vendredi 6 mars 2015

Cambodge: Poipet - Stung-Treng

Article publié par Jean-Da:

Je vous ai laissé au passage frontière entre la Thailande et le Cambodge, celle de Poipet. L'endroit grouille d'activité, il y a beaucoup de marchandises qui passent d'un coté comme de l'autre, entreposées sur de grands chars tirés par plusieurs hommes. Ici et la on te demande de t'arrêter, on t'explique que c'est ici que tu dois faire ta demande de visa cambodgien ou l'on te propose de pousser ton vélo? Je suis calme, et je réponds simplement que j'ai déjà le visa dans mon passeport (ce qui n'est pas vrai) et dit que je suis assez fort pour pousser mon vélo sur quelques centaines de mètres. Pour quitter la Thailande, je dois entrer dans un bâtiment et monter à l'étage pour obtenir le tampon de sortie, avec tout ce va-et-vient je ne sais pas trop ou laisser mon cycle en sécurité. Je fais comme si j'étais une voiture, un douanier me stop à la barrière, cela me permet de laisser ma monture appuyée contre sa guérite. Je fais quelques pas en arrière et entre dans le bâtiment des douanes pour faire viser ma sortie du territoire. Je pousse mon vélo jusque sous l'arche représentant l'entrée du Cambodge en ignorant toutes les demandes visa ou aide. Je rentre dans les locaux officiels de l'immigration du Cambodge pour obtenir mon visa. Je remplis le formulaire, donne une photo passeport et pose 30 dollars au comptoir. L'officier en charge me demande dans un premiers temps, 5 dollars supplémentaires, puis 3. Je ne lui donne rien. Quelques minutes plus tard, je reçois mon passeport avec son visa, parfait. déjà

Sur la route entre Popeit et Si Sophon, je suis également surpris (comme Léo) par les sourires de tous les enfants qui me disent "hello". Tous ces sourires me touchent beaucoup, ils sont très communicatifs.

Si Sophon est la ville ou l'on c'est donné rendez-vous avec Léo. Je suis quelques jours en avance, ce qui me laisse du temps pour prendre la température des lieux et de ce nouveau pays en général. Mon premier constat n'est trop positif, car en allant au marché de fruits et légumes, certains commerçants n'hésitent pas à multiplier leur prix par 6 ou 8. Le premier soir, je vais manger une délicieuse et copieuse soupe de légumes que je payes un certain prix. Le soir suivant, dans le même établissement, je mange la même soupe accompagné par Robert (Cyclo Autrichien déjà rencontre au Laos). Je ne demande pas le prix puisque je le connais. Une fois la soupe engloutie on nous demandera de payer 6 fois le prix du premier soir... par bol!?! Je proteste sauvagement contre cette arnaque. Tenancier bien sur, clients et passants soutiennent tous que je me trompe, pourtant je suis sur de ne pas avoir payé mon bol 4 dollars (ce qui représente beaucoup d'argent dans une gargotte). 25 personnes nous mettrons la pression pour que l'on paye, ce qu'on ferra au bout d'un moment. Dommage car maintenant nous serons vigilants, voir méfiants.

Durant les journées, je tape mon précédant message blog. Léo m'a dit arriver en ville entre le 5 février au soir ou le 6 au matin. Je quitte mon écran de l'internet café durant l'après-midi du 5 pour me rendre à ma chambre, pas de Léo dans les parages. Je vais trouver la tenancière de la loge en lui expliquant que j'aimerais qu'elle donne la clefs de la chambre à une fille qui arrivera en vélo. Pour être sure, je lui montre une photo. Lorsqu'elle pose son regard sur l'image, son visage s'illumine, elle m'explique que la fille sur la photo est déjà venue il y a un moment mais qu'elle est repartie? 30 secondes plus tard Léo débouche sur le sentier de terre avec son vélo. 2 mois que nous nous sommes pas vu! Elle me dit être fatiguée, apparemment la visite d'Aurélien et de sa copine a du être sportive. Elle s'installe, nous avons tellement de chose à nous raconter qu'on babille un long moment en soirée. Nous restons sur place 2 journées à partager nos multiples expériences respectives, nous sommes contents de nous voir et complices dans nos récits.

