mardi 27 janvier 2015

Thailande: Tak - Kachanabouri


Article publié par Léo

Première nuit dans la plaine centrale et première aventure. Je suis fatiguée de cette longue étape et souhaite m'offrir une boisson fraîche. Aux abords d'un établissement scolaire d'un des village qui longent la rivière Mae Nam Ping, un drôle de stand mobile est arrêté. Il y en a des dizaines comme celui-ci en Thailande. Il s'agit d'un scooter sur le côté duquel a été bricolé un large comptoir surmonté d'un couvert, des vitrines en péxiglass exposent les aliments qui sont propose à la vente. Ces drôles d'engins se transforment donc en cantines mobiles, stands de glaces et boissons ambulants, de véritables boutiques itinérantes. La cloche vient de sonner et les enfants se pressent contre la barrière du préaux en tendant leur argent pour obtenir un rafraîchissement. Je m'approche et commande un délicieux café glacé que je sirote sous l'oeil curieux des élèves, tout sourire, gênés et fascinés en même temps. Il se fait tard et j'interroge les adultes présents sur la possibilité de camper dans la cours d'école. Cela ne semble pas rencontrer un franc engouement, ce serait dangereux. C'est une expérience que je vais vivre à de multiples reprises dans les semaines qui suivrons. L'endroit ou je demande à camper serait toujours, pour les locaux "pas assez sure" et ils ne cessent de me proposer d'autres lieux de couchage ou m'indiquent simplement vaguement de continuer ma route jusqu'à un endroit plus adéquat. C'est fatiguant, quand on souhaite s'arrêter pour la nuit, c'est qu'on est déjà fatigué et qu'on ne tient pas particulièrement à pédaler plusieurs dizaines de kilomètres supplémentaires. C'est un concept que les autochtones semblent avoir du mal à cerner. D'après mon expérience, en Thaialnde, ce n'est pas courant d'accepter qu' voyeur séjourne sur son terrain. Peut-être les personnes se sentent-elles responsables si toute fois je me trouvais en difficulté au cours de la nuit, et il est incontestable que le fait que je sois une fille seule ne facilite pas les choses. Cependant, ce que ces gens ne comprennent pas, c'est que s'ils me refusent l'accès aux abords de leur maison, j'irais camper librement dans un champs voisin, et me retrouverais donc sous la protection de personne. Au final, la situation sera donc "pire" que celle envisagée initialement. J'expérimente cela régulièrement, mais je tiens à souligner qu'absolument tous les campings sauvages que j'ai établi, ont été parfaitement sures. Parfois, j'ai poser la tente sous un abris de bamboo, juste à côté de la route, les passant n'ont jamais témoigné le moindre signe d'étonnement, d'intérêt déplacé. A aucun moment ils me m'auraient importunés ou aurait eu un comportement qui aurait généré des craintes. Cela me fait dire que la Thailande est vraiment un pays où il est facile de voyager. Tout se passe comme si le cerveau des thaïlandais  était exempt de "mauvaises pensées", il semble qu'il soit incapable de calculer un mauvais coup, ne contenir aucune cupidité, aucune envie, jalousie...

Après quelques échanges avec la professeur d'anglais de l'école, je me vois installée dans l'une des classes désertée de tous jusqu'à demain matin 7h00. Les journées de classe semblent longues pour les étudiants thaïs! Je ne sais pas dans quelle mesure la qualité de l'enseigement est élevé dans les écoles villageoise, mais ce qui est sure, c'est que les petits y passent beaucoup de temps. Il va donc falloir se réveiller tôt! Avant de s'éclipser, l'enseignante s'assure de me fournir de la nourriture et de me montrer les convenances. Je déguste donc un superbe curry de légume accompagné de riz, me désaltère d'un sirop glacé et pour le dessert grignote des galettes de riz soufflé au goût étrangement et simultanément pimenté et sucré. Au soleil couchant un vieux monsieur vient faire un peu de marche autour du terrain de foot, il s'arrête pour converser quelques minutes, les jeunes gens qui tapent la balle ne s'approcheront même pas, et plus tard, alors qu'il fait déjà nuit, un couple de villageois, avertis de ma présence à l'école, viendra même m'apporter des fruits et du lait. Non, ce lieu de campement n'est pas dangereux, il est idyllique! C'est une sorte de all-inclusive gratuit et sympathique. Le lendemain matin, c'est des centaines d'enfants en uniforme qui s'inclinent devant moi les paumes jointes devant leur nez pour me dire au revoir!


