samedi 8 mars 2014

Nepal: Pokhara-Kathmandu


Durant les deux semaines passe seul à Pokhara, Jean-Da a pratiqué le Macramé avec passion
Journal de bord Léo, le 1er février 2014:

14h43, ça y est, j'y suis. J'ai trouvé au fond de mes sacoches une photo passeport à apposer sur le formulaire d'entrée, je mange la dernière morse du pain qu'il me reste, je fourre mes livres, mes stylos, mon briquet, la nourriture non-périssable que j'ai apportée, mes photos souvenir, mes documents personnels, mon miroir de poche, tous ces objets interdits dans le centre, dans un sac numéroté que je récupérerai à la sortie. Et je saute le pas, j'arrête de penser, me laisse aller à l'ambiance amicale qui règne pour l'instant et puis à 17hoo entrerais dans le silence, et puis vivrais 10 jours de découvertes, après ...on verra. A bientôt!

Je (Léo) n'avais pour ainsi dire pas de présupposé en arrivant au centre Vipassana de Begnas (près de Pokhara), j'y allais la fleure au fusil, craignant certes un peu de souffrir du manque de nicotine, d'angoisser à l'idée de ne pas avoir accès à mon bon plaisir à la nourriture, de m'ennuyer dans le "noble silence" qu'il faut respecter en ces lieux. Je pensais, naïvement qu'au cour de cette retraite, on m'apprendrait des trucs un peu magique, des astuces qui m'aideraient à gérer mes blessures, mes tourments, toutes ces choses qui polluent perpétuellement et incidemment nos esprits et envahissent notre environnement directe, pourrissent nos relations et nous plongent dans l'amertume, les rancunes, les regrets et le mécontentement. Je pensais donc qu'on m'aiguillerais sur une force mystique qui en prendrait soin à ma place et me déchargerait de ce fardeau. Erreur! Même si cette idée, qui arrangeait bien mon esprit, m'a aidé à concentrer mon attention durant les premiers jours de méditation pendant lesquels il faut rester assis, si possible immobiles 11 heures par jour, je me suis vite aperçue que les choses n'allaient pas être si simples, Nous sommes seuls face à nos sensibilités et c'est à nous seuls d'en faire quelques chose (ou de n'en rien faire).