Nous pédalons en directions de Siem Reap pour visiter les nombreux temples de l'époque Khmer d' Angkor. Sur la route, on se rend bien compte que le Cambodge n'est pas très développé. Les habitations des paysans sont très modestes, souvent une baraque en bois montée sur pilotis. Les étales des marchands sont moins fournis en produits industriels. Par contre les marchés sont richement fournis en fruits, légumes, viandes, poissons, différent riz, pains, épices et herbes aromatiques. Léo achètera de délicieuses banane cuites enroulée de riz braisé dans des feuilles de bananiers.  



Cambodge: campement entre Si Sophon et Siem Ream


Lorsque nous pénétrons dans la ville de Siem-Reap, nous sommes quelque peu surpris, déboussolés par l'alignée d'hôtels de luxe. Sommes-nous toujours au Camboge? Tous ces "magnifiques" bâtiments, bien entretenu, avec jardin fleuri, gazon vert et jet d'eau devant la réception, jurent vraiment beaucoup avec la situation économique du pays. Nous recevons en plein visage le sur-développement qu'engendre le tourisme qui dénature complètement l'environnement et la culture locale. Certains hôtels sont dignes de Zermatt, Paris ou Las Vegas. Toujours sur un plan réflexif: Qui sont les personnes qui utilisent ces infrastructures? Que voient-elles du Cambodge et du mode de vie de sa population, si ce n'est en assistant à une représentation de danse local au théâtre de l'hôtel.

J'avais dit en partant de Suisse qu'un des mes buts durant ce voyage, serait de visiter les temples d'Angkor mais une fois à Siem-Reap, j'en ai la chair de poule en découvrant son sur-développement. Malgré moi, ma simple présence ici contribue et encourage se développement. Je reste songeur et critique concernant le statut de voyageur-touriste, que faisons-nous ici? Sommes nous conscient des impactes sur les populations?
Heureusement Leo est à mes cotés, nos valeurs et morales communes nous permettent d'accuser le coup et de relativiser. Nous nous installons dans un guest-house excentrée et continuons à manger dans les gargottes locales.






Le cité d'Angkor était jadis la glorieuse capitale de l'Empire Khmer, elle fut fondée au 9 ème siècle et sera prospère pendant 500 ans. Seul les bâtiments religieux était construit en pierre, les habitations, les ateliers et les bâtiments administratifs était eux, construit en bois dont aucune trace ne subsiste aujourd'hui. Le cite abrite plus de 290 temples, que bien entendu en 3 jours de visite, nous n'arriveront pas tous voir. Il parait que se serait le plus grand complexe religieux construit par l'Homme, et que sa ville de plus de 800'000 habitant serait la plus grande de son époque, cela serait valable jusqu'à notre air industriel.

On commencera notre visite par le mythique et énorme Angkor Wat

Cambodge, site d'Angkor: Ankor Wat
Ce temple est dédié à Vishnou, il est entouré d'une douve carré de 1,3 sur 1,3 kilomètre. On la franchit par un pont de 200 mètres de long dont la chaussée est couverte de gros blocs de pierre. Nous sommes déjà impressioné par le portique d'entrée permettant de franchir l'enceinte. Une longue allée nous emmène droit sur Ankgor Wat, plus on s'avance et plus on se rend compte que le monument est gigantesque. Les murs en pierre de la seconde enceinte sont entièrement recouverts de bas-reliefs. Ces sculptures dans le grès représentent des scènes magnifiques sur plus de 800 mètres de long. Elles mettent en scène, en général, des histoires de guerre ou les soldats sont accompagnés par une cavalerie montée sur des éléphants. Il y a également dans ces bas-reliefs des scènes religieuse dont la très rependue " barattage de la mer de lait".
On pénètre dans le sanctuaire ou se succèdent terrasses, escaliers, couloirs, cours, hôtels... Ce complexe est une vrai labyrinthe, construit uniquement en pierre, dont les bloc sont énormes. Je salue les bâtisseurs dont la précision permet que la pierre épouse parfaitement sa voisine. Chaque mur, pilier, colonne, encadrement de porte ou de fenêtre étant décoré de sculptures. Quel travail, quel démesure!!!
Léo n' a pas encore complètement récupéré, il lui arrive d'avoir des coups de pompe. Elle fera une sieste d'une heures au centre du Temple avec les énergies bienfaitrices d'Ankgor Wat.


