jeudi 17 décembre 2015

Allemagne (Baviere - Bade Wurtemberg): Oberjoch - Bitz - Stein an Rhein


Encore une frontière franchie sans douanier. Le col de Oberjoch-Pass (1178m) est sous la neige, le soleil éclaire parcimonieusement le paysage blanc, montagneux, splendide. A Oberjoch-Village, des chapeaux de feutre et des pantalons de cuire à bretelles m'accueillent à la station service. C'est le seul endroit du village qui n'est pas travesti par le tourisme, les locaux s'y rencontrent donc autour d'une mousse. Les nez sont marqués de couperose et des chaussettes remontées sur les mollets. En descendant les violets sur la Deutscher Alpestrasse, la réalité me prend à la gorge: L'Allemagne: dernier pays avant la Suisse. L'idée fait son chemin et m'emplit d'émotions mélancoliques. Le salut d'un aîné à vélo en sens inverse fait office d'antidote. Le futur s'aborde le sourire aux lèvres. Il fait froid et la plafond nuageux coupe les montagnes en deux, la vue est bouchée, dommage. La foret est rousse nappée de brouillard et dégoulinante d'humidité. En bas, la neige a fondu, contraste entre le vif festival rougeoyant arboricole et le terne des cimes et du ciel coquille d'oeuf.


Allemagne Bavière: Col de Oberjoch-Pass (1178m)


Je suis surprise par le nombre d'entreprises s'alignant le long de la route: scieries, ameublement, paysagisme, maçonnerie, sanitaire. L'Allemagne renvoie l'image d'un pays dynamique et créatif. Les demeures fermières des villages campagnards m'interrogent, elles sont immenses. Que font donc les habitants de tant de place? Le pic-nic de midi ressemble à un siège. J'ai colonisé un banc en rondins massifs sur les rives de la Iller. Mon sac de couchage sèche à l'air libre, mon réchaud fume, mes cartes s'étalent un peu partout. Si la nuit prochaine est aussi froide et humide qui la précédente, il vaut mieux se préparer à l'avance. Ce capharnaüm attire l'attention et les encouragements pleuvent. Me voilà même entrain de serrer quelques mains par l'intermédiaire d'une jeune expatriée en visite dans son pays natal. Je ne m'attendais pas à une telle cote de popularité sur cette terre voisine de la mienne et aux moeurs prétendument similaires.

A la gare du bourg de Simmerberg, pas d'eau potable. Bienvenue dans les pays modernes qui entendent monnayer l'accès à l'élément, à l'essence de la vie. Un curiste en séjour thérapeutique, m'offre de l'argent afin de m'en procurer. Refus, remerciement respectueux en joignant mes mains devant mon front. Je force la chance dans un café, histoire de vérifier que le bon sens emphatique n'a pas déserté les lieux commerciaux de ce village de carte postale. Il y a des choses qui ne s'achètent pas!

Nuit derrière la rambarde de fer d'une place de parc au bord de la route et réveil en sursaut par le chant d'enfants sur le chemin de l'école. Il pleut, la Deutscher Alpenstrasse ne me dévoilera décidément pas ses charmes. Parcours vallonné et absolument paysans jusqu'à Insy  une halte internet m'informe de la persistance du mauvais temps. Se mettre à l'abri devient urgent, ça fait trop de nuits passées dehors dans le froid et trop de jours dans l'humidité. J'avais compté avec une importante offre de "Zimmer Frei" sur la Oberschwabische Barokstrasse, mais il n'en est rien. De bosses cultivées en creux de rivières forestières, il n'y a que des bourgades aux rues pavées et des fermes isolées. Par sa vitre baissée Richard me tend une banane. Il  m'indique l'auberge de Wolfegg. Ses yeux pétillent, il a lui-même parcouru l'Asie à vélo une dizaine d'années avant moi. Le terrain de foot du bled suivant m'attire, lieux de camping potentiel. Burny m'interpelle alors que je passe devant une Gasthof fermée au public mais qui sert de salle communale. Que fais-je ici? Et bien je cherche un endroit pour dormir! C'est dit. En toute logique, on m'invite donc à coucher dans la chaleur de la salle du restaurant inoccupée. J'y passerai deux nuit, sans qu'une seule goutte de pluie ne daigne tomber du ciel. C'est malin! Burny et Michael sont d'anciens baroudeurs qui ont jeté leur ancre ici depuis dix ans. Ils ont mis sur pied un service traiteur et organisent aussi des événements. Michael est amoureux de ses casseroles, il me montre comment confectionner des pralinés avec tendresse, rouler des crêpes harmonieusement. C'est un régal de l'observer à l'oeuvre. Burny m'embauche dans l'élaboration d'un délicieux Dahl indien. Séquence souvenirs. L'ouverture et le naturel de l'accueil que m'ont réservé ces deux amis est déconcertant. Quand je les interrogent, ils me confient leur passé voyageur. Eux aussi connaissent les besoins de celui qui est sur la route. "Tu seras toujours la bienvenue. Si nous ne sommes pas là, tu n'a qu'à ouvrir la porte. Tu es ici chez toi". Les mots raisonnent dans ma tête et embrassent mon coeur. Merci à vous deux. je vous souhaite beaucoup de succès, puissiez-vous éprouver toujours autant de plaisir à exercer votre passion et avoir toujours autant de bienveillance à offrir.