Les pensées m' assaillent sans relâche et personne à qui les confier, je rumine de plus en plus. Parfois l'émotion m'envahit sans raison apparente. J'ai mal au dos, aux genoux, je dors pendant les "pauses" pour m'économiser au maximum. Facilement, j'ai accepté les règles du centre (ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas avoir d'inconduite sexuelle...).
Deuxième jour, repas de midi, mon esprit est ailleurs, il gambade vers Pokhara, vers Jean-Da. J'avale la dernière bouchée du délicieux Dahl Bhaath qui nous est servi quotidiennement, repose la cuillère dans l'assiette, sursaute, trop tard, je viens d'écraser le moustique qui s'y était posé. Électrochoc, l'inattention entraîne parfois des conséquences mortelles. Leçon amère, je respire, je reprends, me rassemble, ici, maintenant, avec conscience et application.
Troisième jour, me voilà la gorge serrée incapable de demander un supplément de nourriture aux très gentilles serveuses qui veillent sur nous autres méditantes (les femmes sont séparées des hommes). Je me comprends pas ce qui m'arrive, je découvre l'humilité. Ne rien posséder, accepter de s'en remettre à... A quoi? Dans Vipassana, il n'y a pas de dieu, pas de divinité, pas de maître spirituel, pas de loi incontestable. Il s'agit d'accepter, d'accepter de faire confiance, une confiance absolue dans le gong qui sonne les heures sans retard, les cuisiniers qui remplissent en suffisance chaque jour nos estomacs, la bienveillance des assistants qui nous encadrent, les directives données par le professeur pour évoluer dans notre pratique... les suivre sans les comprendre parfois, pour se donner une vraie chance d'expérimenter pour soi-même et de vivre pleinement l'expérience, tester honnêtement si cette technique nous convient. Je n'en remets donc, oublie de m'inquiéter de la logistique, ma tension baisse d'un cran, j'approche du calme véritable.
Quatrième jour, ça fait deux jour que  mentalement j'observe les sensations sur le corps, pour cadrer mon esprit qui parle tout seul en permanence, je me force à nommer chacune d'elles... Je découvre qu'il y a plusieurs esprits à l'intérieur de ma tête, car quand l'un d'eux est bien concentré dans la méditation, une seconde voix parle de lessive, imagine la fête de Jim à laquelle Jean-Da participe, tout là bas, à  Pokhara. Le professeur dit que quand on prend conscience que l'esprit divague vers le passé, invente l'avenir, il faut l'accepter, se pardonner et reprendre avec conscience ici et maintenant. Voilà que le troisième esprit qu'habite mon cerveau se met à écouter la radio! Je reprends!
Cinquième jour, j'ai tellement mal au genoux que je ne peux plus marcher à la sortie de la méditation,  les étirements pendant les pauses ne parviennent pas à soulager la douleur, j'ai peur. Et si cette immobilité prolongée blessait mes articulations, cela remettait en cause mes capacités à pédaler! Remettrait en cause mes capacités à poursuivre le mode de vie que je me suis choisie! Je craque, je veux partir. Merci à Mimi et au professeur pour m'avoir écoutée et aide à trouver des solutions.
Sixième jour, je n'ai toujours pas été au toilettes depuis le début de la retraite, l'immobilité  a endormi mon système digestif, pourtant j'ai totalement arrêté de manger du riz depuis cinq jours. fatiguée, je laisse mon esprit divaguer à sa guise pendant les 11 heures de méditation et je découvre par magie que je suis tout à fait capable de rester immobile aussi longtemps sans douleur si je bénéficie de mon petit divertissement intérieur. Les douleurs sont dont crées (en partie du moins) par l'esprit qui se rebelle et en veut pas se la boucler, s'apaiser et veut continuer à nous diriger et créant toutes ces histoires artificielles qui nous tournent continuellement dans la tête.
Septième jour, voilà que maintenant, il faut être conscient dans l'ici et maintenant même en dehors des heures de méditation, du réveil au couché, accepter le présent sans aversion, sans passion, éviter les réactions. Non mais sérieux C'est quoi cette vie??!! Oublier ses souvenirs, ne plus se réjouir de rien? Vivre avec un électrocardiogramme plat, non merci! Ces gens sont cinglés, ce guru est allumé, je me casse d'ici! Tant mieux pour eux s'ils veulent se rendre légumes, mais je ne suis pas de cette trempe. Volontaire, décidée, enthousiaste, dynamique... Allez plus que 3 jours à tirer, me dis-je. Je reste. Mes doutes resurgissent au soir du huitième jour, le discours du guru S.M.Goenka que je juge prosaïque, me sort pas les oreilles. Vipassana c’est bien, Vipassana te rendra heureux… Mes dents grincent. Plus que 2 jours!

A midi, le dernier jour, on peut reparler, j’en suis incapable, trop d’emotions. Je ne me sens pas soulagée, pas enchantée non plus, juste calme, très très calme, très très présente, très très centrée, mon esprit n’a jamais été aussi serein de toute ma vie. J’ai adoré le”nobe silence”, il permet d’atteindre une paix intérieure qu’il est impossible de décrire. Des échanges très riches avec d’autres méditants et des serveurs me permettent aussi d’eclaircir mes doutes et mes interrogations théoriques en lien avec cette technique. Je conseille cette expérience à tout un chacun. Concrètement Vipassana est accessible à tous, puis qu’il existe des centres dans le monde entier. C’est une formidable aventure, plutôt corsée et pas mal engagée qui offre une opportunité de mettre les choses en perspective, de les envisager avec un point de vue diffèrent.



