Un caniveau à ciel ouvert coule au fond d'une rigole au milieu de la rue de gravats, des détritus qu'un homme balaie et ramasse à l'aide d'une pelle, jonchent le sol, un troupeau de vaches avec leurs veaux nous observent en ruminant, intrigues par notre manège. C'est dans ce cadre que nous effectuons le service de nos vélos et puis on s'élance sur la Mahanagar Highway, le long du Terail. La plaine népalaise compte une route unique, longiligne et n'offre que peu de vallonnements.
Le Népal nous surprend, par son silence d'abord. le premier matin., on s'interroge: comment ce fait-il que les klaxons, le bruit des crachats et le brouhaha permanent aient disparu? Ce serait-il passe quelques choses de grave? Au lieu de ça, une douce musique émanant du temples ou des commerces, nous cueille à chacun de nos réveil. Ensuite, ce sont les sourires et la gentillesse des népalais qui nous heurtent. Leur "Namaste" chaleureux, leur visages expressifs ou l'on peut lire la bienveillance dans leur yeux, leur application à nous fournir les explications dont on a besoin en utilisant le langage corporel. Aussi, notre quotte de popularité est en chute libre et cela va crescendo à mesure que l'on s'approche de Pokhara. On ne créé plus d'attroupement oppressant, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On campe sous le regard intéressé des enfants qui nous apprennent quelques mots dans leur langue, des motards et des vélos se positionnent à notre hauteur pour nous demander d'où l'on vient avant de nous souhaiter "Bon voyage" et "bienvenue au Népal". Quelle légèreté après les questionnements secs et répétitifs de l'Inde!
Les routes sont peu nombreuses dans ce pays et le trafic se résume à des vélos, les motards portent des casques pour la plupart, il y a aussi des bus. Étonnement, ce sont ceux qui viennent de face qui nous inquiètent le plus, car ils font de grands écarts pour éviter les innombrables marcheurs qui arpentent la chaussée. Au Népal, on se déplace à pied, que cela soit dit! On croise donc un nombre incalculable de femmes portant du bois en fagot grâce à une sangle qu'elles calent sur leur front ou avec des ballots d'épis de riz en équilibre sur leur tête, les hommes menant les buffles d'eau à la pâture, les enfants allant l'école, les grappes de marcheurs se succèdent inlassablement de village en village. Ceux-ci sont composés de huttes au toit de paille, entourées de bananiers. Les murs ne sont que des branches de bois, montées en palissades et recouvertes d'un crépit de terre isolante. Ils ne sont que de grandes basse-cours vivante entourées de champs de cannes à sucre, de rizières aux bordures épaisses pour retenir l'eau, plus loin, les mansardes se perdent dans le jaune des les champs de colza, et le tout est encerclé d'une jungle touffue et humide. Des arbres géants au milieux d'arbres géants, la prairie mesure 1 mètre de haut au minimum.
La national Hight Way traversant la Terai |
Village du Terai, mur en terre et toiture vegetale |
Les marmites des Dhabas plein de Dahl (lentille), Bahhat (riz) et Sabzi (légumes en curry) fument sur de grand fourneaux de terre. Un foyer est aménagé à l'une des extrémité, on y enfourne le bois, sur le dessus, d'autres trous de diffèrent diamètre accueillent les casseroles, plus on veut chauffer un plat et plus on la rapproche de là ou le feu est le plus chaud. Simple comme bonjour et il a quand même fallu qu'on invente les plaques vitroceram avec commande digitale... Dans certains thé stall, des cadres de lit tressés de ficelles remplacent confortablement chaises et tables. De petites agneaux viennent se faire cajoler entre deux tétées, des poussins suivent leur mère au plumage soyeux en paillant! Jean-Da a adopté l'usage local de "manger avec 4 sens" et n'utilise plus que sa main droite pour se nourrir, formant une grappe de riz en sauce entre ses doigts, puis la poussant dans sa bouche en s'aidant du pouce. Les plus rudimentaires des commerces campagnards, se résument à des constructions de planche de bois sur pilotis (pour se protéger des rongeurs pense-t-on), avec un grand volet sur le devant, qu'on ouvre et d'où dégringolent des guirlandes de paquets de snacks, de tabac à chiquer et/ou de shampoing, de dentifrice qui s'achètent ici à l'unité. Le tout forme une boxe de 2m carrés qui sert d'échoppe, de cuisine, de lieu de sieste et d'esplanade de jeu pour les enfants. Il n'en est pas de même dans les villes qui comptent des constructions de briques voire de béton, parfois de plusieurs étages.
