mercredi 28 mai 2014

Chine: Lanzhou-Baotou



Sortir de Lanzhou s'avère plus facile que d'y enter. Des collines toutes sèches nous accueillent, picotées de trous 
à espacement réguliers prévus pour reboiser la zone. Pour l'instant, l'heure est aux travaux, la route n'est qu'un immense chantier, on construit des villes sur son tracé à tours de bras, usines, immeubles locatif, centres commerciaux, les gigantesques projets de développement de zones de loisir s'affichent en grand avec néons et feux d'artifice en arrière plan. La réalité est une alignée sans fin de maisonnettes plus ou moins délabrées, couvertes de la poussière en provenance continuelle de la chaussée,  l'on offre des services de mécanique et de restauration.



Dans les collines avant Zongwei

Enfin la civilisation laisse un peu de place à la nature, elle alterne entre champs cultiv
és par des paysans à bicyclette et des mamelons desséchés dans lesquels sont creusés des ouvertures. Anciennes habitations troglodytes, tombeaux ancestraux, bergeries à l'abandon? Depuis les points culminants, on aperçoit une mer de collines. Jusqu'à l'horizon, elles ondulent en grosses vagues qui semblent déferler sur nous, est-ce l'impression qu'on ressent perdus en mer, sans repère? Des champs éoliens d'une étendue sans précédant dressent leur innombrables mats, comme autant de voiliers aux voiles rigides, tourbillonnantes et vrombissantes dans le vent qu'on a dans le dos. Les surfaces plus planes servent à la plantation, ici, comme tout le long du parcours jusqu'à Baotou, elle se fait malheureusement sous plastique. Des kilomètres de film transparent recouvrent le sol, réverbèrant les rayons du soleil, ils accentuent les reflets de cette mer. Ceci permet d'économiser un peu d'eau et d'alléger le travail de désherbage. Mais quelle verdure pousserait-elle ici de toute manière? Ces champs ne sont que pierriers! Cette vision fait apparaître très clairement une phrase dans mon esprit: Le progrès recèle la déchéance: le gain comprend la perte; la réussite, l'échec; la solution, le problème. Heureusement cette phrase peut aussi, à la Marie Poppins, se lire à l'envers! Confrontée à nos découvertes chinoises, cette idée tournera dans ma tête comme une ritournelle jusqu'à Baotou.


Mer de plastique


Une grande descente nous mène à Zongwei. On perd 700 m de dénivelé d'un coup et gagnons encore quelques degrés celsius. Le soleil tape et nous n'y sommes pas habitués. Il faut dire que nous sommes passés de la neige des hauts plateaux tibétophones à la chaleur du Désert de Gobi. D'ailleurs la légende veut que les anciennes fortifications de la ville de Zongwei ne comprenaient pas de porte Nord. Parce que là, s'étendait le néant! Aujourd'hui, les bâtiments rutilant d'enseignes lumineuses longent des artères bordées de plates-bandes boisées et entretenues avec minuties. La modernité a emporté le charme d'antan, le rêve mystérieux du carvanserai salvateur sur la Route de la Soie.

La longue pause prise dans cette ville me permet (Léo) de communiquer régulièrement avec ma famille afin de nous soutenir dans le deuil que nous sommes entrain de vivre. Merci à vous tous pour vos messages, votre écoute et toutes vos attentions à mon égard. Cela n'efface pas la peine, c'est un soulagement de se sentir entour
é, moins seule, face à la souffrance. Merci particulièrement à Jean-Da qui est présent et vigilant à chaque instant, qui m'encadre et me rassure dans les moments de doute et de désespoir. Ma Grand-Mère était une personne irradiant d'Amour. Curieuse de chaque chose, accueillant toujours avec respect et bienveillance chaque personne, chaque idée, chaque situation, même celles dont les fondement lui échappaient. C'est un honneur que de poursuivre le voyage en prennent soin d'appliquer cet état d'esprit, dont elle nous a donné l'exemple, aux découvertes que notre route aura la chance de rencontrer. Tu nous montre la voie GM, encore, c'est toi qui nous guide...

Nous évoluons dans un paysage étrange, changeant, se composant parfois de hautes dunes de sable déposé là par le vent au sommet des collines, ou de l'autre côté du Fleuve Jaune que nous suivrons toujours de près ou de loin. Large de plusieurs centaines de mètres, il irrigue par miracle ces contrées inhospitalières. Nous ne roulons pas à proprement parler dans le Désert mais longeons sa frontière Sud. Le tracé est plutôt plat, ce qui nous autorise une progression rapide et sans trop d'effort quand le vent, omniprésent, décide de nous pousser dans le dos. Parfois, et en particulier aux alentours des berges du Fleuve, ce sont des cultures qui s'étendent entre les villages campagnards. Les charrues sont humaines, équines ou tirées par des tracteurs. On plante les jeunes pousses de riz, de blé, de  maïs et parfois de la vigne. Par l'intermédiaire des quelques paysans que l'on rencontre, on réalise le décalage de leur vie avec celle des citadins. Ils font partie de deux mondes qui ne semblent pas se connaître.



Village vert et collines sèches

Le plus souvent, on roule entourés d'une terre aride 
 ne poussent seulement que des touffes éparses de chiendent entêtés que quelques moutons broutent à l'orée des villages. Terre inerte semée de cailloux et de buissons desséchés depuis longtemps. Les collines se plissent toutes aussi nues, à gauche, à droite. On pense à la Turquie, à l'Iran... similitudes. On suit un grand axe et la route s'élagrit parfois jusqu'à 6 pistes. La poussière vole en permanence. Nous en sommes couverts et il faut toujours se protéger les voies respiratoires.
Parfois, de longues étendues basses sont recouvertes d'une couche de sel qui contraste avec les rizières inondées, elles se reflètent toutes deux également sous le soleil cuisant de l'après-midi. On s'offre des "pauses-pastèques" pour étancher notre soif. Parfois encore, ce sont des marais nauséabonds ou poussent des touffes d'herbes bien vertes ou nichent des échassiers et une variété d'oiseaux inconnus de nous. Le soir, aux abord des villages nous trouvons toujours un agréable coins, cachés par un bouquet de peupliers, abrité par un Temple Taoïste, au milieu de rien ou au bord de l'eau, pour établir le camp et passer des nuits de sommeil profond, fatigués que nous sommes par les longues étapes quotidiennes, baignées de soleil et de vent.

Campement près des collines arides


Parfois, ce sont de longues plats monotones, lassant. Ils ressemblent tantôt 
à la Camargue du Sud de la France, tantôt, à une Plaine de l'Orbe gigantesque. Souvent, ce sont des tronçons entiers plantés artificiellement de verdure, les campagnes gouvernementales de reboisement de ces zones ont pris une envergure inexprimable. Quantité d'ouvriers s'affairent tout autour pour aménager les sols, planter des arbres, dérouler des tuyaux d'irrigation et maintenir les lieux en  état. La lutte contre le Désert est permanente et demande une vigilance constante. C'est un travail sans fin, un travail de fourmis qui nous semblent parfois être réalisé avec des moyens techniques dérisoires. L'image de cette cantonnière balayant le sable accumulé sur la chaussée, dans le vent du Désert, en est l'illustration vivante. Ce qui parait assez évident, c'est que les moyens financiers permettent largement d'employer une main d'oeuvre illimitée. Ce qui nous interroge c'est le choix des essences plantées. En effet, les peupliers ont l'avantage d'arrêter le vent et donc de stopper le sable, l'empêchant ainsi d'aller coloniser les terres fertiles, mais ceux-ci, ainsi que les feuillus à développement rapide (saules...), sont de gros consommateurs d'eau et les kilomètres de tuyaux qui s'écoulent à leur pied, ne cessent d'étancher leur soif à longueur de journée. Toute cette eau qui finit au Désert nous questionne. Il semble qu'il y ait une lacune en ce qui concerne la planification long terme de projets de cette envergure. Des pépinières s'étendent sur des kilomètres de long de la route aux abords des villes.