Village de Bhyaguteani

Le 12 février. Jean-Da me rejoint à  Bhyaguteani avec un colis de Suisse envoyé par ma famille et pour fêter nos retrouvailles, nous partageons avec Audrey et Tom, deux méditants rencontrés au centre une bonne fondue et du chocolat. Tom Germano-polonais est aux anges en dégustant les douceurs offertes par Ewa (merci belle soeur!). Tous les quatre, nous séjournons une semaine dans ce village en compagnie de Mirto et Koray (aussi rencontrés dans le cadre de la retraite méditative). Jean-Da en profite pour parfaire ses connaissances en macramé avec l'aide de 'Mirto qui excelle dans le domaine. Celles-ci avaient été déjà bien éprouvées au cours des 15 jours qu'il a passé seul à Pokhara.
Mirto et son maris nous offrent des cafés-concerts sur le perron de la maisonnette qu'ils ont louée pour les mois d'hiver avec vue sur les montagnes et le lac en contrebas. Audrey quant à elle m'apprend le crochet et avec Tom, nous pratiquons, comme préconisé, deux heures de méditation quotidienne.
 

Vue depuis la maison de Mirto et Koray

La vie au village nous plaît. Les enfants nous ont adoptés. Ils nous prennent pas la main quand ils rentrent de l’école, nous entraînent vers leur maison, dans leurs jeux. Pas besoin de mot, c’est le règne du pantomime (Anne-Marie, tu aurait adoré!) Deux élastiques et voilà un touche-coulé, une feuille au bout d’une brindille et nous nous transformons en tacots à élises, des pétales de fleurs découpés, nous forment de longs ongles rouges… Les avions en papier  finissent sur le toit, on construit des boites en carton pour ne rien y ranger, juste pour le plaisir, les fillettes nous garnissent de fleurs, l’une d’elle ne sort qu’en robe de princesse, elle est à croquer! 1-2-3, partez, feu! Souffre toujours d’un faut départ, qu’importe, ce qui compte c’est courir, personne ne s’en offusque. Regina et Prokitty nous apprennent des pas de danse traditionnelle, on fait l’avion, le “tromelet”, des roues, on se couratte, se bagarre pour de faux (comme Renau), on tombe inanimés, on se relève en criant, provoque des cris apeurés, des rires. Les regards complices s’echangent. Au fur et à mesure des jours, une relation se créer. Les plus petits viennent chercher des câlins avec une naïveté qui ne connaît pas les différences et les restrictions de la distance relationnelle, quel bien ça fait! Jean-Da drille les plus grands sur les règles de 1-2-3, Soleil! A chaque arrête, ils se figent, l’air sérieux, et concentrés, se pincent les lèvres pour ne pas rire, leur yeux pétillant les trahissent. Ces enfants sont déconcertant de bonté, loin de venir quémander (genre “give me one pen”), ils accourent pour partager avec nous les biscuits qu’ils reçoivent de leur parents. Ils observent avec attention comment ont fait les bracelets qu’on leur offre et se mettre à l’oeuvre pour nous donner en retour des colliers de fleur fraîches.


Les yeux complices
L’eau est coupée depuis plusieurs jours, On fait des aller-retours dans le village à  l’instare des femmes chargées de cette tâche. Le réservoir d’eau est devenu un point central de la vie du hameau, on s’y lave, on y fait la lessive, on y croise ses voisins… Jean-Da s’est procuré une Dogo (hotte tressée de fines lamelles de bamboo très résistant qui se porte grâce à une sangle sur le front). Il a un succès fou parmi les ménagères. Sur le chemin de cailloux qui traverse le village, Jo, le chien nous accompagne et chasse devant nous mère poule et ses poussins, les brebis nées il y a deux jours… On connaît ou se trouve la maison des uns et des autres on se salue, on a l’impression de faire partie de la communauté.
 