Angkor Wat : Bas-relifs en gres

 Nous nous dirigeons ensuite vers la cité d'Angkor Tom ou l'on passe sous une  gigantesque porte qui est surmontée par une tour symbolisant une tête à 4 visages. Le mystérieux temple de Bayon nous séduira littéralement avec ces 37 tours. Elles sont chacune ornée de 4 visages regardant les points cardinaux. L'atmosphère est vraiment mystique avec ces 140 visages sculptés dans la pierre dont le sourires énigmatique irradient le lieux.

Angkor: Temple Bayon aux mystérieux visages

Cambodge, site d'Angkor: Temple Baphuon





Cambodge, site d'Angkor: Temple Ta Keo


En 3 journées nous arrivons a visiter les temples du petits et du grands circuit, quel santé!!! Mais quel plaisir. Je serais  volontiers resté 6 mois supplémentaires à découvrir plus en profondeur  ces joyaux du passé. Certain temple mériteraient qu'on y consacre plusieurs jours, tant c'est grand, tant il y a de pièces, de sculptures, de bas-reliefs, de passages, de mystères. Je serais candidat pour tomber amoureux de ces vielles pierres!!!
Je tiens ici a remercier Brigittes et Charly, comme d'habitude vous avez assuré. Grâce à vous! La fondue au fromage moitié-moitié a comblé nos palais mais également des vieux fantasmes longtemps refouler.



Cambodge, site d'Angkor: Temple Ta Keo


Cambodge, site d'Angkor: Terrasse du "Roi Lepreux"



Cambodge, site d'Angkor: Temple Ta Prohm



Cambodge, site d'Angkor: Temple Neak Poan



Cambodge, site d'Angkor: Temple Neak Poan



Cambodge, site d'Angkor: Temple Pre Rup


Depuis Siem Reap, nous roulons en direction du Nord. Nous voulons nous rendre dans la petite ville de Anlong Weng. La petite route que nous empreintons pendant 2 jours est juste bucolique: petits, les villages respirent l'authenticité, la vie rural, la vie du Cambodge profond. Vaches, poules et cochons se baladent librement autour des habitations. Les buffles d'eau barbotent dans les marres et les rivières. Certains tronçons de route traversent des forets, des rizières ou des zones de pâture. Nous sommes soulagés de retrouver un environnement simple que l'on comprend mieux.



Cambodge, envrions de Khon Ream: Village de cultivateurs


Anlong-Veng. Cette ville au Nord du pays fut l'un des derniers bastions révolutionnaire des Khmers Rouges. Ils imposeront, avec Pol à leur tête de 1975 1979, un régime brutal dans tous le pays, à l'encontre de son propre peuple. Le pouvoir en place sera démantelé par les Vietnamiens en 79, et les dirigeants Khmers Rouges quittent la capital Phnom Penh, pour  se réfugier dans les alentours de Anlong-Veng. Ils lutterons contre le nouveau régime jusqu'en 1998, lorsque le dernier bastion, la maison du chef militaire Ta Mok, sera prise de force. L'histoire macabre de cette période de l'histoire du Cambodge et difficile à saisir, même en visitant la maison de Ta Mok (dit le Boucher) et son quartier général militaire, aucune explication ne nous éclaircira d'avantage.