Les villes sont encore une source d'intrigue. Quel contraste avec la vie rurale de la campagne! 
Les avenues sont gigantesques, tracées au cordeau à la Le Corbusier, lampadaires, fontaines aux carrefours, agents de police semblable à des playmobiles amovibles régulant le trafic, assistant les feux vert et rouge flambant neufs. Les voitures luxueuses se partagent un macadam parfaitement lisse avec les petits scooters électriques si populaires. On dirait que les villes chinoises se lancent des défis dans des joutes étranges, à qui sera la plus belle?
Elles semblent tout juste sortie de terre, les bâtiments sont une ode à la modernité. Pourtant, pour beaucoup, ils semblent inoccupés, tours de verre, bureau au chômage technique ou HLM à moitié bâtis, vides de locataires. Les façades sont rutilantes, les aménagements extérieurs, les portiques, les enseignes scintillent et les villes sont pleines de l'activité des passants. Mais c'est un monde sans âme. A travers nos yeux, ces villes n'ont ni queue ni tête, pas de passé, pas d'histoire, pas de raison d'être si ce n'est de regrouper des travailleurs et d'attirer des centres d'administration et de consommation à profusion. La Chine moderne décidément nous interroge.
L'exposition de la prospérité à tous les niveaux semble d'usage et source d'admiration. L'individu, l'entreprise et la nation ne se gênent pas pour montrer à autrui sa réussite, sa fortune et sa grandeur. Nous ressentions fortement l'application investie, dans ce pays, à montrer les choses sous un jour brillant. Parfois, c'est tellement probant qu'on a l'impression qu'on évolue dans un monde de façade. Les automobilistes roulent en grosses cylindrées, mais leur habileté à la conduite nous laisse songeurs. Auraient-ils investi plus d'argent dans leur carrosserie que de temps dans l'apprentissage du code de la route? Le livreur de Zongwei, le chauffeur de bus de Baotou et plusieurs camionneurs, pour qui pourtant conduire est un métier, sont de vrais chauffards! Les uniformes des postières dans leur office spacieux, sont superbement coupés et arborés avec distinction, mais on peine à nous fournir le service d'envois international et on ne sait pas apposer correctement le cachet sur les timbres. La vitrine du magasin de cycles est truffée des derniers modèles de vélos coûteux, mais on ne peut pas nous y vendre de visses et on nous dégotte de l'huile qu'après que nous ayons lourdement insisté. Les derniers étages d'un haut building de l'Université de Lanzhou proposent des offices privées et des classes spéciales afin d'attirer le top 5% des meilleurs étudiants du pays. Pourtant, les dortoirs standards ne comptent pas de douche et n'offrent pas d'eau potable. Interdiction de cuisiner (même sur sa propre petite plaque chauffante), vu le nombre d'élèves, cela risquerait de créer un court circuit dans le réseau de la ville... Ce ne sont que des exemples tirés de nos expériences et il ne faut pas en faire une généralité. Globalement, ce que l'on observe, c'est que le paquet est mis pour donner une bonne image.
Deux anecdotes pour illustrer cela. Le matin, alors qu'on parcours les rues des villes, il n'est pas rare de tomber sur jusqu'à plusieurs centaines d'employés, sagement en rang d'oignon entrain d'effectuer une chorégraphie synchronisée. Cela devrait renforcer l'esprit d'équipe et par la même occasion démonter aux clients potentiels combien les travailleurs de cette entreprise sont ordonnés, méticuleux et dévoués. A Lanzhou, un simple magasin de fringues (type H&M), va jusqu'à payer 5 femmes dont le travail est de se poster en tailleurs pastel cintré sur les marches du perron de l'établissement, et de s'incliner et récitant une formule (de politesse sans doute?) chaque fois qu'un client passe le seuil de la boutique.
Il faut dire le pendant positif de tout cela: Le pays est en pleine expansion économique. La Chine ressemble à un grand chantier peut-être, mais il y a du travail, il y a des business à faire, de l'argent à investir. Le niveau de vie d'un large pan de la population s'accroît, leur nouveau pouvoir d'achat les poussent à consommer et la machine prend un sacré coup d'élan! La Chine est l'un des pays au monde  le taux de croissance est le plus rapide et au vu des politiques d'ouverture des marchés aux investissements étrangers actuellement mises en place par le gouvernement central, cela n'est pas prêt de changer.

Lanzhou: Les étudiants doivent aller chercher l'eau bouillie (et donc consommable) dans le seul bâtiment du campus qui en met a disposition 


Ville de Linhe

Les villes ont aussi un terrain d'expérimentation pour nous. Nous y vivons toutes sortes d'expériences hilarantes, perturbantes, énervantes selon notre humeur, toujours déroutantes. Nous sommes des stars, tout le monde se retourne sur nous dans la rue, bouche-bée, suspendant leurs gestes ou leur conversation, sourire timide à la chinoise, signe le la main, on nous prend en photo à la sauvette, nous pointe du doigt (ça ne semble pas être mal polis par ici) et des "hellow" prononc
és presque en criant (les cordes vocales des chinois semblent être tendues un cran plus haut que la moyenne mondiale). Chacun de nos arrêts pour demander une direction provoque illico un attroupement. A Wuhai par exemple, alors que Jean-Da fait des couses dans un centre commercial géant, je devient le centre d'intérêt des clients. Il n'y a plus de distance de sécurité, ils s'agglutinent, brandissent leur téléphone portable devant mon nez. C'est embarrassant et oppressant, ce n'est pas la première fois et ça commence à me chauffer les oreilles sérieusement. Je décide de les imiter et sort mon appareil photo, mais cela ne disperse pas leur ardeur, de nouveaux passants s'approchent... Grrrr! Il me faut trouver un moyen de ne pas m'énerver. Je sort un bout de carton et y griffonne par dessin une explication: "Suisse-Chine à vélo, 1 Yuan la photo". Je ne me sens pas trop coupable, les citadins chinois ont du pouvoir d'achat, 1 Yuan correspond, en gros, au coup d'un snack (une saucisse hot dog plantée sur un bâtonnet) qu'ils s'offrent sans y prendre garde dans les nombreux stands de la rue. Une femme s'approche et traduit ma prose en chinois, "chié-chié" (merci). Je répond calmement aux questions qu'on m'adresse sur notre itinéraire, détendue par l'impression que nous sommes à présent dans un échange de bon procédé et ayant moins le sentiment de me faire extorquer mon identité. Et, vous ne devinerez pas quoi? Et bien en moins de 15 minutes, nous récoltons 35 Yuan, tout le monde est ravis et la colère a été bottée en touche!