Les visages changent, les faces s'arrondissent, les nez s'aplatissent, les morphologies deviennent plus massives. On oblique plein Nord sur la Siddhartha Highway et pénétrons pour la seconde fois de notre voyage dans l'Himalaya. C'est comme retrouver un être cher qu'on aime et qui nous a manqué. Le long de la large gorge de la Tinau, l'eau azure coule sous des ponts piétons uniquement suspendus à plus de 30m de haut. L'air est plus sec et aussi bien plus froid.
Tanzen est perché à 1350m d'altitude. C'est un bourg médiéval qui fut jadis la capitale du Royaume de Magar, l'un des plus puissant du Népal jusqu'à l'époque des Sharhs. Beaucoup de bâtiments sont aujourd'hui en béton et les constructions vont bon train, le tourisme se développe. D'autres maisons comportent des façades crépites de terre rouge, des niches sont aménagées dans les murs et sur la façade des balcons plein pied, sans doute pour y déposer des lampes. Les portes qui ferment les demeures, sont en réalité des planches qui barrent l'encadrement et la partie du haut est finalement close par un volet qu'on abaisse verticalement. Les fenêtres sont protégées par des Persiennes de formes géométriques et les bois qui les encadrent est finement sculpté de décorations représentant des dragons, en forme de parapluie pendant des avant-toits. Nous apprécions particulièrement la visite des temples Amar Narayan et Mahadev. Vieux de plus de 200 ans, leur toits pagode, ou poussent des herbes folles, s'empilent. Sur chaque poutre de soutènement des gravures de créatures divines, des têtes de morts, des sculptures érotiques, des personnages en position du Lotus, des faces d'animaux mystiques... Des pigeons par nuées s'envolent du pavé de grosse pierres brutes, quand un dévot fait retentir l'une des cloches massives, finement gravées d'inscriptions artistiques pour se mettre en relation avec les dieux, des femmes se lavent et font la lessive, des pèlerins se recueillent, une famille apporte des offrandes, les jeunes gardiens écoutent de la musique sur leur téléphone portable... C'est un lieu plein de vie.
Depuis la tour d'observation flambante neuve, au sommet de la Sheenagar (1600m), surplombant le village, le panorama s'ouvre sur le massif des Anapurna, monts blanc, loin au dessus des collines vertes, des rizières en escalier aménageés dans leur partie inférieure et des maisons aux couleurs vives et au toits à deux pans en tôle ondulée qui les parsèment. Les rapaces flottent en tournoyant dans le ciel. Himalaya, nous voilà!
Après notre course effrénée sur le plateau indien, nous avons pris notre temps au Népal pour rejoindre Pokhara. La fatigue accumulée ces derniers mois se fait sentir et on envisage notre longue pause hivernale avec plaisir. Plus que le physique, c'est la tête qui a besoin de repos. Les derniers mois ont étés plein d'expériences intenses, une accumulation de chocs culturels, de l'animation continues, des sollicitations permanentes, partout quelque choses à voir, de la nouveauté jusque dans les scènes les plus basiques de la vie quotidienne. Aussi notre mémoire vive semble pleine, le break devrait nous permettre de décanter tous ça, de se l'approprier. Merci aux nombreux vadrouilleurs, pour beaucoup cyclonautes que nous avons rencontrés sur les routes népalaises, les bons moment partagés ensemble, nous ont permis de commencer ce processus. Merci à Gho, Max, Alina, Lars, Kate, Yohann, Simon, Charlotte, Sylvie, Stephanie, Jim, Monikka, Snezana, Suzanna... et désolé à ceux dont on a oublié le nom, à bientôt sur les routes, à la découverte du monde!
