lundi 29 juin 2015

Malaisie: Tawau - Lawas (Sabah / Sarawak / Borneo)

Article Publié par Léo:


Malaisie, Boréno, Parc National de Tawau Hill


Tawau Hill Park ne se situe qu' à une trentaine de kilomètres de la ville. On y accède en traversant des plantation d'huile de palme à  l'infini. Et on est surpris en atteignant  l'entrée du parc, car on y découvre un tranche de foret vierge, sauvage, compact et intouchée. J'y séjourne quelques jours, le temps d'explorer les lieux en empruntant de petits sentiers balisés qui mènent vers des chutes d'eau, un jardin botanique, des sources "thermales" et, clou du spectacle, au pied du plus haut arbre exotique du Monde. Un Shorea Faguetiana mesurant plus de 88m. Les mini treks à  travers la jungle sont un régal, on se sent aventurier! Des lianes descendent en s'entortillant sur elles mêmes, des vertigineuse cimes de la conopée se cache une faune inaccessible (le sentier dans les arbres est malheureusement fermé pour entretien), qui dévoile sont omniprésence par ses bruits continus. Ceux des insectes bien entendu qui crissent en permanence parfois de façon assourdissante, ceux de oiseaux chantant et repérables à  leur couleurs souvent chatoyantes, et dont les plus gros fond plier les blanches quand ils s'y posent, ceux des singes qui sautent d'arbre et arbre dont les troncs sont colonisés d'une foule de plantes "parasites". La végétation pousse partout, désordonnée, intense, verdoyante... La jungle au sens propre, c'est la jungle au sens  figuré du terme, on peut pas mieux dire!!! 


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill :plus c'est haut, plus c'est beau!


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill: sentier au coeur de la jungle


Au sol, c'est une chasse au trésor... les insectes et petits reptiles rivalisent d'astuces pour se dissimuler dans leur habitat naturel. Ainsi les grenouilles sont semblable à  des feuilles mortes, les lézards se fondes dans la verdure, une sorte de cloporte géant se replie en boule quand il se sent attaqué se qui l'apparente à  une graine tombée d'un arbre. Si le lion est le seigneur de la savane, les fourmis doivent être les reines de la jungle. Il y en a de toute les taille (plus de 3cm, sans mentir!), de toute les couleurs, elles défilent en colonne serrées le long des racines, têtues, rapides et décidées. Leur voracité n'a d'égale que leur capacité impressionnante à  dénicher toute nourriture laissées sens surveillance et mes sacoches en sont parfois envahies au matin: qui veut une soupe instantanée fourmillante?


Malaisie, Bornéo Parc National de Tawau Hill: T'as d'beaux yeux...

Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill: mais ou est Charlotte?


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill : orchidée commune dans le jardin botanique


Ici, je ferais également la connaissance des sangsues. C'est un animal impressionnant, non pas pas sa taille mais de par son comportement qu'on pourrait qualifier de suicidaire. Ces bestioles sont ne semoncent à  rien pour s'agripper à  leur proie. Le taux d'humidité est impressionnant et les orages des nuits le fond encore monter de quelques degrés. Les sangsue adorent ça et se cachent dans les plantes basses le long des sentier, ainsi quand on y passe et que nos jambes frôlent les végétaux, elles perçoivent le signal et s'y accrochent. Parfois elles se laissent tomber depuis les plantes plus haut perchées, puis elles plantent une extrémité de leur corps cylindrique dans la chaire de leur victime. Ce n'est pas douloureux et on ne réalise leur présence qu'après quelques minutes, ça gratte légèrement. Il suffit de les arracher et de s'en débarrasser en les expulsant le plus loin possible. Si leur prise a été assez longue, la peau se met à saigner, si non, s'en suit une légère brûlure. Le comportement des sangsues s'apparente à  celui des est "morts-vivants" des films de zombies. Quelque soit leur état, elles se relèvent toujours et traînent à nouveau, sans sourciller,  leur masse, prêtes pour une nouvelle attaque. Leur façon de se déplacer me fait penser à "la Chose" de la Famille Adams. Elles avancent une extrémité de leur corps après l'autre dans une succession d'arc de cercle, tête la première, puis pieds en avant. Je m'en trouve couverte et c'est assez dégoûtant de penser que toutes ces bêtes sont entrain de se régaler de mon liquide vital: berk!!! Malgré cela, je ne renoncerais pas à quelques baignades au sources chaude de Sulpur et à la cascade de Wasai Oniting. Quel régal de se délasser après avoir tant suer dans cet environnement digne d'un sauna. 



Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill: Chute de Wasai Oniting


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill: sources d'eau chaude de Sulpur

Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hillà la chasse au trésor dans le jardin botanique


Le matin, depuis le balconnet de la loge construite sur le modèle des long hause, je prends le café en observant les Martin-Chasseur, pêchant dans la marre et les Calao Rhinoceros (buceros bicornis homrai) au vol bruyant et lourd et à  l'envergure pouvant atteindre 1,80m pour 3 kg. Leur bec (jusqu'à 30 cm!) est surmonté d'un casque rouge vif qui tranche avec leur plumage noir et blanc. J'observe le manège des Macaques à longue queue et ceux à  queue de cochon qui s'approchent sans beaucoup de réticence (ce qui n'est pas toujours une bonne chose). J'ai même la chance d'assister au spectacle de toute une tribu de Langurs, ces singes au pelage brun comme celui des Orang-Utan (toujours absent malheureusement), et aux longs bras qui les rendent si agiles dans leur progression arboricole. Un petit se niche dans le pelage de sa mère, le groupe se nourrit des pousses de fougères installées dans tous les recoins de l'écorce des arbres. 



Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill: Calao Rhinocéros (merci pour la donation photographique)


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill: Vue depuis le balcon de la Lodge


Malaisie, Bornéo, Parc National de Tawau Hill


Maintenant, je m'engage en direction des montagne de Crocker qu'il me faut franchir pour rejoindre la côte et l'état de Sarawak que je compte traverser de part en part afin de rallier Kuching, à l'extrême Ouest de l'île. C'est un itinéraire sauvage et montagneux qui m'attends et je me sens un peu anxieuse, ne sachant pas trop dans quelle mesure les montées seront raides, ni les kilométrages exactes. Combien de jours cela va-t-il me prendre? Les plantations et les villages se fond de plus en plus rares et la vrais foret reprend ses droits. Un fouillis végétal propice à la vie sauvage. Avant de m'y aventurer, j'avais peur des singes chapardeurs, mais j'ai vu qu'en règle générale, ils tiennent leur distance avec les Hommes et ne cherchent pas à s'emparer de tout et de m'importe quoi. Une chose dont j'ai certainement peur par contre c'est de rencontrer les éléphants dont un clan semble vivre à l'état sauvage dans la région du Basin de Maliau. C'est Nirwana qui m'en parle la première. Cette tenancier de magasin à Kalabakan m'accorde le droit de camper sous sa devanture, car l'orage gronde. Celui qui a mis en scène la pub pour Taiti Douche a exploité sans vergogne l'ignorance occidentale en ce qui concerne les pluies tropicale, je vous le dis! Quand ça arrive, aucune envie d'aller prendre un bain à la cascade d'à côté. Non, d'abords, le ciel s'assombrit de telle façon qu'on a l'impression que la nuit tombe, une lumière jaunâtre filtre, une luminosité d'apocalypse, juste avant le retour du messie sur terre. Le vent fait tomber les branches et les feuilles (possiblement les noix de coco) se qui rend assez sûrement la promenade dans la jungle dangereuse. La température chute soudainement de quelques degrés, d'où une impression de froid instantané. Puis ce sont des cordes, des seau d'eau qui déferlent sur nos têtes, tout est détrempé en quelques secondes. Les ruisseau gonflent rapidement, les cours d'eau se chargent des boues récoltées en amont sur son passage. Ça n'est donc pas le moment d'aller se poster sous une chute d'eau en bikini, d'ailleurs, quoi qu'il en soit, ici, on se douche en sarong!


Malaisie, Bornéo : plantations de palmiers à huile, plus montagnes dans la région de Kalibakan

Je passe une soirée délicieuse en compagnie de la famille de Nirwana qui est Doussoun (une ethnie de la région de Ranau) et Cake, son maris d'origine chinoise. C'est lui qui tient la caisse, pendant que sa femme ne raconte sa vie dans un anglais parfait qu'elle a appris en regardant la télévision. Un parcours chaotique, semé de difficultés qui pour beaucoup sont dures à la rigueur familiale, l'intolérance, les préceptes religieux imposés... Maintenant, Nirwana est plus sereine, son second maris veille sur elle et ses enfants, leur commerce marche bien, et malgré leurs différences, ils s'entendent à merveille et dans le respect mutuel de leur altérité: "L'Amour, c'est simple, mais trop de gens s'emploient à le rendre compliqué". Des clients hommes s'attardent aux magasin, s'installent sur des chaises en plastique et commencent à boire bières sur bières. Surprise, c'est la fête, le fils de Nirwana célèbre ses 7 ans et apparaît bientôt, comme par magie, un gâteau d'anniversaire au glaçage décoré. Les employées apportent un repas. Comme il est de coutume, l'enfant réserve la première cuillerée de gâteau pour son grand-père, veille homme au sourire figé, à la santé fragile, mais aux yeux qui révèlent une paix profonde, un calme et un contentement de tout qui me touche profondément.