Thailande, pres de Tak: Une nuit dans une école Thai


Je rejoins Wang Chao, où habite la famille de Ploy, une amie de mon père vivant en Suisse. Nous avons prévu que je séjourne chez elle quelques jours. La maison se situe un peu à l'écart du village et il me faut demander mon chemin à plusieurs reprises, c'est un véritable jeu de piste qui s'engage pour moi. Au marché, des passants dégottent quelqu'un qui parle anglais. je lui montre l'adresse que je cherche, et le branle bas le combat commence. Elle me dessine un plan détaillé, s'enquiert du kilométrage précis auprès de tous, jalonne mon parcours de points de repère  je pourrais également m'informer si je me perds, recopie l'adresse en caractères Thai pour que je puisse montrer la note à quiconque croisé en route... Un haut niveau de serviabilité, une volonté commune de m'aider s'empare de la foule du marché. C'est un peu trop, il ne me reste plus que 4km à parcourir... je suis sure de pouvoir m'orienter... l'empressement à la gentillesse des Thai m'atterre. Je n'ai pas si tôt parcouru la moiter du chemin qu'un scooter m'arrête :"Your are Leo from Switzerland, Ploy friend!". Oui, c'est moi, et elle, c'est sa belle-soeur qui m'indique encore une fois la route à suivre. La mère de Ploy m'attend de pied ferme et les bras ouverts sur la rue, devant le mini-market qu'elle tient avec l'appui de sa propre mère et de son maris.
Tout s'enchaîne. On m'installe dans une chambre indépendante qui comprend même sa salle de bain privée. J'ai presque le sentiment qu'on m'offre un confort auquel eux-mêmes ne s'attardent pas. Pour exemple, les parents de Ploy dorment dans l'arrière boutique du mini-market sur un matelas au sol. Cette situation semble leur convenir parfaitement, cette famille possède tout ce dont elle a besoin et semble se contenter de l'essentiel pour être heureuse. Quatre générations vivent regroupées dans diverses petites maisons autour d'une cours en terre battue  jappent quelques chiens et chats, leur rapports interpersonnels sont plein de joie et de calme, on se sourit beaucoup. Tout au long de mon séjour, à aucun moment je ne percevrais la moindre tension entre les membres, ni le moindre stress face aux activités de la vie quotidienne qui se déroulent de façon très désorganisée selon mes perceptions occidentales. Mais qui sont en réalité tout à fait ordonnées et logiques par rapport à la culture thai
C'est là  la plus grande découverte de cette immersion dans la vie quotidienne et authentique. Je réalise à  quel point je suis ignorante des moeurs et coutumes de ce pays, je réalise mon incompréhension profonde du système familiale, des fonctionnements des relations, des interactions sociales, de la perception du temps et des normes de proximités et de propriété entre les individus... Je suis incapable de définir précisément les rôles de chacun envers les autres membres de la famille et les taches que ces rôles comprennent. C'est déstabilisant et très enrichissant. Traversant un pays, on se permet de s'exprimer à  son propos, de donner des avis, de prétendre des choses... Rester avec la famille de Ploy me démontre que je ne sais rien de la Thailande. Ma transhumance ne m 'a permis d'observer qu'une couche très superficielle de la culture, qui est en réalité très subtile et dont beaucoup aspects, à  mon grand désarrois, resteront un mystère complet malgré mes efforts pour les percer à  jour. C'est un rappelle aussi, un appelle à  la prudence au non-jugement: avant de s'exprimer sur un sujet, il vaut mieux se souvenir que nous ne parlons qu'à  partir de notre propre point de vue, en fonction de nos propre grilles de lecture, normes, habitudes... Tout jugement devrait donc être pondéré et référé uniquement au vécu personnel, sans généralisation!
Petit sentiment de déception aussi: prendre conscience qu'on ne sait pas, alors qu'on croyait avoir fait des découvertes. C'est agaçant. Frustration de même, comment en savoir plus? Combien de temps faudrait-il séjourner au sein même d'un tel  contexte pour commencer à entrevoir les choses sous un angle local? Quels comportements, quelles situations ne donneraient-ils accès à  ces mystères? L'itinérance tout à  coup, m'apparaît comme une pratique consommatoire. On avale du pays, on vole de découverte en découverte, on ne cesse d'écarquiller les yeux devant des nouveautés incessantes, mais le fond des choses nous reste toujours inaccessible. Moi qui me sentais aventurière, je me sens un peu bête, réalise que je ne suis pas grand chose d'autre qu'une voyageuse lambda, une simple découvreuse de surface...




"On n'est jamais mieux trompé sur terre que par soi-même, et c'est avec de tels prétextes que je me donnais le change". Charles Dickens: Les Grandes Esperences

Un accueil chaleureux par la famille de Ploy, MERCI!!!


C'est donc un superbe cadeau que m'offre la famille de Ploy, une immersion absolue, un accès sans restriction à leur mode de vie et organisation. Gai, la grand-mère à  l'énergie déconcertante, enfourne sans discussion possible mes affaires dans la machine à laver, la mère me sert prestement une immense assiette de PahdThai (spécialité de riz sauté) qu'elle agrémente d'une quantité d'oeufs invraisemblable sachant que je ne mange pas de viande! Le père s'assure que la douche et la climatisation est à ma convenance, la belle-soeur joue les traductrice quand la gestuelle ne suffit pas, la petite dernière (3 ans) me présente chacun de ses jouets, le frère et le père partagent, au soir venu, des bières fraîches en feuilletant un guide de traduction français-thai pour alimenter la conversation. Les  enfants partent à  l'école de bon matin, les journées s'écoulent dans la paix et le calme, on part au village pour réapprovisionner les étales du mini-market ou envoyer des commandes, on grignote des sucreries, des boisons fraîches destinées à la vente. J'ai du mal à repérer un rythme dans le déroulement des taches quotidiennes, des moments de repas et de repos.  Les clients se font plus nombreux en fin de journée, lorsque le travail des champs est terminé, on me présente personnellement à chacun d'entre eux, tous sont des habitués. Beaucoup d'hommes viennent seulement pour boire un coup, ils donnent 10 Bath à  la tenancière et se servent aux-mêmes un verre d'alcool de riz (une dosette est posée à cet effet près des bouteilles) qu'ils boivent d'une traite avant de repartir, d'autre s'attardent et une bouteille est alors partagée en fumant quelques cigarettes et toujours en discutant, le sourire aux lèvres.
Pendant ce temps, les femmes préparent le repas du soir, je mets la main à la pâte ce qui me donne l'occasion d'observer la préparation des plats locaux: légumes sautés, tofu et oeufs en sauce sucrée-salée, légumes verts vapeur et toujours le riz bien entendu. L'aigre doux et le piments tiennent un rôle important dans cette cuisine, Gai est une grande adepte d'une pâte de cacahuètes au chilli dont elle glissera une portions dans mes sacoches au moment du départ, m'expliquant par gestes qu'il s'agit d'y tremper de petite boulettes de riz, puis elle montre ses muscles et mouline avec ses mains, pour exprimer que ce régime me donnera la force nécessaires sur le route, merci Gai!!! Je reçois aussi une boite en fibre de bamboo tressé, c'est un objet typique, on y met le riz quotidien afin de l'emporter avec soi quand on mange en dehors de la maison. Avant mon départ, elle est remplie à ras de bord, on me fournis aussi un stock d'oeufs durs qui me durera plus d'une semaine. Toutes ces attentions me touchent profondément, on me demande de revenir, me souhaite bonne route... La gentillesse des humains m'est toujours et encore  offerte, et c'est toujours et encore avec un immense sentiment d'être privilégiée que je la reçois. Merci à Ploy et sa famille pour leur accueil, l'intérêt porté au projet et l'humanité qu'elles m'ont donnée.