Les bêtes de foire au super marché de Wuhai


Chaque fois que nous pénétrons dans l'un de ces temple de la consommation démesuré, c'est la même histoire, les vendeuses en poste à chaque rayon quittent leur travail, les clients cessent leur shopping. A nous deux, nous pourrions paralyser le fonctionnement d'un magasin pendant plusieurs heures. Le Géant Jaune devrait se méfier des Petits Suisses! On nous suit de rayon en rayon parfois en se cachant, parfois carrément sur nos talons. On nous observe intrigués. Et puis, quand on s'est habitu
é à notre présence et vérifié que nous étions bien inoffensifs, on s'approche et on nous demande de poser pour les photos d'usage, ensuite on se met à tripoter mes cheveux ou de mimer la barbe de Jean-Da en se frottant le menton. Impossible de prendre de l'essence (pour notre réchaud) aux stations service sans laisser un cliché souvenir. Et nos départs sont ponctués de pousse tendus. Enfin pas vraiment tendus, plutôt dépassant légèrement du poing  fermé au bout d'un avant-bras replie, tenus devant le buste. Une gestuelle exotique qui signifie BRAVO-EN AVANT!

Quelle popularité dans les grandes surfaces


Tout cela nous démontre à quel point la Chine est un pays fermé, replié sur lui-même mais aussi indépendant. Elle s'appuie sur ses propres ressources, produit son énergie, ses propres biens industriels et de consommation courante, ses propres divertissements (littérature, cinéma, musique, théâtre, programmes télévisuels...). Nos bouilles de Blanc Bec n'est pas monnaie courante et la différence interpelle. Partager avec les peuples que nous rencontrons, voil
à bien une chose qui fait partie de nos idéaux, tout semble parfait. Parfois cependant, nos vivons mal cet intérêt disproportionné que nous considérons sans gène, il arrive qu'on nous interpelle à tout bout de champs, sans tenir compte de ce que nous sommes entrain de faire, qu'on nous agrippe sans ménagement pour prendre une photo, qu'on nous tire les poils des avant-bras parce que les chinois n'en ont pas et que cela pose question, qu'on nous dévisage comme des animaux de cirques, et qu'on rigole sans retenue à notre passage comme si nous étions des créatures dénuées de psyché. Rire d'autrui ne semble pas être quelques choses de négatif, mais parfois à cause de nos propres références culturelles, on l'interprète comme de la moquerie et la tension monte.

Nos accoutrements aussi font tourner beaucoup de têtes, il faut dire que nous ne sommes pas vraiment à la pointe de la mode et ici le style, c'est FON-DA-MEN-TAL. Les chaussures en peau de yak que Jean-Da s'est offert dans les montagnes et mes T-shirts délavés provoquent des regards embarrassés, des grimasses de dégoût et de désapprobation. Pour notre part, nous avons aussi nos préjugés sur la tenue vestimentaire des autochtones, en particuliers des femmes. Dans notre pays d'origine, beaucoup d'entre elles ne détonneraient pas à la Route de Gen
ève. C'est effarant, les talons hauts et compensés sont la base du bon goût, ensuite les vêtements vont de la combinaison compliquée style grand couturier, ultra moulante avec mousseline et ruban noué dans le dos, à la mini-jupe fluo remontée sur les bas résille, un petit sac à main plein de brillant toujours porté du bout des doigts. Et cet accoutrement est porté peut importe l'activité qu'on est entrain de pratiquer: sur son lieu de travail par exemple, pour amener ses enfants à l'école ou faire ses courses. Ainsi, parfois en entrant dans les hôtels que nous fréquentons, on craint d'être tombé dans un bordel avant de se rappeler que cet habillement n'a rien d'étrange ici. Le summum du blues, c'est quand une femme en mini short, ses longs cheveux détachés, qu'elle ramène dans son dos par un mouvement de la tête très girly, est plantée au milieu d'un carrefour pour enfoncer dans une bouche d'égout des câbles électriques. C'est mon métier, et elle le pratique vêtue de cette manière, rien d'anormal.




Dans les cantines populaires ou les stands des march
és couverts, on découvre aussi la manière de manger à la chinoise. Avec des baguettes cela va de soi, et c'est assez agréable de réaliser que nous ne sommes pas totalement dénués de doigter dans ce domaine. Mais ce qui nous manque d'abord, c'est la vitesse de frappe. La nourriture semble devoir être avalée en un temps record, sans parler, sans pause, sans presque reprendre sa respiration. Ensuite, il nous manque le son. Oui, pour manger à la chinoise, il faut faire du bruit, aspirer la nourriture depuis les baguettes dans sa bouche puis mâcher bruyamment. On s'oublie parfois... De plus, nous n'avons pas la bonne posture. En effet, ce n'est pas la nourriture qui vient à la bouche mais celle-ci qui va à la nourriture. Il s'agit donc d'être courbé en deux sur son assiette. Il semble qu'il faille effectuer le moins de parcours possible avec les baguettes. En regardant ces scènes d'un peu plus loin, on a comme une impression d'animaux entrain de bâfrer, la tête enfoncée dans leur bol, aspirant à grand bruits et à toute vitesse. C'est curieux, ça nous fait rire et parfois aussi ça nous désoles pour ces couples qui ne semblent pas apprécier le moment partagé à table. Mais cela c'est une coutume typiquement Européenne, puisque dans une grande partie du monde, manger, semble servir à se nourrir et n'est pas vécu comme un moment de convivialité et de socialisation.

Stand à Hot Pot, Lanzhou


La Chine est grandiose en ce qui concerne les découvertes culinaires. Bien entendu, nous sommes rest
és assez prudents et ne nous ne sommes pas risqués à des choses trop exotiques style pattes de poulet, algues en sachet, oeufs noirs, poisson marinés, poulpes ou poissons entiers sous vide, gélatines et poudres diverses, et tout le reste dont on ne peut déterminer ni la forme, ni la consistance, et que nous avons d'instinct évité. Mais tout de même, c'est une belle aventures pour nos papilles gustatives. Notre met de prédilection reste les Chowei Meing, ces pâtes fraîches, faites minute en les effilant les bras écartes, servies dans une sauce piquante et agrémentée de légumes et viande. Il y a aussi les pâtes d'amidon, gluantes services avec de la sauce soja au sésame, les focaccia dont je raffole, les saucisses que Jean-Da apprécie bien quand elles n'ont pas trop le "goût de Chine" (une épice qu'ils mettent partout), les riz aux légumes, aux champignons, aigre-dou, pimentés ou parfumés de gingembre, la soupe aux oeufs, le bouillons de pâtes servis comme accompagnement dans les cantines. On goûte des melons ayant l'apparence extérieure de courgette, des gousses d'ail au vinaigre, des cuisses de poulets servis dans les stands de viande qu'on croise partout en ville (la viande est omniprésente dans les plats chinois), des bières locales, des glaces à la crème, une saveur qu'on ne croyait jamais pouvoir rencontrer dans ce pays, et celles au petits poids (oui, oui, c'est bon!). On grignote des douceurs frittes et torsadées, plein de petites graines différentes, oranges, vertes ou brunes, rondes ou en forme de haricot, nature ou grillées, parfois sucrées-salées, les différents pains, plus ou moins levés, plus ou moins frits et plus ou moins fourrés d'herbettes ou de pâtes de fuits. On découvre le Hot Pot, une spécialité nationale, sorte de fondue chinoise (tient, tient...) dans laquelle on plante les ingrédients choisis avant de s'attabler dans de longs frigos à l'entrée des restaurants, la soupe de tofu préparé de façon diverses et variées (boulette frites, feuilles pressées, lamelles fumées, frais, en filaments gluants ou presque émulsifié) et le lait de soja en poudre. Une fois même, nous nous sommes retrouvés par erreur dans une cantine qui ne servait que des tripes et Jean-Da a du avaler deux bols de boudin, poumons, rognons, et autre abats.... Dans les supermarchés, on s'approvisionne des populaires nouilles instantanées avec leur multiples sachets d'aromates à l'intérieur, de diverses biscuits et chips en tout genre (il y en a des rayonnages, les chinois doivent en être friands).  Bref, on s'amuse bien et ce n'est en tout cas pas en Chine qu'on risque de perdre du poids. Comment font d'ailleurs, la plupart des locaux, pour rester si minces?