Malaisie, Kalibakan: 7 ans à Borneo


Les montées se succèdent effectivement, se qui rend parfois difficile d'apprécier à sa juste valeur le paysage verdoyant et me coûte beaucoup d'énergie. Les véhicules se font plus rares. La topographie, ainsi que l'incroyable foisonnement de la jungle limite passablement les possibilités de camping. Où planter la tente? Pas un centimètre carré de terrain dégagé, je n'ai d'autre solution que de me rapprocher des rares maisons qui jalonnent le parcours.
La Rest House 41 peu avant Maliau Bassin me semble une bonne option. Le tenancier d'origine chinoise est un artiste excentrique dans le sens où il est totalement absorbé dans son oeuvre. Il a décoré son petit royaume de matériaux de récupération qu'il peint soigneusement en couleurs criardes, garnit la clôture de canettes de boisson pour y inscrire un message de bienvenue. C'est un homme charmant et passionné, il est totalement absorbé dans chacun de ses actes. Préparant un repas pour des clients ou regardant des jeux télévisés, il "est a fond", concentré, minutieux ou exprimant son contentement qu'il ne cherche pas à dissimuler, dans des rires, des gestes, des mimiques. Une tranche de bonne humeur qui tient à m'héberger et me nourrir gratuitement. Puis il ne s'occupe plus de moi ce qui me laisse du Temps et de l'Espace. Merci l'ami, tu m'imagines pas le cadeau que tu me fais là! Le message d'encouragement que je lui laisse (au dos d'une carte postale de mon pays d'origine, merci Charly), au matin, concernant l'achèvement de sa gigantesque oeuvre d'art, l'émeut profondément. J'imagine que son entourage habituel n'y accorde pas beaucoup d'attention, il se sent sans doute reconnu et compris. Cet homme m'a touchée!


Je dépasse Maliau Basin sans m'y arrêter, les tarifs pratiqués sont absurdes. Les montées doivent s'effectuer en zig-zags tellement elles sont pentues. Parfois la jungle s'ouvre et apparaissent alors des kilomètres d'horizon montagneux et verts, magnifique. La nuit suivant, le scénario de la veille se reproduit. Près de Batu Pongol, un Home Stay m'ouvre ses portes pour pas un sous. J'insiste, comment ces gens vivent-il s'ils accueillent les touristes gratuitement? La chasse, la pèche, la culture, le jardinage et la cueillette... J'en ai la preuve le soir, quand l'une des mères de famille sert une soupe de fleurs de bananiers et du poulet tué un peu plus tôt, ainsi que des bananes frites. Ce village n'a été relié à l'électricité que quelques années au paravent, la route ne date que de cinq ans. Avant il fallait plusieurs jours de barque pour atteindre la prochaine petite ville. La communauté vit toujours partiellement en vase clos. Bien qu'elle soit chrétienne (une église trône au milieu du village), la polygamie semble autorisé par les traditions Mulut (ethnie de la région). Cette famille compte 18 enfants de deux mères différentes. Bien qu'ils ne les traitent pas avec beaucoup de tact, les villageois sont très fières de leur chiens qu'ils emploient pour chasser. Lantir, me montrer des lances alcaïques avec lesquelles ils tuent ensuite les biches débusquées. C'est rudimentaires et contraire à la loi qui protège les animaux sauvage des chasseurs mais qui autorise la réduction drastique de leur territoire pour y planter des palmiers à huile! Le soir, les jeunes hommes du village se retrouve sur le terrain de foot pour une partie, ce sport semble très populaire dans les environs, en tous cas, une des rare occasion de divertissement. Le fils aîné de Lantir travaillant pour un projet de conservation de la nature, me confiera qu'ici on a pas besoin de beaucoup d'argent, il n'y a rien à acheter: "C'est pas comme en ville, pas de cinéma ou de shopping center". Il est très fière de me monter les photos de sa famille et des divers touristes qui ont séjourné plus ou moins longuement ici. L'attrait du village c'est Batu Longol, un pic rocheux qu'il est possible d'escalader et percé de cavités, habitat des chauve-souris. Malgré leur proposition, je ne resterais pas pour visiter, je me sens quelque peu mal à l'aise, les rapport ne sont pas claires, suis-je invitée ou cliente? 