Thailande, Wang Chao dans la cuisine familiale



Thailande, Kampeang Peth: Parc historique

Kampeang Peth, est un des bastions fortifié au temps du premier Royaume de Siam, dont Sukotai, située qu'a une centaine de kilomètres de là, au Nord-Est, était la capitale. Les ruines de la vielle ville s'étendent dans un univers de jungle. dans le parc historique, quelques temples ont été dégagés de la végétation abondante et la partie en brique de leur restes trône tel des spectres oubliés sur lesquels poussent des arbres dont les racines s'accrochent aux monuments. La nature a repris ses droit sur d'autres Temples et le travail de rénovation prendra certainement beaucoup de temps et engouffrera des fonds importants. C'est un travail de titan pour remettre sur pied l'ensemble de la cité qui constituait un rempart, une avant garde contre les potentielles invasions bimanes cherchant à attaquer Sukotai. Le site est gigantesque et je le parcours à vélo, n'y croise que peu de visiteurs et ma promenant est plutôt accompagnée par les nombreux écureuils et oiseaux du paradis qui s'ébattent dans les arbres. C'est étrange d'effectuer cette visite en solitaire, je n'en ai pas l'habitude et  ce moment là, une compagnie me manque. Je souhaiterais échanger mes impressions, réfléchir ensemble à propos de ce que j'ai sous les yeux, attirer l'intention sur les point de détails des monuments. Une nouvel apprentissage est en route, accueillons le!

Thailande, Kampeang Peth: Parc historique

Thailande, Kampeang Peth: Parc historique

Le temps est à la pluie et heureusement peut-être car la plaine centrale, je le découvre, est extrêmement plus chaude que les montagnes. Je profite de ces quelques jours de mauvais temps pour traîner sur les quais et dans les marchés où je découvre quotidiennement de nouvelles sensations gustatives. Mon palais fait la connaissance de plusieurs fruits exotiques aux textures et goût imprévus: Fraises-pommes, tamarin, ballons à piques et pommes à noyaux (noms inventés par moi)... Il y a aussi les pâtes d'amidon de riz colorées au lait de coco, les soupes de champignons, des curry diverses. Les marchés sont décidément un régale pour tous les sens et je m'y arrêterai à chaque occasion qui se présente, en ville, ainsi que dans tous les petits villages que ma route croisera, toujours de belles occasions d'observations, d'interactions intéressantes et de dégustation.

L'arrêt se prolonge et j'ai le temps d'envoyer quelques cartes postales en Europe. Pour acheter des timbres, je me rends à la poste. Et c'est avec soulagement que je constate que ma demande d'envois vers l'étranger ne semble poser aucun soucis au guichetier en charge, ça me change de mes mauvaises expériences chinoises. Tout simplement donc, on me fournis ce que je demande, une fois les timbres en ma possession, c'est tout naturellement que je m'apprête à en lécher le dos afin de les coller sur les cartes. Je tire la langue et y pose le premier. Les yeux du guichetier s'écarquillent en grands, cet homme si sympathique, avec qui j'ai plaisanté une seconde plus tout, semble atterré, confus et sous le choc, son regard trahit l'étonnement et je remarque qu'il contient un sentiment très fort de désapprobation. Il dit une phrase qui contient le mot "Falang" et qui veut clairement signifier: "Les étrangers sont fous!", pas besoin de parler le Thai pour comprendre cela. Presque instantanément, je réalise mon erreur et j'ai vraiment beaucoup de mal à contenir mon fou rire, c'est que l'affaire est sérieuse... Je viens de lécher le Roi!!! Les timbres, comme les billets de banque sont estampillés à l'effigie de Bhumibol Adulyadej (Rama IX),  roi de la nation depuis plus de 60 ans. Cet homme jouis d'une déférence importante auprès de sa population, des images de lui figurent dans touts les commerces, les maisons, à chaque coin de rue. Froisser ou marcher sur un billet de banque est punissable par la loi, car, comme son portrait y figure, ce serait un acte d'irrespect directe à sa personne... alors que penser du fait d'enfourner à demi sa photos dans sa bouche... je ne cois pas que ce soit une très bonne idée tout bien réfléchit. Le postier, reprend contenance, avale, sourit à nouveau et me tend gentillement un tube de colle. En me pinçant les lèvres, je me remercie et n'en vais coller mes timbres de façon socialement acceptable dans un coin, tentant de me faire oublier pour pouvoir laisser sortir mon amusement.