Le temps est à nouveau au beau fixe, avec Tom et Aurdey, on part pour un petit trek de 6 jours en direction des  Annapurnas. Pour nous, pas de haut sommets, le gouvernements népalais a vu à  la hausse les prix des permis de trek et nous les jugeons surfaits. De plus, après concertation, nous en sommes arrivés à la conclusion que nous refusons d'adhérer à  l'idée de payer pour admirer en toute simplicité les beautés de mère nature, qui ne devrait jamais devenir un bien de consommation! Nous suivons donc l'itinéraire du Royal Trek qui décline une boucle autour du lac de Begnas en passant par de petits villages très peu courus du tourisme. De ce fait et aussi grâce  la Dogo portée par Jean-Da, nous recevons un accueil chaleureux de la part de la population locale. Les gens sont enchante de voir des étrangers adopter leur méthode ancestrale de portage, nous félicitent, nous encouragent, gloussent et babillent entre eux le sourire aux lèvres en nous regardant passer.

Jean-Da et sa Dogo sur les chemins caillouteux entre Tiwaridanda et Arba

Nous sommes dans les collines et notre itinéraire me fait que monter et descendre entre les fonds de vallées ou sillonnent des rivières au lit de galets. Le soir, on loge dans de petites Guest House et dégustons de bons Dahl Bhaath préparés par la maîtresse de maison. A Sahure Banjang, il nous est servis sur des paillasses de tiges de riz tressées, dans l'arrière cours de la maison familiale. Croulant sous nos compliments, la cuisinière est ravie. Un sourire lui mange la moitié du visage. On se voir sans cesse resservir avec générosité et abondance, ici, on se sent plus invités que clients. D'ailleurs c'est tout naturellement que la postière du village entre dans notre chambre pour se présenter et nous souhaiter la bienvenue, et que le meunier nous fait visiter le moulin électrique qui réduit en farine le millet fraîchement récolté.


Devant la Guest House de Sahure Bhanjang avec notre hôtesse
Par des marches d'escalier en pierre brute, on parcours des villages d'un autre temps, maisons de pierre, toits en ardoise qui surmontent un petit balconnet qui abrite des ruches. Le dessous des meules de foin en plein air constitue l'apprit des chèvres que leurs petits tetent en secouant la queue. Les buffles qui ne sont pas attelés au charrues d'un âge lointain pour retourner la terre de champs et la mélanger aux fumier apporté la à dos de femme, nous regardent passer attachés dans leur étable. Simple toiture qui surmontée de quelques pieux. Des coqs flamboyant picorent aux alentours. Le Népal est un pays de marcheurs, une multitude de sentiers sillonnent les espaces entre les villages, nous voilà un peu perdus. Pas d'inquiétude, la bienveillance locale nous remet en piste.


Vue sur les montagnes, entre Lipeany et Tiwaridanda
Toutes les collines alentours sont taillées de rizières en escalier qui dévalent les pentes depuis leur sommet jusqu'au rivières qui zig-zagent dans le fond.


Les rizières entre Lipeani et Tiwaridanda
On s'approche de plus en plus des montagnes et Fish Tail qui paraissait haut perché (6993m) fait maintenant figure de petit Pousset encadré par ses voisins Annapurna I (8091m) et Annapurna II (7937m). La partie sommitale est si verticale que la neige n'y adhère pas, c'est un roc gris qui pointe vers le ciel.
 

Vue sur Fish Tail entre Tiwaridanda et Arba
A Arba, aucune Guest House, on dort chez l'habitant. Tous les enfants du village se sont donnés le mot et viennent voir ses  étrangers qui ont élu domicile chez les voisins. On se relaie pour fabriquer à chacun un petit bracelet en souvenir de notre passage.
Cette immersions dans la vie campagnarde dévoile à quel point ce sont les femmes qui font tourner le monde. Ce sont elles qui apportent l'eau, cuisinent, élèvent les enfants, s'occupent des animaux, rapportent le grain et les légumes depuis les champs. La premier fille de notre hôtesse est absente, elle n'a que 18 ans mais cela fait 2 ans qu'elle habite dans la famille de son maris à 2 heures de route. Combien d'enfants a-t-elle déjà  porté?


