dimanche 25 octobre 2015

Slovenia: Venicia - Dravograd

Article publié par Léo:


Un pont, un panneau, un éclair de souvenirs, un contrôle douanier, une blague, Vinica, un camping au bord de l'eau, l'arrivée de mon copain sur son engin solaire. Double retrouvailles. D'abord celles d'avec ce pays, la Slovénie, perdue de vue depuis 3 ans. Pays "de Heidi" comme nous l'appelions, pays agricole, pays de montagnes: les Alpes, pareil à la Suisse, pays de sapins; pays de transition, la porte des Balkans, la fin de l'Union Europeenne; des vergers généreux, des potagers fertiles, des produits locaux et artisanaux, des rivières azures, des cours d'eau limpides; pays de découvertes et d'apprentissages, pays d'exotisme et d'inconnu, de la joie de vivre, des communautés unies et solides, de la débrouillardise et de la créativité, de bon sens. Puis celles d'avec Yani, rencontré il y a 6 mois de cela dans les campagnes Cambodgiennes. salut Yanni, comment vas-tu? 


Slovénie: L'engin solaire de mon ami Yani



Alors que nous pédalons à travers la campagne des Terres Blanche (Bela Cemlja), me percutent de plein fouet des senteurs, des sensations et des images de mon pays natal. Ces pierres blanches, calcaires qui émergent des pâturages d'herbe verte, cette odeur de résine de conifères qui embaume la foret, ses sous bois humides, plein d'humus, de feuilles mortes et de branches  s'accrochent les mousses et poussent les champignons, les monts qui se dressent à présent ne sont plus des collines. Pour la premier fois, je me sens comme de retour, de retour vers une terre  sont enfuient mes racines. C'est étrange, c'est troublant, ça me fait sourire. Slovénie pays que j'aime!


Une semaine durant Yani veillera sur moi comme un père. Il est passionné d'apiculture, il ouvre ses ruches, me montre le royaume des abeilles, me rend attentif à leur organisation secrète, subtile et infaillible. "Tends ta main au dessus de l'essaim, tu sens l'énergie?". On se régale de leur miel dans du thé à la mente du jardin. Yani cherche à vivre simplement, calmement, en accord avec lui même. Les fruits de son verger et les légumes de son potager agrémentent nos repas qu'on prends sur la terrasse sous un figuier, tel Bouddha. Parfois on médite, on rêve, on s'énergise. Mais pas souvent, Yani est un causeur et un hyperactif: les longues soirées sont consacrées à refaire le monde, à réfléchir sur sa course, à interroger et mettre à l'épreuve nos convictions, nos idées, nos projets. On tombe dans l'absurde et c'est agréable, pourquoi pas après tout. 

"Et a la fin? A la fin, c'est la fin du monde... Et c'est peut-être déjà arrivé. Seulement on ne s'en est pas encore rendu compte. L'information met un certain temps à prendre forme de façon perceptible! C'est comme la vitesse du son? Vouais... Et dis, tu penses qu'il arriverait quoi, concrètement, si l'Humanité dans son entier réaliserait simultanément qu'en fait elle est déjà au Paradis?"


Slovénie, Montagne Kocevski: Méditation au sommet d'un observatoire en plein nature


Yani me fait visiter toutes les Terres Blanches. Du sommet de Kocevski aux plages de la Kolpa. Marche en foret et récolte de champignons, on débusque des chevreuils, des papillons, des poissons rouges dans un étang, des plantes bienfaitrices. Exploration de cimetières et d'anciens villages d'immigrés allemands du 17eme siècle, sieste sur les galets, baignade, Spritzer (vin blanc et eau gazeuse, une spécialité locale qu'il faut boire à toute occasion) sur une terrasse au bord de l'eau, repas au restaurant, visite des bourgades alentours, rencontres avec des amis... toutes les occasions sont bonnes. 


SlovénieBalkani BBK


Nous passons à l'improviste sur une route de campagne pas plus large qu'une voie cyclable, devant sa cabane de vacance, un ami d'enfance nous fait signe: "voulez-vous goûter ma bière?". Il en brasse depuis quelques mois, expérimentations heureuses, le breuvage est délicieux. Un moment magique. Une vraie scène de film de Kusturica à la balkani: les plats sont passés avec fracas, un bouchon pète au milieu de la conversation, on frit des tonnes de viandes et des pommes de terres au kilo. On rit , on bois, on bois, on rit et on m'offre une botte de radis, comme ça, tout de go. J'adore!


Slovénie: une joyeuses bande pour vendanger!