Cambodge, Anlong Veng: Maison de Ta Mok (chef militaire de l'armée Khmer Rouge)


Même si nous peinons à envisager  la mesure de la réalité et des atrocités qui se sont jouées dans ces lieux, nous sommes émus. Cette émotion sera également présente dans la ville, lorsque nos routes se séparent. Léo s'en va à l'Ouest, moi je continue à l'Est pour me rapprocher du Laos. Nous sommes très contents d'avoir partagé notre route pendant 15 jours, d'avoir visité ensemble les temples d'Angkor, de s'être confié l'un à l'autre... mais il est temps de retrouver notre indépendance.

Salut Léo, merci pour tout, merci d'être mon amies!!! Je me remets donc en scelle seul, je retrouve mon rythme de pédalage, mon rythme de vie propre. En après-midi, des hommes dans un petit village ou je fais une pause à l'ombre, m'invitent à boire un coup avec eux. L'un deux parlent très bien l'anglais. Ils fêtent le nouvel ans chinois. Nous sirotons ensemble quelques verres de bière et échangeons, grâce au traducteur, d'intéressantes discussions. Ils m'expliqueront les difficultés de la région qui est délaissée par les aides gouvernemental et les ONG. Les environs sont fortement militarisés pour surveiller la frontière avec la Thailande. Il paraîtrait qu'il y a de nombreux mouvements militaires d'un coté, comme de l'autre de la frontière, pour faire des razzias de bois notamment. Mais il y aurait  aussi des soucis de sécurité et de corruption venant de leur propre pays. En fin d'après-midi, la fête est finie et tous les hommes boivent de l'eau. 
Le propriétaire de la maison ou l'on se tient m'invite à passer la nuit avec sa famille. Ils s'intéresse à mon voyage, me demande se que je fait ici, dans une région reculée. Tous les hommes et les enfants s'intéressent maintenant à mon vélo, à se qu'il contient. Ils me diront qu'ils n'ont jamais vu de tente en vrai sauf à la télé et me demande si je suis d'accord pour monter la mienne. Ils me regardent presque religieusement enfiler les tubes en aluminium, et une fois la tente montée, ils touchent le tissu. J'ouvre la porte pour leur montrer l'intérieur, tous s'engouffre dedans, les enfants aussi. Ils me demandent de faire des photos d'eux qui font semblant de dormir. L'ambiance est vraiment agréable et très détendue entre eux et moi. Je me sens en confiance avec ce groupe de personnes.
A la tombée de la nuit, le propriétaire sert à ses amis et à sa famille une soupe de poissons accompagné de riz. On me servira la tête de celui-ci!
Après le repas, les hommes encore présents rentrent chez eux. Mon hôte sort une radio talki-walki, celle-ci crépitera toute la nuit. En début de soirée, il y aura de nombreux message radio échangés. Il m'expliquera dans un anglais rudimentaire que durant la nuit des voleurs et l'armée se servent chez les gens de leur moto ou outils et machines agricoles. Ainsi pour dissuader le vol, les habitants de la région communique par radio et si un évènement suspect se produit, ils se rendent tous sur le lieu, le nombre fessant la force.
Cette nuit sera tranquille, mais il parait que la nuit précédente, 6 motos ont été prisent dans le village et ses alentours.
Le matin tous les hommes de la veille viennent boire le café chez mon hôte, ils discutent de la nuit passée et des travaux aux champs et en foret qu'il vont effectuer durant la journée. Il est temps que je prennent congé d'eux. Je les remercies chaleureusement, je passe devant chaque personne en joignant mes mains et en disant merci en cambodgien. Lorsque je suis sur mon vélo, mon hôte me prendra dans ces bras.

Cette dernière nuit m'a quand même fait réfléchir un peu sur mes futurs campement, mais je pars du principe que tous les gens sont bons. Toutes les autres nuits seront passées en tente sans soucis, mais ma vigilance sera quand même un peu plus poussée que d'habitude.


J'arrive dans la ville de Stung Treng ou je fais une pause de 4 jours. La ville se trouve au bord du Mekong. L'ambiance y est paisible, les marchés bien achalandé. Cette ville n'est pas forcement une halte pour touristes, donc pas trop de difficulté concernant le sur-taxage. La frontière avec le sud du Laos se trouve a environs 70 km de la ville, soit une journée de vélo.

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