Soupe de Tofu, santé Charly!
Sur la route, on croise aussi des villes d'importance plus restreintes. Elles logent toute une classe ouvrière qui rêve de s'enrichir en acceptant de travailler dans les usines des alentours et d'habiter une des ces cages à poule entassées les unes sur les autres constituant les tours HLM. Il y en a des dizaines, copies conformes les unes des autres. Ce que nous ne comprenons pas c'est que la Chine rencontre justement un problème de développement démographique et en particulier dans les villes. L'exode rural sature ces lieux de vie synonymes de prospérité et de réussite socio-économique. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'a été mise en place dans les années 1970, la politique de l'Enfant Unique, appliquée avec minuties dans les zones urbaines. Pourquoi, alors, autorise-t-on les agences immobilières à construire de telles cités. Dictat du business dirait-t-on... Beaucoup de ces logements sont encore vides mais  bientôt une nouvelle volée de paysans viendront renforcer les rangs des travailleurs dans les industries qui se développent et s'épandent dans l'univers plat et déserté à l'horizon, à l'infini.

Usine avant Qintongxia

Aux abords de Yinchuan par exemple l'une de ces cité industrielle fait froid dans le dos. La rue principale est en réalité un atelier mécanique géant. Les routiers profitent de cette halte pour réviser leur engin et fixer les casses. Des quartiers entier d'anciens logements ouvriers (style camps de travail des années 70, enserrés d'un mur de brique) sont à l'abandon, les baraquement tombent en ruine ou sont utilisés par les rejetés de la progression prolétarienne. La ville entière est plongée dans la suie émanant des industries toutes proche qui forment un décor apocalyptique de cheminées fumantes, de grues dressées, de tapis roulant couinant... Le vent fait voler la poussière sur la ville, l'atmosphère est blanche, tout est désolé, sale, puant, pollué, sombre, triste. La réussite sociale semble se payer cher par ici, elle s'affiche en grand sur les panneaux publicitaire, sous forme d'un 4X4 Lincoln étincelant. Le rêve de fortune ressemble à une vie de cauchemar.

La fin du monde, dans les alentours de Yinchuan



Presque chaque jour, nous rencontrons ces pôles industriels plantés au milieu du vide. Sur une moyenne de 83 kilomètres quotidien, il nous arrive de croiser jusqu'à 7 centrales nucléaire, la masse de leurs cheminées plombant le moral. Les raffineries brûlent leur gaz. Partout des pilonnes électriques dont les fils strient le ciel bleu, défigurent les collines. On croirait voir des montagnes nivelées, plates comme des tables, c'est en réalité l'amoncellement des déchets des industries d'extraction de minerais. L'eau, la terre, l'air, tout semble pollué, l'envergure du cataclysme est indescriptibles. Des milliers d'hectares? Des centaines de millier? Ce sont des millions d'hectares de notre planète qui nous sommes entrain de réduire à néant? Traverser ces contrées à vélo, n'est pas le meilleur conseil voyage que nous pourrions donner à nos amis découvreurs, c'est déprimant. D'un autre côté, il faut le voir pour le croire. Nos idéaux anti ou alter consommatoirs s'en retrouvent renforcés. Confrontés à cette réalité tangible, il n'est pas possible de ne pas s'interroger sur nos modes de vie et de chercher des alternatives, la situation devient urgente, SOS!


Les industries se succèdent


Dans les villages aussi on remarque que les choses sont en évolution. Les anciennes bâtisses en terre sont quasiment toutes à l'abandon. On a construit au bord de l'axe routier des maisons en béton sur deux étages. ce n'est pas plus spacieux, mais c'est surtout plus stylé. Cependant quand on sait que les températures dans cette région du monde oscillent entre +45 en été et -30 en hiver, on réalise rapidement que ce matériaux n'est pas adapte. Mais si l'on pense que sous peu, on sera en mesure de se payer une clime et le chauffage central alors bien sure c'est différent. Le problème, c'est que ce n'est presque jamais le cas et que donc ces logements sont eux aussi désertés, les rideaux de fer des échoppes attenantes sont deséperement baissés. Mais  est donc passée la population? On sait que le gouvernement peut en tout temps exproprie quiconque s'il décide que la place est utile à l'élargissement de la route ou à l'implantation d'un nouveau lotissement. Peut être est-ce que qui se passe dans ces villages fantômes?




Cette étape, nous aura menés de la Provence de Ganzu à la Mongolie Interieure en passant par celle de Ningxia. Au cours de celle-ci, nous auront dépassé la barre de 18'000 KM de Balade à Vélo et battu notre record kilométrique journalier. 124,14 km parcourus le 24 mai. Nous atteignons Baotou le 26 mai, jour Anniversaire de notre départ de Suisse. 2 Ans à la Découverte du Monde, déjà!
Merci à mes parents pour avoir organisé l'apero Anniversaire et aux membres de la famille et amis qui y étaient présents. Nous avons eu beaucoup de plaisir à Skyper avec vous tous!


jeudi 8 mai 2014

Chine: Langmusi-Lanzhou

Nous arrivons sur une grande place dallée en pierre devant l'un des multiples temples tibétain, il y règne une atmosphère grouillante, vivante. Un grand nombre de moines pratiquent des joutes de rhétorique en claquant fort des mains dans un geste ample pour appuyer leurs argumentations. Nous visitons l'une des deux lamaserie de Lagmusi. Discrètement et un peu gênés par le nombre de moines, nous observons ces pratiques inconnues pour nous. De plus, ils sont sous la surveillance de deux Lamas vêtus d' impressionnantes capes à épaulettes et porte de puissant bonnets ce qui nous rend carrément timide. 

Les moines de Langmusi pratiquant les joutes de rhétorique


Temple tibétain de Langmusi


La météo peu favorable nous ferra passer 3 nuits dans ce village, ce qui nous permettra plusieurs visites de ces lieux Bouddhistes. On suit l'évolution d'un grand mandala en sable coloré créé avec minutie par les moines, on observe la population pratiquant des tours de monastère à pied en récitant des mantras sans jamais oublier de faire tourner les longues alignées de moulins à prière (Mani). Le décor ainsi que la vie du village nous enchante.

Notre route s'apparente au Far-West chinois, on traverse de gigantesques étendues de pâturage qui sont broutés par des millions de yacks et de moutons. Le froid n'a pas encore permit de faire verdire la toile de fond qui est tantôt jaune-brune ou blanche-neige. Les collines et les montagnes ont été arrondies par les éléments, cela donne au paysage un effet harmonieux, souple, léger et doux. Nous yeux en prennent plein la vue. 
Malgré l'interdiction de faire du camping sauvage, c'est un jeux d'enfant de planter notre tente tant les espaces sont grands sur ces hauts plateaux. Il n'est pas rare qu'un gardien(ne) de troupeau vienne s'asseoir un moment à nos cotés, femme, homme ou adolescent que l'envie de nous observer attirent à notre campement. Nos échanges sont simples, on se regarde, on se sourit, on pousse un semblant de conversation en mimant ce qu'on essaye d'exprimer. Ces visites sont toujours bienveillantes, nous apprécions leurs mode de vie simple, de leur coté, ils nous font souvent un signe du pouce, ce qui est positif, on se régale bien.