Micha à l'ouvrage

Encore un jour froid mais quasiment sans pluie. Le ciel reste chargé et les couleurs vives des forets automnales en sont tristement ternies. Elle me fascine toutefois, je réalise que plus de deux ans et demi se sont écoulés sans que je ne rencontre cette saison. C'est beau l'automne, le rouge, le jaune, l'orange et toutes leurs déclinaisons. Seule les sapins restent verts et forment des taches sombres au milieu de ce feu d'artifice. Tout à coup, au bord de la route, Richard. Incroyable mais vrais!!! Il n'invite pour un café-croissant dans la première boulangerie de Bad Waldsee. Nous y resterons plus de deux heures au chaud à échanger sur le thème du voyage, de l'itinérance géographique et intérieure que cette merveilleuse expérience fait vivre. "Tu verras, au bout d'un mois de retour chez toi, tu penseras que tu t'es réadaptée, que tu auras réintégrer les normes de ta culture d'origine, puis d'autres mois passeront et au bout de six mois, tu te diras que là, vraiment tu as réappris ce mode de vie... Les années s'écouleront. Au bout d'un an, tu réaliseras que certaines choses t'avaient échappées jusque là... Et puis cinq ans plus tard, un détail te heurtera... on n'en revient jamais vraiment du voyage!". Merci Richard. Merci pour tes témoignages sincères et tendres, pour ton écoute et tes conseils, pour avoir partagé avec moi tes constatations et tes inspirations. Le monde est beau à travers tes yeux et dans ta bouche. Un déjeuner d'une saveur inhabituelle duquel je ressors émerisée, paisible, heureuse.


La basilique de style rococo de Steinhaussen est incroyablement haute en comparaison du tout petit village. On m'en avait venté les médites, les visiteurs s'y massent. Ayant fait le détour, je suis déçue. A quoi m'attendais-je? Cependant, elle offre un pôle d'attraction à la bourgade ce qui permet d'y faire vivre un peu d'activité. Ce n'est pas le cas pour bien d'autres villages du Schabische Land: aucune échoppe, pas d'école, rarement un café, un bureau de poste; parfois au carrefour, un distributeur de cigarettes en plein air. C'est tristoune. Que font ces paysans une fois la journée de récolte des pommes de terre terminée? Aucun lieu de socialisation ne leur est accessible. Il faut aller faire les courses à la ville, puis rentrer chacun chez soi, devant le petit écran. Jean Ferrat dirait "savoir ce que l'on aime et renter dans son HLM manger du poulet aux hormones" (chanson "Que la montagne est belle" à laquelle je suis très attachée et qui me reviens souvent à l'esprit). Les terrasses de bistros roumains réapparaissent dans mes souvenirs... je suis nostalgique. Et puis, c'était en juillet, il y avait du soleil et il faisait chaud!