Dhabas, ou l'on mange a notre pause de midi |
La propreté
de ce pays nous surprend également. Nous ne craignons plus d'attraper des puces
en s'asseyant sur le lit des auberges que nous fréquentons, insalubrité ne rime
plus avec WC et les murs ne sont plus crépits des crachats de tabac à chiquer,
quel soulagement! La nature aussi en profite, nous traversons de nombreux ponts
sur des rivières qui ne servent pas de dépotoir géant. Les villages sont
pour ainsi dire exempts de déchet et même dans les villes, les rues ne sont
pas qu'un monticule d'ordure. Il faut dire que le niveau de vie peu élevé de ce
pays, contribue certainement à amoindrir la consommation de produits
industrialisés et donc l'accumulation de packaging à la poubelle.
Aussi
l'extrême beauté des femmes m'atterre (Leo). Pour la plupart, elles portent des
tuniques colorées fendues sur les cotés et descendant à mi-cuisses sur des
pantalons bouffants assortis à une grande étoffe portée devant le coup. Leur
grande chevelure noire et épaisse, souvent tressée ou montée en queue de
cheval pour dévoiler des nuques fines, est aussi parfois lâchée et invoquent
une féminité sensuelle. Minces et élancées dans leur petite taille, la dernière
des paysanne a le maintien d'une duchesse de Renaissance. Souples et musculeuses
à la fois. Malgré leur poitrine haute et ferme, leur proportions parfaites et
leur port de tête presque sensuel, elles ne semblent pourtant honnêtement pas
conscientes de leur beauté ravageuse, ce qui les rend encore plus belles. Leur
visage est matte, certaines cerclent leurs yeux de noir qui soutient leur
regard, les plus libérales portent du rouge à lèvres pourpre, chacune arbore le
Tika, 3ème oeil rouge en dessus de l'arrête du nez et l'une de leurs narines
est percée d'un bijou d'or. Les plus âgées portent un anneau à l'intérieur du nez,
parfois orné de pierres semi-précieuses qui vont caresser doucement le dessus
de leur lèvre supérieure, charnel. Quand elles sourient, la peau de leurs joues
se plisse de plusieurs rides, laissant découvrir des dents blanches.
Note guide
explique que la condition de la gente féminine au Népal n'est pas enviable (4ème ou 5ème sexe dirait Simonne), ne prétendant pas connaître les moeurs
complexes de ce pays empruntes du système des castes et autres traditions pour
nous incompréhensibles, ce qui rend difficile la lecture de ce qui nous est
donné de voir, j'en conviens. Cependant, au long de notre parcours, nous avons
pu observer des signes qui me font dire que généraliser cette donnée serait une
erreur. Ainsi, nous croisons des femmes juchées sur les bicyclettes (contrairement à l'Inde ou les cyclistes sont essentiellement masculins), elles
tiennent aussi des commerces. Dans les rues, il n'a pas été rare de voir des
femmes se déplaçant seules ou sans supervision masculine, interpeller un homme
lors d'une transaction commerciale ou quand elles ont besoin d'un renseignement
ne semble pas être un problème. Lors de divers événements culturels que notre
route a croisé, on a pu voir des artistes se produire avec émancipation. Une
adolescente presse sa hanche sur la cuisse de Jean-Da pour se faire
photographier, maris et épouses marchent généralement cote à cote, sauf pour les
dames en Burka qui sont inévitablement à la traîne. Des maîtresses de maison
nous autorisent à camper près de la demeure sans demander l'avis de leur maris.