Far-West chinois et ses douces courbes


Femmes en habit traditionnel tibétain

Alors que nous  filtrons de l'eau dans un village, un homme parlant quelques mots d'anglais nous explique qu'il y a une course de chevaux près d'ici. Montagnes en arrière plan, plate prairie comme stade de course, pas de tribune pourtant cette évènement attire un grand nombre de spectateurs tous vêtus de leurs habits traditionnels. Avant le départ, on tire de nombreux pétards pour acclamer chevaux et coureurs. La piste est délimitée par des cordes et des drapeaux, les chevaux sont  montés à cru. 2 tours de prairie et les vainqueurs sont acclamés par la foule qui donne des foulards de soie au cavaliers et glisse des billets d'argent au licol de l'animal. Ce fut un pur moment d'assister à cet évènement, le décor, la course, les gens tellement authentique dans leur culture.

Course de chevaux à cru 


Nos vélos parmi les spectateurs


Encore sur le champs de course


Le lendemain, nous arrivons à Xiahe ou l'on s'arrête 2 jours pour visiter le plus grand monastère tibétain hors des frontière du Tibet. L'endroit ressemble à une petite ville avec les multiples quartiers d'habitation des moines, les nombreux temples, les ateliers, les cuisines ainsi que les épiceries. De nombreux croyants viennent en ces lieux, ils tournent autour de l'énorme enceinte du monastère qui est équipé de kilomètre de moulin à prière (Mani). Certains passent de longues heures à faire des prosternations devant les lieux saints, tant de dévotion nous trouble un peu. 


Monastère de Xiahe, les croyants tournant les moulins Mani
Depuis Xiahe, nous empreintons une route plus petite, les villages rencontrés sont d'autant plus authentiques, nous évoluons toujours à "Yacks Land". La météo sera changeante, elle passera du soleil à la pluie, de la grêle à la neige et quelques coups de tonnerre.
Depuis que nous sommes en Chine, mon estomac (celui de Jean-Da) n'est pas en pleine forme, il lui arrive régulièrement de rendre les repas froids (pic-nique). Depuis mon régime sans pain, il va mieux, mais je sais pas trop quoi manger si  ce n'est un bol de flocons d'avoine ou des oeufs, le reste me donne des nausées. Heureusement, tous les repas chaud passent très bien. 

"Yacks Land" sous la neige

En fin d'après-midi, on croise en sens inverse de notre route deux cyclos-voyageurs, c'est Mélanie et Sebastien d'Allemagne qui traverse la Chine. Ni une ni deux, on décide de camper ensemble, le vent nous forcera à installer nos tentes à l'abri de gros murs de terre sèche. On passe toujours d'agréables soirées en compagnie d'autres voyageurs. 

Notre route redescend à 2500 mètres dans une vallée encaissée complètement défigurée par la construction d'une autoroute. De nombreux tunnels sont percés et des dizaines de kilomètres de viaducs sont mis sur pied. Plus on descend dans la vallée et plus ont se rend compte que c'est le printemps, les arbres sont en feuilles et le blé a poussé de plus de 20 cm.
On remontra un dernier col a 3600 mètres et quittons définitivement les hauts plateaux pour rouler en direction de Lanzhou qu'on atteint le 26 avril.

On quitte gentillement les hauteurs


La Chine est le 15 ème pays que l'on visite à vélo, tous les jours nous découvrons un troncons de route, des paysages, des cultures, des traditions, des architectures, des gens nouveaux. Il faut souligner que notre longue balade nous fait également voyager au coeur de nous-meme. Lorsque nous roulons, nous sommes quotidiennement en scelle pendant 5 à 6 heures, la communication d'un vélo à l'autre n'est pas aisée, nous évoluons en général l'un deriere l'autre. Cela veut dire que chaque jour nous sommes "seul" avec nous-meme pendant ces quelques heures, lorsque les paysages ne nous captive pas, on plonge au fond de soi, dans ces pensées et rêves.
Cela fait bientôt 2 ans que je pratique du velo-réflexif ou mon esprit se perche à une idée, tourne autour, la développe et passe à autre chose. Il va ou il veut, je lui laisse libre cour. Ainsi, j'ai pu longuement re-visiter mon enfance, le temps des jeux collectifs dans le quartier, l'école et les nombreux copains, la gym, faire pousser des plantes sur le balcon. Durant l'adolescence ou le mot d'ordre était les copains d'abord, on a beaucoup festoyer et l'on se découvre soi-meme, gentillement, on se cherche, la transformation du corps, les relations amoureuses. Mon parcours professionnel y passe aussi, des formations à mes divers emplois. Les gens que j'aime, les amis de rando avec qui j'ai passe beaucoup de temps dans la nature sur la prairie ou dans la neige fraîche. Il y a egalement des pensées plus délicates, comme les connaissances ou famille disparues, les amitiés ou les amours qui se brisent, les mensonges, les trahisons, les pressions.
Tout ces instant avec moi-meme sont vraiment riches, ils  m'ont permis de me sentir un peu plus proche de moi et de grandir encore un peu.
Depuis la Chine, mon esprit ne cesse de se poser des questions sur les pressions de notre société de consommation. Depuis que nous avons quitté l'Europe, la Chine est le premier pays vraiment développé qu'on traverse, ici dans les villes, les gens consomment comme chez nous. Mes observations de ce pays me font un puissant effet miroir sur notre société qui nous berce dans l'illusion de la grande machine capitaliste ou consommer est l'une des ultimes récompense et réconfort de la vie. Ces rouages nous ont créés des besoins artificiels et superficiels. Travailler beaucoup pour être propriétaire d'une belle voiture, d'une habitation qui épatera la galerie et bien entendu, avoir une image et un look dans le vent. La course pour cette réussite commence des notre enfance par une scolarisation qui nous apprend beaucoup, mais qui sert surtout à devenir de bons travailleurs. Une fois adultes, le monde professionnel se base essentiellement sur la productivité et l'efficacité. Gagner plus pour dépenser plus, voila la pierre angulaire de cette foutue machine. L'humain a-t-il une importance dans ces engrenages?
Et pourtant, depuis notre entrée en Slovenie et cela jusqu'au Népal, nous avons côtoyé des pays moins développé, ou les gens ont certes moins de pouvoir d'achat mais qui jouissent, à mon sens, d'une plus grande qualité de vie. Prendre du temps, avoir du temps à disposition pour s'occuper des ses besoins et des personnes de son entourage ou des gens de passage comme nous.
Devenu un peu nomade à velo, je me suis familiarisé avec nos besoins. Ils sont simples et primaires, se nourrir, avoir un toit ou une toile de tente pour s'isoler des intempéries et avoir des relations aux autres. Mon esprit se questionne, pourquoi n'accordons-nous pas plus de temps pour combler nous-meme l'un des ses besoins?
Dans mes rêveries, je construis une cabane en bois ou en terre crue, je puiserais l'eau directement de la rivière pour arroser les légumes et le blé que je partagerais avec mes amis autour d'une grande table.