Allemagne: Plafond de la Basilique baroque de Steinhaussen

Il fait déjà presque nuit lorsque je m'installe dans un petite parc peu après Redlingen. Je suis émue... très émue. J'enclenche la caméra vidéo, immortalise le moment. C'est la dernière nuit du périple que je passerai en solitaire. Demain j'arriverai chez mon amie Régina  Jean-Da viendra me retrouver pour cheminer avec moi jusqu'en Suisse. La fin d'une expérience merveilleuse, l'une des plus significative de ma vie. Une expérience de découvertes intenses, inattendues, grandioses, révolutionnaires. Une opportunité unique de rencontre avec moi-même, d'apprivoisement, d'apprentissages, de tâtonnements, de cheminement! Un sorte d'histoire d'Amour, l'ultime histoire d'Amour! Maintenant la direction est connue, la voie ouverte, ne reste plus qu'à poursuivre le chemin dans un contexte  les éléments de distraction et de distorsion seront plus nombreux. Ce défit me terrifie, suis-je prête? J'ai l'impression de me poser les mêmes questions que l'an dernier en sens inverse. Cette solitude qui me faisait si peur et devenue mon alliée. Une île paisible, une cime solide. Saurai-je me tenir aussi droite, me sentir aussi connectée et tranquille lorsque les eaux et les vents se déchaîneront aux alentours? Certains parlent de la "fin du voyage". Je n'y comprends rien! Une page se tourne certes, un chapitre se clos peut-être... mais le voyage continue, il continuera bien après mon retour en terre helvétique, bien après la fin de l'itinérance... jusqu'au dernier jour de mon existence sans doute! Chaque instant est une chance, une occasion d'observation, de réflexion ,de connexion, de sensations, d'avancer un pas de plus sur le chemin qu'on a choisi de suivre. Je m'endore dans le brouillard, savourant le froid, l'humidité et l'obscurité, remerciant l'instant présent, les erreurs du passé et les doutes du futur.


Allemagne: Champagne pour mon arivéà Bitz!! Santé!


Allemagne, Albstadt : Régina m'emmène explorer les bois alentours


Un cris de jet qui raisonne dans la foret, un jeune cerf au milieu de la chaussée. Bitz, sous le soleil enfin! Je mets à contribution les habitants du bourg pour trouver finalement la maison de mon amie Régina. Une accolade chaleureuse, une douce chaude et un lave-linge automatique. Un bouchon de mousseux explose et un flot de paroles emplit la cuisine. On se souvient de Chang Mai (Thailande), les jeunes backpackers de la Guest House  nous résidions, ses ambiances familiale, joyeuse. On s'échange les nouvelles, se raconte les aventures réciproques. On rit, on rêve, on plane et on se délecte de jus de fuit frais et de fromages régionaux. 


Allemagne, Bade Wurtemberg : Balade en foret avec mon amie Régina
Allemagne, Bade Wurtemberg: Château de Hohenzollern


Chaque jour passé chez Régina sera une fête ponctuée de visites à ses parents fascinés par le périple, et de balades dans les forets environnantes sur un tapis de feuille orangées, sous l'oeil vigilant des rapaces qui voltigent en nombres entre les arbres. Un point de vue sur le château de Hohenzollern, le sommet d'une tour-antenne, l'enclos des sangliers ou les terriers de blaireaux de son enfance constitueront nos buts de promenades. Régina est ouverte à aborder des thèmes personnels et profonds. Nos soirées seront philosophiques sur fond de musique rock retransmises par un chaîne de radio locale, octobre est le mois du fameux "Hit Parade". Quel plaisir de partager son temps avec cette merveilleuse et charmante femme. Tout est simple et fluide, paisible et agréable. Merci Régina pour ce séjour reposant et berçant. A tes cotés je ne sens protégée, respectée, comprise, c'est un cadeau précieux que je reçois avec déférence. Merci!



Allemagne, Bitz: Salut Régina, merci pour tout!!!


Jean-Da arrive un après-midi comme les autres après huit jours d'itinérance. Il a fait bonne route sous un ciel couvert. Il se dit heureux d'avoir retrouvé son vélo, sa tente, son rythme de voyageur libre. Les retrouvailles se passent naturellement, sans empressement.  Elles sont cordiales et sans accroc. C'est magnifique car comment prévoir les réactions de l'inconscient et des émotions qui pourraient s'accrocher au passé? Un autre bouchon de mousseux pète. On célèbre dignement avant de reprendre la route le lendemain matin.



Allemagne: Jean-Da m'a rejoint!


On roule côte à côte, on parle tout en pédalant. Le soleil brille, il faut presque chaud. Nos multiples pauses café sont autant d'occasion de se raconter. Des trajectoires différentes, des expériences disparates, des projets incertains... une même voie. Une voie alternative à la grande autoroute mondiale, un chemin tortueux que chaque découverte amassée en route a orienté un peu plus vers la nature, le partage, l'ouverture d'esprit, le temps libre, l'espace non-balisé, la créativité, la spiritualité, le décloisonnage, la non-violence, l'audace, la rêverie, l'utopie, l'écoute, le contacte au présent, à sois-même et à autrui, la mise en question des acquis, des habitudes, l'auto-observation. Un sentier à la découverte de soi qui se dirige vers la Paix intérieure, l'Amour. Échanger avec mon ancien compagnon de route et un réel cadeau. Je me sens libre, libre d'être ce que je suis, libre de dire sans être taxée de farfelue, d'irrationnelle, d'irréfléchie... Je me sens comprise, je retrouve un frère, un frère de coeur dont les vibrations s'harmonisent aux miennes.