Malaisie, Bornéo: Monika-AC-Conny...et Charlot; Sinsingon Family!


Qu'est ce qu'il fait chaud, et toute ces montées, c'est titanesque. Ce n'est pas que j'aille haut, mais les pentes se succèdent avant de redescendre abruptement... en ça recommence! Je rêve d'un fruit frai et juteux mais les stalles installées aux abords des bleds minuscules sont désespérément vides. A Sapulut, c'est certain je m'offrirai un rafraîchissement. J'irai même jusqu'à demander s'il n'y a pas une Rest House dans le village car je me sens épuisée. Non, mais AC trouve tout naturellement une parade: "Tu peux dormir dans ma maison". L'occasion est trop belle, j'accepte. L'après-midi sera consacrée à une longue sieste et à manger, j'ai besoin de reprendre des forces. Au réveil, c'est une déferlante, tout le village est au courant de ma présence et veut en savoir plus. Il s'agit en réalité d'une seule famille, la famille de Sinsingon.... et elle est nombreuse! Une moyenne de 12 frères et soeur pour tous les parents, on héberge des cousins, des belles-soeurs et leurs propres enfants, quelle tribu! Je passe d'une maison à l'autre visitant tout le monde, on me gave de nourriture. Je découvre le Sagou, pâte compacte, translucide et homogène de tapiocca. On la mange avec de la soupe de poisson. Le riz constitue la nourriture de base, blanc ou sauté, on l'agrémente d'oeufs et de feuilles de tapiocca hachées et poêlées, ce qui devient mon met favoris! La grand-mère de Monika, me guide dans son "jardin" m'y décroche ananas, papayes, mangues et autres fruits inconnus pour que je les goûte. Pourquoi ne les vendent-ils pas dans leurs petites échoppes? La question leur parait saugrenue: "on ne peux pas vendre ça! Si quelqu'un en demande, on peut leur les donner, ce n'est pas a vendre!". Bien, c'est noté, je vais désormais m'employer à demander!



Malaisie Bornéo: Couché de soleil sur maison traditionnelle à Sapulut



Malaisie, Bornéo, Sapulut: depuis la Longue House


Le lendemain, on me demande de rester, j'en suis trop contente. Les Sinsingon est une famille d'artistes. On m'offre un concert sous le auvent d'une maison de bois sur pilotis (lien sur Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=gB3rXDvz0gY et https://www.youtube.com/watch?v=qzk3LC7HoBU), des voix splendides et scintillantes s'élèvent accompagnées d'une guitare. Les bébés sont effrayés de mes yeux bleus et pleurent abondamment quand on les plante dans mes bras, mais les plus âgés se glissent sans craintes sur mes genoux. Des larmes me montent aux yeux, c'est un moment magique!



Malaisie, BornéoSapulut: Photo de famille


On visite l'église (Basel Church de Suisse!), allons voir les garçons jouer au foot, prions avant le départ du fils aîné à l'université de Kota Kinabalu où il poursuit ses études, rendons visite à une tante malade, préparons ensemble les cadeaux destinés à la fiancée qu'on ira chercher le lendemain dans son village natal, on paraisse tous ensemble, à même le sol, devant la télé tout l'après-midi. On mange des glaces avec les jeunes en discutant sous le auvent de l'échoppe familiale, certaines jeunes filles me demande de leur confectionner des locks et on m'invite à tant de repas que mon estomac a du mal à suivre. Le soir, le Vietnam rencontre la Malaisie, les hommes se poste devant le match sur petit écran. Nous les filles, on reste dans la chambre. Moment privilégié où on peux aborder les sujet plus secrets, les amours, les projets, les hobbies, l'école, les enfants hors mariage, la religion, les ambitions...



Malaisie, Bornéo, Sapulut: Sieste à  même le sol


Voilà, je me suis fait invitée aux fiançailles. Diogène a été embarqué à l'arrière d'une jeep et on fonce toute allure  vers Keningau à 100km environ. Toute la famille s'est déplacée, c'est donc telle une armée d'envahisseur qu'on débarque dans la maison de la promise, cadeaux en tête pour assurer de nos bonnes intention. Conny, l'une des tante m'a prêté une tenue du dimanche, elle consiste en une robe longue à rayure orange et blanches et d'un gilet court imprime de fleurs bleues. Si je devais porter cela en Suisse, je serais au comble de la faute de goût, mais ici, ça semble parfait. Quoi qu'il en soit, peu importe mes vêtements, je suis le centre de l'attention, une Orang-Pute aux fiançailles! Je me fais la plus discrète possible, ne tenant pas à voler la vedette à Dorothy (la future maniée) qui est pour l'instant totalement absente.