Les jeunes filles en uniforme scolaire laissent présager une amélioration de
leur situation au niveau de l'éducation. Plus on avance dans le montagnes et
plus on croisera de jeans et autre T-shirt griffés à califourchon à l'arrière
des motos (et donc pas en amazone comme il est de rigueur en Inde). Les rang
des l'armée et de la police comptent des femmes portant le même uniforme et la
même arme (un bâton) que leur homologues masculins. Bref, les choses semblent
aller de l'avant et l'étiquette de mauvais élève pour le Népal en ce qui
concerne ce sujet est peut-être entrain de se décoller...
Marcheuses portant les gerbes de riz |
Sur le
Terai, la réserve de Bardia nous ouvre ses portes après avoir franchi le chef
d'oeuvre suspendu de plus de 500m de long au dessus de la Karnali, "le
plus grand pont du pays". La vie sauvage est si présente que même sans
quitter la route, nous avons l'occasion de voir plusieurs troupeaux de biches
et de cerfs dont certains portent des bois de plusieurs mètres, des hordes de
singes à la face noir auréolée de fourrure blanche, dont l'un a effrayé Jean-Da
en sautant à terre devant lui, lui montrant les dents, alors qu'il s'aventurait
derrière un arbre pour se soulager. Pour ma part, même les plus petits à la face
(et aux fesses) rouges suffisent à m'intimider. Je garde mes distances avec
ces créatures! Goligola Tal est le royaume des papillons, des nuées s'envolent à notre passage sur le sentier de brousse autour du lac. On y rencontre
quantité d'oiseaux aux formes, aux couleurs et aux chants inhabituels, dont des
oiseaux du paradis laissant traîner derrière eux leur grandes plumes et des
grues royales qui caquettent le bec en l'air et leur houppette en avant sut
fond de nénuphars et de lotus. Une toile d'araignée de 3 à 4m d'envergure
abrite un spécimen de 20cm de diamètre (pattes comprises). Heureusement, on
renoncera à aller voir les crocodiles, car le lendemain, on découvre de quoi il
en retourne. Des molosses de 4 ou 5m de long, la queue pleine de piques, qui se
dorent au soleil sur les berge sablonneuses. L'un d'eux, au bec fin, pèche
dans les banc de poissons retenus par le barrage en contrebas, qu'aurions nous
fait si nous nous étions retrouves nez à nez avec l'un de ces monstres? Le seul
éléphant que nous apercevrons est domestiqué, tans mieux pour nous, car ces
créatures pourraient représenter un danger à l'état sauvage. Nous ne verrons pas
non plus de tigres, d'ours ou de rhinocéros ce qui est plutôt de bonne augure. Il
faut dire que nous campons près des villages pour éviter ce genre de rencontre
inopportune. Par contre, nous croiserons la route d'un animal curieux, une
sorte d'antilope sans corne et mesurant près de 1,60m au garrot, étonnant et
impressionnant, elle demeure un mystère pour nous! Notons encore que l'on
partage parfois notre chambre d'hôtel avec des geckos, des carpeaux et toujours
avec quantité d'insectes. L'un de nos pic-nic sera animé par la présence d'un
crabe (mais que fait-il la?) et d'un serpent dont on ne sait pas s'il est
venimeux ou non. Heureux l'imbécile, ne dit-on pas?
C'est
bientôt les élections, tous les officiels semblent s'être donnés la tache
d'expliquer à la population le système de vote, affiches géantes, distribution
de traces, haut-parleurs grésillant
montés sur jeep et pièces de théâtre dans les villages reculés. Un cercle est
tracé sur la terre battue de la place centrale du bourg, on joue de la musique
traditionnelle pour attirer le monde, un attroupement se forme et c'est parti.
La femme engueule son maris qui fait tout de travers et l'handicapé mental (pardon
les copines HES-SO) donne toutes les bonnes réponses avant qu'on lui explique
le procédé! Les acteurs tournent sur eux-mêmes tout en jouant, ainsi l'ensemble
du public peut jouir de leur mimiques hilarantes. Oui, c'est un peu démago,
mais tout le monde c'est bien marré, nous y compris!