Tailande, environ de ban Rai: champs de cannes à sucre


Direction plein sud en longeant par des routes secondaires, les montagnes qui marquent la frontière entre la Birmanie et la Thialande. Sur ce parcours, le paysage change plusieurs fois par jour. tantôt je pédale au milieu du vert éblouissant des rizières noyées, poncées de cocotiers comptant plus de 250 fruits à leurs palmes, et de bananiers croulant sous les régimes encore verts. Parfois je traverse des forets de feuillus qui semblent souffrir considérablement de la chaleur de la saison sèche, un tapis de feuilles brunâtres recouvre le sol. puis, sur des kilomètres, des champs de canne à sucre sont en pleine récoltes, des hommes et des femmes masqués (pour éviter la poussière) coupent à la machette, une à une les tiges. Rangée après rangée le champs devient nu, les cannes sont hissées par une machine sur les camions qui terminent surchargés, en fille presque continue et à toute allure sur les routes en direction d'une usine aux dimensions impressionnante dans les environs de Ban Rai. Une odeur spécifique s'en dégage, une odeur de paille sèche, mais aussi une odeur douceâtre, entêtante, lourde. La halle de l'usine dépasse le kilomètre et demi de long et la fille de camion qui attendent de décharger est tout bonnement invraisemblable! Tantôt, c'est la jungle, verdoyante, désordonnée, brute.
Le long de la route, se trouvent des habitations, selon les endroits celles-ci diffèrent beaucoup les unes des autres, parfois ce sont des constructions en béton, de plein pied, peintes de couleurs vives en général et au toits de tuiles. A d'autres moment, je retrouve les habitations en bois sur pilotis, couvertes de tôle ondulée, de palmes ou de feuillage ordonnés dans un tressage qui les rend étanches. Plus sommaires, elles ne sont pourtant jamais précaires, cela semble une question d'adaptation de l'habitat à l'environnement plutôt qu'une question monétaire. Les espaces autour des logement sont entretenus, tenus net, balayés et débarrassés des plantes envahissantes quotidiennement. Du linge pend toujours à un endroit ou à un autre des propriétés. Très souvent on y trouve des éléments de décoration (plants en pot, sculptures, souches, peintures...) et presque toujours le phra phum, ce fameux petit Temple, refuge de l'Esprit protecteur des lieux. Ces phra phum sont sont systématiquement abonnement décorés de moulages en terre cuite, de guirlandes de fleurs, d'images diverses et de représentations de divinités. On y trouve aussi de l'encens, des boissons, de la nourriture, des bougies qui sont autant d'offrandes apportées chaque jour à l'Esprit résidant.


Thailande,  phra phum: "maison de l'Esprit" chargé d'offrandes et de décorations



Le début de l'étape est plate, et constatant que j'avance relativement vite, je décide de m'offrir une demi-journée de bien être aux sources d'eau chaude de Samo Thong. Plusieurs fois déjà j'avais rencontré des panneaux touristiques indiquant ce genre d'activité et j'avais toujours hésité à m'y rendre. Cette fois, je cède et je ne suis pas déçue. Pour un prix plus que modique, je me vois conduite dans une petite salle personnelle où se trouve une douche et une baignoire cylindrique qui s'enfonce dans le sol. On ouvre une grande vanne, l'eau chaude se déverse dans la baignoire et il ne reste plus qu'à tremper, se détendre et apprécier l'oisiveté. Comme c'est agréable, je passe la matine à goger en lisant, les muscles se relâchent, les cales se ramollissent (ce qui me vaudra un beau mal de cul ensuite car la peau n'est plus dure là ou elle frotte contre la selle). Un beau moment de détente absolue que je n'avais pas planifié. Je me sens bien, propre, sereine, relaxe... parfait!



Tailande, source d'eau chaude de Samo Thong : et deuxième utilisation du maillot de bain!