D'abord, toute la famille pénètre dans la maison et s'installe sur les canapés disposés tout autour de la pièce, ou par terre. Les cadeaux sont élégamment présentés en ligne au milieu de l'espace. Les femmes de la maison, s'empressent ensuite d'apporter une quantité inimaginable de gâteaux, cakes, pâtisseries et biscuits, ainsi que des boissons. On commence les festivités par des quarte-heures plus que copieux et délicieux. Quand, tout le monde est rassasié, les "hostilités commencent, les hommes des deux familles se font face et entament les négociations: combien vaut cette fameuse Dorothy? Bien entendu, je ne comprends rien à ce qui se dit, mais on m'explique que les désaccords sont assez importants. En plus des innombrables sarongs, du riz, des produits cosmétiques, et des bijoux, il faut offrir de l'argent. La somme sera discutée pendant des heures, chaque partie prend des notes, signe des documents. Cela semble très sérieux et chacun prends la parole à tous de rôle, calmement, solennellement. Le reste de la troupe assiste aux débats, avec plus ou moins d'attention. Des groupes se forment, et discutent entre eux à voix basse, certains pianotent sur leur téléphones portables, d'autres sortent se dégourdir les jambes, fumer des cigarettes tirées des cartouches offertes par les hôtes. Les enfants se lassent, il faut les occuper et les garder plus ou moins tranquilles, certains garçonnets se chamaillent, provoquant ceux de la famille "adverse", les fillettes en robe de princesse se tiennent plus sagement et les bébés sont secoués (bercés) en permanence pour éviter qu'ils ne crient, on les nourrit au sein, on les changent... En résumé la vie continue en parallèle des négociations. On branche finalement des ventilateurs, car la pièce abritant tant de monde surchauffe. Le deux familles ne se mêlent pas pour l'instant, chacune occupant une partie de l'espace. 



Malaisie, Bornéo, Keningau: les négociations vont bon train



Un gong raisonne (un autre cadeau de la famille du fiancé), il sonne faux, ce qui n'est pas pour plaire aux grand-père déjà passablement énervé par la somme qu'on lui propose et qu'il estime insuffisante. Les parents de la financée, quant à eux, semblent satisfaits. L'accord est entériné, la jeune fille apparaît enfin vêtue d'une belle robe rouge. Les cadeaux sont symboliquement remis à son père par le père de Owson (le fiancé), les bagues sont échangées, les promis signent leur accord, puis prêtent serment sur la bible (une des tante de Monika est pasteur). Le jeune couple est émus. Demain matin Dorothy quittera durablement sa famille pour aller s'installer dans celle de son future maris, c'est la tradition ici. Il faut, bien entendu, que je pose avec le couple et j'en profite pour lui présenter mes voeux et remercier la jeune femme de m'accueillir dans sa maison. 




Malaisie, Bornéo, Keningau: Les voilà officiellement financés!