Afin de
s'opposer à cette élection, des grèves sont organisées et bloquent le trafic sur
les grands axes déjà peu courus. Autant dire qu'on a la route pour nous, quelle
paix et quel bonheur après la frénésie du bitume indien! Seul bémol, les cars
pour touristes se débrouillent pour se faire escorter par les forces de
l'ordre, quand les bus scolaires n'amènent plus les enfants à l'école. Encore
une fois, l'appât du gain a encore gagné!
Tihar, est
l'un des festival les plus importants pour les Hindus. Il s'étant sur 3 ou 4
jours et honnore certains animaux liés à la mort. Des balançoires (des cordes)
sont attachées à d'immenses tiges de bambou nouées ensemble à plus de 15m du
sol. Ce sont les carrousels des enfants népalais. La première nuit de fête,
nous la vivons de façon auditive. Depuis notre toile de tente dans les collines
peu après Bhatuwang, on entend les cris de joie des enfants, les pétards
raisonnent, les jeux vont bon train. Dès le coucher du soleil, des tablas
(tambours) accompagnent des chants scandés par les petits, ils deviennent hystériques quand
ils parviennent à arrêter un véhicule sur la route unique qui traverse le
village et à soutirer au chauffeur (c'est la tradition), quelques sucreries
ou un peu de monnaie. Cette fête est aussi celle des Sweets (pâtisseries de
formes et de couleurs toutes différentes, mais toutes essentiellement composées
de sucre, de graisse et de farine, merci pour le régime!) et nous vivons la
deuxième nuit de liesse en engouffrant quantité de ces saloperies en admirant
les illuminations des commerces et des habitations à Tilaurakot. Pour attirer
la visite de la Déesse Lakshmi, divinité de la réussite économique, les
villageois installent des lampes à huile partout, aux seuils de chaque portes,
sur les machines à coudre des tailleurs, entre les fruits et légumes du stand à
roulettes... tout est illuminé! Le troisième soir, on assiste à un spectacle de
danse à Lumbini. Le public est constitué en particulier de jeunes hommes, c'est
l'évènement de l'année et les haut-parleurs sont réglés au maximum. La
speakerine à la voix horrifiante hurle dans son micro. La musique mélange des
rythmiques connues avec des sonorités exotiques, Les chorégraphies sont
inspirées de mouvements traditionnels qu'on ne sait pas interpréter, les
costumes vont de la mini-jupe totalement déplacée (on est au Népal quand
même), au pyjama, qui ici met en valeur de façon fort osée, les formes de la
danseuse qui balance du bassin. Un gant à la Michael Jackson créer des émules,
mais l'excitation est à son comble quand un couple de danseurs s'enlace, une
clameur parcours la foule!
Lumbini est
connu pour être le lieu de naissance de Siddartha Gautama, qui une trentaine
d'années plus tard deviendra Bouddha après avoir connu l'opulence et la
protection de son palais, rencontré le malheur de la vieillesse, de la maladie et
de la mort, puis reçu l'éveille, après être resté plusieurs années à méditer et
mener une vie d'ascète. A Kapilavastu, il ne reste quasiment rien du sublime
palais de son père, empereur à l'époque de sa naissance, d'un puisant royaume.
Toutefois, un immense cadeau nous attend devant les Stuppas-Tombes de ses
géniteurs. Nous demandons la permission de photographier les lieux à un moine
se recueillant là, celui-ci pose pour nous en position de bénédiction. Puis, il
tire de son sac contenant tous ses biens, une plaque de chocolat dont il nous
distribue les carrés, ainsi qu'à la famille de villageois présente, mettant
ainsi en pratique la doctrine de L'Eveillé. Renonçant à ses propres désirs, se
détachant du soi. Une rencontre plein de simplicité et de douceur. Le soir,
c'est à notre tour de nous recueillir devant l'arbre auquel Maya Devis (la
mère), se serait accrochée pour donner naissance. Des Shadhu (l'Hindouisme considérerait Bouddha comme la 9ème incarnation de Vishnu, se qui serait
contesté par le Bouddhisme), assis en position de Lotus, entonnent une litanie
murmurée, puis se perdent dans la méditation. Des bougies s'illuminent devant
l'hôtel niché au creux du tronc, le tableau encadré de drapeaux à prière tibétain
chatoyant laisse rêveur.