On nous invite à participer aux vendanges. Un groupe de copains se retrouve pour travailler, un peu, s'amuser beaucoup. boire des Spritzers aux pauses programmées toutes les dix minutes environs, se vanner, raconter des histoires, et rire. On a récolté de quoi presser 130 litres en jus, l'une des meilleure chose qu'il m'ait été donnée de boire. Maintenant il faut rajouter un peu de levure puis laisser fermenter. Tout le monde met la main à la pâte, on nettoie l'enquêteuse, le broyeur et le pressoir, puis on s'installe autour de la table sous la vigne et on partage une repas des vignerons jusqu'à tard dans la nuit: copieux, solide, riche et arrosé. Des souvenir d'enfance quand Yani me ramène à la maison par les routes éclairées uniquement des  étoiles accrochées dans un ciel noir et que je somnole indolente sur la banquette arrière. 


Slovénie: Repas des Vignerons!


Vida et Bojan habitent Tribuce, le village d'à côté. Jean-Da et moi avions dormi dans la cabane des Rian Riders, un club de motards dont Bojan est le président. J'achète un peu de chocolat et pars les visiter sans vraiment prévenir. Vida ne me reconnais pas tout de suite. Je lui annonce en m'approchant que je suis Léo. Elle accours et me prend dans ses bras. Elle et son maris se portent bien, ils me racontent leur dernier périple à moto à travers les Dolomites. Bojan apporte fièrement toutes les photos que nous leur avions envoyées par e-mail au cours des derniers années de route. Ils les ont imprimées et ont accroché nos cartes postales dans la cabane des Riders! Quel cadeau, quel gentillesse, que d'émotions. Comment est-ce possible d'avoir laissé un tel souvenir, une marque si profonde dans la coeur et dans la vie de gens rencontrés l'espace d'une seule soirée? Ça donne à penser: l'importance de l'instant, la magie du moment, la nécessité d'être là, vraiment là, car chaque minute est magique, déterminante et précieuse...


SlovénieTribuce: un petit coucou au Rian Riders! Merci Bojan et Vida!!!


Je quitte Yani. Il sera rester une énigme. Bon vent mon ami, que tes projets puisent voir le jour, tes rêves prendre forme, ta réalité étendre ses limites. Merci pour ce long et généreux accueil! Merci pour m'avoir offert un environnement propice et tant d'occasions de (re)sentir, de m'apprendre, de me découvrir et d'agir en accord avec moi-même. 



Slovénie: Profitons de l'accueil chez Yani pour entreprendre quelques réparations! L'automne arrive avec son cortège de feuilles mortes et la pluie certainement!


Mes sacoches sont réparées. C'est avec un matériel à nouveau étanche que je me dirige droit vers le Nord. Crmosnjice se cache derrière une montée très raide qui me permet d'embrasser la grande plaine de Bela Cemlja d'un seul regard. La Solvénie est comme un océan vert, plein de vagues, jamais égales, ni régulières, une mer agitée, dansantes. Un conte de fées à parcourir, plein de mystères, de recoins, de surprises. Les clochers des églises sont autant de phares blancs élançant leur croix dorée vers le ciel, comme un signal de ralliement. Autour d'eux, les maisons fleuries se regroupent en rang serrés, plus s'espacent à travers champs. Ferme isolée dans le creux d'une vague ou sur une bosses. On entend les cloches de vaches au loin, les cloches des églises, des sons qui au matin chercher dirait-on a percer les basses brumes. 


Slovénie: Peu après Zuzemberk, la campagne est délicieuse!


Un autre col, Brezovica, 588 m, ça parait rien, mais la monte fut longue. Flash back: Il y a trois ans Jean-Da et moi, en sens inverse, nous avions aussi posés pour une photos sur ce sommet. Avant cela nous avions visite le château de Zuzumberk, que j'observe à présent sous un autre angle. Encore une bosse et j'atteins la Mikrka, rivière le long de laquelle nous avions fêté nos 3000 kilomètres de route en été 2012. 30'000 kilomètres plus tard, le retour! Ça fait un petit quelque chose. En Slovénie, les cours d'eau sont limpides, clairs, frais, courants, pures et parfois d'un bleu de poster retouché. C'est beau, j'aime la Slovenie! Le soir venu, je demande à camper dans un champs tout à côté de la Mirna, une autre rivière. On m'invite à entrer dans la maison, elle abrite trois générations. On me fait asseoir à la table d'une cuisine d'un autre âge, murs décrépis, cuisinière à bois. On m'offre un café, du vin maison, de la Slivovija des pruneau du verger et une liqueur de myrtille au rhum. Je partage de gin local offert par Yani, je suis adoptée. Spontanément avant que je ne quitte les lieux, les deux enfants viennent successivement me prendre dans leurs bras. Un geste d'amour pure qui m'ébranle les tripes. 



SlovénieCrmosnjice: En Slovenie l'eau est plus que limpide!