S'en suit un nouveau repas de fête. Des dizaines de plats en sauce sont disposés sur le sol au milieu de la pièce, chacun se sert une assiette de riz plus rejoint un des petits groupes qui se sont éparpillés autour de la pièce. C'est délicieux et très copieux. Tout le monde est éberlué des quantités que j'engouffre. Un oncle explique que je fais du vélo autour du Monde, sans manger de viande!!!! Que des légumes... mais alors beaucoup de légumes, tout le monde rit! En aparté, on me confie qu'on est un peu déçu, cette union à coûté cher à la famille et on aurait aimé que les choses se passent avec un peu plus de joie et que les discussion ne tournent pas seulement autour de l'argent. La nuit tombe et la fête se poursuit, on s'installe à l'extérieur sur des chaises en plastique. Des jeunes gens arrivent les bras chargés de matériel de sonorisation, la musique va commencer. Les fiancés viennent saluer tout le monde. C'est le moment de la cérémonie de l'alcool. Pas une goûte pendant toute la journée, on mène ici les négociation l'esprit claire. Heureusement d'ailleurs, car si non, on y serait sans doute encore! Des cartons de bières (chaudes) apparaissent comme par enchantement. Mais le plus intéressant ce sont les jarres de vin de tapiocca, un alcool fort. Elle ont été disposées autour d'une table où est encore offerte de la nourriture. Huit convives à la fois peuvent s'y installer et se penchent en avant afin d'absorber le breuvage à l'aide de deux pailles qui dépassent d'une feuille refermant la jarre, l'une plus longue et l'autre plus courte. On m'explique que cela influence l'alcoolémie du liquide, mais je suis incapable de distinguer une quelconque différence. Bien entendu, je dois y passer, je parviens à échapper au premier rond, mais pas au second. Deux places sont réservées aux femmes, les autres sont occupées par des hommes, je succède à la mère de Monika. Il faut remplir la jarre (dans la partie au dessus de la feuille) à l'aide d'un pichet d'eau qui sert aussi à rincer les pailles. Un astucieux système de graduation permet de vérifier combien d'alcool on absorbe, "quand le bouchon se met à flotter, arrête de boire." me glisser maternellement plusieurs femmes avant que je ne m'assois. Ces nombreux avertissements, me font penser que cette boisson est décidément très forte, je bois avec prudence d'autant plus que cela fait plus d'un mois que je n'ai pas consommé le moindre alcool! C'est absolument délicieux, pas du tout le tord boyaux auquel je m'attendais un peu. C'est parfumé, sucré, j'adore.



Malaisie, Bornéo, Keningau:C'est à boire qu'il nous faut!


A ma grande surprise, c'est tout à coup de moment de partir. La mère de Monika m'indique que la soeur du fiance va me reconduite à la Guest House où on a entreposé mes affaires à Keningau. Je crois que la partie débridée des festivités va commencer et qu'elle (et les autres femmes) est préoccupée par ce qui pourrait arriver ensuite. La musique, l'alcool, les chants, les danses, trop de laisser aller... Peut être que certains hommes pourraient se donner des libertés inappropriées à mon égard (ce ne sont là que des suppositions car personne ne me présente les choses de cette manière). Ça ne fait rien, je suis fatiguée et en ai tellement découvert pour aujourd'hui que je suis déjà comblée! Imaginez, qui en Suisse ou même en Europe (à part dans les Balkans sans doute. A ce propos visionnez: https://www.youtube.com/watch?v=kUjPSkrHLww. Ça donne en plus un bel avant goût des étapes qui vont suivre) inviterait un inconnu à participer à ses fiançailles, juste comme ça, pour lui monter comment ça se passe, pour le plaisir de l'avoir auprès de soi??? Je salue tout le monde respectueusement avant de partir, remercie chaleureusement et quitte, la tête pleine de bons souvenirs, cette incroyable famille Sinsingon qui m'a offert une énorme tranche d'aventure, merci!



Je décide de rester quelque jours à Keningau afin de mettre le blog à jour. C'est ainsi que je découvre qu'un terrible séisme vient d'ébranler la région, l'épicentre ne se situe qu'a une centaine de kilomètres. Tout près du Mont Kinabalu. Je n'ai pourtant pas ressenti le moins choc. Tout le pays est mobilisé. Aux infos, on ne parlera que de ça pendant des semaines. Le dernier bilan fait état de 18 morts et encore 6 disparus. Les activités d'alpinisme ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre. Plusieurs associations collectent de l'argent pour soutenir les recherches, les familles des victimes et des guides désormais désoeuvrés... On encourage les gens à appeler en directe à la radio pour confier ce qu'ils pensent de cette tragédie ou comment ils ont vécu la chose. Les photos sans détours des corps démembrés circulent sur la toile. Dans les jours qui suivrons, des déclarations officielles qui vont dans le sens des croyances locales, laissent supposer l'idée d'un lien de cause à effet entre ce désastre et le comportement peu révérencieux de touristes occidentaux, ayant posés nus devant la montagne sacrées, offensant ainsi les esprits... Peut-être me trompes-je, mais j'ai l'impression que suite à cela, j'ai droit à quelques regards suspicieux, certaines personnes sont même parties précipitamment des établissements dans lesquels j'entrais. Et cela me concernait sans doute car dans leurs discours transparaissait le mot "Orang Pute". Ce que je trouve dommage, c'est que la manière dont ont été formulés ces propos,pourraient bien ne faire que générer ou renforcer les animosités entre les gens, l'incompréhension entre les peuples. De plus, ils prennent en quelque sorte, le dessus sur ce qui a réellement de l'importance: des vies ont été perdues, et accusé un dieu vengeur, des nudistes, ou maudire un phénomène naturel n'y changera rien. Ça ne ramènera personne et ne soulagera certainement pas les familles des victimes dont plusieurs enfants singapouriens... Évitons de rendre encore plus triste et pénible un évènement qui l'est déjà suffisemment. Je prends contact avec les personnes que j'ai rencontrées en traversant cette région le mois dernier, espérant de tout coeur qu'elles et leurs proches sont saints et saufs et que leur maison est intacte.