Si le
temple de Maya Devi symbolise le passé, le canal qui scinde le parc représente
le présent de la vie qui s'écoule. Tout naturellement, la "World Peace
Pagoda", construite par le Japon en souvenir des attaques atomique qu'a
subi le pays, invoque l'espoir qu'une telle calamité ne se reproduise plus
jamais à l'avenir. C'est là que se déroule une Rencontre Internationale pour la
Paix à laquelle nous avons été, le plus naturellement du monde, invités. Les
représentants des diverses communautés bouddhistes qui ont érigé de somptueux
monastères sur la propriété, entonnent tour à tour des chants harmonieux et
légés invoquant leur prières pour la Paix Mondiale, devant un hôtel sublimement
décoré d'offrandes, face au dôme blanc immaculé de l'imposant monument. Qu'il est intéressant d'assister à une
cérémonie ou rien n'est fait en fonction des normes occidentales. Nous sommes
quasiment les seuls caucasiens présents et avons du mal à nous y retrouver dans
les symboliques mises en scène. Pour une fois, c'est nous les outsiders et nous
voilà dans les basquettes du reste du monde, une belle leçon, tout en douceur
et pleine de paix. Les démonstrations culturelles sont encore moins
appréhensibles, un homme grimé et costumé comme une divinité Hindoue, danse en
prenant des postures dignes de statues des temples, les mouvements de ses
mains impriment des gestes invoquant les mythes auxquels nous sommes étrangers.
C'est envoûtant, tout autant que la musique qui s'échappe d'un instrument dont
on me connaît même pas le nom et qui tire des volutes aériennes. Le chanteur
suit les cascades de notes en gamme mineure. On s'envole. Merci pour cette
offrande. Nous nous sentons honorés d'assister à tout cela. Après le repas, offert bien entendu, un moine s'approche pour nous donner un port monnaie
brodé... en remerciement de notre présence. Incroyable! On mijote dans la
bonté aux petits oignons!
La
rencontre d'un directeur d'école à la retraite, nous offrira une bouchée de
vrai Népal. Je m'explique. Cet érudit visiblement passionné d'histoire-géo se
met en devoir de nous indiquer tous les coins à voir dans la région, puis nous
fait pénétrer dans "le plus haut temple Hindu du pays" qui serait
construit sur un Pillard Bouddhiste. Après nous avons expliqué les légendes
liées aux divinités nichées dans les divers hôtels, il nous escorte dans toutes
les rues de Tilaurakot, nous présente l'Arbre du Peuple, un dieu se cacherait
dans chacune de ses feuilles (Ça fait beaucoup de Dieux, de dieu!), réveille
ses amis, anciens collègues, on prend le thé chez un, un peu de repos chez
l'autre, un encas chez le troisième, on visite son jardin... Il nous présente
fièrement les bâtiments officiels, ceux des ONG internationales, le portique du
roi, le palais de justice, le marché, l'ashram, l'étang autrefois sacré et qui
sert aujourd'hui de dépotoir, le camion pompier de la ville, la bibliothèque
"l'une des plus veuille du pays!", nous amène à la prison et depuis
un mirador, on peut voir les détenus vaquer à leurs taches quotidiennes. Il
ne sont enfermés que la nuit, le jour, une enceinte de 1km carré compte 250
hommes et fonctionne comme un petit village: pompe à eau, échoppes. Les
marchandises sont apportées depuis le monde extérieur entre les barreaux d'une
grille, d'abord, c'est des pains qui sont écrabouillés entre la ferraille,
maintenant, c'est le tout des poulets. Pas le temps de voir le procédé, car on
se dirige vers l'hôpital public. La salle des malades hommes, comme celle des
femmes sont toutes aussi désertes que le bureau des infirmiers, mais, sur le
perron, des parents tiennent emmaillotés, des enfants. On nous annonce que
celui-ci souffre de pneumonie, on lance vers lui des regards tristes plein de