SlovénieSevnica: Campement dans un champs

Taux d'humidité élevé, déjeuner avec les limasses qui se disputent les trognons de pommes ramassées hier au bord de la route, pente douce vers Sevnica, une vraie petite ville avec ses commerces, sa poste, ses cafés, ses restaurants. Je trouve facilement le panneau indiquant Planina, une montée en suivant un torrent sur 22 km. La route n'est plus goudronnée, des cascades, des trous d'eau, de rudes sapins frayant leurs racines dans la roche calcaire. Malgré la pluie nocturne, l'eau est toujours aussi limpide, les bouquets d'arbres jouent avec les tons et les textures. Un virage, puis une église me fait face, m'accueille, me récompense de mes efforts, comme ce pompiste à la station service m'indiquant l'échoppe la plus proche. Les villages sont calmes, presque déserts, le temps est suspendu, maisons isolées, les épis de maïs sèchent sur des parois de granges en bois en croisillons, les potagers poussent, le linge sèche, toits rouges, les fleurs aux fenêtres, un chat blanc dans un pré vert. Le ciel est très noir, la clarté obscure. Les monts se chevauchent, c'est beau, je m'arrête tous les 200 m pour prendre des photos.


Slovénie: Peu avant Planina, la montée valait la peine!



SlovéniePlanina: La Slovenie est un océan (cou)vert!


La descente est glaciale. La gare de Sentjur est un cliche alpin, petits trains rouges enfermés entre deux pans de montagnes. Je demande dans une ferme s'il m'est possible de camper sous un hangar, demain, il est prévu qu'il pleuve des cordes et je souhaite passer la journée à l'abri du café voisin, utiliser internet, organiser la suite du parcours, contacter mes proches... Les fermiers sont d'abord retissant, méfiants, suis-je vraiment suisse? Sans hésiter je leur montre mon passeport, je sens qu'ils ont maintenant honte de leur question, je ne l'ai pourtant pas pris mal. Je monte la tente et les regardent s'afférer autour de leurs 60 laitières. Ce sont des gens bourrus, rudes, des campagnards, des travailleurs avec de la terre sous les bottes. Quand ils se parlent entre eux, on a toujours l'impression qu'il s'engueulent, quand ils m'adressent la parole, elle est plein de douceur, de curiosité et de bienveillance. 


Slovenie, Sentjur: Camping à la Ferme!


Des 5h00, c'est le bran bas le combat dans l'étable, Les vaches beuglent, réclament leur pitance. Et moi je suis au lit, au chaud, sous tente. Me voyant cuire du café, Ana, la mère de famille, s'approche, elle tient à ce que je vienne à l'intérieur partager leur petit déjeuner. Les grands-parents sont attablés sur de long banc, un à un les enfants nous rejoignent, il y en a 5. Ana cuit le lait de la traite du matin, les oeufs des poules, coupe le pain qu'elle a pétri la veille et ouvre des confitures de fruit du jardin: "avoir des enfants, c'est rendre le cadeau de la vie qu'on a soi-même reçu". Un tracteur arrive, le père de famille en descend et vient manger sa saucisse avant que toute la famille ne déguerpisse dans leur chambre respective pour s'endimancher. A 9h45, il y a la messe, mais je peux utiliser la salle de traite comme salle de bain en leur absence... C'est le seul endroit de la maison  il y a de l'eau chaude! Tout nu à côté des machines à traire qui pendouillent au plafond, voila un spectacle amusant!!! Je ne peux quitter les lieux sans accepter une quantité astronomique de produits de la ferme, en échange de quelques sachets de poudre à limonade pour les petits et une carte postale représentant des vaches helvétiques! 


SlovénieCrmosnjice: Les potagers sont partout!



Slovénie: Et oui, le Rakie est à base de raison (heeh... raisins, je veux dire)

Le ciel est dégagé et il ne fait pas froid. J'atteins Vojnik à travers la campagne. Il ne reste plus qu'une bosse à passer puis ce seront les Alpes. Je m'en réjouis. Traverser à vélo ce massif que je côtoie depuis l'enfance fait partie de mes projets. C'est un souhait que je nourris depuis longtemps. Mélange d'anxiété en d'excitation comme à chaque fois qu'on sait un objectif s'approcher, Un nouveau défit qui se dresse et une nouvelle occasion de réaliser ses rêves! Depuis la plaine des alentours de Celje, j'aperçois justement les premiers sommets alpins au loin. On dirait de grandes dames qui semblent m'attendre de pied ferme, campées sur leur base large et solide, leur partie rocheuse dépasse de la foret. Gris et puis blanc: La neige. Je la retrouve enfin. Nous avons été séparées depuis avril 2014, alors que Jean-Da et moi redescendrions des haut plateaux tibétophones en suivant la Yellow River. Moment d'émotion que ces retrouvailles. Je ressens une grande attirance. C'est beau un paysage enneige... de loin... quelques craintes quant aux conditions météo des semaines à venir traversent mon esprit. Maintenant, je devrais les affronter en solitaire. Mon corps se souvient des nuits glaciales dans l'Est turque, du blanc à perte de vue, le secours bienveillant de villageois nous ayant offerts quelques bûches pour passer la nuit et ces militaires qui nous avaient convies à la caserne pour un repas chaud; les deux cols franchis sous les flocons et les 10 kilomètres à lutter contre le vent gelé avant d'atteindre finalement Kars, à la frontière arménienne, J'aime quand la mémoire part ainsi papillonner,