Keningau est une petite ville qui se situe dans une vallée d'altitude (la même que Tanbunan), elle est entourée de montagnes. C'est une bourgade à l'activité commerciale débordante, partout des magasins, des restaurants où tous les villageois des environs viennent faire le plein. J'ai un succès fou et ne peux pas sortir de la chambre sans avoir à pauser pour des photos ou répondre à de continuels interviews . Mimi, la femme de chambre de la Rest House où je loge est l'une de mes fans! C'est un bout de femme d'un dynamisme et d'un enthousiasme débordant. Dès le premier jour, elle saute littéralement de joie en m'apercevant, tiens à prendre des "selfies" de nous deux et m'invite chez elle. C'est une belle idée d'autant plus que certains clients de cet établissement m'ont aussi repérée mais pour d'autres raisons bien moins agréables (peut-être certains connards logeant ici avaient déjà vu les photos des nudistes occidentaux du Kanabalu et n'ont plus réussi à ce tenir... Ah, que nous autres européennes, nous sommes séduisantes!!! Vous l'aurez compris j'étais UN PEU en colère avec ces types!). Je passerai deux jours chez Mimi, deux jours inoubliables, deux jours de bonne humeur, de folie et de plaisir.              



Mimi aime chanter, elle aime courir, elle aime rire, elle aime offrir et partager, elle aime raconter des histoires, elle aime nager à la rivière, elle aime glisser dans sa bouche une pâte blanchâtre enfermée dans une feuille qu'elle chique "pour se donner de l'énergie(?)", elle aime voir ses amies, manger des sucreries, regarder des films d'horreur hollywoodien... et elle m'entraînera dans toutes ces activités

A la boutique de Kristina, une copine couturière, je serais amenée à jouer les modèles pour les vêtements traditionnels qu'elle fabrique. Un superbe moment. Quel honneur d'être affublée de ces uniformes, tantôt celui de Ranau, tantôt celui de Tanbunan, de Keningau, de Kota Kanabalu... Je me demande si Kristina comprend qu'elle est entrain de me faire un immense cadeau, dans son esprit, c'est moi qui la gâte en acceptant de me faire photographier portant ses créations. Elle ne saisit pas qu'il s'agit pour moi d'une chance inespérée. Elle m'offrira donc pour me remercier deux robes moderne et refusera que je l'appelle tante (comme c'est de coutume ici quand on respecte une personne et qu'on la considère proche), elle veux que je lui dise "Maman" (!!!!!!). Pour lui monter à mon tour, ma gratitude, je ferai développer les photos en question et lui les remettrai. Elle est tellement impressionnée qu'elle n'en choisit qu'une seule. Quand je lui confirme qu'elles sont toutes pour elle, elle s'empresse de les coller dans son "album de collection" (à cote de celles des misses Sabah qu'elle a elle-même habillé!) et (comme elle ne parle pas bien l'anglais) de me couvrir de "I love you"!!!!!!! Wouaahh, quelle incroyable rencontre!



Malaisie, Borneo, Keningau: Dans la boutique de Kristina



Une autre visite est impressionnante d'intensité émotionnel. Après une baignade à la rivière, nous nous rendons dans une famille villageoise des environs. L'une des tante est gravement malade, elle est porteuse d'une bactérie qui l'affaiblit tellement qu'elle a du mal à se nourrir, ne peux plus marcher et malgré la nécessité d'une opération, elle est tellement faible que les médecins la retardent. Assises toute deux sur son matelas à même le sol de sa maison en bois, on fait connaissance, progressivement les autres membres de la famille arrivent, séance photos, présentations, questions. C'est inexplicable, je ne fais rien de spécial, je me suis que moi, je m'offre rien, qu'un peu d'attention et ma présence... et les voilà tous heureux. C'est assez compliquer à expliquer mais ces gens m'adorent, je ne comprends pas, c'est comme si j'étais une lumière pour eux. Que je sois auprès d'eux quelques moments leur procure une joie immense, ils s'attachent à moi sur l'instant et m'aime de façon déraisonnée. Ils sont sincèrement peinés quand je les quittent. Plus tard, je demanderais à Mimi: "pourquoi?", qu'est ce que j'ai de si spécial qui fait que ça les rends si contents de passer un peu de temps ensemble? Mimi sourit, son regard malicieux se plante dans le mien, et elle répond, un peu mystérieusement et avec sagesse: "Je ne sais pas, moi aussi, si tôt que je t'ai vue, je t'ai aimée.". Wouahhhh, encore! une sorte de coup de foudre d'Amitié. On ne sais pas pourquoi, mais quelques chose nous attire vers l'autre, irrémédiablement, brouillant les perceptions, le sens des réalites, on Aime, on Aime. Une sorte de chimie opère qui nous met en contact avec l'Ame de l'autre... sa force karmique... oubliant ses formes, ses actes, son apparence.