Femme portant des végétaux pour tresser des paillasses ou remplacer le toit de chaume de sa maison





Après un Dahl Bhaath déjà copieux, nous sommes entraînés chez les voisins pour goûter à une nouvelle spécialité. La pâte de millet chaude, ça donne des forces nous dit-on. C'est violet, impossible à  mastiquer, rugueux sur le palais et ça coince dans la gorge au moment d'avaler. Découverte gustative accompagnée de Raksi maison, distillé par notre hôtesse.

La fine équipe au pied d'un arbre sans doute plus que centenaire aux racines aériennes. Village de Arba
Yanjankot se situe sur le trace du trek des Annaprnas, on nous y réserve un accueil bien moins chaleureux, intéressés surtout par le contenu de nos porte-feuilles. On prend conscience a quel point l'alcool est un réel problème pour beaucoup d'hommes de ces campagnes, 9h00 du matin et nous voilà déjà importunés par un ivrogne. Quand ils sont saoul, les népalais perdent toute la finesse, la discrétion, la politesse, la sagesse qui les caractérisent, le contraste est troublant. 

Notre itinéraire traverse plusieurs ponds de corde suspendus donc certains mesurant plusieurs centaines de mètres

Sur le chemin du retour en direction de Bhaguteani

Nous voilà  à  nouveau à  Bhyaguteani, c'est le moment de nous quitter. Tom à  qui Jean-Da a offert sa Dogo part à pied en direction de Kathmandu pour poursuivre l'aventure villageoise. Audrey rejoint sa mère qui atterrit sous peu dans la capitale népalaise. une dernière partie de jeu avec les petits du village, nous saluons Mirto et Koray et nous nous élançons sur la Prithvi Highway.


La route entre Pokhara et Kathamandu est meilleur que nous ne l'avions craint. C'est un long ruban de vie, habité sur presque toute sa longueur. Des commerces, des tea-stall, des restaurants la bordent sur des kilomètres et puis les villages s'espacent quelque peu. En Europe, il s'agirait d'une route de campagne, suivant le tracé des rivières, elle ne fait que monter et descendre, derrière les habitations, les champs s'élèvent aussi haut que les pentes des collines le leur permette. En passant, on aperçoit les enfants jouer sur le bas coté et les femmes se laver aux abords des pompes à  eau. Pour le Népal, c'est un axe principal de commerce national et les entreprises en construction s'espacent à  intervalle régulier, des camions chargés de matériel et surtout des bus locaux et des mini-vans bondés de touristes nous doublent fréquemment. Plus on approche de Kathmandu et plus le trafic devient intense. Des glissements de terrain ont été dégagés dernièrement de la chaussée et l'ont laissé défoncée et poussiéreuse. On se protège les voies respiratoires pour en pas asphyxier et acceptons résignés les klaxons continus des véhicules cherchant à  nous dépasser.
Par hasard, on arrive en ville par Durban Square. De nombreux temples en pagode s'élèvent, des femmes chantent en coeur, tapant des mains, le son des cloches raisonne, installés devant les racines aériennes d'un arbre ancestral, des Shadus grimés se prostituent, des mendiants dorment sur les pavés de la place, des touristes objectifs pointés mitraillent. On s'installe dans une auberge en attendant François et Isabelle, deux amis suisses qui viennent nous rejoindre pour une semaine, ce qui nous laisse un peu de temps pour prendre soin de la logistique... le 19 mars, nos bagages, nos vélos et nous mêmes, prendrons la voie des airs pour rallier la Chine et poursuivre l'aventure à bicyclette. Ce départ prochain nous demande quelques démarches administratives et des encartonnages en règle ( merci Jean-Da).


Arrivée à Kathmandu, Durban Square


L’appartement que nos amis ont loué pour nous, se situe en plein coeur de Tamel dans une bâtisse ancienne, abritant jadis un monastère. Aux murs, des peintures typique de l'architecture bouddhique égaient le lieu d’une atmosphère sereine, propice à nos retrouvailles. La distance et le temps n’a rien entaché de notre amitié. C’est avec générosité que le partage d’experiences s’instale. Malgré les directions différentes prises par chacun et l’evolution de nous tous dans nos manières de penser, d’agir et d’envisager les choses, nous nous portons mutuellement un intérêt véritable. Nous discutons de nos vies respective avec enthousiasme, générosité et franchise en évitant les jugements de valeur, heureux de nous redécouvrir. Cette visite constitue à nouveau un immense cadeau, un authentique témoignage d'amour. Merci les ami, vous êtes incroyables, nous aussi nous vous aimons!