Je campe sur le site et en fin de journée fait une rencontre plutôt inattendue. Un groupe de Lady Boy venant de Nakhon Sawan vient prendre l'apéro face au lac artificiel de Huay Khun Kaew sur lequel le soleil se couche, c'est idyllique en effet! Du coin de l'oeil j'observe leur manège, leurs habits de femmes, leur posture, leurs gestes efféminés, leur ongles vernis, leur cheveux longs et bien coiffés, leur maquillage, outrancier à mon sens, la poitrine des unes, le renflement du pantalon des autres... Elles, m'observe aussi. Je les sens plutôt déconcertées de me voir vêtue d'habits si sales, assise à même le sol, bataillant avec mon réchaud que l'essence bon marché encrasse à tel point qu'il y a de la suie partout et en particulier sur mes mains, qui sont maintenant noires charbon... Dans leur quête de la féminité (une certaine forme de féminité car je ne suis pas sure que la féminité soit exactement et uniquement ce qu'elles semblent y voir), mon attitude en tant que femme les déconcertes. Dans ma quête à la recherche de QUI Je Suisse Vraiment (apprendre à me connaître plus en profondeur...), leur façon de jouer avec l'identité m'intrigue. Cette rencontre n'a duré qu'une petite demi-heure et nous n'avons finalement que peu communiqué verbalement. Cependant, cette rencontre a été source pour moi de très profondes réflexions.
Qui sommes nous? Et cette question-t-elle un sens? Qu'est ce que l'authenticité? Et pourquoi être en recherche d'identité? A quoi peut bien servir une quête visant à déterminer ces caractéristiques profondes? N'est ce pas une quête vaine, perdu d'avance? Nous sommes des êtres en perpétuelle mutation, chaque instant est unique et nos actions toujours en fonctions d'une multitude de facteurs! Par extension, nous sommes toujours unique dans l'instant, toujours diffèrent! Nous ne cessons de jouer des rôles et fonction du contexte et de l'interlocuteur, en fonction de nos émotions et de nos besoins du moment... Contrairement à ce que j'ai pu dire à une amie très proche dernièrement, peut-être ne sommes nous pas! Peut-être somme nous en devenir perpétuel!!?? Et pourquoi ne pas observer plutôt mes facultés d'adaptation, de changements, mes compétences à ne pas m'enfermer dans une identité réductrice? Pourquoi ne pas apprendre à regarder avec bienveillance mes compétences à la multiplicité? Les Lady Boy jouent avec l'identité, elles montrent une image d'elles-mêmes qui est clairement une tromperie. Elles accentuent des aspects d'elles-mêmes qui ne sont clairement pas leurs caractéristiques premières, s'amusent avec cette duperie si évidente et pourtant si rattachée à ce qu'elles peuvent ressentir profondément dans leur fort intérieur. Ce faisant, ne sont-elles pas entrain de nous montrer que nous sommes tous entrain de jouer un jeu? Simplement, elles le joue de façon exacerbée, sans limites (certaines vont jusqu'au bout de leur démarche et subissent une opération afin de changer de sexe et l'incluent comme individu "à part entière" du genre "opposé"). D'une certaine manière, elles nous donnent une leçon. La leçon des apparence, nous sommes toujours en représentation. La sincérité, la vérité, l'authenticité, c'est la quête du graal. Une quête impossible car en cherchant qui nous sommes vraiment, profondément (dans l'absolu), nous cherchons à définir une choses qui n'est pas définissable en terme figés, puisque elle se module en continu... Et s'adapter c'est justement que qui nous a permis de survivre pendant des millénaires en tant qu'espace! Vouloir savoir qui on est, c'est arrêter un processus, le processus de la vie, c'est en quelque sort, vouloir mourir! Parfois, des petits rien nous éveillent et l'aventure continue!

"Il était venu jusqu'ici, dans ce coin perdu, avec l'intention de découvrir une certitude, un absolu, un sens à son oeuvre, voire à sa personne, quelques chose d'achevé, de vrai, de réel. Quelques chose de plus. Grossière erreur (...), ce qui lui faisait défaut, c'était un bonne dose d'audace et une nouvelle approche". Nicolas Barker: Les écorchés vifs. 


Thailande, près de Ban Rai: camping sauvage

Thailande, Nong Prue


Mes campement sur ce tronçon seront tous très différents. Des cahutes de bamboo au milieu des champs abrite quelques une de mes nuits, j'aime bien ses endroit, il s'en dégagent une certaine sérénité. Quand je suis perchée sur la petite construction sur pilotis et que j'observe les couchés de soleil sur le paysage environnant, je me sens bien, paisible dans ma solitude silencieuse. Puis les étoiles s'allument les unes après les autres et le ciel de la nuit, par contraste de celui de la journée, toujours laiteux, devient d'une clarté incroyable, une toile à point lumineux intense, un cadeau. Il y a aussi les matins roses, les vols d'hirondelles, la musique égaillant le début de journée de chaque maisonnée et que je perçois très distinctement depuis ma tente.


Thailande: campement sous un abri de bamboo

Thailande: lumière du matin sur les champs fauchés

Il ne m'est pas facile de camper aux alentours des Temples. Les monastère occupés uniquement par des bonzes hommes ne veulent pas de moi sous leur hospices durant la nuit. En tant que femme, je n'ai théoriquement pas le droit de m'adresser directement à un moine, de le toucher bien entendu, et même lorsque je leur donne quelques chose, je suis supposée le déposer sur leur bol et non pas le leur remettre en main propre. Ces règles seront remises en cause à de multiples reprises, en effet, il m'arrive régulièrement de rencontrer des moines en pèlerinage sur les routes de campagnes que j'emprunte. A l'occasion, je leur remets parfois un peu de nourriture (et parfois c'est eux qui m'en donnent!), la plupart du temps, sans me tendre leur bol, il prennent directement mon offrande et entament la conversation de façon très détendue. L'un deux me demande dans un anglais parfais: "D'où venez -vous? -Je viens du Suisse et je vais au Cambodge. -Vous faites le tour du monde à vélo... moi, je marche dans la foret." Cette dernière phrase ponctuée d'un sourire et d'un clin d'oeil qui signifie pour moi: "c'est pareille, je me reconnais en toi comme tu peux te reconnaître en moi, nous sommes du même monde". J'ai des frissons, merci!



Camper au Temple donc est toujours "dangereux" et donc aux environ de Dan Chang, un des ouvrier oeuvrant à la construction de l'édifice, m'escortera jusqu'à la station de police toute proche pour que j'y passe la nuit en toute sécurité. Ohw, le brigadier en chef fait preuve d'une gentillesse hors du commun. Il m'installe dans une chambre confortable avec toilettes attenantes, m'apporte de l'eau et des fruits, s'assure avec une attitude très  protectrice que je suis bien installée avant de me convier plus tard au barbecue qu'il improvise avec l'un de ses collègues dans la cours. En Thailande, j'ai remontré à plusieurs reprises sur les poste de police un écriteau indiquant : "The policeman is someone who help the people". Ma fois, c'est extrêmement vrais ici, et c'est plutôt déconcertant quand on vient de l'occident où la police est perçue comme, au mieux, un organe de contrôle, au pire une milice chargée d'imposer des limites claire et parfois réductrices aux libertés des individus, des groupes, des nations... Souvent, le guidâmes a l'impression que nos gardiens de la paix utilisent l'autoritarisme et la répression dans leur mission de maintenir l'ordre. Ici au contraire c'est un travail préventif qui est accomplit. En étant présent et disponible à la population, les policiers aident à forger une cohérence sociale et favoriser une atmosphère de coopération et un environnement détendu. C'est sans doute plus simple dans une société qui, comme je l'ai dis, ne semble pas connaître ni le mépris, ni la concupiscence, ni la méchanceté... Tout est Chabay, Chabay: " tranquille, tranquille!"



