préavis. Le passage à l'an 2015, sera donc un réveillon sonore uniquement! Il est 8h00 quand je me réveille, l'année est passée depuis 2 heures en Europe, une pensée pour chaque membres de la famille, chaque ami: Bonne Année!!!

Je n'ai pas mangé  de fromage depuis aout 2014, imaginez mon exitation!


Un petit remontant au marché de Tha Yan Song: Boisson glacée au miel et au pus de citron vert, un délice!

Encore 2 jours passés à suivre la rivière Thaungyin. Les "pains de sucre" lentement disparaissent derrière moi. Rappelle troublant à la réalité du monde: un camp de réfugiés birmans.  Rien à voir avec un taudis de bâches et autre tôles ondulées. Les habitations sont certes moins bien agencées que celles des villages précédemment cités, mis leur architecture est similaire, seul leur nombre impressionnant qui envahissent toutes les collines depuis la route jusqu'aux falaises et les fils barbelés qui ferment le camps, dénotent la différence. De petits jardinets sont cultivés ça et là, j'aperçois des écoles, des centres sociaux, ce que je crois être un café internet et des cellules de soins, des Mosquées, des Églises, des Temples bouddhistes, un centre de distribution alimentaire, des terrains de jeu, des marchés, des épiceries... La vie semble bien organisée ici, les gens y être installés depuis un bon bout de temps. Des sachets en plastique remplis d'eau pendent en grande quantité à des tringles de bamboo sous les maisons, toujours surélevées, grâce aux rayons UV, elle est rendue potable. Je suis surprise qu'il n'y ait pas d'autre source d'eau pure à disposition. Tout semble calme et vivant, malgré le mélange ethnique. Les portes des points d'entrées-sortie du camps sont certes gardées, mais pas fermées. J'aperçois quelques hommes sortir du bois leur cueillette de fruits à la main, une femme promène une petite fille en robe de princesse rose avec des brillants le long de la barrière, un groupe de garçons courent munis de battons derrière un pneu en équilibre, un homme en djellabas attend son paquet de nourriture... On m'a confié que l'an prochain, une élection libre allait être organisée au Myamar, si leur candidat est élu démocratiquement, ces gens devraient rentrer. En attendant, la vie s'écoule au camp qui s'étend sur plus de 10 kilomètres le long de la route. 


Thailande, Tha Yan Song: Maions typique

Thailande, peu apres Mea Ramat, dans les montagnes pour rejoindre la plaine centrale

Encore une folle montée jusqu'au parc national de Khunpawor dont l'entrée m'est gracieusement accordée pour une raison inconnue. Une matinée est consacrée à une balade au creux de la jungle jusqu'à des chutes d'eau nichées à l'abri des regards Être seule au milieu de cette végétation sans mesure, si abondante, déraisonnées est un vrai cadeau. On se sent tout petit face à la puissance de la Nature.

Camping au Parc National de Khunpawor: mes voisines de camps m'offre du sticky rice a la noix de coco, cuit dans des  tiges de bamboos.

La dernière nuit dans les montagnes se passera près d'une "Police Boixe", ces check points séparés les uns des autres de quelques dizaines de kilomètres tout au plus. Souvent on y trouve des WC, parfois même des douches, il est toujours possible de s' y ravitailler en eau, même glacée parfois. Les policemen y sont éminemment serviables et se donnent du mal pour répondre en anglais à chacune de mes questions à propos de l'itinéraire. Ce soir, j'ai même droit à un café au charbon de bois. La lune est maintenant pleine et les étoiles sont moins visibles que de coutume. Les ciels purs de ces montagnes vont me manquer. La boule rouge ne fait que s'extirper des montagnes quand je dévale la pente vers Tak. Changement de décors, ici tout semble sec, aride presque, les arbres sont bien plus bas et leur feuillage teinté de rouge et d'orange, comme une foret automnale, étrange. Par contre, une fois la plain centrale atteinte, c'est l'explosion de vert, il irradie des rizières fraîchement plantées entrecoupées de cocotiers jaillissant vers le ciel sur leur tronc mincollets, quel contraste, quel paysages... J'en prends plein les yeux.

Thaialnde, aux alentours de Tak: les rizieres de la plaine centrale