Nous profitons un maximum des commodités de Kathmandu, bars, restaurants, cinema (Boliwood!), terrasses tranquilles. Nous visitons parcimonieusement les monuments offerts par la capitale, dont le Temple Swayambhu, peint des yeux de Bouddha qui veillent sur la ville. Les jeunes moines en rouge jouent au foot sous les drapeaux à prières, faisant parfois fuir quelques singes gourmands. Exotisme qui a touché la sensibilité de nos amis, nous sommes heureux que ce changement de décor leur plaise.


Temple Swayambhu ou Monkey Temple, Kathmandu

Nagarkot est un village au sommet d’une colline à 30 km de la capitale. L’esprit aventureux, nos amis me demande de les y emmener en bus local. Ils découvrent le manège “du controleur” braillant, pendu à l’exterieure de la porte coulissante du véhicule, pour alpaguer les clients. Une flopée d’adolescents montent en marche, nous voilà serrés comme des sardines. Ils ont beau être bien fagotés dans leur uniforme scolaire que Isa adore, ils se comportent comme le veut l’adolescence. Une casquette stylée vissée sur le crane, une touche de rouge à lèvres, du parfum en pagaille, une boutonnière négligée pour dévoiler un bout de torse, constituent leurs effets mode. Bientôt, ils extirpent d’un sac d’école, exempt de livre de cours, une radio à  pilles et ACDC grésille dans l’habitacle. Ça sent les hormones, les plus courageux scandent des discrets HE! HE!. Fantastique coup d’oeil sur la réalité de la jeunesse à la nepalaise que je suis heureuse de partager avec Francois et isabelle.

Il est 5h30 du matin quand on s’instale sur un banc face au massif himalayen. Le soleil se lève sur les pics rocheux et enneigés qui paraissent à la fois minuscules (parce que loin) et immenses. Des Annapurnas à l’Everest, on s’offre un panorama de carte postale. Un moment de communion entre nous, émerveillés, en admiration devant le mère des montagnes.

Les trois amis au petit matin devant l'Himalaya

15 mars, c’est déjà la fin. Franco et Isa repartent comme ils sont venus, prochaine étape pour eux, la Birmanie (Myamar). Leur présence semble avoir été irréelle, trop éphémère pour réaliser, tout c’est produit en un claquement de doigts. Ils me manquent déjà, je suis triste et heureuse, ils m’ont offert leur présence, le plus beau des cadeaux, merci!

C’est Holi! Un festival hindou dont malheureusement on ne sait pas grand chose. Vêtus de nos habits les moins dommage, on se dirige vers Durban Square ou la fête bat son plein. Depuis les toits, on reçoit des seaux d’eau, dans la rue, chaque passant nous tartine le visage de pigments colorés. Des groupes de jeunes maquillés scandent les bras levés au ciel, des hommes font tourner dans les airs au son des tambours, de longues cannes de bamboo ornées de bandes de tissus flottant et de queue de yaks, des haut-parleurs crachent de la musique électro. Partout, ça dense, ça boit… Nous traversons la place à grand peine, comprimes dans la foule compacte, rein ne va plus, c’est la folie au Népal!


Avec Shirine (Cyclo caadienne rencontrée à Pokhara) et Kevin ( son copain)

Happy Holi!!!!!
Ce soir, l’equipe nationale de criquet se confronte à celle de Hong Kong, c’est la première fois qu’elle participe au championnat du monde qui se déroule cette année au Bangladesh. Cela augmente encore la frénésie ambiante. Quelle chance de prendre part à un tel événement. On décuvre la fête à la népalaise, l’allegresse. C’est un peu notre Carnaval!

Jean-Da dans la foulle de Durban Square