Cette nuit, la musique m'a quasiment empêchée de dormir, tout la nuit sur un rythme effréné, un karaoké a distillé les plus grand tubes du moment. Ce matin au réveil, du bruit, encore, c'est une fanfare, jouant quelque chose de similaire à nos Guggen Music de carnaval. Je décide d'aller voir et les notes m'emmènent au Temple. Une foule est rassemblée, la fanfare s'en donne à coeur joie, je m'approche. Un cortège s'est forme, il tourne autour du Temple, le public danse, les timbales tintes, la grosse caisse raisonne, les tubas crient, une procession religieuse suit. Au centre un moine en robe blanche, les cheveux rase accompagné d'effigie de Boudha et d'effigies garnies de sculptures de fleurs représentant les parents, les ancêtres. De temps à  autre, le religieux lance des poignées de piécettes emballées dans des sortes d'ogigamis en tulle, la foule se jette dessus, car elles représentent symboliquement la bonne fortune, la bonne vie et la bonne santé pour celui qui l'empoche et sa famille. Un groupe d'infirmières venues de Kachanaboui m'invitent à prendre part à la danse, d'abord retissante, j'accepte. Elles parlent anglais et m'initient aux différentes parties du rituel. Il faut tourner 3 fois en dansant autour du Temple pour attirer la protection et chance sur soi et sa famille. J'en reste aux pas cadencés en bougeant mes mains de droite à gauche devant ma poitrine. Les subtilités de la grâce des contorsions de poignets et autres positions subtiles des doigts de la danse Thai restent un mystère pour moi. Après 3 tours de piste, le prêtre fait face à la foule et déverse sur elle quantité de piécettes emballées, j'en reçois deux que j'accroche avec les autres gri-gris reçus en cours de route au guidon de mon vélo qui devient peu à peu un véritable sapin de Noël... Ensuite, la foule pousse symboliquement le bonze à  l'intérieur du Temple pour lui demander de prier pour la bonne vie de chacun, puis elle se disperse laissant le moine à  ses médiations. Encore une aventure incroyable et inattendue, j'ai tellement de chance! C'est merveilleux ce qui m'arrive sur les routes du Monde!


Thailande, Nong Prue: dansez trois fois autour du temple!


Thailande, Nong Prue: Le moine lance des portes bonheur a la population



Je ne suis pas très sure d'être sur la bonne voie, quand je demande Si Sawat, on me dit que c'est à 10km, un peu plus loin que le village se situerait à  90 km... Et puis, on m'indique aussi que j'y suis, ici, c'est Si Sawat... Dilemme, finalement c'est une fois de plus, les policiers qui m'aident à  me repérer et me mettent sur la bonne voie. Les montagnes recommencent alors que je m'approche de Kachnabouri. Les montées n'ont cependant rien à voir avec celles gravies précédemment. J'éprouve du plaisir à  m'élever ainsi de façon  plus raisonnable! Quelles que belles ouverture, donnant une vue à 360 degrés sur les colins environnantes qui semblent tout recouvrir, l'atmosphère est toutefois trop laiteuse et les photos sont misérables.
Les pentes positives à  répétition me donnent soif, je m'arrête dans un petit marché villageois espérant trouver des fruits frais. Rien, on m'explique qu'ici, dans la montagne, il n'y a pas de fruits. Un peu plus loin, j'aperçois un papaye charge de fruits dans la propriété d'une famille dont les femmes sont entrain de taper des épis sur une grande bâche tendue afin d'en recueillir les graines. Désignant l'arbre, je demande à acheter quelques papayes par signe, le message est compris 5 sur 5. On me fait entrer dans la propriété, asseoir confortablement sur la terrasse et un homme accourt avec un demi fruit prêt à être dégusté. Puis les femmes arrivent avec de l'eau glacée et un sachet entier de papayes, impossible de payer un centime. Une femme me demande où je dort ce soir. Je mime camping, elle mime ici, me désignant un abri de bamboo surélevé où installer ma tente, "demain tu repars pour Si Sawat, mais en attendant voici les wcs, veux tu de l'eau chaude pour un café?". Il est encore tôt, mais c'est la première fois dans ce pays que je me fais directement inviter spontanément par une famille, j'accepte, monte le camp et rejoint les femmes dans leur travaux agricoles. Une fois les épis vidés de leur graines, on brûle la paille et on douche les enfants, puis c'est le repas. Malheureusement, une fois de plus, celui ci me sera servis en aparté, nous ne partagerons pas le moment. J'ai bien du mal à comprendre les rituels lies à  la nourriture dans ce pays. Tout ce passe comme si les gens mangeaient en permanence, ils mâchent toujours un snack, toujours des sachets de victuailles dans les mains quand ils marchent dans la rue, mais jamais personne ne semble s'arrêter véritablement pour un vrais repas conséquent. C'est un peu frustrant, car pour moi, c'est un moment important de la journée et je souhaiterais pourvoir le partager, et en l'occurrence avec mes hôtes qui plus est.
Leur maison est gigantesque et d'une simplicité troublante. Seuls deux pièces sont fermées par des cloisons en fiparpaing, la chambre des parents et une autre pièces dont je ne connaîtrai jamais l'utilité. Les enfants dorment sur de fins matelas à même le sol, dans une sorte de séjour fermé sur trois cotés uniquement, où trône une commode, une armoire et un télévision. La cuisine se situe sur l'un des nombreux balcons qui entourent la maison, toute en bois. Quelques grosses casseroles, des ustensiles, quelques couverts et une bonbonne de gaz sont suffisent à  nourrir toute la tribu, j'ai droit à une nouvelle ration de Padh Tai aux oeuf, je vais tourner en poule! L'espace où l'on mange comprend une table en bois et 4 chaises probablement faites maison. Cette famille a tellement peu, a uniquement l'essentiel, elle ne semble pourtant pas pauvres (ils ont une voiture type jeep et 2 motos, la salle d'eau à l'écart est parfaitement équipée et reliée à l'eau courant, il y a même une machine à laver le linge), elle est en tous cas riche de joie de vivre, et de le temps. Temps à partager non seulement avec moi, mais entre eux aussi. Continuellement, le maris et l'épouse discutent, les enfants sont embrassés, soignés, portés, considérés... Tout se passe de façon si paisible! A 6h30 du soir, je suis sous tente et m'en dore sans délais pour ne me réveiller le lendemain matin qu'à  7hoo environ, plus de 12 heurs de sommeil d'affiliée. J'en avait besoin et cet univers familial  m'a mise tellement en confiance que tout mon corps, et mon esprit se sont totalement relâchés.