Mais revenons a la ville de Lanzhou ou je me tire un balle dans le pied avec mes jolies pensées idylliques sur la consommation et sa machine de guerre puisque notre arrêt dans cette ville n'a qu'un objectif, acheter, oui-oui, vous lisez bien, acheter un ordinateur portable. Nous essuyons de gros soucis de communication dans ce pays ou sans carte d'identité chinoise les internets café nous refusent l'accès à un poste. Je le répète juste pour déculpabiliser notre futur achat. Tiens, voila bien un besoin que j'avais oublié!!!
Lanzhou, 3,5 millions d'habitants, ou allons-nous acheter un ordinateur? Comme souvent, on tombe sur des bonnes étoiles qui nous guident lorsque l'on perd le nord. Un premier étudiant nous mettra dans le bus numéros 1 pour se rendre dans le quartier de l'Université ou il y aurait des mega magasins d'informatique?!! Dans le dit quartier, on fait la connaissance de Sarah, étudiante canadienne de l'Université de Lanzhou. Elle passera 2 coups de téléphoné pour que Muyassar et Gary, deux étudiants chinois se lient à notre cause en coachant notre achat. Ces 3 jeunes personnes nous consacrerons 2 journées, la première nous permettra de choisir le modèle adéquat parmi des millier d'autres. La deuxième servira à installé un windows en anglais sur un ordinateur préprogrammé en chinois, pas facile. Merci beaucoup à vous 3, pour vos conseils judicieux en informatique, pour les échanges sur nos cultures, pour la visite clandestine de l'Université, pour les bonnes glace vanille-chocolat, vous avez été top avec nous!!! Nous rentrons dans notre petite chambre dans le quartier de la grande mosquée avec sous le bras un ordinateur reprogrammé en anglais, bravo.

      

Votre mission si vous l'acceptez : ACHETER un ordinateur


Lanzhou, les monumentales roues a eau faissant jadis tourner les usines 

Partir en voyage c'est découvrir ailleurs, mais c'est aussi partir loin des siens. Avant notre départ et pendant le voyage, nous évoquons souvent le fait que nous ne sommes pas présents auprès de nos familles et des gens qu'on aime. Leo m' a dit à plusieurs reprises qu'elle ne supporterait pas l'idée d'apprendre la disparition de l'un des ses grands-parents pendant qu'on roule à tout azimut. Malheureusement, la chose tant redoutée par Leo a prit forme, sa grand-maman nous a quitté.
Nous restons 3 jours sur place, Leo est assommée, sa famille l'entoure à distance par le biais de mails et de coups de téléphone. L'idée de rentrer en Suisses a sûrement traversé son esprit, que faire? Nous avons appris la triste nouvelle quelque heures avant la cérémonie. Toute sa famille l'encourage à rester en Chine et continuer le voyage. Cela était egalement le souhait de sa grand-maman qui lui avait dit avant notre départ: "Si ils nous arrivent quelque chose, ne rentre pas ma cherie, continue...".
Le temps, tellement important, il sert à vivre mais également à penser les blessures, à apaiser les peines. Je souhaite à  Leo et à toute sa famille, un temps, un répits pour faire le deuil...

Salut GM, je t'aime



samedi 3 mai 2014

Chine: Chengdu-Langmusi

Les trous d'air nous soulèvent le coeur, les ouvriers népalais dont l'appareil est plein à ras bord, oscillent entre l'enthousiasme et la crainte. C'est sans doute la première fois qu'ils prennent l'avion, voyage payé par l'entreprise pour aller travailler en Malaisie, de la main d'oeuvre bon marché. Nous arrivons en Malaise sans visa, gros moment de doute, pourrons nous entrer le territoire? Il semble que nous ayons besoin d'un document pour transiter. Il nous est délivre gratuitement, avec un sourire paternaliste et un peu déconcerté, d'un officier ventru, moustachu, qui se met en devoir de nous expliquer la législation locale. On passe une nuit à même le sol de l'aéroport de Kala Lumpur entourés de boutiques pleines de lumières allogènes et de grandes chaînes internationales de fast food, quel changement comparativement au Népal! Après seulement 4hoo de vol, on se pose en douceur sur le tarmac de Chengdu, il fait nuit et nous sommes crevés. On s'endort une fois de plus dans le terminal pour ne se réveiller qu'à 10h00 le lendemain matin, quelle nuit!

Chengdu compte 7 millions d'habitants, notre chinois est aussi pauvre que l'anglais des locaux. A chaque carrefour, on mime notre itinéraire et nous sommes soulagés de voir que les chinois veulent bien se prêter au jeu du Body Language. 


Centre ville de Chengdu
Yiou nous accueille chez lui, ce Warmshower (communauté de cyclovoyageurs sur internet) nous fera découvrir la ville et répondra à nos questions saugrenues sur son pays, avec toute sa patience et sa gentillesse. Parmi les découvertes déconcertantes auxquelles nous devons nous adapter, on compte le gigantisme des buildings modernes de cette ville tentaculaire dans laquelle nous nous perdons pendant plus de 2 heures avant de retrouver finalement la place centrale ou une statue immense de Mao Zedong se dresse main droite en avant tendue vers le Peuple. La ville est une fourmilière géante, les gens marchent énergiquement ou s'entassent dans le métro pour se rendre au travail, les yeux rivés sur leur iPhone, toujours connectés. Le niveau de vie des chinois des villes est comparativement très élevé et contraste avec nos normes népalaise. Le centre ville, n'est qu'un fatras de boutiques luxueuses ou les citadins vêtus comme pour un défilé de mode font leur shopping avec assiduité. Le Jardin du Peuple grouille de monde, ici, on peut s'offrir du loisir! Nous assistons à des réunions pour le moins excentriques. Les gens se rassemblent ici pour danser ensemble, deux par deux ou sagement alignés en rang, au son de haut-parleurs poussés à bloc, les buildings des jardins de thé sont ouvragés à la mode chinto, les carpes moustachues des bassins sont nourries abondamment par les badauds, les bonsaïs entretenus avec minutie, tout est propre. Les enfants unique, habillés dernière mode s'amusent avec discipline, ou réclament des sucreries à leurs parents qui veillent sur eux avec dévotion. Un jeu populaire consiste à faire tourner une toupie à l'aide d'un fouet et c'est sans complexe que des femmes de tous âges en talons aiguille, mini jupe et décolleté (habillement commun ici), s'y adonnent, des chanteurs du dimanche montrent leur talent (ou pas) accompagnés par divers fanfares, les grands parents lisent les petites annonces agrafées à des tiges de bambou pour trouver le meilleur parti pour leur descendance. La question du mariage semble centrale, les citadins de grandes taille à haut revenu offrent les meilleurs partis.


S'extirper de cette ville, n'est pas mince affaire et on passe une journée entière à pédaler dans le sens contraire des buildings pour finalement découvrir des kilomètres de route longée de villas de conception étrange dont l'espace intérieur semble vide. Les cours de devant semblent servir de déchetterie ou d'ateliers mechanique. On passe notre première nuit sous tente face à un viaduc fantomatique, l'autoroute qui de ponts en tunnels sillonne à grande vitesse les collines et les gorges. Un tremblement de terre a dévasté cette vallée en 2008 et notre route bascule soudain dans l'abîme de la rivière. Pas d'autre choix que d'emprunter la voie rapide. Quelle horreur, on s'engouffre dans des tunnels de plus de 6km de long. Par bonheur, le trafic n'est pas dense et on serre les fesses jusqu'à retrouver la lumière du jour. Nos pauses de midi s'apparentent à des cours de cuisine. Comme à chaque fois, un nouveau pays met à contribution notre créativité pour se concocter des repas. Difficile de trouver des légumes, le pain est inexistant. On casse des oeufs dans un soupe de chou et de nouilles de riz. On ne s'en inquiète plus, on sait qu'on va apprendre et trouver les endroits appropriés pour se fournir avec ce dont on a besoin. La route n'est qu'un immense chantier, tous les quelques kilomètres, nous croisons des cantonniers fluo chargés de balayer la chaussée, travail sans fin. Volontariat? Mission d'état? Bagnards?