compassion... inutiles et dérisoires! On m'attire par le bras, "elle est entrain d'accoucher!", par politesse, je passe ma tête dans l'entrebâillement de la porte. Une femme à moitié nue, les jambes écartées... je ne sais décrypter dans ses yeux s'il faut que je foute le camp avant qu'elle ne soit à nouveau sur pied pour me chasser à coups de balais ou si elle est soulagée que quelqu'un lui accorde un peu d'attention. On insiste, "entre!", "Non, non, je ne veux pas déranger...". J'essaie un "Good Luck" avec un sourire crispé et m'éclipse un peu remuée. Drôle de journée, plongés dans la réalité de ce pays que décidément, on ne fait que survoler malgré notre lent moyen de locomotion. On nous a ouvert tant de portes aujourd'hui, offert tant de clés de lecture, tant de cadeaux... sommes-nous capables de les apprécier à leur juste valeur?Les visages changent, les faces s'arrondissent, les nez s'aplatissent, les morphologies deviennent plus massives. On oblique plein Nord sur la Siddhartha Highway et pénétrons pour la seconde fois de notre voyage dans l'Himalaya. C'est comme retrouver un être cher qu'on aime et qui nous a manqué. Le long de la large gorge de la Tinau, l'eau azure coule sous des ponts piétons uniquement suspendus à plus de 30m de haut. L'air est plus sec et aussi bien plus froid.
Tanzen est perché à 1350m d'altitude. C'est un bourg médiéval qui fut jadis la capitale du Royaume de Magar, l'un des plus puissant du Népal jusqu'à l'époque des Sharhs. Beaucoup de bâtiments sont aujourd'hui en béton et les constructions vont bon train, le tourisme se développe. D'autres maisons comportent des façades crépites de terre rouge, des niches sont aménagées dans les murs et sur la façade des balcons plein pied, sans doute pour y déposer des lampes. Les portes qui ferment les demeures, sont en réalité des planches qui barrent l'encadrement et la partie du haut est finalement close par un volet qu'on abaisse verticalement. Les fenêtres sont protégées par des Persiennes de formes géométriques et les bois qui les encadrent est finement sculpté de décorations représentant des dragons, en forme de parapluie pendant des avant-toits. Nous apprécions particulièrement la visite des temples Amar Narayan et Mahadev. Vieux de plus de 200 ans, leur toits pagode, ou poussent des herbes folles, s'empilent. Sur chaque poutre de soutènement des gravures de créatures divines, des têtes de morts, des sculptures érotiques, des personnages en position du Lotus, des faces d'animaux mystiques... Des pigeons par nuées s'envolent du pavé de grosse pierres brutes, quand un dévot fait retentir l'une des cloches massives, finement gravées d'inscriptions artistiques pour se mettre en relation avec les dieux, des femmes se lavent et font la lessive, des pèlerins se recueillent, une famille apporte des offrandes, les jeunes gardiens écoutent de la musique sur leur téléphone portable... C'est un lieu plein de vie.
Tanzen, temple honnorant le dieux des affaires |
Dans les collines, les maisons changent, elle exhibent des toits en tole ondulee |
Depuis la tour d'observation flambante neuve, au sommet de la Sheenagar (1600m), surplombant le village, le panorama s'ouvre sur le massif des Anapurna, monts blanc, loin au dessus des collines vertes, des rizières en escalier aménageés dans leur partie inférieure et des maisons aux couleurs vives et au toits à deux pans en tôle ondulée qui les parsèment. Les rapaces flottent en tournoyant dans le ciel. Himalaya, nous voilà!
Massif des Annapurnas |
Bienvenue à Pokhara, mes amis!
RépondreSupprimerca doit faire une année que je vous ai pas donné de nouvelles, merci pour vos textes et photos, vidéos.
RépondreSupprimerc'est un grand plaisir de voir que vous etes toujours en route toujours dans l'aventure au quotidien...
bonne route pour la chine, j'imagine!