Thailande, Ban Klang: Though et ses enfants devant sa maison

Au petit matin, j'entends déjà la famille s'activer autour du jardin, ces gens sont des sommes de travail, ils ne dorment (et ne mangent?!) jamais! On fait du feu et on s'assoit tout simplement autour pour se réchauffer de la fraîche nuit que nous venons de passer. Plus tard, on y cuira des bananes pour un petit dej' au naturel Les adultes mâchent le Kat, de l'écume rouge se dépose au bord de leurs lèvres et sans complexe, ils sourient en grand quand je leur montre les cartes géographiques. Les hommes s'éclipsent, pour le travail sans doute, les femmes n'attirent dans leur maison et sortent les albums photos. En feuilletant les pages, on ne présente à toute la famille, la famille étendue, les amis, les professeurs... On me confie des clichés pour le souvenir, un cadeau inestimable quand on voit le peu avec lequel ces personnes vivent. Je suis touchée très profondément et essaie de leur donner en retour le peu que je transporte avec moi. L'heure du départ a sonné, on ne salue avec chaleur puis on se détourne. C'est ça être vraiment là, être dans l'instant présent, c'est être totalement disponible et puis totalement absorbés par la tache qui s'accompli. Merci à vous Ban, Ying et Though non seulement pour votre accueil généreux, mais aussi pour cette belle leçon!!!


Descente, puis remontée, puis redescente... La route est quasiment déserte depuis quelques jours, j'emprunte un itinéraire plus que secondaire. Du silence, de la solitude... ça me fait du bien. Le haut du col se profile enfin et s'ouvre sur les dizaines d'îles qui s'éparpillent sur le lac artificiel de Si Nakharin. Une longue pente me mène jusqu'à Si Sawat où Sephan et Matthias, deux cyclo allemands rencontrés dans les montagnes près de Tha Song Yang, m'avait conseillé de camper. Cependant, c'est encore tôt, je prends de l'eau et décide de pousser un peu plus avant. Tout à coup, j'entre dans une foret étrange, un silence anormal y règne, les cannes de bamboo raisonnent de façon un peu sinistre lorsque les feuille tombent le long des tiges... Je ne peux l'expliquer, mais je ne me sens pas rassurée ici. Il est maintenant tard et il faut que je déniche un coin camping. J'hésite, explore des possibilités, reviens sur mes pas, pédale encore un peu...quelques chose cloche ici!!! Finalement je trouve une clairière non loin de l'eau, je vérifie que je ne me trouve sur aucun passage d'animal (sentiers marqués dans la végétation dense de la foret) et établit de camp. Repas pris sous un ciel profond et plein d'étoiles. Des bruissement dans les buissons m'inquiètent, au hasard je lance quelques garvaillons pour effrayer les éventuels serpents... je ne me sens pas à  l'aise. Pourtant, je passe une nuit de sommeil profond et reprend en pleine forme le pédalage au petit matin. A peine ai-je effectué quelques kilomètres que je tombe nez à  nez avec des grands panneaux indiquant le danger, j'ai dormis en plein milieu d'une réserve d'éléphants. Je longue maintenant le barrière  électrifiées qui délimitent le parc et je me sens vraiment stupide, cette nuit la aurait pu effectivement être dangereuse, heureusement une fois de plus, Madame Bonne Étoile a veillé sur moi!