Des carrières distillent leur poussière de part et d'autre de la rivière, c'est moche, le paysage est défiguré par les travaux de consolidation de pans de montagnes... On rentre peu à peu dans le territoire de l'ethnie Qiang dont le costume des femmes est magnifique. Il s'agit d'une lourde robe de laine dont elles attachent les manches autour de leur taille et d'un turban noir ou blanc sur la tete. Ce sont des animistes vénérant les pierres blanches dont ils ornent leur toit et leurs fenêtres. Ils croient aussi en une déesse qu'ils gâtent d'offrandes. Les villages traversés sont superbes, leur maison à toit plat portent à leurs fenêtres des persiennes ouvragées. Malheureusement, elles se ressemblent toutes, copies conformes, sans doute le gouvernement central a-t-il alloué un budget de reconstruction après le tremblement de terre et en a profité pour uniformiser les choses. De hautes tours de gardes s'élèvent au milieu des villages (elles nous font un peu penser aux tour du vent rencontrées en Iran).

Le contrôle de cette gorge, passage entre le Nord et la plaine fertile de la région de Chengdu a fait jadis la richesse des Qiang. Aujourd'hui, ils promènent tristement un yak blanc magnifiquement peigné pour tenter d'appâter le touriste qui payera 10 Yuan le clichée pris une fois qu'il sera monté sur la selle posée sur son dos ou s'exposent dans des villages reconstitués, visités par des chinois déferlants par cars entier, d'autres tiennent des restaurants que nous croisons en abondance sur le bord de la route, certains mènent une vie plus rurale en cultivant des champs, des arbres fruitiers, séchant des champignons, et brodant des motifs magnifiques.


Temple Confusianiste

Dans les petites villes sur notre route (Wenchuan, Maoxian, ...), on croise de hautes statues de conquérants de jadis, des portiques de bois massif chinotisant qui signalent l'entrée des bourgs avec leurs toits en pagode, des Temples Confucianistes, des grandes places solennelles à l'architecture "froide", un bout de muraille médiévale, des villages Qiang reconstitués.


Entrée de la ville de Maoxian avec la statue du héros local

On campe près d'un cimetière, les tombes sont en réalité des tombeaux de pierres sèches, entre lesquelles ont été glissés des morceaux de tissus jaune, elles sont fermées par des stèles en pierre décorées de gravures devant lesquelles on trouve un tapis de débris de pétards. C'est certainement la manière dont les gens ici vénèrent leur ancêtres. L'architecture des villages a changé, les maisons tout en bois sont constituées de toits à deux pans, des cheminées fument, on repère quelques troupeaux de moutons et des yaks éparses, les animaux commençaient à nous manquer, nous avions tellement pris l'habitude que la chaussée soit encombrée de vaches... Des drapeaux chinois flottent près des maisons qui ressemblent à des chalets suisses. Certains villages sont visiblement bouddhiste, d'autres musulman. Des Mosquées qui n'ont rien à voir avec celles rencontrées dans les Balkans, en Turquie ou en Iran, élèvent leur toit rond teinté de vert (la couleur de l'Islam) à rebords relevés en dessous du croissant de lune. Les femmes musulmanes ne portent pas spécialement le voile, mais un petit bonnet rond blanc ou rose, qui couvre une bonne partie de leur chevelure. Elles sont habillées de pantalons, au contraire des autres femmes qui elles, portent toujours d'amples jupes malgré le travail aux champs. Des groupes entiers d'hommes et de femmes, parfois accompagnés d'enfants y bêchent la terre et la mélange à du crottin, quand le temps le permettra , se sera les semailles. Pour l'instant, il fait froid, la nuit, il gèle, mais heureusement Jean-Da a réparé les fermetures éclaire de la tente qui nous offre un abri plutôt confortable malgré tout. La vie est redevenue très rurale, ce qui est plus apaisant, on découvre la Chine sous un jour inattendu, un mélange d'ethnies très différentes, mais qui semblent vivre en harmonie, partagent leur sort de minorités, face aux Hans qui peuplent plus généralement l'Est du pays.

Brodeuses Qiang 

Tour de garde et d observation dans la vallée

On suit maintenant la rivière Min Jiang, par une gorge très serrée. Sur les pans de chaque cotés, les fleurs des arbustes ont éclot et cela donne une atmosphère printanière anachronique. La  neige nous surprend, nous nous situons à present à plus de 2700 m d'altitude et on se réfugie dans un hôtel à Sangpan ce qui s'avère moins difficile que prévu, notre guide stipulait que peu d'établissement accueillent des étrangers, que les prix sont élevés, qu'il est quasiment impossible d'obtenir une clé de chambre et qu'il faut laisser une caution exorbitante. Il n'en est rien! 

Village au maison de pierre et aux toitures a 2 pans


Mosquée  chinoise en pierre 

Nous restons 3 jours dans ce bourg médiéval enserré de murailles de terres de plusieurs mètres d'épaisseur. Ce village est un melting pot d'ethnies, étant un centre de commerce régional, il attire les villageois des environs. Femmes Tibétaines parées de gros bijoux en turquoise et de corail rouge chatoyant, hommes Hui (musulman) portant la calotte blanche et quelques longs poils éparses au menton, jeunes Goloks enmitouflés dans leur chaude veste de cuire à manches extra longues, on a l'impression d'évoluer dans un documentaire. Tout le monde a le visage tanné par l'aridité du climat, le soleil, la sécheresse et le froid. Tous ces yeux qui nous regardent avec curiosité mais pas d'oppression, des visages (des gueules devrais-je dire) d'une infinie beauté, nous ne pouvons pas en détacher nos regards envoûtés. La ville en soit est un musée, les murailles de la ville s'éclairentt le soir venu, les façades des bâtiments sont boisées, aux balconnets sont accrochvs quantité de lampions rouge, image typique de la Chine, des Temples, des Mosquées, des échoppes d'attirail campagnard (chaussures en cuir de Yak, vestes de laine, outils, bijoux et objets religieux...) ou de montres de luxe se partagent le pave de la rue centrale. 


Sangpan, rue centrale du bourg médiéval

Nous profitons de cette halte pour découvrir quelques plats locaux, des nouilles aux légumes, un plat de tofu presque rance dans de la sauce ultra piquante accompagné de riz, des momos (pâte à pain fourres aux légumes surprise), fruits secs, chips maison vendus au kilo dans de grands sacs de toile, Pâtes fraîches faites main, beignets frits, pain musulman (quel plaisir et quel régal!), la spécialité de la région est incontestablement la viande de yak séchée, il en pendouille devant tous les magasins. On s'approvisionne en matériel contre le froid et la pluie, des bottes en caoutchouc, des semelles en laine épaisse, des gants de ski. Même sous la couverture chauffante de notre lit d'hôtel, on gèle, on commence à se demander sérieusement si l'itinéraire que nous avons prévu est réaliste. Après avoir, à grand peine, consulté la météo, (les internet cafés sont inaccessibles à ceux qui ne sont pas porteur de carte d'identité chinoise), on fait le point. Poursuivre à l'Ouest vers la frontière Tibétaine semble peu opportun, notre route nous mènerait à 4700m d'altitude et l'hiver semble loin d'être termine par ici. On décide de poursuivre plein Nord par un plateau à 3500m et de rejoindre Lanzhou avant de continuer vers l'Est à plus basse altitude, cela semble plus raisonnable.