Allemagne: compement forestier dans les environs de Simaringen

On dépasse de château-église de Simaringen perché sur un roc au milieu de la ville. Jean-Da connaît le tracé pour l'avoir emprunté pas plus tard que la veille. Il me guide le long des pistes cyclable au milieu de la foret couleur feu, à travers les champs verts, violets, brun terre ou jaune colza. La clarté est magnifique, le temps est avec nous, pas de pluie mais les soirées sont fraîches. Peu avant Stockach, je suis émue de rencontrer les premières balises rouges, les indicateurs des piste cyclables suisses. On y est presque. On roule dans une plaine plantées de vergers de pommiers, les vaches broutent dans les prés, l'herbe est fauchée, les paysans collectent un maximum de fourrage en prévision de l'hiver qui approche. J'observe les paysages avidement. Tout autour, des collines de foyards et de sapins, semblables à celles de mon Jura natal. Dans le fond, la cime d'un clocher blanc, encore une montée est nous atteindront le Boden See. C'est une tempête dans mon thorax, je la regarde grandir, la sens bourbillonner. Elle remonte dans ma gorge, fait battre la chamade à mon coeur. J'ai les idées brouillées, je grade le silence. État étrange, il n'est ni triste ni joyeux. Il est à la fois triste et joyeux mais pour moi, il n'a pas de qualificatif positif ou négatif. J'aime mieux le définir comme un tsunami énergétique, une vague aux vibrations intenses qui excite toutes les particules qui me composent. Ce mouvement génère du stress, perturbe l'équilibre, l'harmonie intérieure que je m'applique pourtant à cultiver. Nous sommes tous les deux euphorique en rejoignant Radotfzell. Jean-Da attire mon attention sur toutes les spécificités de ce monde, il est critique et plaisantin. On parle fort et éclatons de rire à longueur de temps. Au campement du soir, c'est l'extrême inverse. Je serre les dents, ne pipe pas mot, regarde le coucher du soleil qui découpe en ombres chinoises des parois de molasse et une église. Seule, je prends soin de moi, vis l'émotion, accepte les sensations qui n'habitent, respire et médite afin de ne pas me laisser envahir par les sentiments trop intenses qui finiraient par générer peur panique et déprime. Je les observe, essaie d'en tirer le meilleur. Fais de mon mieux pour apprécier à sa juste valeur cette étape du Voyage sans laisse le disconfort actuel de la situation se cacher derrière des craintes à propos du terrible inconnu que sera le futur. Un exercice de haute voltige, une chance de grandir un peu plus.



Allemagne, Radotfzell : un dimanche après-midi au Boden See


On longue le Lac de Constance sur un chemin de gravier, le centre des villages composés de veilles maisons en pierres ont des rues pavées. "De l'autre coté, c'est la Suisse", je souris et réponds "ouais" tout en rêvant de faire taire mon partenaire de route. Innocemment, il me propose une pause thé, prétextant une soif soudaine. "Maintenant, ici?". Il appuie sont vélo un hasard d'une clôture de fil barbelés, met pied à terre et se retourne, me regarde intensément. Je lève les yeux et je comprends. Une borne porte une croix blanche sur fond rouge, j'avance très lentement et la dépasse. "Bienvenue chez toi Léouze!", Jean-Da me donne l'accolade et me tend une tasse de thé chaud, nerveusement, je me roule une cigarette. Wouahh, j'ouvre grand les yeux et cherche les différence d'avec le pays d'avant. Un jeu des 7 erreurs grandeur nature, mais mis à part le drapeau suisse qui flotte fièrement sur la ferme voisine, je n'en trouve aucune. La stabilité des éléments extérieurs me rassure, contrebalance un peu la tornade des éléments intérieurs. Je remercie Jean-Da d'être là, à mes cotés en cet instant.



Passage de frontière: L'arrivée en Suisse c'est maintenant!!!




1 commentaire:


  1. je suis
    celui dont ton parle le sorcier HOUNON Amangnon je peut intervenir dans les domaines suivants amour!retour de l'être aimé,maraboutage d'une femme ou d'un homme, mettre fin à un divorce, attirer quelqu'un chance grigri pour avoir plus de chance aux jeux,pour être un peu moins poissard dans la vie. travail : incantations magiques pour trouver un travail, ne pas se faire virer, rituels
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