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Thialande, peu apres Si Sawat

Dernière montée et puis c'est la vrais descente plongeante sur la désormais mythique Rivière Kwai. Le long de ses berges des guest house abondent, les taxi-jeep charrient des dizaines de touristes occidentaux, je prends une claque, projetée dans une autre réalité de ce pays que je traverse depuis plus d'un mois et demain à présent. Ma dernière nuit sous tente, je ne la passerais pas seule puis qu'une bande de trois petit chiots viendront se blottir dans l'abside à cote de moi afin de se tenir chaud, mes offrandes de sucreries n'y sont certainement pas pour rien. Je me demande bien pourtant pourquoi je suis si généreuse avec une espèce si détestables. Les chiens ont été un vrais problème depuis que j'ai atteins la pleine centrale. Pas vraiment agressifs, ils veulent pourtant montrer leur territoire et quand je passe à vélo, beaucoup d'entre eux n'hésitent pas à me courir après en n'aboyant sans vergogne. J'ai à nouveau fixé un sachet de cailloux à portée de main, sur mon guidon et quand ils m'attaquent, je m'arrête, je les gronde, je montre mon bâton ou lance quelques pierres. généralement ces pratiques les font fuir rapidement. Cependant une attaque surprise provoque ma première vrais grosse chute. Je m'en sors bien, un genou égratigné et un bleu (vélo indemne), mais honnêtement, je n'ai rien vu venir, c'est bestioles sont vraiment détestables, stupides à un point indescriptible et c'est sans honte que je scande: "Je hais les chiens!", et ce soir je dors à leur cotés et je trouve même ça chou???!


Thailande, Kachanabouri: Guest House flottante


Kachanabouri est un bastion touristique, les berges de la rivières sont une enfilade d'hôtels, de restaurants et de bars. Une bonne occasion de profiter de se lâcher un peu, d'utiliser les prestation offertes et de ce laisser vivre dans cet univers passablement anglophone. Tout est simple! Je pose mes valises dans l'une des charmantes Guest House dont la terrasse donne directement sur  l'eau, tout simplement idyllique!

"-Qu'est ce que tu fais là? (...)-Je tiens cette montre. (...)-Pourquoi? -C'est comme si je m'offrais. J'offre mon temps.". Nicola Barker: Les écorchés vifs.

Je décide de prolonger le séjour afin de me reposer de toutes ses étapes montagnardes. Cela me donne l'occasion de régler quelques points administratifs. Prolonger mon visa n'est rien d'autre qu'une formalité, il suffit de présenter tous les documents nécessaires, payer la taxe demandée et tout est réglé en moins de 15 minutes. Je dois aussi subir une piqûre de rappelle pour le vaccin contre l'encéphalite japonaise. L'Hôpital International de Bumrungrad situé à Bangkok, m'oriente sur Memorial Hospital à Kavhanaobouri. Là encore, le processus se déroule sans encombre et la chose se règle dans l'heure. Le médecin qui n'ausculte avant l'injection m'inquiète toutefois: "vous sentez vous chancelante?". Je ne me sens absolument pas chancelante, mais il insiste. Je lui demande ce qui ne va pas. Il m'indique que ma pression artérielle est basse, puis demande :"faites-vous beaucoup d'exercice?". Je souris, oui...



Thailande, Kachanabouri: Pont de la Rivière Kwai



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Thailande, Kachanabouri: Pont de la Rivière Kwai


Kachanabouri est commue pour Le Pont de la Rivière Kwai. C'est donc tout naturellement que je pars à la rencontre de ce monuments emblématique de la voie de chemin de fer qui entendait relier la cote du Golf de Bingal (Birmanie) à Bangkok, afin de permettre aux troupes japonaises non seulement de s'ouvrir un accès rapide vers l'Inde alors sous l'emprise coloniale et combattre, expliquaient-ils, pour sa libération, mais aussi afin de s'assurer un canal sure d'approvisionnement en armes sans devoir passer par les voies maritimes alors contrôlées par les forces britanniques. Le monument ne semble pas plus imposant que ça quand on l'observe aujourd'hui. A l'origine en bois, sa structure métallique repose à présent sur d'important piliers de pierre. Les touristes s'y massent, certains avec un détachement intriguant au vu des atrocités qui se sont déroulées ici. Entre 1942 et 14943, les autorités de guerre japonaises s'acharnent à construire sur un terrain montagneux et recouvert de jungle sauvage, une voie ferrées dont le seule tracé possible est de suivre les méandres de la rivière. Pour prendre part à ces travaux herculéens (que les britanniques avaient abandonnés et que les Thais eux-mêmes qualifiaient d'impossibles), le Japon ne manque pas de main d'oeuvre. Il puise simplement dans ses réserves de prisonniers de guerre qui stagnent alors dans les camps en Malaisie  ainsi que dans la manne inépuisable des paysans peu éduqués des pays qu'ils ont colonisés (tamouls, malais, birmans, en particulier). Le travail est non seulement harassant, mais de plus, les conditions de vie dans les camps de travail sont désastreuses. Un grand nombres d'hommes mourront de mal nutrition et de maladies infectieuses qui arrivent avec la moussons de 43. La ville est entourée de cimetières et de monuments aux morts qui rendent hommage à ces individus qui ont payé de leur vie la folie de la guerre. Les photos du musée, sont choquantes, les squelette vivant, les regards vides, des lettres et des souvenirs personnels qui confrontent à une réalité qu'il nous est pourtant impossible d'imaginer! C'est choquée et groggy que je sors de l'exposition. Comment peut-on infliger à un autre humain un tel traitement: travail forcé, conditions de salubrité inhumaines,  rationnement alimentaire, châtiments corporels... J'ai la chaire de poule en songeant qu'en ce moment même, sur cette plante qui est notre maison à tous, ces horreurs ont toujours cours (Guantanamo n'en a été qu'un exemple qui doit être loin d'être le pire).


Thailande, Kachanabouri: les cimetières de la Deuxième Guerre Mondial

1 commentaire:

  1. Chers Léo et Jean Da
    Merci pour ce beau moment de lecture et de découverte au cœur de la Vraie Thaïlande. Belle continuation à vous deux. C'est toujours un grand moment de plaisir et d'émotion de vous lire.
    Bisous de la suisse où le printemps commence à poindre le bout de son nez...Francine et Willy

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