Malaisie, Borneo, Keningau:Visite à une famille villageoise


Mimi aime aussi boire un coup (à l'occasion... et la s'en est une!). C'est la première fois que je ferais réellement "la fête" depuis des mois. Que ça fait du bien de se lâcher totalement. Toutes les limites sautent. On ne regarde plus l'heure (pourtant il fait qu'elle se lever demain pour aller travailler), on oublie son maris qui dort dans la pièce d'à cote et on fredonne les paroles du DVD karaoké qu'on a branche à la télé (Pour comprendre un peu l'énergie de Mimi, son spirit et l'ambiance de la soirée, consultez ce lien youtube: https://www.youtube.com/watch?v=ZeDRhBVBXzw), on éclate de rire en se montant des photos, on se dandine n'importe comment sur de la musique. Christina, une autre amie, une jeune fille d'une douceur extrême, nous regarde ébahie, amusée... navrée. Vers 3h00 du matin, je parviens à persuader Mimi qu'il est l'heure d'aller au lit, elle loupe sa cible et s'étale. Par politesse je lui propose un verre d'eau, mais dois avoue que je suis soulagée de son refus, je n'ai même pas la force d'aller en chercher. Whouahhh, merci Mimi, merci, merci!!! Avec toi, j'ai passé des moments délicieux, tellement tranquilles, joyeux, authentiques, relaxant, doux!



Malaisie, Borneo, Keningau: Bis repetita, avec Mimi!



C'est du 14% sur plus de dix kilomètres afin de passer la dernière chaîne des Corckers, vent de face, nuit d'orage sous tente, pas d'eau (dans les gourdes), arceau qui casse... Super! Mais "Anitcha", rien de bien sérieux et un magnifique levé de jour dans une atmosphère brumeuse digne d'un reportage sur la foret tropicale. La descente vers Sindumin s'effectue par pentes successives (avec rampes intermédiaires, bien entendu). Du haut des montagnes, s'ouvrent des dégagements splendides. Que du vert, que de la jungle, que des bosselures, et tout au fond, tout au fond, l'océan qui se confond avec le ciel. Peu à peu des villages deviennent plus rapprochés les uns des autres, puis un plat, plat! Plat de rizières et de cultures de bananiers. Tout à coup, un poste de douane. Bizarre, Brunei ne se situe pourtant à une quarantaine de kilomètres, j'interroge le douanier. C'est la ligne de démarcation entre Sabah et Sarawak. Étagement, il faut y faire tamponner le passeport



Malaisie, Bornéo: Léo dans la brume entre Kg. Paal et Sindomin



Malaisie, Bornéo: descente vers Sindomin



Le ciel est très sombre sur les montagnes, j'ai envie de m'arrêter avant l'orage du soir. A Merapok demande à camper dans le jardin d'un habitant qui me demande (encore et toujours) d'où je viens. "Bolé" (possible), il faut s'adresser au magasin du village. RT le manager s'avèrera un véritable tour opérateur, efficace, compétent et claire. Il m'offre de dormir au sec dans le logement de fonction de ses vendeuses avec qui je passerai une chouette soirée à partager des sucreries, dont un excellent et inattendu Tiramisu (oui!) maison. Il n'y a pas de bateau pour Miri (de l'autre cote de Brunei) m'explique-t-il avec beaucoup de précision: "tu n'as pas d'autre choix que de prendre le bus ou pédaler à travers l'état de Tutong (une des deux état de Brunei)". Bon bein va pour le vélo, et quitte à n'aventurer dans le sultanat de Brunei autant le traverser complètement. Le lendemain, se sont donc les derniers champs d'huile de palme et des falaise crépites de plantes de jungle qui me saluent au passage avant d'entrer dans l'état de Temburong. Je quitte pour quelques kilometres, la Malaisie. 


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