Cette fin de traversée slovène agit sur moi comme une machine à remonter le temps. J'ai l'impression de me passer un film en mode "reverse". Si lors du premier passage en Slovénie je m'étais dit que ce pays semblait vivre dans une époque révolue, je considère cette fois-ci, qu'il est bien moderne, en avance sur son temps, même. On emporte toujours avec soi les normes de là d'où l'on vient... Cette pensée me fait sourire; le normal est une interprétation; la réalité, même la plus tangible, une vue de l'esprit... Décidément, il n'est possible de se fier à rien!!??!! Aussi, je sais à présent me diriger vers des contrées encore plus "développées" et crains un peu les chocs auxquels je ne vais pas manquer de m'exposer. Petit moment philosophe en prenant mon repas devant les parois de bois d'un abri-bus sous un soleil éclatant, puis, je remonte toute une vallée en direction de Mislinja, m'enfonce donc dans la chaîne de Kobansko. Il y a des centres équestres, les vaches me regardent passer depusi leur  vert paturage, les bourgs sont montagnards.

En début d'après-midi déjà j'ai envie de m'arrêter. La journée de pause d'hier a été passablement arrosée ce qui me coupe un peu les jambes. Peu avant la ville, ma chance: une aire de repos pour camions. Les toilettes publiques sont chauffées, propres et offrent de l'eau courante. Je repère les plaques d;immatriculation: toutes slovènes, les nom des chauffeurs affichés en grand sur le pare-brise m'indiquent qu'il s'agit de balkanis: je n'ai aucun soucis à me faire. J'installe le camps juste à temps pour bondir sous tente avant l'averse, courte mais intense. Crevée, je m'endore de bonne heure.

Il fait 4 degrés! Il y a du brouillard! L'humidité est épaisse, tout est mouille! Je gèle! Je cuis le lait offert hier pour le repas matinal. Je marche de long en large pour me réchauffer. Je plie le camps avec de grand gestes amples. Je bénis la montée pour atteindre Mislinja. Ensuite, c'est un très long faux-plat qui s'avance jusque vers la frontière autrichienne. Les villes ont l'air de plus en plus proprettes, rangées. Plus de poules qui courent partout, de cochons dans la cour des fermes. Une zone industrielle et des super marchés de grandes chaînes s'étirent le long de Slovenj Grad. Des affiches publicitaires montres quatre hommes en costumes tyrolien portant un tonneau de bière, changement de décors. Un pont sur la Drava à Dravograd, la route de gauche mène en Autriche par une piste cyclable. Un panneau bleu entouré d'étoiles jaunes: Österreich, et deux magasin duty free. Ce sont eux les seuls témoins de mon émotion. Je quitte les Balkans, j'arrive dans l'Europe de l'Ouest, ma Terre d'origine. J'ai mal au coeur, le souffle court et des picotements dans les doigts et au sommet du crame. 


2 commentaires:

  1. Servus!!!

    Ouawouh, cet article est saisissant. Que d'émotion. Tu es de retour en Europe après 3 ans de vadrouille... Brouhh ca fout la trouille de rentrer, j'imagine... Et l'excitation est à son summum! Si tu passes par Scuol, nous t'invitons à aller visiter les bains thermaux, les sauna sont tres bien! Et il y a Sonja sur Warmshowers, férue de VTT, qui t'hébèrgera dans son salon.

    Toi toi toi

    (tout de bon, en autrichien!)

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  2. je suis
    celui dont ton parle le sorcier HOUNON Amangnon je peut intervenir dans les domaines suivants amour!retour de l'être aimé,maraboutage d'une femme ou d'un homme, mettre fin à un divorce, attirer quelqu'un chance grigri pour avoir plus de chance aux jeux,pour être un peu moins poissard dans la vie. travail : incantations magiques pour trouver un travail, ne pas se faire virer, rituels
    pour être augmenté, rituels pour réussir les entretiens d'embauche business et affaires:grigri à utiliser quand on monte une entreprise, talisman pour mieux négocier les contrats, prières pour faire venir les clients et attirer des partenaires. . N'hésitez pas à me contacté par mail: maraboutpuissant201600@outlook.fr , site : s://maitremaraboutpuissant.blogspot.com et par tél: 00229 67 88 27 01,réussi là ou les autres ont échoue

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