Tofu  à la sauce piquante

Nous n'avons pas quitté notre nid douillet paye grâce à la contribution de Francine et Willy de suisse (merci pour le cadeau) depuis 48 heures, que nous sommes à nouveau pris dans les neiges. Les flocons gelés nous heurtent le visage si violemment qu'il est impossible d'ouvrir les yeux. Nous n'effectuerons que 13 kilomètres et planterons la tente sous un viaduc et patienterons un jour entier que cela cesse. Les villages croisés sont magnifiques, des Stupas, dégringolent quantité de drapeaux à Manis (drapeaux de prières bouddhistes), ils sont composés de très grandes bâtisses enserrées de coures boueuses. Nous dépassons le cap des 3500m d'altitude et rejoignons finalement un col à 3800m. C'est sous un soleil radieux que nous pénétrons sur un plateau steppique peuplé de centaines de milliers de yaks en liberté. C'est une vision indescriptible, des tentes nomades sont installées en bordure de route. Nous évoluons dans cet environnement incroyable plusieurs jours en suivant la pente douce des méandres d'une rivière. Au soir, alors que nous demandons de l'eau dans ce qui s'avère être, une enclave de logements pour travailleurs des routes, Janruan (phonétique), nous prend sous son aile. Il bourre son fourneau de crotte de yaks séchées et fait bouillir l'eau pour le thé vert au jasmin qui est devenu notre boisson de choix dans ce nouveau pays. Ils nous indique avec beaucoup de perspicacité en déchiffrant quelques mots dans notre mini dictionnaire de traduction anglais-chinois, la chambre ou nous pouvons nous installer (un des logement d'ouvrier vide) et puis nous prépare un souper en tailladant à l'aide d'un couteau effrayant de démesure et de tranchant, des gros morceaux de viande qui font saliver Jean-Da et un légume inconnus a nos papilles gustatives.
Malgré la barrière de la langue, la magie de la bienveillance humaine opère une fois de plus. La conversation se met en route dans la chaleur de son minuscule foyer sommaire et dénué et pourtant plein de gaieté. Pour le remercier de ce geste tellement humain, tellement précieux, Jean-Da lui confectionne un de ces fameux bracelet en macramé décoré d'un maillons de nos chaînes de vélo, une façon de lui dédicacer une part de notre voyage. Au matin, il est impossible de partir sans avoir avaler un bol de riz à l'eau, apparemment le déjeuner quotidien et partager, comme hier au soir, quantité de cigarettes, qu'il faut s'offrir mutuellement, c'est la coutume. Nos poumons sont noirs quand nous reprenons la route, heureusement en pente légèrement descendante. 
Bien que mon sentiment général a propos des relations sociales en Chine me porte à croire que l'hospitalité et prendre soin d'autrui ne soient pas des valeurs constitutives, voilà une expérience qui le dément et me rappelle qu'il faut se mefier des generalites, que chaque personne est unique et peut apporter sa contribution à modifier les choses. Si ce n'est pas globalement, du moins pour elle-même et dans son environnement directe. En effet, j'ai le sentiment que de par l'histoire ancestrale de ce pays, la mentalité chinoise est teintée de dureté. Je m'explique. Les Chinois sont des gens appliqués, travailleurs, persévérant. Ils n'attendent pas que leur bonne étoile leur apporte réussite, ou bonheur, ils s'attellent à la tache avec une ténacité, une résignation presque. Dans la Chine actuelle par exemple, la concurrence est rude, il y a tellement de candidats à un bon mariage ou à un poste de travail, il faut être le meilleur, prouver sa valeur, réussir, être performant. J'ai l'impression qu'il n'y a pas (ou peu) de temps accordé pour aider son prochain, la vie en demande déjà tellement à chacun.



Entrée d'un village Bouddhiste, la neige nous nargue!!!
La neige nous a eu!!!

Mais revenons à nos moutons, heuuh... à nos yaks. Ils sont partout, étonnement peureux malgré leur longues cornes, depuis le bord de route, jusqu'aux méandres de la rivières et puis au loin vers les collines vallonées dont les sommets sont encore blancs. Pour eux, c'est déjà la printemps, est les petits gambadent avec agilité jusqu'à leur mère pour se cacher entre leurs pattes. Des moutons, il y en a aussi, ils portent des toisons touffues qui font apparaître leur jambes toutes grêles, leur cornes s'échappent en formes de tire-bouchon des deux cotésde leur tête. Les agneaux appellent, puis accourent pour téter en remuant la queue. Juchés sur leur petite monture, enveloppés dans leur superbe manteau, de fiers cavaliers Golok gardent le bétail. Au loin, on aperçoit leurs tentes ou leur petites maisons disproportionnées dans cette étendue vierge. Les chevaux, sont le symbole de ces hauts plateaux, jadis le seul moyen de déplacement dans cet immensité. Aujourd'hui bien sur, il y a la moto, enfourchées presque avec autant de fierté que la bête. Les motards nous saluent bien volontiers, freinent souvent à notre hauteur pour nous observer, ce qui nous donne l'occasion de faire de même! Parfois, ils chantent à tuhtête en roulant, ça nous fait rire, récitent-ils une sorte de prière, ou est ce simplement un moyen de divertissement pendant ces longs trajets monotones? Nous vivons un rêve éveille, comment imaginer la vie de ces nomades des hautes plaines. Nous nous sentons extrêmement fiers et privilégiés d'être là, spectateurs de tant de beauté, de calme, de nature, d'authenticité. A quelques reprises des bergers ou des cavaliers viendrons nous rendre visite pendant nos pic-nics, de belles occasions de s'observer mutuellement, de se découvrir, de s'appréhender. Nos yeux bleus, mes cheveux blonds et en particulier le fait que je porte des dread-locks, intriguent beaucoup et presque tous les jours, une femme vient m'inspecter le crane pour s'assurer que cette tignasse est bien attachée à mon cuire chevelu, que je ne suis pas une usurpatrice. Je prends ça plutôt bien. Je considère que c'est fait avec respect et une réelle curiosité, il faut dire que moi aussi j'aimerais bien toucher leur longues tresses qui parfois descendent jusqu'en dessous de leur fesses et qu'elles nouent ensuite ensemble. Je ne me lasse pas de les voir tourner leur Moulin à Manis et égrainer leur chapelets tout en récitant des Mantras alors qu'elles gardent les bêtes.


Magie des hauts plateaux peupléde yacks 


Mouton-tire-bouchon

La ville de Zoge ressemble à celle de Sangpan, les éléments historique en moins. On y fait des provision au marché couvert, découvrons les vieux joueurs d'un sorte de jeu de dame concentrés dans la rue, y observons encore captivés les costumes des passants. La nuit sera froide et au matin, tout est givré    autour de nous. Nous descendons bientôt du plateau, en empruntant un tunnel verglacé dans lequel on joue les équilibristes. 

Zoge, partie de "dame"
Nous amorçons une descente de plusieurs centaine de mètres, mais voilà qu'on se retrouve au coeur des montagnes, ses sommets gris, rocheux que nous apercevions depuis le plateau et qui paraissaient plus haut que lui. Comment peut-on descendre et se retrouver dans les hauteurs? Une sorte d'effet d'optique, une sensation d'avoir expérimenter le passage d'Alice. A nouveau, il y a des villages aux bâtisses similaires les unes des autres. Il y a aussi de grands Temples Bouddhiste aux toitures dorées qui se reflètent au soleil. Depuis quelques jours, nous avons croise à multiples reprises, des pèlerins qui avançent en se prosternant tous les 3 pas le long de la chaussée, curieuse et onéreuse manière de confirmer leur dévouement à la foi Bouddhique. Nous sommes à la fois admiratifs et dubitatifs. Leur présence ne nous étonne pas, nous sommes sur le point d'atteindre Langmusi, ville monastique.